PREMIERE PARTIE
CADRE THEORIQUE ET ANALYSE CONCEPTUELLE DE L'ETUDE
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET REVUE DE
LITTERATURE
1.1-PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE RECHERCHE
1-1-1-Problématique
Le passage de l'économie d'endettement à
l'économie de marché des capitaux a été
concrétisé dans la plupart des pays industriels par l'essor et le
perfectionnement des marchés financiers. Ce développement sans
précédent du système de financement direct par la
création des marchés financiers permettra de résoudre ( ne
serait ce que partiellement) l'épineux problème de l'accès
très limité au financement dans un système de financement
indirect (système intermédié).
En effet les marchés financiers ont pour mission
essentielle d'assurer le financement de l'économie par appel public
à l'épargne en organisant la négociation des titres de
propriétés et des titres de créances à long terme.
Ainsi donc ils orientent l'épargne privée vers les
investissements des entreprises ou de la collectivité pour le meilleur
profit de l'économie nationale.
Les marchés financiers sont donc d'une très
grande utilité dans l'économie d'un pays ; la preuve est que
toutes les nations industrielles disposent d'au moins une bourse et que la
plupart des plus dynamiques des pays en développement en ont crée
une.
Aussi ces marchés financiers qui ont connu une
véritable explosion depuis les années 1970 permettent d'une
manière ou d'une autre aux agents économiques de concilier les
objectifs antagonistes de la clientèle identifiés par James
Tobbin. Il s'agit des objectifs de rentabilité, de
sécurité et de liquidité.
Ainsi, pour obtenir des portefeuilles conciliant un niveau
élevé de rentabilité et un niveau élevé de
sécurité (donc moins risqué), les acteurs des
marchés financiers disposent plusieurs instruments appelés
instruments de gestion des actifs financiers. En réalité ce sont
les travaux de Markowitz qui, au cours des années 1950, ont
marqué le point de départ de la théorie moderne relative
à la gestion des actifs financiers et au fonctionnement des
marchés financiers qui ont aboutit à la formalisation dans un
cadre rigoureux de la relation entre risque et rentabilité des valeurs
mobilières.
Quelques années plus tard, Sharpe (1964), Lintner
(1965) ; Mossin (1966) et Black (1972) développent un
modèle central en théorie financière qui permet de
décrire de façon simple, la relation liant la rentabilité
des actifs financiers et leur risque : c'est le CAPM .Ce modèle
jouit d'une certaine notoriété tant sur le plan académique
qu'en pratique. En effet, il a également rencontré un vif
succès auprès des praticiens car il leur permet de quantifier le
risque encouru par la détention d'un actif financier. Il doit à
cette double notoriété et à la disponibilité des
données financières des marchés occidentaux, d'avoir
suscité un nombre très important d'études empiriques
tentant de déterminer sa validité notamment en ce qui concerne la
relation linéaire croissante entre risque et rendement : la SML
(Security Market Line) ainsi que la fiabilité du bêta comme outil
d'analyse financière.
Ces différentes études empiriques ont
été jusque là effectuées dans la grande
majorité des cas, sur les marchés développés.
La question qui se pose est de savoir s'il est possible, au
vu de l'étroitesse des marchés financiers africains et surtout de
la situation de latence dans laquelle ils végètent de leur
appliquer les progrès de la théorie financière notamment
le CAPM.
En effet, les marchés africains sont pour la plupart
des petits marchés embryonnaires et quelques fois sans véritable
activité : ce sont des marchés naissants ou en sommeil
(Tchemeni, 1995). Ces marchés sont également faiblement
structurés avec une instabilité chronique intrinsèque
liée au cycle politique de leur pays (Bourguinat H.Menaï N. ;
1996)
Il apparaît donc intéressant de comprendre
comment ces marchés africains particulièrement mitigés se
comportent face à la panoplie d'instruments modernes de gestion des
actifs financiers notamment le CAPM. Cette question est fondamentalement
d'autant plus qu'avec la globalisation financière (financiarisation),
les investisseurs ont la possibilité d'orienter leurs capitaux vers les
marchés financiers de leur choix.
Par ailleurs, il faut souligner qu'avec les faibles
corrélations des marchés financiers émergents avec ceux
des pays développés au moment ou l'intégration des
marchés développés s'accroît et que les
bénéfices de la diversification tendent à se
réduire, les marchés boursiers émergents apparaissent
comme un choix intéressant pour les gestionnaires de portefeuille
à la recherche de nouvelles occasions de placement (Assoé K. et
alliés, 1999). Une fois encore la question de la maîtrise du
comportement des marchés financiers africains face aux nombreux outils
de la finance moderne se pose.
En effet si plusieurs auteurs ont pu justifier
l'investissement dans les bourses des PED par une domination du couple
risque-rendement à la Markowitz (Bertrand
et Sophia,1996), la question de la maîtrise de la relation liant ces deux
concepts (risque et rendement) demeure une préoccupation sur ces bourses
des PED. En conséquence il se pose le problème de la
validité du CAPM et particulièrement de la relation entre le
risque systématique et le rendement (SML) des titres cotés sur
les marchés financiers en Afrique. Cette question principale de la
vérification du CAPM qui a déjà fait l'objet d'importantes
recherches dans les pays industrialisés reste encore d'actualité
dans les pays africains car à notre connaissance peu de travaux se sont
penchés spécifiquement sur cette question. La présente
étude se propose donc fondamentalement d'appréhender la nature de
la relation liant le risque systématique et le rendement des actions sur
une bourse africaine notamment celle de Nairobi.
La réponse à la question de la validité
du CAPM sur le marché africain de Nairobi est intéressant
à plus d'un titre. Avant tout, le marché Nairobi comme tout
marché des PED présente des caractéristiques qui
différent de ceux des grands marchés des pays
industrialisés (en matière d'organisation et de taille), ce qui
peut être à l'origine de résultats différents. Il
est aussi important pour les gestionnaires de portefeuilles (fortune) de savoir
si le risque des titres cotés à Nairobi, tel qu'il est
défini par le modèle, constitue une mesure appropriée sur
laquelle ils peuvent fonder leur décision d'investissement. Enfin, ce
modèle se trouvant actuellement au centre d'un important débat
académique, initié par FAMA et FRENCH(1992) sur les
marchés américains, des résultats provenant d'un
marché africain peuvent donner une image complémentaire de la
validité du modèle.
|