CHAPITRE IV : PRESENTATION DES RESULTATS D'ENQUETE 4.1
CARACTERISTIQUES DU PRODUCTEUR
4.1.1 Age
Les données d'enquête ont permis de connaître
la moyenne d'âge de la population enquêtée. Les
différentes caractéristiques des données sur l'âge
sont résumées dans le tableau 3 :
Tableau 3 : Moyenne d'âge des producteurs
|
Age moyen
|
Ecart type
|
Intervalle de
confiance *
|
Ecart moyen
|
Producteur de
l'échantillon
|
35
|
7,74
|
#177; 1,66
|
5,63
|
* á = 0,05
La population enquêtée a une moyenne d'âge
de 35 ans et un écart type de 7,74. Cette population qui fait partie des
premiers producteurs de coton s'est rajeunie avec l'arrivée de jeunes
producteurs. Ces derniers n'ont pas connu le succès dans le milieu
scolaire. Ils ont décidé alors, de se joindre aux parents pour
s'investir dans le coton qui est l'une des principales ressources dans la
région Nord.
4.1.2 Niveau scolaire
Les données d'enquête nous renseignent sur le niveau
scolaire des producteurs dans la zone de Korhogo. Les résultats sont
groupés dans le tableau 4.
Tableau 4 : Répartition des producteurs selon le niveau
scolaire
|
Nombre de producteurs
|
Proportion %
|
Analphabètes
Instruits
- Primaire
- Secondaire
Total
|
54
|
64,29
|
|
|
26
|
30,95
|
4
|
4,76
|
84
|
100
|
Les résultats nous indiquent que dans la population
enquêtée 64,29 % sont analphabètes, 30,95 % ont pu
atteindre le niveau primaire et 4,76 % sont arrivés au niveau secondaire
(pour la plupart en classe de 6e ).
Ces résultats sont conformes aux analyses relatives au
monde paysan en Côte d'Ivoire. En effet, la population paysanne est en
générale analphabète ; la région Nord confirme
cette tendance.
Le retour des jeunes de niveau primaire et secondaire à
la terre est dû à leur échec dans les différents
cycles ou quelquefois au manque de moyens financiers des parents pour subvenir
à leurs besoins didactiques.
4.2 TAILLE DES EXPLOITATIONS
Les plantations cotonnières sont d'ordinaire de petites
tailles. Celles rencontrées dans le cadre de notre étude
respectent les critères suivants :
Tableau 5 : Evolution de la taille moyenne des exploitations
|
Superficie moyenne (ha)
|
Ecart type
|
Intervalle de confiance *
|
Superficie maximale (ha)
|
Superficie minimale (ha)
|
1996/97
|
2,92
|
1,73
|
#177; 0,37
|
8
|
0,5
|
1997/98
|
2,99
|
1,83
|
#177; 0,39
|
10
|
1
|
1998/99
|
3,18
|
1,77
|
#177; 0,38
|
10
|
1
|
1999/00
|
3,24
|
1,72
|
#177; 0,37
|
10
|
1
|
* á = 0,05
Les superficies moyennes des exploitations cotonnières
avoisinent en moyenne autour de 3 ha avant et après la
libéralisation. Les superficies moyennes cultivées sont
passées de 2,92 ha sur la campagne 1996/97 à 3,24 ha en 1999/00.
Cette analyse indique une augmentation progressive des superficies
cultivées. Deux raisons sont à la base de cette augmentation. La
raison économique vise la recherche d'une production plus importante,
donc un meilleur profit pour pouvoir faire face aux différentes charges
familiales. La raison sociale est le nombre de plus en plus élevé
d'enfants et de femmes. Ces derniers constituent une main d'oeuvre importante
pour le chef de famille.
4.3 LE MODE D'ACQUISITION DE LA TERRE
Le capital terre est dans 98,8 % des cas acquis sous forme de
legs familiaux. Les chefs d'exploitations enquêtés sont en
général originaire des villages. Dans la tradition
Sénoufo, la terre fait rarement l'objet de transaction financière
entre propriétaires terriens et les individus allogènes.
