B-UNE FORMATION MILITAIRE
POINTUE BASEE SUR L'AMELIORATION DES CAPACITES OPERATIONNELLES DES FORCES DE
DEFENSE DU CAMEROUN ET DE SON RAYONNEMENT DANS LE MONDE
La coopération militaire entre le Cameroun et la
France s'inscrit dans le cadre de l'accord de 1974. Elle a une double vocation
intérieure (Etat de droit et maintien de l'ordre) avec l'existence des
écoles nationales à vocation régionale
(« coopération culturelle, scientifique et
technique »,2007). Elle est regroupée au sein d'une mission de
coopération militaire et de défense, elle s'exerce à
travers des projets menés en partenariat avec les forces armées
camerounaises. Cette coopération se traduit par : la mise à
disposition du Cameroun des coopérants militaires techniques des trois
armées et de la gendarmerie repartis dans les villes de Yaoundé,
Douala et Garoua ; par la fourniture d'équipements et par l'envoi
de stagiaires en France et dans les écoles africaines nationale et
à vocation régionale (« Rapport d'information du groupe
d'amitié France-Cameroun »,2007).
De ce fait, l'on sait qu'en relations internationales, la
priorité pour un Etat est le souci de survie, c'est-à-dire
l'impératif du maintien de l'intégrité territoriale et de
la paix à l'intérieur de ses frontières ; autrement
dit, la recherche de la sécurité. Raymond Aron souligne à
ce propos que suivant le chemin des relations internationales, les
unités politiques, fières de leur indépendance, jalouses
de leur capacité de prendre seules leurs décisions, sont rivales
par le fait même qu'elles sont autonomes. Chacune ne peut, en
dernière analyse, compter que sur elle-même. Dans ces conditions,
conclut-il, le premier objectif que l'unité politique peut logiquement
viser est l'aspiration à la survie, l'assurance de sa
sécurité, la défense du territoire national. Ceci nous
permet de comprendre le désir de force des Etats érigé en
ambition immédiate (Aron, 1962 :82). Le Cameroun, bien que n'ayant
pas officiellement une volonté de puissance internationale ou
expansionniste (Fame NDongo, 2001), bénéficie tout de même
des aspects positifs du désir de puissance de la France . Il s'agit en
fait des connaissances scientifiques et techniques, de l'expérience
française en matière militaire, de la projection de ses
potentialités industrielles et de son aide internationale. Cette
coopération lui permet également d'évoluer au rythme du
monde sans être à la marge de l'environnement international.
Dans cette optique, la direction de la coopération
militaire et de défense (DCMD ) propose un éventail de
formation à haute valeur ajoutée, le plus exhaustif possible, de
façon à couvrir l'ensemble des savoir- faire nécessaire au
fonctionnement d'une armée. Aussi les enseignements proposés
correspondent-ils le plus souvent à des domaines d'expertise largement
reconnus par la communauté internationale (« la formation en
France », 2006). Dans cette perspective, le Cameroun a tout
intérêt à entretenir de bonnes relations avec la France en
matière de formation. De ce fait, le Cameroun en améliorant ses
capacités opérationnelles, enrichit sa culture militaire
défensive et pacifique.
Le 10 mars 1978, Pierre Mendès France déclarait
que « la paix dans le monde, est le premier objectif qui prime sur
tous les autres. Car aucun objectif ne sera jamais approché si la paix
n'est pas d'abord assurée » (Bertrand, 1996 :8).
Ainsi, la promotion de la paix par le Cameroun cadre avec
cette ligne éditoriale et est caractérisée par le
triptyque suivant : la sécurité à l'intérieur
des frontières camerounaises en se préservant des guerres civiles
et d'éventuelles agressions ; l'intangibilité des
frontières africaines (charte de l'OUA, article 3 alinéa
3) ; et de manière générale , la conduite des
relations extérieurs conformément au droit international .Il
en est ainsi de la proscription du recours à la force,de l'agression
dans les relations internationales. Dans ce sens, l'on peut se
référer à l'arrêt de la Cour Internationale de
Justice (CIJ) du 27 juin 1986 sur l' « affaire des
activités militaires et paramilitaire du Nicaragua et contre
celui-ci » (Ela Ela, 2001).
Le Cameroun entend faire du non recours à la force un
précepte fondamental de sa diplomatie. Du reste, il y'a lieu de rappeler
que ce pays n'a jamais été en guerre contre une puissance
étrangère ; tout au plus a-t-il connu quelques
différends sans grande ampleur avec quelques uns de ses voisins. Nous
pensons spécialement aux incidents frontaliers qui se sont produits avec
son voisin nigérian. De même, le Cameroun « n'a pas
eu recours à l'usage offensif ou préventif des armes contre
l'intégrité territoriale ou l'indépendance d'un autre
pays. En outre, il met un point d'honneur à s'abstenir de toute action
de subversion armée ou d'assistance militaire des forces rebelles contre
le gouvernement légal d'un autre Etat (cas de la sécession
biafraise). Le gouvernement camerounais s'est chaque fois joint au reste de la
communauté internationale pour condamner les violations patentes du
principe de prohibition du recours à la force dans le relations
internationales » (Ela Ela, 2001 :147).
Dans le même ordre d'idées, le 30 novembre 1990,
le Président Paul Biya affirmait, lors de la cérémonie de
la 25ème promotion des élèves officiers de
l'école militaire interarmées à Yaoundé qu'il
faisait confiance à l'armée et à ses chefs pour que le
pays « reste et demeure un Etat de paix. Un Etat
libre » (Afrique Défense, 1991 :15). Aussi, l'implication
du Cameroun dans les opérations de maintien de la paix en Afrique
témoigne-t-elle de sa fidélité à ses principes.
La politique de défense du Cameroun qui se veut
« populaire » est notamment
« défensive » et « dissuasive »
(Ela Ela, 2001 :62). La stratégie défensive a pour but de
décourager un adversaire de prendre ou de poursuivre l'offensive (
Reysset et Widemann,1997 :62). L'on peut opposer à l'agresseur une
résistance armée effective en cas d'attaque, mais l'on peut
également prévenir toute agression éventuelle : c'est
la dissuasion.
La dissuasion n'est pas une invention moderne liée
à l'existence des armes nucléaires. En témoigne l'adage
romain : « si tu veux la paix, prépare la
guerre ». Mais la dissuasion à
l'« ancienne » qui s'appui sur les forces armées
conventionnelles diffère néanmoins de la dissuasion
nucléaire (Reysset et Widemann, 1997 :62). La première
réponse est basée sur la perspective d'un échec d'une
entreprise d'agression. Cette perspective n'est jamais absolue. On peut
toujours essayer, s'arrêter et négocier si les choses se passent
mal. La dissuasion classique autorise un calcul entre le risque et l'enjeu. Au
contraire, la dissuasion nucléaire prétend paralyser l'adversaire
par la certitude d'un coup intolérable. Aucun enjeu n'est à la
hauteur du risque encouru dans la réflexion qui organise la dissuasion
nucléaire.
On peut, au vu de ce qui précède, dire que la
culture militaire camerounaise, bien qu'ayant sa spécificité,
évolue pourtant avec l'environnement international.
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