0.3.
PROBLEMATIQUE
De façon générale, le Cameroun se
présente comme un concentré de l'Afrique dans les seules limites
de son territoire. Ceci veut dire que la plupart des potentialités, des
atouts de tous les ordres que l'on rencontre sur le continent peuvent
être en raccourci retrouvés au Cameroun. Cela n'est pas moins vrai
sur le plan touristique où, partant des attractions naturelles aux
curiosités architecturales en passant par les nombreuses richesses
culturelles, on peut inventorier un ensemble de données à voir
qui exempteraient le visiteur des autres destinations africaines trop
spécialisées et exclusivistes.
A l'échelle régionale à
l'intérieur du même pays, l'offre touristique semble suivre une
logique de spécialisation. Tandis que le Grand Nord présente
d'exceptionnels paysages lunaires, des cultures originales et une faune riche,
le Grand Sud crève les yeux par le caractère luxuriant et naturel
de ses paysages, la richesse de ses cultures... Au niveau local, cette
spécificité se précise davantage. On a des
localités qui ne proposent que des produits culturels (Foumban,
Ndop...), d'autres qui n'ont que la nature à servir sur le marché
touristique. C'est d'ailleurs dans ce registre que se rangent les
localités de Buéa et de Limbé dont les attractions sont
essentiellement liées à la nature.
Buéa est une ville mythique et historique tout à
la fois. Elle est mythique parce que le Mont Cameroun encore appelé
« le char des dieux», la couvre de son ombre et par
conséquent sa vie en est intimement dépendante. Ancienne capitale
du Cameroun occidental pendant la période tutélaire et
siège des Allemands, Buéa est une ville dont l'histoire est fort
intéressante. A côté de ces valeurs indéniables du
point de vue touristique, la force de cette ville réside davantage dans
l'allure majestueuse de la montagne qui exerce une fascination
irrésistible sur le touriste qui se décide à en visiter
les nombreux sites écotouristiques. Le Mont Cameroun est le sommet le
plus haut du Cameroun (4100m), riche en habitats originaux et variés et
d'une grande diversité biologique (oiseaux, mammifères,
papillons, plantes...).
Quant à Limbé, son évocation rappelle
ses plages qui en constituent le produit phare. Les produits satellites qui ne
s'écartent pas foncièrement du précédent sont le
Limbé Botanic Garden (Centre de recherche et de loisirs très
attrayant et reposant), le Limbé Zoological Garden (riche en primates et
très visité) dont les richesses en font des arrêts
obligatoires dans le programme des visiteurs de la ville. Le cap Bimbia
constitue un attrait tout aussi original en raison de sa proximité de la
mer et de son histoire de gîte et de sépulture des premiers
missionnaires protestants arrivés au Cameroun.
Ces deux villes prises ensemble, présentent au plan
climatique - à la faveur de la montagne qui adoucit le climat et la
proximité de la mer - un temps agréable à Buéa
favorable au repos et se rapprochant du temps dans les latitudes
tempérées d'une part et un temps moins douillet à
Limbé - du fait de la mer - qui peut néanmoins offrir l'occasion
des baignades, du bronzage... d'autre part.
De plus, la sécurité des biens et des personnes
n'y est pas particulièrement menacée. Les agressions, les
vols...ne sont que rarement enregistrés dans ces contrées. La
circulation des personnes se fait tout tranquillement.
Pourtant cette région du Mont Cameroun a l'avantage de
présenter un réceptif important dont le principe de sa
diversité n'est pas toujours acquis. En effet, les hôtels y sont
nombreux et connaissent un taux de remplissage très faible (Autour de
15%). C'est alors que se pose le problème de l'efficience de la
contribution du tourisme au développement ou tout au moins de la
performance du tourisme dans le Fako.
La vie économique de la région ne s'en ressent
pas particulièrement. Les populations restent essentiellement agricoles
et de niveau de vie modeste. Bref, la région ne connaît pas un
développement particulier consécutif à la pratique de
l'activité touristique.
L'accessibilité à ces villes est fluide. Par la
route, à partir de Douala ou du Moungo, ces deux localités
peuvent être rejointes par des voies d'une certaine praticabilité.
Par la mer, Limbé et Tiko sont des ports maritimes qui rapprochent le
visiteur de sa destination de rêve quitte à ce que celui-ci
l'atteigne ensuite par la route. Par voie aérienne, le seul
aérodrome de la région se trouve à Tiko à partir
duquel ces villes peuvent être ralliées. Entre les gares
routières, les hôtels et les sites touristiques, la liaison n'est
pas tout aussi facilitée et se fait essentiellement par la route.
À la vérité, les sites de ces villes
sont-ils aménagés ? Et quand ils le sont, sont-ils les seuls
qui soient vendables ? N'en existeraient - ils pas d'autres
retranchés dans l'austérité de l'infranchissable voire de
l'inconnu ? En d'autres termes, les ressources touristiques sont-elles
systématiquement inventoriées et valorisées ?
Il est généralement admis que cette condition
couplée à celle du marketing remplies, la région
touristique devrait connaître un afflux de visiteurs et par voie de
conséquence un développement tous azimuts. Mais ce serait ignorer
la valeur que recèlent la sécurité et d'autres
facilités pour les clients. Ainsi, peut-on dire que le Fako offre de
réelles garanties de sécurité au visiteur qui le
sillonne ? L'arnaque, les tracasseries policières, le banditisme...
ne pourraient-ils pas dissuader les éventuels touristes à s'y
rendre ? En outre, l'état des voies d'accès à ces
villes et les moyens de transport y contribuent-ils davantage ? Une fois
que les visiteurs arrivent dans ces villes, disposent-ils tous et à leur
convenance des espaces de couchage ? Enfin les populations de ces villes
constituent-elles un appoint au développement du
tourisme surtout lorsque l'on sait qu'elles ne sont pas
particulièrement impliquées dans le processus ?
Quoiqu'il en soit, évaluer les potentialités
effectives du tourisme du Fako d'une part et encercler les contraintes qui
s'exercent sur l'essor de cette activité d'autre part, permettront
assurément à travers la réponse à ces questions de
saisir les forces et les faiblesses du tourisme dans la région du Mont
Cameroun.
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