4.4 LE MODE DE CULTURE
La culture du coton se pratique en général selon
trois modes : la culture manuelle, la culture attelée, la culture
motorisée. Les données d'enquête nous ont permis de
répartir notre population suivant ces modes.
Tableau 6 : Répartition des producteurs selon le mode de
culture
Mode de culture
|
Nombre de producteurs
|
Proportion %
|
Culture manuelle
|
7
|
8,33
|
Culture attelée
|
74
|
91,67
|
Culture motorisée
|
0
|
0
|
Total
|
84
|
100
|
Les données d'enquête nous révèlent
que 91,67 % des producteurs enquêtés font de la culture
attelée et 8,33 % font de la culture manuelle. L'enquête ne nous
permet pas de déterminer la proportion de producteurs en culture
motorisée. Cependant même s'il existe des producteurs en culture
motorisée dans la zone de Korhogo, cette proportion est de l'ordre de
0,29 % ( 44 ) ; donc en nombre pas très
élevé. Aussi pouvons - nous justifier la prédominance du
mode attelé par le fait qu'il dégage plus de marge à
l'hectare que la culture manuelle ( 45 ).
44 - Cette assertion est prouvée par le tableau en annexe
11 que nous avons recueilli auprès de la direction régionale de
la CIDT (Korhogo).
45 - HOUEDE Yao Jean-Philippe, Juillet 2000, « Analyse de
la rentabilité financière et économique des exploitations
cotonnières de la zone des savanes de Côte-d'Ivoire : cas de la
motorisation conventionnelle », Mémoire pour l'obtention du
Diplôme universitaire de Technologie, UFR Korhogo.
4.5 L'ACCES AU CREDIT
Dans la filière coton, la cession des intrants agricoles
et matériels nécessaires à l'activité de production
se fait dans la majorité des cas à crédit.
Les intrants chimiques sont livrés à
crédit aux producteurs. La CIDT nouvelle se charge de la fourniture (
à crédit) du NPK, de l'Urée et insecticides. Les
coopératives quant à elles se chargent de la fourniture des
herbicides. A la fin de la campagne une déduction est faite sur la vente
de la production. Il peut arriver qu'à la fin de la campagne le
producteur se retrouve en impayé, c'est-à-dire se retrouve avec
un revenu brut qui ne peut pas couvrir la totalité des coûts des
intrants acquit en début de campagne. Dans ce cas, il débute la
prochaine campagne avec un crédit.
Les données d'enquête révèlent que 95
% des producteurs reçoivent le matériel agricole à
crédit. Les boeufs d'attelage sont à 98 % acquis sur fonds
propre.
4.6 LES RENDEMENTS
L'enquête nous a permis de déterminer les rendements
de la population de producteurs interrogés. Les résultats sont
résumés dans le tableau 7.
Tableau 7 : Evolution du rendement des producteurs de 1996
à 2000
|
Rendement moyen kg/ha
|
Ecart type
|
Intervalle de confiance *
|
Rendement maximal
|
Rendement minimum
|
1996/97
|
1166,53
|
367,33
|
#177; 78,55
|
2337,2
|
460
|
1997/98
|
1196,13
|
418,71
|
#177; 89,54
|
2874,25
|
0
|
1998/99
|
1139,86
|
422,02
|
#177; 90,25
|
2595
|
336,6
|
1999/00
|
1287,83
|
448,89
|
#177; 95,99
|
2634
|
0
|
* á = 0,05
L'analyse de ce tableau indique que les rendements ont
progressé dans l'ensemble. Ce tableau mis en rapport avec le tableau 5
révèle qu'une augmentation des superficies n'est pas toujours
synonyme d'une augmentation du rendement dans la même proportion. La
volonté d'accroître la production peut être freiner par des
aléas climatiques ou des facteurs extérieurs tels l'apparition
d'insectes résistants qui ont provoqué une diminution du
rendement en 1998/99.
