4.2 Impacts sur les circuits de financement5
Théoriquement, à la lumière des
considérations précédentes, la structure de l'offre de
crédit bancaire sera remodelée en fonction du nouveau profil de
risque dégagé par Bâle II. Le futur dispositif aura donc un
impact sur les économies, par suite de la modification des circuits de
financement.
Il est vraisemblable que les prêts aux entreprises et,
plus encore, le financement des pays émergents deviennent plus rares,
impliquant un recours accru au marché financier. De plus, l'adoption
simultanée de nouvelles normes comptables IASB pourrait accentuer ces
mouvements en favorisant la désintermédiation, le
désengagement des financements longs à taux fixe et l'arbitrage
en faveur du court terme. On s'orienterait ainsi vers un modèle
économique américain, caractérisé par un niveau
très élevé de l'endettement des ménages et un
financement majoritairement de marché pour les entreprises.
Les conséquences de Bâle II seraient donc
considérables. Ces craintes sont d'autant plus légitimes que
certaines tendances sont déjà à l'oeuvre bien avant
l'application effective du nouveau ratio prévue pour début
2007.
En effet, depuis deux ans, on a constaté dans de
nombreux pays un fort développement des crédits à
l'habitat et, dans une moindre mesure, des crédits à la
consommation. C'est ainsi que, en France, les crédits immobiliers
s'installent sur une pente de 8 % l'an depuis 1995 et les crédits
à la consommation résistent au ralentissement
économique.
Des taux de progression très élevés sont
aussi observés dans l'évolution des crédits
hypothécaires en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne. A
contrario, l'encours des crédits aux sociétés
connaît depuis deux ans un ralentissement, voire une diminution, dans de
nombreux pays dont la France. De même, en direction des pays en
développement, les banques ont réduit leurs financements depuis
la crise financière de 1997.
La décélération a été
particulièrement brutale pour l'Amérique latine, alors que pour
les pays asiatiques les encours se sont même contractés au rythme
moyen de -4% l'an depuis 1999.
Par ailleurs, le caractère pro cyclique de Bâle
II est fréquemment fustigé. En période de
récession, par exemple, la baisse des profits bancaires et la
montée des risques entraînent une dégradation du ratio de
capital des banques. Pour satisfaire aux exigences de Bâle, les banques
sont alors amenées à réduire l'offre de crédit
(phénomène de credit crunch), ce qui accentue la
récession économique.
En fait, tout ce raisonnement présuppose que les
banques se conforment strictement aux exigences réglementaires, de telle
sorte que tout changement de réglementation se répercute
directement de manière importante sur leur comportement commercial. Dans
la réalité, les banques ont toujours gardé une marge de
manoeuvre confortable, ce qui leur permet d'atténuer les effets des
chocs réglementaires.
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