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Analyse de la filière coton dans le contexte de la libéralisation : cas de la zone de Korhogo (Côte d'ivoire)

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par adassé Christophe CHIAPO
Ecole Supérieure d'Agronomie (ESA) - INPHB - Diplôme d'Agronomie Approfondie 2001
  

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CHAPITRE IV : PRESENTATION DES RESULTATS D'ENQUETE 4.1 CARACTERISTIQUES DU PRODUCTEUR

4.1.1 Age

Les données d'enquête ont permis de connaître la moyenne d'âge de la population enquêtée. Les différentes caractéristiques des données sur l'âge sont résumées dans le tableau 3 :

Tableau 3 : Moyenne d'âge des producteurs

 

Age moyen

Ecart type

Intervalle de

confiance *

Ecart moyen

Producteur de

l'échantillon

35

7,74

#177; 1,66

5,63

* á = 0,05

La population enquêtée a une moyenne d'âge de 35 ans et un écart type de 7,74. Cette population qui fait partie des premiers producteurs de coton s'est rajeunie avec l'arrivée de jeunes producteurs. Ces derniers n'ont pas connu le succès dans le milieu scolaire. Ils ont décidé alors, de se joindre aux parents pour s'investir dans le coton qui est l'une des principales ressources dans la région Nord.

4.1.2 Niveau scolaire

Les données d'enquête nous renseignent sur le niveau scolaire des producteurs dans la zone de Korhogo. Les résultats sont groupés dans le tableau 4.

Tableau 4 : Répartition des producteurs selon le niveau scolaire

 

Nombre de producteurs

Proportion %

Analphabètes

Instruits

- Primaire

- Secondaire

Total

54

64,29

 
 

26

30,95

4

4,76

84

100

Les résultats nous indiquent que dans la population enquêtée 64,29 % sont analphabètes, 30,95 % ont pu atteindre le niveau primaire et 4,76 % sont arrivés au niveau secondaire (pour la plupart en classe de 6e ).

Ces résultats sont conformes aux analyses relatives au monde paysan en Côte d'Ivoire. En effet, la population paysanne est en générale analphabète ; la région Nord confirme cette tendance.

Le retour des jeunes de niveau primaire et secondaire à la terre est dû à leur échec dans les différents cycles ou quelquefois au manque de moyens financiers des parents pour subvenir à leurs besoins didactiques.

4.2 TAILLE DES EXPLOITATIONS

Les plantations cotonnières sont d'ordinaire de petites tailles. Celles rencontrées dans le cadre de notre étude respectent les critères suivants :

Tableau 5 : Evolution de la taille moyenne des exploitations

 

Superficie
moyenne (ha)

Ecart type

Intervalle de
confiance *

Superficie
maximale (ha)

Superficie
minimale (ha)

1996/97

2,92

1,73

#177; 0,37

8

0,5

1997/98

2,99

1,83

#177; 0,39

10

1

1998/99

3,18

1,77

#177; 0,38

10

1

1999/00

3,24

1,72

#177; 0,37

10

1

* á = 0,05

Les superficies moyennes des exploitations cotonnières avoisinent en moyenne autour de 3 ha avant et après la libéralisation. Les superficies moyennes cultivées sont passées de 2,92 ha sur la campagne 1996/97 à 3,24 ha en 1999/00. Cette analyse indique une augmentation progressive des superficies cultivées. Deux raisons sont à la base de cette augmentation. La raison économique vise la recherche d'une production plus importante, donc un meilleur profit pour pouvoir faire face aux différentes charges familiales. La raison sociale est le nombre de plus en plus élevé d'enfants et de femmes. Ces derniers constituent une main d'oeuvre importante pour le chef de famille.

4.3 LE MODE D'ACQUISITION DE LA TERRE

Le capital terre est dans 98,8 % des cas acquis sous forme de legs familiaux. Les chefs d'exploitations enquêtés sont en général originaire des villages. Dans la tradition Sénoufo, la terre fait rarement l'objet de transaction financière entre propriétaires terriens et les individus allogènes.

4.4 LE MODE DE CULTURE

La culture du coton se pratique en général selon trois modes : la culture manuelle, la culture attelée, la culture motorisée. Les données d'enquête nous ont permis de répartir notre population suivant ces modes.

Tableau 6 : Répartition des producteurs selon le mode de culture

Mode de culture

Nombre de producteurs

Proportion %

Culture manuelle

7

8,33

Culture attelée

74

91,67

Culture motorisée

0

0

Total

84

100

Les données d'enquête nous révèlent que 91,67 % des producteurs enquêtés font de la culture attelée et 8,33 % font de la culture manuelle. L'enquête ne nous permet pas de déterminer la proportion de producteurs en culture motorisée. Cependant même s'il existe des producteurs en culture motorisée dans la zone de Korhogo, cette proportion est de l'ordre de 0,29 % ( 44 ) ; donc en nombre pas très élevé. Aussi pouvons - nous justifier la prédominance du mode attelé par le fait qu'il dégage plus de marge à l'hectare que la culture manuelle ( 45 ).