Ces rendements restent inférieurs aux rendements de la
zone de Korhogo (le tableau 8).
Tableau 8 : Evolution des superficies et rendements dans la zone
de Korhogo
|
1996/97
|
1997/98
|
1998/99
|
1999/00
|
Superficie cultivée (ha)
|
12437
|
13717
|
14028
|
14688
|
Production (tonne)
|
18272
|
21345
|
24063
|
26921
|
Rendement de la zone (kg/ha)
|
1469
|
1556
|
1715
|
1833
|
Rendement échantillon (kg/ha)
|
1166,53
|
1196,13
|
1139,86
|
1287,83
|
Sources :Rapports d'activité 1996, 1997, 1998, 1999,CIDT
Korhogo, Enquête
Les rendements de la zone de Korhogo ont évolué
au fil des campagnes ; passant de 1469 kg/ha en 1996/97
à 1833 kg/ha pour la campagne 1999/00. Ceci s'explique
d'une part par un nombre croissant de producteurs en culture attelée
abandonnant ainsi la culture manuelle ( 46 ) et d'autre part
par une amélioration des techniques culturales de production et par
l'apparition de conditions climatiques favorables pour la culture.
4.7 LES COUTS DE PRODUCTION
Les coûts de production regroupent
- les coûts de la main d'oeuvre, - les coûts des
intrants
- les charges d'amortissement.
4.7.1 Les coûts de la main d'oeuvre
Pour mieux apprécier la rentabilité de
l'activité, nous avons prie en compte ceux qui apportent une aide
bénévole et la main d'oeuvre rémunérée.
Dans la région de Korhogo et dans notre
échantillon, la rémunération est journalière
à 99 %. Cette rémunération a varié en moyenne, dans
notre échantillon, de 264 FCFA/ jrs avant la
libéralisation à 328 FCFA/ jrs après la
libéralisation. Sur cette base, la MO affectée à
l'entretien des parcelles, à l'épandage de l'engrais, au
traitement insecticide et herbicide et à la récolte peut
être évaluée comme suit dans le tableau 9.
46 - cette assertion est prouvée par le tableau en annexe
11 que nous avons recueilli auprès de la direction régionale de
la CIDT (Korhogo).
Tableau 9 : Variation des coûts de la main d'oeuvre avant
et après la libéralisation
|
Coût avant la
libéralisation (FCFA)
|
Coefficient de
variation (%)
|
Coût après la
libéralisation (FCFA)
|
Coefficient de
variation (%)
|
Entretien
|
62985
|
81,46
|
83020
|
79,68
|
Epandage engrais
|
8008
|
64,49
|
10164
|
74,21
|
Traitement insecticide / herbicide
|
4368
|
55,33
|
5824
|
52,69
|
Récolte
|
24625
|
68,61
|
32736
|
62,90
|
Total
|
99986
|
131744
|
Coût de la MO FCFA/ha
|
34242
|
41429
|
NB : Les frais d'entretien prennent en compte les frais
liés aux activités avant le semis et au cours du cycle de
production.
Les coefficients de variation ont été
calculés en divisant l'écart type par la moyenne, le tout
multiplié par 100. Ils nous renseignent sur le degré
d'homogénéité des différents frais avant et
après la libéralisation. Au regard des valeurs des coefficients
de variation, nous disons qu'en moyenne des différents coûts
d'avant et d'après la libéralisation sont
d'homogénéité égale.
Le coût moyen de la MO par hectare a connu une
augmentation passant de 34242 FCFA avant la
libéralisation à 41429 FCFA après la
libéralisation. Cette différence entre les coûts s'explique
par l'augmentation de la rémunération journalière de la
main d'oeuvre. Cette augmentation résulte, aux dires des producteurs, de
la cherté de la vie sociale qui elle-même découle de la
dévaluation survenue en 1994.
Il existe un mode de rémunération de la main
d'oeuvre de récolte que nous avons rencontré chez quelques
producteurs à Lataha. Cette rémunération tient compte du
nombre de billon récolté à raison de 100 FCFA par billon.
Ce mode de paiement semble être plus rentable pour la main d'oeuvre car
lié au rendement du salarié.
4.7.2 Les Coûts des intrants
Les enquêtes révèlent que les intrants les
plus utilisés en production cotonnière sont : les intrants
chimiques que sont le NPK, l'urée, les insecticides et herbicides du
coton ; les piles qui servent à alimenter les équipements de
pulvérisation.
a) Les intrants chimiques
Les doses à l'hectare prévues par la CIDT nouvelle
dans la zone respectent les prescriptions mentionnées dans le tableau
10.
Tableau 10 : Les doses d'intrants prescrit à l'hectare
|
1996/97
|
1997/98
|
1998/99
|
1999/00
|
NPK (kg)
|
200
|
200
|
200
|
200
|
Urée (kg)
|
50
|
50
|
50
|
50
|
Insecticides ( L)
|
6,01
|
6,01
|
8,66
|
7,54
|
Herbicides (L) *
|
4
|
4
|
4
|
4
|
Source : Rapports d'activité 1996, 1997, 1998, 1999 CIDT
Korhogo
*Pour certains herbicides (tel Gallant)
les doses sont en dessous.
Les différentes doses prescrites par la CIDT sont
restées constantes sur la période. Ces doses peuvent être
complétées par des amendements calciques si
nécessaires.
L'augmentation des doses d'insecticides en 1998 s'explique
selon un technicien, par l'apparition d'insectes plus résistants. Les
firmes ont aidé la CIDT par la mise en place de nouvelle formule de
produit en fin 1998. Cette population d'insectes semble être
maîtrisée ce qui explique la baisse des doses constatée en
1999/00.
Les données d'enquête nous ont permis
d'évaluer les doses des intrants chimiques utilisés par la
population enquêtée. Ces doses sont mentionnées dans le
tableau 11.
Tableau 11 : Variabilité des doses d'utilisation des
intrants à l'hectare
|
1996/97
|
1997/98
|
1998/99
|
1999/00
|
NPK (kg)
|
199,6
|
204,25
|
208,7
|
214,94
|
Urée (kg)
|
55,84
|
61,31
|
63,45
|
63,29
|
Insecticides ( L)
|
6,05
|
6,04
|
6,43
|
6,55
|
Herbicides (L) *
|
2,55
|
3,18
|
3,21
|
3,11
|
En mettant en rapport les tableaux 10 et 11, il apparaît
une surdose au niveau des doses appliquées par la population
enquêtée par rapport à celles prescrites par la CIDT. Les
doses d'herbicides restent inférieures aux doses prescrites. Les doses
de NPK ont évoluées progressivement sur la période passant
de 199,6 kg/ha en 1996/97 à 214,94
kg/ha en 1999/00.
La surdose d'urée et l'augmentation progressive des doses
de NPK s'expliquent par la volonté des producteurs d'accroître
leur production afin d'augmenter leur revenu brut.
Cependant, le constat sur le terrain permet de tempérer
cette assertion. En effet, Les producteurs par le biais du coton, se procurent
des engrais pour les vivriers, ce qui accroît la quantité
d'engrais affectée au volet coton.
Quant au surdosage de l'urée, son explication est
liée à l'apparition d'une nouvelle variété de
coton. En effet, cette nouvelle variété productrice est de taille
moyenne. Par conséquent, la récolte devient difficile car les
producteurs sont obligés de se courber. Connaissant les effets de
l'urée, les producteurs en utilisent abondamment pour faire grandir
cette variété afin de lui donner une taille facilitant la
récolte.
b) Les piles
Les piles sont des intrants utilisés pour alimenter les
appareils de pulvérisation. Les données d'enquête nous
indiquent qu'en moyenne les producteurs ont utilisé 14 piles sur la
période 1996-2000.
Le prix unitaire des piles est passé de 175
FCFA en 1996/97 à 160 FCFA en 1997/98 puis
s'est stabilisé à 140 FCFA de 1998/99 à
1999/00.
|