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Le processus de formation de la culture strategique camerounaise: Analyse du role des écoles militaires

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par Aicha PEMBOURA
Université Yaounde 2(Soa) - Cameroun -  Diplome d`etudes approfondies - Master2 en science politique 2005
  

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CHAPITRE 1 : LA DIALECTIQUE DE L'INTROVERSION ET DE L'EXTRAVERSION DANS LA FORMATION DES OFFICIERS CAMEROUNAIS

Le 11 Novembre 1959, l'armée camerounaise est créée par l'Ordonnance N° 59/57 portant organisation générale de la défense. Par le terme « armée », le législateur entendait l'armée de terre. L'énorme structure interarmées actuelle ne date que de 19675(*). En 1972, le Cameroun devient une République Unie. Cette unification clôt le processus de fusion des éléments de l'armée camerounaise francophone et de l'armée camerounaise anglophone (Bolo Bolo, 2006). La défense nationale, depuis 1959, se manifeste essentiellement par l'existence de forces armées. Les forces armées ou forces de défense du Ministère de la Défense comprennent selon l'Article 2 du décret N° 2001/177 du 25 juillet 2001 les forces de la gendarmerie nationale, les forces de l'armée de l'air et les forces de la marine nationale. Puisqu'une culture stratégique émerge d'un vaste ensemble de pratiques internationales : militaires, diplomatiques et économiques impliquant une communauté étatique sur la scène internationale (Colson, 2006), pour comprendre une guerre ; une politique de défense ou tout simplement une culture militaire, l'on doit s'interroger sur les logiques propres aux organisations militaires, les compétences des personnels et l'influence des généraux. Il s'agit pour nous, dans cette partie, au-delà de cette tentative de familiarisation avec le monde militaire, de montrer comment la diversité nationale des filières de formation des officiers camerounais peut contribuer à l'élévation du niveau de compétence des personnels de l'armée nationale.

Dans cette perspective, nous constatons que le développement des forces armées modernes est marqué par une différenciation croissante dans trois dimensions : la dimension verticale des rangs et du commandement, la dimension horizontale de la spécialisation fonctionnelle et la dimension spatiale de la zone qui renvoie ici aux terrains d'opérations (Caplow et Venesson, 2000 :16). C'est dans ce contexte que l'on remarque la relative prédominance de la France et de la Chine dans le processus de formation des officiers camerounais à l'étranger (Section 1). Nous verrons par la suite l'impact de cette formation dans l'évolution de la carrière du militaire au Cameroun (section2).

SECTION 1 : LA FRANCE ET LA CHINE, PRINCIPAUX PARTENAIRES DU CAMEROUN DANS LA FORMATION DES OFFICIERS

Les officiers camerounais sont pour la plupart formés au Cameroun (entretien, capitaine de frégate Njofang (Directeur des études et des programmes à l'EMIA), mars 2007). En ce qui concerne la formation à l'étranger, l'on constate une relative prédominance de la France et de la Chine dans certaines armées à l'instar de l'Armée de l'air et de la Marine Nationale. Le Cameroun ne dispose pas encore de moyens techniques et d'infrastructures appropriées pour assurer une formation actualisée des officiers camerounais dans ces domaines. Cependant, il est à noter que les efforts sont faits dans ce sens au Cameroun, puisque l'Ecole Militaire Interarmées du Cameroun, forme tout de même un certain nombre d'officiers de l'Armée de l'air et de la Marine Nationale. Il sera question pour nous d'analyser la dialectique de l'extraversion et de l'introversion dans la formation des officiers camerounais par le truchement des dimensions verticale des rangs et du commandement par armée (paragraphe 1), horizontale de la spécialisation par arme et spatiale des théâtres d'opérations (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LA DIMENSION VERTICALE DES RANGS ET DU COMMANDEMENT, LA PREDOMINANCE D'UNE FORMATION CAMEROUNAISE

Conformément à l'article 36 du décret du 6 Novembre 1975 portant règlement de discipline générale dans les forces Armées, les armées relèvent principalement du Président de la République qui est leur chef suprême. Celui-ci assure l'unité de l'Etat et veille à la sécurité intérieure et extérieure de la Nation. Le Ministre de la Défense est quant à lui, responsable de la mise en oeuvre de la politique de défense du gouvernement (article premier du décret N°2001/182 du 25 juillet 2001). Le Secrétaire d'Etat à la défense chargé de la Gendarmerie, le chef d'Etat-major des Armées et les chefs d'Etat-major des différentes armées sont placés sous l'autorité directe du Ministre chargé de la Défense. L'Article 2 de ce même décret précise que le Chef d'Etat-major des Armées assiste le Ministre chargé de la Défense dans ses attributions relatives à l'emploi des forces et à leur organisation générale. Il est consulté sur l'orientation à donner aux travaux de planification et de programmation. Il peut être chargé par le Ministre de toute étude intéressant les armées.

Le chef d'Etat-major des Armées a autorité sur les chefs d'Etat-major de l'Armée de Terre, de l'Armée de l'Air et de la Marine lorsque des fonctions opérationnelles lui sont confiées ainsi que lors de la coordination des travaux relatifs soit à ses propres attributions soit aux actions interarmées de préparation des forces. L'article 3 souligne quant à lui qu'en temps de crise ou de guerre, sur décision du Président de la République, le chef d'Etat-major des armées peut par décret être nommé chef d'Etat-major Général des Armées.

Après avoir précisé ces dispositions générales qui réglementent la hiérarchie des rangs au plus haut niveau de l'armée camerounaise, soulignons à présent que les forces armées sont stratifiées en plusieurs dimensions. La plus importante et aussi la plus explicite est celle des grades. Chaque membre des forces armées a un rang qui est à la fois un rôle et un statut. Le grade spécifie les acteurs auxquels il doit déférence et obéissance et ceux qu'il peut commander ; mais il comporte un ensemble complexe de droits, de devoirs et d'attentes. A la différence des statuts assignés dans de nombreuses organisations civiles, le système de grades militaires possède certaines propriétés presque mathématiques : au niveau des individus, il est ordonné et transitif. Une pyramide des grades est ordonnée, il est toujours possible de déterminer lequel des deux membres est le supérieur de l'autre. Ce n'est pas le cas de tous les employés d'une banque par exemple. Dans les armées, deux individus peuvent toujours être classés selon leur grade. Par exemple, les capitaines de l'armée de Terre ont tous une ancienneté dans le grade (liée de manière complexe au moment où ils ont été promus lieutenant). L'officier qui a passé beaucoup de temps dans l'armée est le supérieur en grade. Si ces deux critères ne permettent pas de résoudre le problème, l'officier le plus âgé est le supérieur. Les grades sont aussi transitif : si A est le supérieur de B et si B est le supérieur de C, alors A est nécessairement le supérieur de C (Caplow et Venesson, 2000 :28).

Nous étudierons dans cette partie non seulement la hiérarchie des rangs et du commandement par armée, mais aussi les filières de formation prépondérante des différentes forces armées camerounaises que sont : la Gendarmerie Nationale et l'Armée de Terre (A), l'Armée de l'Air et la Marine Nationale (B).

* 5 La loi N°67-L7-9 du 12 Juin 1967 portant organisation de la défense et des forces armées camerounaises.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus