Le processus de formation de la culture strategique camerounaise: Analyse du role des écoles militaires( Télécharger le fichier original )par Aicha PEMBOURA Université Yaounde 2(Soa) - Cameroun - Diplome d`etudes approfondies - Master2 en science politique 2005 |
A-UNE FORMATION D'ELITES ET D'EXPERTS « A LA FRANÇAISE »Les Etats ne veulent pas être forts juste pour décourager l'adversaire et jouir de la paix ; ils veulent davantage être craints, respectés et admirés. C'est dans cette optique que Raymond Aron estime que les Etats veulent être puissants, « c'est-à-dire, être capables d'imposer leur vouloir aux voisins et aux rivaux, d'influer sur le sort de l'humanité, sur le devenir de la civilisation » (Aron, 1962 :83). Ainsi, le désir de puissance qui représente la toute première ambition internationale d'un Etat, confère à ce dernier en dehors de certaines qualités sur le plan sécuritaire (l'inviolabilité, la non agression, etc.) et économique (la facilité d'influencer les grands marchés internationaux, etc.), la capacité sur le plan diplomatique de négociation et d'obtention de ce que l'on désir ; la faculté de peser d'un certain poids dans la politique mondiale, la facilité de soumettre les autres Etats ou entités à sa manière de voir. L'exemple ici est donné par la France vis-à-vis des pays africains ( Mbogning, 1998 :21). La deuxième ambition des Etats sur le plan international est l'accroissement de leur prestige dans le système international ; il est vrai que ceci contribue toujours à rendre l'Etat puissant : on peut même dire qu'un Etat puissant est relativement prestigieux (Etats-Unis), même si le contraire n'est pas toujours vrai (la France a en effet beaucoup de prestige, mais elle n'est pas aussi puissante qu'elle veut le faire croire) (Mbogning, 1998: 22). Précisons que dans la recherche de la puissance et du rayonnement, les Etats forts ont souvent recours soit à des moyens physiques (guerre, injonction, intimidation, démonstration de force, interventionnisme...) ; soit à des méthodes douces qui sont la culture, l'expansion de l'idéologie, l'aide internationale, la publicité faite autour des connaissances scientifiques et techniques du pays, la projection des potentialités industrielles, le cérémonial diplomatique. La France propose à ses stagiaires à travers le monde, des enseignements qui correspondent à des domaines d'expertise largement reconnus par la communauté internationale. L'un des objectifs de la formation en France19(*) est de fournir aux forces de défense, les personnels compétents dont elles ont besoin, polyvalent et capables de s'adapter aux évolutions (technique, sociale et internationale). Cependant, la Direction de la Coopération Militaire et de Défense française (DCMD) souligne l'enjeu de la formation. Ceci dit la France concourt-elle à l'instruction technique d'officiers étrangers pour l'amélioration de la présence française et de son influence sur la scène internationale, ceci en ouvrant l'accès des pays de la zone de coopération de défense à une formation d'élites et d'experts « à la française » (« la formation en France », 2007). Ainsi, l'officier camerounais exposé à un contexte culturel et institutionnel particulier, verra ses décisions déterminées en partie par ce contexte, résultat d'un processus de socialisation. De même, à l'échelle d'un pays, les décisions prises pourront dans une certaine mesure être influencées en dehors de la culture propre du pays, par un contexte culturel et institutionnel différent. C'est ce qu'exprime Peter Katzenstein lorsqu'il soutient qu'en ce qui concerne la politique de sécurité nationale, l'intérêt d'un Etat est défini par des acteurs qui réagissent par rapport à un contexte culturel et institutionnel qui détermine leur action, et non pas nécessairement la quête du pouvoir matériel (Katzenstein, 1996 :4). * 19 Parmi les autres objectifs que sont : la volonté des écoles de développer la capacité des stagiaires à faire face aux nouvelles menaces (déliquescence économique et financière, nouvelle technologie...) ; l'adaptation de la taille de l'outil de formation pour une armée professionnelle (« La formation en France »,2007). |
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