PARAGRAPHE II : LES ECOLES
D'ENSEIGNEMENT MILITAIRE SUPERIEUR A L'ETRANGER, LIEUX DE FORMATION
MILITAIRE DE HAUT NIVEAU
Certains pays étrangers à l'instar de la France
et de la Chine, jouissent d'une longue expérience en matière
d'enseignement militaire supérieur. L'enseignement militaire de second
degré par exemple est assuré en France par le Collège
Interarmées de Défense et en Chine par plusieurs
établissements militaires, à l'instar de la National Defense
University ou encore la Defense and Strategy Institute sur laquelle portera
notre étude (A). Les programmes d'enseignement de ces écoles,
nous permettront de mieux percevoir les cultures militaires française et
chinoise (B).
A : LE COLLEGE INTERARMEES
DE DEFENSE DE FRANCE ET LA DEFENSE AND STRATEGY INSTITUTE DE CHINE
v Le Collège Interarmées de
Défense de France
Issu de l'Ecole de guerre, le Collège
Interarmées de Défense de France est une référence
en matière d'enseignement supérieur militaire. L'accès
à cette école est ouvert sur concours aux officiers titulaires du
diplôme d'Etat-major qui constitue le premier degré de
l'enseignement militaire supérieur. Le cycle de formation, d'une
durée d'un an, donne accès au brevet d'étude militaire
supérieur (BEMS). La formation qui porte sur l'enseignement
général et sur l'enseignement académique, couvre
globalement : la stratégie, la géopolitique, le droit, la
politique de défense, les travaux d'Etat-major, les études
opérationnelles spécifiques à chaque armée et les
études opérationnelles communes.
v La Defense and Strategy Institute de
Chine
Implantée à Pékin, la Defense and
Strategy Institute est l'une des nombreuses écoles de guerre que compte
la Chine et qui accueillent les officiers supérieurs camerounais. Les
militaires camerounais, diplômés d'Etat-major y accèdent
sur concours. Le BEMS sanctionne la fin du cycle de formation d'une
durée d'un an. Les enseignements qui y sont dispensés
intègrent entre autres la tactique, la stratégie, l'étude
de la langue chinoise, l'histoire militaire de la chine, la pensée
militaire chinoise, les techniques d'arts martiaux, etc.
B : LE REFLET DES CULTURES
MILITAIRES FRANÇAISE ET CHINOISE DANS LES PROGRAMMES D'ENSEIGNEMENT
La culture militaire française vue à
travers le programme d'enseignement du Collège Interarmées de
Défense.
Comme nous l'avons vu, la doctrine d'emploi de la force de la
France est contenue dans le livre blanc publiée en 1972 et qui a connu
des modifications en 1994. Ainsi, la nouvelle politique de défense qui
n'est plus essentiellement basée sur le nucléaire comme
stratégie dissuasive de défense promeut aujourd'hui la
prévention, la limitation par la force si nécessaire des crises.
D'où l'engagement international de la France dans les opérations
internationales de maintien de la paix. Elle travaille dans ce sens avec les
alliés comme le veut sa traditionnelle politique étrangère
qui encourage la culture interarmées et interalliées.
Contrairement à son passé marqué par une stratégie
de dissuasion nucléaire, depuis 1994 elle encourage l'emploi des forces
conventionnelles. Cette politique est le résultat de son adaptation
à l'environnement international.
La culture militaire chinoise vue sous le prisme du
programme d'enseignement de la Defense and Strategy Institute
La conception asiatique de la guerre
conserve une spécificité. Autour d'un noyau chinois central,
sorte de « paradigme du monde asiatique » d'où
rayonnent des concepts fondamentaux, il existe véritablement une culture
asiatique de la guerre qui a fondé en Asie extrême-orientale une
pratique relativement constante que l'on peut retrouver jusqu'à
l'époque contemporaine. La Chine constitue le point centrale et originel
de cette culture asiatique de la guerre, source d'un riche corpus qui a ensuite
inspiré une manière de « penser la guerre »
commune à l'ensemble du monde dit « sinisé »
(Corée, Japon, Vietnam), par l'intermédiaire de la diffusion des
écrits portés par une langue chinoise constitutive d'un domaine
culturel commun.
Ainsi, selon la conception chinoise classique, la
pensée stratégique proprement militaire n'est qu'une branche de
la stratégie politique qui découle elle-même d'une
réflexion philosophique. La conceptualisation de la pratique de la
guerre à été à la fois la plus ancienne et la plus
poussée avant de se propager d'abord dans le reste de l'Asie, ensuite
dans le monde occidental. En Chine, l'objectif de la guerre ou de la bataille
reste subordonné à son coût. Lorsque le monde occidental se
bat « contre » un ennemi, avec toutes les notions de
bravour, de duel, d'honneur qui confèrent au combat lui-même une
importance particulière, le monde asiatique se bat, selon les principes
énoncés par Sun Zi et ses disciples dans leurs traités
militaires, « pour »un avantage. Le combat ou la bataille
n'occupant en conséquence qu'une place très secondaire dans un
« art de la guerre » conçu d'une manière
beaucoup plus globale( De Montbrial et Klein, 2000 : 129).
CONCLUSION
En somme, l'on peut dire que de la formation initiale
à la formation continue la plus élevée, les officiers
camerounais se socialisent à de multiples cultures militaires dans les
diverses académies militaires fréquentées à travers
le monde. Ce processus de socialisation a lieu grâce aux enseignements
qui y sont dispensés. Dès lors, comment peut-on expliquer cette
tendance à l'extraversion de la culture militaire au Cameroun?
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