Chapitre II : LE SECTEUR SANITAIRE EN RDC
2.1. Organisation du système de santé en RDC
Dans le monde complexe
d'aujourd'hui, il peut être difficile d'indiquer avec exactitude ce
qu'un système de santé, en quoi il consiste et où il
commence et se termine. Le rapport sur la santé dans le monde 2000
définit un système de santé qui inclut toutes les
activités dont le but essentiel est de promouvoir, restaurer ou
entretenir la santé.
Les services de santé
officiels, y compris la prestation par des professionnels de soins
médicaux individuels, se situent manifestement à
l'intérieur des limites du système de santé. Il en va de
même des actions des guérisseurs traditionnels et de toutes les
formes de médication, qu'elles soient ou non prescrites par un
prestataire, ainsi que des soins à domicile qui constituent 70 %à
90 %de l'ensemble des soins).
Des activités
traditionnelles de santé publique comme la promotion de la santé
et la prévention des maladies, et d'interventions favorables à la
santé comme l'amélioration de la sécurité
routière et de l'environnement font aussi partie d'un tel
système, mais les mesures qui ont un objectif principal autre que la
santé, l'éducation par exemple, n'entrent pas dans cette
définition, même si elles ont des retombées favorables
à la santé. Le système général
d'éducation ne correspond donc pas à cette définition,
mais l'éducation expressément en rapport avec la santé y
est comprise, tout comme les actions principalement destinées à
améliorer indirectement la santé en influençant le
fonctionnement de systèmes autres que sanitaires, par exemple les
mesures de scolarisation des fillettes ou les modifications des programmes
visant à faire des étudiants de meilleurs futurs prestataires et
consommateurs de soins de santé.
Cette définition d'un
système ne suppose aucun degré particulier d'intégration
et n'implique pas obligatoirement la présence d'une personne
chargée de l'administration générale des activités
qui le composent. Dans cette acception, chaque pays dispose d'un système
de santé, aussi fragmenté soit-il entre diverses organisations ou
aussi peu méthodique qu'apparaisse son exploitation.
L'intégration et l'administration générale ne
déterminent pas le système, mais elles peuvent exercer une grande
influence sur sa performance. (29)
En bref, pour l'OMS, Un
Système national de la Santé est un ensemble ordonné et
cohérent de structures de Santé ayant des missions
spécifiques chacune et qui produisent des services de management et/ou
des prestations de soins de Santé pour la population du Pays. (29)
Ce système de santé
doit non seulement améliorer la santé des gens, mais aussi les
protéger contre le coût financier de la maladie, et les traiter
avec dignité.
Les systèmes de
santé ont ainsi trois objectifs fondamentaux :
- Améliorer la santé
de la population desservie ;
- Répondre aux attentes des
gens ;
- Assurer une protection
financière contre les coûts de la mauvaise santé. (29)
En ce qui concerne la RDC, le
système national de Santé comprend de nos jours les formations
sanitaires des secteurs public, privé et communautaire, l'administration
de la Santé Publique, les Programmes de lutte contre les maladies, les
structures de formation et de recherche et les structures de production et
d'approvisionnement pharmaceutique.
Les caractéristiques de
l'organisation sanitaire en RDC ne peuvent se comprendre qu'à la
lumière de l'histoire du secteur « santé »
depuis la colonisation jusqu'à l'implantation effective de
l'organisation en « Zone de santé » sous le
régime de Mobutu. Son élaboration résulte en effet d'un
long processus d'expériences et d'héritages impliquant une
multitude d'acteurs et engendrant une véritable culture sanitaire que ce
soit à un niveau institutionnel ou populaire.
Nous résumons ici les
grandes lignes historiques ayant marqué la conceptualisation et la
réalisation de l'organisation sanitaire dans notre pays la RDC.
2.1.1. Le secteur sanitaire colonial
A ses débuts, l'action
sanitaire coloniale découle directement de l'action militaire. Le
rôle principal du personnel médical est d'abord de soigner les
militaires et les administrateurs.
Progressivement, la population
indigène dont les colons ont besoin pour le fonctionnement de divers
services va croître et former de véritables agglomérations
créant ainsi la nécessité d'un service de santé
plus organisé, réalisé par l'implantation
d'hôpitaux. Ces hôpitaux sont érigés aussi bien par
l'administration coloniale que par des sociétés
privées.
L'hôpital devient rapidement
le symbole de l'action sanitaire durant la colonisation.
Les centres de soins sont en
majorité cantonnés dans les villes, ce qui a créé
un déséquilibre important entre les villes et les campagnes.
Cependant, dans le contexte naissant de développement de grandes
compagnies industrielles et de recherche de main d'oeuvre dans les campagnes,
l'Administration coloniale se voit contrainte d'organiser un service
santé en milieu rural « pour sauvegarder la santé
des indigènes aux services de l'Etat ».
Une autre caractéristique
du secteur colonial de santé au Congo est la multiplicité des
organismes paraétatiques, philanthropiques ou des missions. En
dehors des grands centres, les services de santé sont assurés par
les missions religieuses et les sociétés industrielles.
Cependant, ces services
co-existent plus qu'ils ne collaborent. Le gouvernement ne
contrôlait que peu les actions sanitaires qu'il coordonne et très
faiblement celles des sociétés industrielles et des organismes
philanthropiques qui disposent de fonds propres.
Bref, le réseau sanitaire
colonial est donc constitué d'une mosaïque de services aux liens
mal définis mais présente cependant l'avantage d'être dense
et fonctionnel. (27)
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