44 - Cette assertion est prouvée par le tableau en annexe 11 que nous avons recueilli auprès de la direction régionale de la CIDT (Korhogo).

45 - HOUEDE Yao Jean-Philippe, Juillet 2000, « Analyse de la rentabilité financière et économique des exploitations cotonnières de la zone des savanes de Côte-d'Ivoire : cas de la motorisation conventionnelle », Mémoire pour l'obtention du Diplôme universitaire de Technologie, UFR Korhogo.

4.5 L'ACCES AU CREDIT

Dans la filière coton, la cession des intrants agricoles et matériels nécessaires à l'activité de production se fait dans la majorité des cas à crédit.

Les intrants chimiques sont livrés à crédit aux producteurs. La CIDT nouvelle se charge de la fourniture ( à crédit) du NPK, de l'Urée et insecticides. Les coopératives quant à elles se chargent de la fourniture des herbicides. A la fin de la campagne une déduction est faite sur la vente de la production. Il peut arriver qu'à la fin de la campagne le producteur se retrouve en impayé, c'est-à-dire se retrouve avec un revenu brut qui ne peut pas couvrir la totalité des coûts des intrants acquit en début de campagne. Dans ce cas, il débute la prochaine campagne avec un crédit.

Les données d'enquête révèlent que 95 % des producteurs reçoivent le matériel agricole à crédit. Les boeufs d'attelage sont à 98 % acquis sur fonds propre.

4.6 LES RENDEMENTS

L'enquête nous a permis de déterminer les rendements de la population de producteurs interrogés. Les résultats sont résumés dans le tableau 7.

Tableau 7 : Evolution du rendement des producteurs de 1996 à 2000

 

Rendement
moyen kg/ha

Ecart type

Intervalle de
confiance *

Rendement
maximal

Rendement
minimum

1996/97

1166,53

367,33

#177; 78,55

2337,2

460

1997/98

1196,13

418,71

#177; 89,54

2874,25

0

1998/99

1139,86

422,02

#177; 90,25

2595

336,6

1999/00

1287,83

448,89

#177; 95,99

2634

0

* á = 0,05

L'analyse de ce tableau indique que les rendements ont progressé dans l'ensemble. Ce tableau mis en rapport avec le tableau 5 révèle qu'une augmentation des superficies n'est pas toujours synonyme d'une augmentation du rendement dans la même proportion. La volonté d'accroître la production peut être freiner par des aléas climatiques ou des facteurs extérieurs tels l'apparition d'insectes résistants qui ont provoqué une diminution du rendement en 1998/99.

Ces rendements restent inférieurs aux rendements de la zone de Korhogo (le tableau 8).

Tableau 8 : Evolution des superficies et rendements dans la zone de Korhogo

 

1996/97

1997/98

1998/99

1999/00

Superficie cultivée (ha)

12437

13717

14028

14688

Production (tonne)

18272

21345

24063

26921

Rendement de la zone (kg/ha)

1469

1556

1715

1833

Rendement échantillon (kg/ha)

1166,53

1196,13

1139,86

1287,83

Sources :Rapports d'activité 1996, 1997, 1998, 1999,CIDT Korhogo, Enquête

Les rendements de la zone de Korhogo ont évolué au fil des campagnes ; passant de 1469 kg/ha en 1996/97 à 1833 kg/ha pour la campagne 1999/00. Ceci s'explique d'une part par un nombre croissant de producteurs en culture attelée abandonnant ainsi la culture manuelle ( 46 ) et d'autre part par une amélioration des techniques culturales de production et par l'apparition de conditions climatiques favorables pour la culture.

4.7 LES COUTS DE PRODUCTION

Les coûts de production regroupent

- les coûts de la main d'oeuvre, - les coûts des intrants

- les charges d'amortissement.

4.7.1 Les coûts de la main d'oeuvre

Pour mieux apprécier la rentabilité de l'activité, nous avons prie en compte ceux qui apportent une aide bénévole et la main d'oeuvre rémunérée.

Dans la région de Korhogo et dans notre échantillon, la rémunération est journalière à 99 %. Cette rémunération a varié en moyenne, dans notre échantillon, de 264 FCFA/ jrs avant la libéralisation à 328 FCFA/ jrs après la libéralisation. Sur cette base, la MO affectée à l'entretien des parcelles, à l'épandage de l'engrais, au traitement insecticide et herbicide et à la récolte peut être évaluée comme suit dans le tableau 9.

46 - cette assertion est prouvée par le tableau en annexe 11 que nous avons recueilli auprès de la direction régionale de la CIDT (Korhogo).

