II.3.1.1. Effets sur la santé du personnel
infirmier
Lorsqu'un nombre moins élevé d'infirmiers
accomplit davantage des tâches dans un milieu plus intense et complexe,
la surcharge de travail s'accroît.
La pression physique et mentale que crée la surcharge
de travail cause un niveau étonnant de blessures, des maladies et
l'épuisement qui font du tort aux employeurs en soins infirmiers depuis
plusieurs années. De plus, les chercheurs ont indiqué que les
infirmiers souffrent plus que tous les autres professionnels de la santé
d'excès de stress. (PERLEMUTER L.et al.
1995)
Principales pathologies induites par le travail des
soins.
A) Le mal au dos.
Le personnel hospitalier est particulièrement
touché par cette pathologie : cervicalgie, dorsalgie ou lombalgie.
Ce mal au dos peut survenir accidentellement, à l'occasion d'un effort
ou peut s'installer progressivement par une usure des disques vertébraux
dus aux efforts répétés.
Les mesures de prévention ne doivent pas se limiter aux
techniques de levage mais s'attacher à limiter les autres postures
pénibles.
La formation à la manutention ne peut avoir que des
effets limités si elle ne s'accompagne pas d'une action touchant
à la fois les matériels, l'organisation et les comportements.
B) Le stress.
La notion de stress concerne le processus d'adaptation de
l'individu à son environnement et dans une acceptation plus commune, les
difficultés de cette adaptation. Le stress renvoie donc à la
capacité de l'individu à faire face aux exigences de son
environnement en mobilisant ses ressources personnelles ou celles qui existent
dans son entourage.
Le stress dépend de 5 facteurs : les exigences
demandées au sujet, ses caractéristiques individuelles, ses
ressources personnelles, les contraintes de l'environnement professionnel, le
soutien apporté par l'entourage.
Ø Principales sources de stress des
infirmiers.
· Les conditions de travail ;
· Les relations interpersonnelles dans le milieu de
travail : la qualité des relations avec les pairs, les
subordonnés ou les supérieurs ;
· Conflits et ambiguïté des
rôles : imprécision de la définition du rôle,
des fonctions, des attentes et des responsabilités ;
· Structure organisationnelle des services ;
· S'occuper des mourants, être confronté
à la mort ;
· Préparation inadéquate pour traiter les
besoins émotionnels des patients et de leurs familles ;
· Manque de soutien au niveau du personnel ;
· Surcroît de travail.
C. Le syndrome d'épuisement
professionnel « burnout »
C'est le syndrome d'épuisement physique et
émotionnel impliquant le développement d'une vision de soi
négative, d'attitudes négatives vis-à-vis du travail et
une perte d'intérêt et de sentiments vis-à-vis des clients.
C'est le résultat du stress causé par les contacts
interpersonnels qui se manifestent par un épuisement émotionnels
(Maslach C.)
Les symptômes sont différents d'une personne
à l'autre.
Cependant, il existe une série de signes que l'on
retrouve fréquemment chez les professionnels qui approchent
l'épuisement :
· Des signes physiques, le premier étant la
fatigue. Le professionnel n'a plus envie d'aller au travail. Ça peut
être un rhume, il perd ou il prend du poids, n'arrive plus à
dormir et le souffle court.
· Des signes psychologiques et comportementaux : le
professionnel vient au travail tôt et quitte tard ou alors vient en
retard et trouve un moyen de partir tôt. Il s'ennuie dans son travail,
n'a plus d'enthousiasme, en veut aux autres, est confus, oublie, se sent
coupable, a un sentiment de futilité, est irritable, se sent
attaqué, est rigide, incapable de décider. Il utilise des moyens
de mettre les autres à distance sur le plan émotionnel. Souvent
son absentéisme augmente, il est très négatif et peut
abuser d'alcool, de médicaments ou de cigarettes. Il devient
déprimé et résigne face à cette situation
désespérée. Le résultat de ce syndrome est que
l'infirmier ne voit plus le patient comme une personne et n'a pas la
possibilité d'établir une vraie relation d'aide.
Il existe 3 phases :
· 1ère phase : les symptômes
sont peu nombreux et occasionnels. Il suffit de prendre soin de soi, de se
relaxer ou de prendre un congé pour que tout rentre dans l'ordre.
· 2ème phase : les signes et les
symptômes sont plus réguliers, ils durent plus longtemps et
disparaissent plus difficillement.Il ne suffit pas d'un week-end de repos pour
les effacer.
· 3ème phase: des
problèmes physiques et psychologiques apparaissent et la personne ne
peut plus faire face, elle aura besoin d'une aide extérieure.
L'environnement organisationnel peut favoriser
le « burnout ».C'est le cas lorsque les demandes de
productivité et de performances sont excessives, que l'autorité
est ambiguë et respecte peu les personnes, que ce que l'on produit est
considéré négativement (PERLEMUTER L.et al., 1995).
D.Les troubles mentaux
L'absentéisme et les congés de longue
durée des soignants sont en grande partie dus à des troubles
psychiques. On ne connaît pas réellement la fréquence des
dépressions chez les soignants, mais on a identifié des facteurs
de risque associés à ces troubles : horaires, situation de
famille, âge et sexe, catégorie professionnelle.
Ces troubles mentaux liés à l'activité
professionnelle, à une charge mentale et psychique de travail mettent en
jeu une interaction entre vie professionnelle et vie privée.
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