2.1.3.3 Efficience forte
Notre étude ne teste pas l'hypothèse de
l'efficience selon la forme forte. Toute fois, il est souhaitable de savoir ce
que dit la théorie sur l'efficiente forte et les conclusions des auteurs
sur cet aspect. Etant entendu que l'on ne peut faire une analyse efficace de
l'efficience semi forte sans maîtriser les frontières avec
l'efficience forte.
Pour aller dans le sens de l'efficience forte, on a
montré que l'information même privée induit des mouvements
de prix sur le marché, alors que dans le sens de l'inefficience, on a
démontré que l'intégration de cette information par le
marché n'est pas immédiate.
Les dernières recherches n'ont pas validé le
modèle de Holden C. & Subrahmanyam A. [1992] qui prévoit que
la concurrence des agents informés entraînera des mouvements de
prix qui ne durent que très peu de temps. Par contre, les
résultats des chercheurs sont plutôt cohérents avec une
modélisation à la Kyle A. [1985] : l'information n'est
reflétée dans les prix de marché que de façon
progressive, les agents informés ne mettant pas de grandes
quantités sur le marché de façon à tirer parti de
la liquidité des agents non informés. De fait, on observe que les
volumes échangés ne deviennent réellement plus importants
qu'au lendemain de l'annonce, alors que la taille "unitaire" des
échanges ne se modifie apparemment pas (mais il existe peut-être
des ordres "soignants" destinés justement à éviter
d'attirer l'attention).
De façon indirecte, l'idée qu'il y a une
stratégie, un jeu, entre agents informés et non informés
est corroborée par le fait que le nombre d'analystes qui suivent une
valeur a une influence sur les délais de réaction : lorsqu'une
valeur est très suivie, les cours anticipent moins tôt la
nouvelle. Cela est en effet cohérent avec l'idée que le
camouflage de la stratégie d'informé est plus difficile
lorsqu'une valeur fait l'objet d'attentions intenses.
Cet bref aperçu sur l'hypothèse de l'efficience
au sens fort nous montre que le débat sur l'efficience des
marchés n'est pas homogène.
Il existe des arguments contre les marchés efficients.
En effet, nous voyons qu' au coeur de la théorie de l'efficience des
marchés réside le fait d'admettre le comportement raisonnable
des investisseurs. Ce qui le discrédite le plus est que les anomalies
cognitives, les influences sociales et de foule peuvent parfois excessivement
biaiser les perceptions, menant à des décisions
désastreuses. Les gens simplement:
-ne recueillent pas et ne traitent pas l'information de
façon impartiale, - attachent une trop forte ou trop faible
importance aux événements récents ou extraordinaires,
déformant la réalité dans le processus.
- attachent une importance anormale (ou aucune importance)
à certains événements souhaitables ou
indésirables.
Ainsi, l'argument standard contre l'hypothèse
d'efficience des marchés est du genre : la bourse n'est pas efficiente
car il y a beaucoup d'opinions erronées, de traductions
incorrectes, et d'émotions telles que fierté, doute, crainte et
espoir. Il y a parfois des jugements simplement mauvais ou superficiels, de
nombreuses variables complexes, et des événements très
changeants rapides, que les investisseurs ne pèsent pas correctement.
Cela même s'ils ont toute l'information adéquate, ce qui est
l'exception plus que la règle.
Fondamentalement, le marché n'est pas efficient parce
que trop d'avis faux et d'émotions fortes des investisseurs peuvent
créer des tendances. Elles finissent par porter les
cours des actions bien en-dessous ou au-dessus de leurs
valeurs raisonnables.
A tout ceci, on peut répondre que certes les
marchés peuvent se caractériser par des comportements individuels
irrationnels, mais qu'ils se compensent entre eux du fait des grands nombres.
Ainsi, le plus bas dénominateur commun de la rationalité
resterait le facteur comportemental principal.
En effet, une définition possible du comportement
rationnel est l'indépendance entre individus. Ce point est juste, mais
il déplace la question de "les marchés sont-ils efficients? "
vers "quel est le niveau et le type d'efficience des marchés?", ce qui
semble acceptable aux économistes. Il entraîne aussi le
scénario des marchés à efficience limitée,
où le prix et la valeur tendent à converger, mais les
marchés peuvent encore parfois s'écarter de la
réalité. Ceci ouvre la porte à la recherche d'explications
aux anomalies du marché et comment elles évoluent.
C'est le thème principal de recherche en finance
comportementale. Certains adeptes de la Behavior Finance vont plus loin, pour
dire que ces anomalies sont la règle. Ils considèrent
l'équilibre optimal comme rarement trouvé dans le monde
réel, et les modèles basés sur cette approche " forte" de
l'hypothèse d'efficience des marchés comme la simple "la limite
centrale". Pour eux, la bonne approche scientifique commence par étudier
les comportements d'investisseurs.
La revue de la littérature sur l'efficience
informationnelle est immense et précise qu'en général sur
les marchés financiers des pays développés, les tests
selon la forme faible ont conclu à l'efficience et rassurent que sur ces
marchés nul ne peut réaliser des gains en faisant des tests
d'autocorelation, de moyenne mobile, des filtres, des points et des croix. Par
contre sur les nouveaux marchés comme celui de la BRVM, l'efficience
n'est pas garantie mais cette affirmation ne sera valable que sur la base de
nombreux tests comme ceux effectués sur les grandes places
financières.
Concernant les tests sous la forme forte et semi forte, le
résultat est le même car l'information s'intègre rapidement
aux prix des titres sur les marchés des pays développés
alors que sur la BRVM par exemple il manque tout simplement d'études sur
la question.
Apres cette présentation de la littérature sur
l'efficience des marchés et le constat d'un déficit
d'études sur le marché de la BRVM, il convient de passer en revue
la littérature sur le risque et le rendement pour ressortir les
différentes stratégies de gestion de portefeuille, ce qui nous
permettra d'identifier celles qui seront applicables sur le marché de la
BRVM à l'issu de nos tests.
2.2 : Les théories sur le risque et le
rendement et les stratégies de gestion de portefeuille
Pour aborder les stratégies de gestion de portefeuille,
il est important d'analyser la place du risque dans la gestion du portefeuille
notamment dans l'évaluation des actifs financiers. Ce sont donc les
tests sur le risque et le rendement qui ont permis de définir les
stratégies modernes de gestion de portefeuille. Le choix d'une
stratégie en particulier dépend du degré d'aversion au
risque du client et de la conception de l'efficience du marché
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