2.1.3 Les opérateurs de la filière coton
Les principaux opérateurs de la filière coton sont
:
Les industries nationales de filature et de la trituration, les
égreneurs, les fournisseurs d'intrants et de matériels agricoles,
les OPA, les producteurs.
a) Les industries nationales de filature et de la trituration
L'activité ivoirienne de filature et de tissage est
dévolue aux 3 opérateurs nationaux que sont : > COTIVO
(Société Cotonnière de Côte-d'Ivoire) basé
à Agboville ;
> UTEXI (Union Industrielle Textile de Côte-d'Ivoire)
basé à Dimbokro et ;
> FTG (Filature et Tissage Gonfreville) à
Bouaké
L'activité de trituration de la graine est menée
par TRITURAF sise à Bouaké.
Ces industries assurent la transformation d'environ 20% de la
production de coton graine et la quasi- totalité de la production de
graine de coton commercialisée par les égreneurs.
b) Les Egreneurs
Avant la libéralisation de la filière seule la
CIDT égrenait la totalité du coton graine produit par le biais de
ses 10 usines. Cependant, depuis la date de la libéralisation, trois
opérateurs qui interviennent dans ce secteur d'activité :
> La CIDT nouvelle dont les usines ont une capacité
globale de 103 000 tonnes ; > LCCI avec trois usines d'une capacité
d'égrenage de 101 000 tonnes ;
> Ivoire Coton avec une capacité totale de 120 000
tonnes (18 ).
c) Les fournisseurs d'intrants et de matériels
agricoles.
Les fournisseurs d'intrants agricoles et de matériels
agricoles ont en charge l'approvisionnement de la filière en engrais,
insecticides, herbicides, en matériels agricoles.
Avant la libéralisation, la sélection des
fournisseurs se faisait sur la base des appels d'offres internationaux
lancés par la CIDT. Dans le nouveau contexte, c'est les
coopératives où les OPA qui devraient rechercher les fournisseurs
d'intrants et négocier le prix d'achat de ces intrants.
d) Les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA)
Les OPA sont regroupées au sein des trois principales
faîtières. L'URECOS-CI est actuellement la plus importante de
celles-ci. En 1998, elle regroupe 1200 coopératives de base et 50 unions
de coopératives. Sur la campagne 1998-99, elle revendique la production
de 128 000 producteurs ( 85 % des producteurs de coton). Elle avait un volume
de coton commercialisé qui avoisinait 90 % du coton graine produit sur
le plan national ( 19 ). Les deux autres
faîtières commercialisent 10 % du coton graine.
e) Les Producteurs.
Les producteurs, maillon faible de la filière, ont
décidé de se regrouper pour mieux se défendre face aux
égreneurs. Dès la libéralisation, ils vont faire partie du
Comité Tripartite ( 20 ) ( au travers des
coopératives) en vue de pouvoir participer au mécanisme de
fixation de prix d'achat du coton graine.
18 - Patrick Bourgeois et Sébastien de Dianous, " Coton:
la fin du modèle CIDT " in Marchés Tropicaux, novembre 1999, pp1
0-15
19 - Ces données nous été livrées par
Patrick Bourgeois et Sébastien de Dianous dans, " Coton : la fin du
modèle CIDT " in Marchés Tropicaux, novembre 1999, pp10-15.
20 - Ce comité a été crée en 1998 par
décret présidentiel. Il est constitué par l'Etat, les
producteurs et les industriels. Pour plus d'information, voir annexe 6.
2.1.4 Commercialisation du coton
Le système de commercialisation du coton a connu trois
étapes depuis la date de création de la CIDT :
a) Jusqu'en 1990
Le mécanisme de commercialisation était
régi par la Caisse de Stabilisation (CAISTAB). La CAISTAB était
propriétaire des produits finis (fibre et graine de coton). Elle se
faisait assister par la CFDT pour la commercialisation à l'exportation
de la fibre de coton.
Le système de stabilisation était basé
sur la fixation, chaque campagne de deux prix garantis : le prix du coton
graine payé aux producteurs et le prix CAF et, sur un barème de
coûts ou grille prévisionnelle des coûts. La fixation des
prix et du barème était fondée sur ( 21 )
:
- un prix d'achat garanti aux producteurs pour le coton, prix
pratiqué par la société cotonnière ; - le
barème ou différentiel reprenait l'ensemble des coûts :
collecte, usinage, transport ;
- par addition du prix aux producteurs et aux charges du
barème, on obtient le prix CAF garanti à
l'exportation.
A cette période, même si le prix moyen FOB
atteignait près de 750 FCFA/kg de coton, notamment en 1983/84, le prix
d'achat du coton graine ne dépassait jamais 150 FCFA/kg de coton graine
( 22 ).
b) De 1991 à 1998
Après que le coton fut éliminé de la
liste des produits agricoles concernés par la stabilisation, la
commercialisation de la fibre fut confiée à la CIDT. La
commercialisation c'est à dire la collecte du coton graine était
l'affaire des OPA. Celles-ci recevaient en retour des ristournes.
Durant cette période, il fut mis en place deux
conventions - cadre entre l'Etat et la CIDT ; une en 1992 et l'autre en 1994.
Celle de 1994 a mis en place un comité paritaire. Ce comité
comprenait l'Etat, la CIDT et les Organisations des producteurs (OP) de coton
graine.
21 - Dénis Herbel, "La compétitivité du
coton ivoirien", GAMMP, pp105-106
22 - nous justifions cette assertion à l'aide du tableau
en annexe 1. Ce tableau indique en effet les différents prix d'achat du
coton graine aux producteurs de 1974 à 2000.
16 Ce comité paritaire( 23 ) avait
entre autres missions la fixation du prix d'achat de campagne de coton graine
de 1er et 2ème choix. Ainsi, le prix au paysan
était fixé comme suit( 24 ) :
PAn = PP + Sn avec Sn <= Sn-1 + 10
et PAn >= 90
PAn : Prix d'achat à l'année n PP : Prix
Plancher
Sn : Supplément à l'année n
Les ventes locales aux industries nationales se font sur la
base des conventions d'approvisionnement en fibre et graine de coton. Il
convient de souligner que les termes de ces conventions n'ont jamais
été réellement appliqués par les industriels(
25 ).
Les prix de vente de la fibre aux industriels nationaux par la
CIDT se font sur la base du prix de vente CAF moins les frais non
exposés par cette société notamment les frais d'usine
à FOB et de FOB à CAF. Toutefois, en raison de la situation
difficile de ces industries, l'Etat a dû le plus souvent intervenir pour
fixer le prix de cession de la fibre et graine de coton.
c) Depuis la libéralisation en 1998
Durant la phase transitoire de deux ans, c'est le
Comité Tripartite qui gère la commercialisation. Ce comité
fixe le prix d'achat du coton graine après analyse et accord des charges
en référence des cours mondiaux de la fibre de coton.
Une enquête auprès du MINAGRA nous
révèle que ce comité devrait aboutir après la phase
transitoire( 26 ) à une structure dite
Interprofession Coton. Cette structure réunie tous les
opérateurs de la filière et a en charge la gestion de la
filière tant sur le plan de l'encadrement des producteurs, de la
fourniture d'intrants agricoles que sur le plan de la commercialisation du
coton graine, de la fibre et de la graine.
23 - Ce comité a été mis en place dans le
cadre des modalités de fonctionnement du fonds de garantie de la
filière coton, nous prions de bien vouloir consulter l'annexe 4 pour
plus de détailles.
24 - vous verrez en annexe 5 toutes les variables indexées
dans le calcul du prix d'achat au paysan.
25 - BNETD, février 2000, " Etude de la situation de
référence de la CIDT avant la Privatisation
26 - La fin période transitoire qui était
prévue pour le 30 avril 2000 a été reportée
à une date ultérieure sur la demande des producteurs.
Il ressort que le coton a été soutenu par l'Etat
dans son élan de développement. L'Etat a su mettre en place des
politiques qui ont permis le développement de cette filière et
assurer pendant une période des prix au producteur satisfaisants.
L'environnement économique et social évoluant, l'Etat se devait
d'adapter ses politiques à celui-ci ;ce qui ne fût pas le cas. Par
conséquent, l'on assiste à un sursaut d'orgueil chez les
producteurs et une pression énorme de la part des bailleurs de fonds.
Ces derniers ont contraint l'Etat à libéraliser les secteurs
productifs et les marchés ; d'où la libéralisation de la
filière coton.
La gestion de la phase transitoire (d'une durée de 2
ans) de la libéralisation a été confiée à la
CIDT nouvelle. Cette structure assure l'exclusivité des missions
d'encadrement, de distribution d'intrants, de l'achat du coton graine et de
l'approvisionnement en coton graine de chacun des deux autres égreneurs
privés sur la base d'un taux d'affectation lié à la
capacité globale d'égrenage des usines. Après cette
période transitoire, les producteurs constitués en
coopératives et unions de coopératives, pourraient vendre
librement leur production à l'égreneur de leur choix. En
revanche, le relèvement de ce défi passe par une organisation
forte de ceux-ci.
Dans ce nouveau contexte les risques liés aux
variations des cours sont partagés plus ou moins équitablement
selon les rapports de forces entre l'ensemble des opérateurs de la
filière. Par conséquent, il faudra un nouveau comportement des
producteurs.
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