Tableau 9 : Variation des coûts de la main d'oeuvre avant et après la libéralisation

 

Coût avant la

libéralisation (FCFA)

Coefficient de

variation (%)

Coût après la

libéralisation (FCFA)

Coefficient de

variation (%)

Entretien

62985

81,46

83020

79,68

Epandage engrais

8008

64,49

10164

74,21

Traitement insecticide / herbicide

4368

55,33

5824

52,69

Récolte

24625

68,61

32736

62,90

Total

99986

131744

Coût de la MO FCFA/ha

34242

41429

NB : Les frais d'entretien prennent en compte les frais liés aux activités avant le semis et au cours du cycle de production.

Les coefficients de variation ont été calculés en divisant l'écart type par la moyenne, le tout multiplié par 100. Ils nous renseignent sur le degré d'homogénéité des différents frais avant et après la libéralisation. Au regard des valeurs des coefficients de variation, nous disons qu'en moyenne des différents coûts d'avant et d'après la libéralisation sont d'homogénéité égale.

Le coût moyen de la MO par hectare a connu une augmentation passant de 34242 FCFA avant la libéralisation à 41429 FCFA après la libéralisation. Cette différence entre les coûts s'explique par l'augmentation de la rémunération journalière de la main d'oeuvre. Cette augmentation résulte, aux dires des producteurs, de la cherté de la vie sociale qui elle-même découle de la dévaluation survenue en 1994.

Il existe un mode de rémunération de la main d'oeuvre de récolte que nous avons rencontré chez quelques producteurs à Lataha. Cette rémunération tient compte du nombre de billon récolté à raison de 100 FCFA par billon. Ce mode de paiement semble être plus rentable pour la main d'oeuvre car lié au rendement du salarié.

4.7.2 Les Coûts des intrants

Les enquêtes révèlent que les intrants les plus utilisés en production cotonnière sont : les intrants chimiques que sont le NPK, l'urée, les insecticides et herbicides du coton ; les piles qui servent à alimenter les équipements de pulvérisation.

a) Les intrants chimiques

Les doses à l'hectare prévues par la CIDT nouvelle dans la zone respectent les prescriptions mentionnées dans le tableau 10.

Tableau 10 : Les doses d'intrants prescrit à l'hectare

 

1996/97

1997/98

1998/99

1999/00

NPK (kg)

200

200

200

200

Urée (kg)

50

50

50

50

Insecticides ( L)

6,01

6,01

8,66

7,54

Herbicides (L) *

4

4

4

4

Source : Rapports d'activité 1996, 1997, 1998, 1999 CIDT Korhogo

*Pour certains herbicides (tel Gallant) les doses sont en dessous.

Les différentes doses prescrites par la CIDT sont restées constantes sur la période. Ces doses peuvent être complétées par des amendements calciques si nécessaires.

L'augmentation des doses d'insecticides en 1998 s'explique selon un technicien, par l'apparition d'insectes plus résistants. Les firmes ont aidé la CIDT par la mise en place de nouvelle formule de produit en fin 1998. Cette population d'insectes semble être maîtrisée ce qui explique la baisse des doses constatée en 1999/00.

Les données d'enquête nous ont permis d'évaluer les doses des intrants chimiques utilisés par la population enquêtée. Ces doses sont mentionnées dans le tableau 11.

Tableau 11 : Variabilité des doses d'utilisation des intrants à l'hectare

 

1996/97

1997/98

1998/99

1999/00

NPK (kg)

199,6

204,25

208,7

214,94

Urée (kg)

55,84

61,31

63,45

63,29

Insecticides ( L)

6,05

6,04

6,43

6,55

Herbicides (L) *

2,55

3,18

3,21

3,11

En mettant en rapport les tableaux 10 et 11, il apparaît une surdose au niveau des doses appliquées par la population enquêtée par rapport à celles prescrites par la CIDT. Les doses d'herbicides restent inférieures aux doses prescrites. Les doses de NPK ont évoluées progressivement sur la période passant de 199,6 kg/ha en 1996/97 à 214,94 kg/ha en 1999/00.

La surdose d'urée et l'augmentation progressive des doses de NPK s'expliquent par la volonté des producteurs d'accroître leur production afin d'augmenter leur revenu brut.

Cependant, le constat sur le terrain permet de tempérer cette assertion. En effet, Les producteurs par le biais du coton, se procurent des engrais pour les vivriers, ce qui accroît la quantité d'engrais affectée au volet coton.

Quant au surdosage de l'urée, son explication est liée à l'apparition d'une nouvelle variété de coton. En effet, cette nouvelle variété productrice est de taille moyenne. Par conséquent, la récolte devient difficile car les producteurs sont obligés de se courber. Connaissant les effets de l'urée, les producteurs en utilisent abondamment pour faire grandir cette variété afin de lui donner une taille facilitant la récolte.

b) Les piles

Les piles sont des intrants utilisés pour alimenter les appareils de pulvérisation. Les données d'enquête nous indiquent qu'en moyenne les producteurs ont utilisé 14 piles sur la période 1996-2000.

Le prix unitaire des piles est passé de 175 FCFA en 1996/97 à 160 FCFA en 1997/98 puis s'est stabilisé à 140 FCFA de 1998/99 à 1999/00.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway