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Etude des déterminants de l'utilisation des services de santé dans la zone de santé de Kadutu, province du Sud Kivu - RD Congo

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par Pacifique Mushagalusa Salongo
Université de Kinshasa - Maitrise en Santé Publique / Economie de la Santé 2005
  

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1.2. Revue de la littérature

La littérature à notre portée nous a permis de cerner l'étendue du problème et la manière dont il a été abordé dans différentes études réalisées par d'autres chercheurs à travers les pays. Ce sont ces résultats qui sont présentés dans cette partie du travail.

Dans une étude réalisée par le CRDI dans les pays de l'Afrique de l'Ouest sur les politiques publiques et la protection contre l'exclusion, il ressort que les systèmes de santé des pays en développement et plus particulièrement en Afrique de l'ouest ont connu des transformations majeures durant ces dernières décennies. Alors que certaines politiques ont permis d'améliorer l'accessibilité et parfois l'efficacité des services de santé, la question de l'équité d'accès aux soins de santé n'est toujours pas résolue. Elle s'est même aggravée dans de nombreux cas, contribuant ainsi grandement à l'augmentation de la pauvreté. Les inégalités de santé et d'accès aux soins demeurent considérables dans la région. Certains sont exclus des soins de manière permanente.

D'autres plus nombreux sont exclus de façon temporaire, leurs capacités de payer, de se déplacer ou encore de se libérer pour aller se soigner ou soigner une personne à charge, variant au gré de saisons et du rythme d'activités. On observe que le fardeau de la santé tend à s'accroître avec la pauvreté et que la maladie est une des sources d'appauvrissement des ménages démunis. Aussi, ces derniers sont plus fréquemment exposés à des soins ou des traitements de mauvaise qualité et à des pratiques non éthiques, notamment de surfacturation. (5)

Dans leur manuel sur le financement des soins de santé en Afrique subsaharienne par la tarification des services et l'assurance, Paul SHAW et Charles GRIFFIN montrent que la tarification des soins dispensés dans les établissements de santé publics sont un facteur d'équité parce que la demande de soins de santé augmente d'une façon disproportionnée avec le revenu. Les gens de condition aisée sont plus en mesure et acceptent plus volontiers de payer pour des services coûteux, si bien que faire payer les gens relativement riches pour des services qu'ils demandent et qu'ils peuvent s'offrir, particulièrement dans les hôpitaux et en utiliser le produit pour subventionner ceux qui sont le moins à même de payer pour se faire soigner est un moyen d'améliorer les prestations de services de santé aux pauvres.

Selon leur observation, une enquête sur l'utilisation des services de santé dans l'Etat d'Ogun, au Nigeria, a révélé qu'environ la moitié des ménages situés dans le quintile supérieur de revenu bénéficiait des services gratuits ou fortement subventionnés dans les cliniques ou hôpitaux publics. Ce quintile supérieur était aussi cinq fois plus porté à se faire soigner dans les hôpitaux privés que les gens de quintile le plus pauvre, montant ainsi une grande disposition à payer pour se faire soigner.

Une enquête sur les ménages réalisée en 1993 en Tanzanie prouve de manière frappante qu'une part disproportionnée des subventions de l'Etat à la santé va aux ménages relativement riches. Les riches sont les plus gros utilisateurs des services de consultation et d'hospitalisation des hôpitaux, dispensaires et centres de santé privés et payants, avec un nombre de visites qui représente près de la moitié du total. Les riches sont aussi plus nombreux que les pauvres à se faire soigner dans les établissements payants dirigés par des missions, entrant pour 35% des malades hospitalisés et 25 à 29% des malades non hospitalisés dans les hôpitaux, centres de santé et dispensaires de ces missions.

Ce qui est plus surprenant, c'est la prédominance des riches parmi les malades hospitalisés dans les hôpitaux d'Etat où ils représentent de 35 à 37% de l'ensemble des patients. Ces hôpitaux fournissent une part substantielle de l'ensemble des soins avec hospitalisation dans le pays. Si les subventions publiques de santé allaient à ceux qui en ont besoin, un plus grand nombre de tanzaniens des quintiles inférieurs pourraient se faire soigner gratuitement dans les établissements publics.

Les ménages relativement aisés ont aussi tendance à bénéficier davantage que les autres des services coûteux et subventionnés dispensés dans les hôpitaux tertiaires. Ceci provient du fait que les ménages relativement aisés se rencontrent surtout en milieu urbain, près des hôpitaux centraux et des hôpitaux universitaires. Ici encore, la Tanzanie nous en fournit la preuve. 47% des hospitalisations en Tanzanie concernent des personnes qui vivent en milieu urbain et 62% d'entre elles appartiennent aux deux quintiles supérieurs des revenus. (35)

Dans son ouvrage les fondements de l'économie de la santé, Charles E. PHELPS note quant à lui que, comme pour tout autre bien économique, la demande des soins médicaux, dépend des revenus. Des revenus plus important créent une demande des soins plus importante. Il fait remarque cependant que ce genre de déclaration doit être accompagnée d'une mise en garde : toute chose restant égale par ailleurs.

Pour ce qui est du prix de l'argent, le raisonnement économique affirme que les personnes vivant dans les limites des contraintes budgétaires achètent moins un certain type de biens au fur et à mesure que leur prix augmente. En sens inverse, elles achètent davantage quand leur prix baisse. Si des études expérimentales sont nécessaires pour montrer l'importance du prix dans l'influence exercée sur les consommateurs de soins médicaux, la logique nous enseigne que sa possibilité existe. D'autres choses étant égales, la demande des individus devrait diminuer quand le prix des soins médicaux augmente.

Concernant le temps, suivant l'adage « le temps c'est de l'argent, nous pouvons nous attendre à ce que les personnes obligées de consacrer beaucoup de temps aux soins médicaux en useront moins, toute chose restant égale par ailleurs.

Il signale en plus que la demande des soins devrait varier directement avec la gravité de la maladie, aussi longtemps que ces soins seront aptes à guérir le patient. (6)

Au Rwanda, une étude de 2004 sur le rôle de l'assurance dans l'amélioration de l'accessibilité aux soins révèle que les mutuelles de santé ont montré un très grand potentiel à améliorer l'accessibilité financière de la population aux soins de santé. En effet, dans les zones de rayonnement des CS où les MS sont déjà fonctionnelles, l'on a constaté une très grande augmentation de la fréquentation de la population membres de la mutuelle par rapport aux non - membres. Alors que la moyenne nationale du taux d'utilisation des services curatifs est tombée à 0,3 consultation par an ; les taux annualisés des consultations dans la plupart des MS atteignent 1 à 1,3 consultations par an. Ainsi donc, chaque membre mutualiste, grâce aux MS est à même de fréquenter son CS de premier contact.

Dès lors que la barrière financière à l'accessibilité aux soins de santé est enlevée par les MS, en cas de maladie, les membres sont susceptibles d'utiliser 4 fois plus que les non membres les services de santé modernes.

Outre que les MS contribuent à l'accessibilité financière aux soins de santé, elles renforcent aussi l'amélioration de la qualité des soins dans les FOSA à travers une mobilisation des ressources financières additionnelles et la constitution d'une coalition des consommateurs des soins de santé au niveau local qui questionnent en permanence la qualité des soins de santé. (24)

Au Burkina Faso, une étude de ZOUBGA Alain portant sur les services des soins et qualité montre que, sur le plan financier, le coût de prestation des soins et des médicaments, même génériques est généralement élevé par rapport au pouvoir d'achat de la majorité de la population surtout après la dévaluation du Franc CFA, cette situation s'explique en partie par les prescriptions irrationnelles et le non fonctionnement du système de prise en charge des indigents. Il s'y ajoute l'absence de mécanismes de prise en charge des coûts des soins. (38)

Pour le Projet sphère version 2004, selon la norme1 relative aux systèmes de santé et aux infrastructures de santé ; classement des services de santé selon leurs priorités : « Toutes les personnes ont droit à l'accès à des services de santé qui sont classés selon leurs priorités afin d'aborder les principales causes de mortalité et de morbidité excessives.

L'accès aux services de santé se basera sur le principe d'équité à savoir assurer un accès égal selon les besoins, sans discrimination pouvant entraîner l'exclusion des groupes spécifiques. Dans la pratique, l'emplacement et la dotation en personnel des services de santé devraient être organisés de manière à assurer un accès et une couverture optimaux.

Les besoins particuliers des groupes vulnérables qui ne peuvent peut- être pas y accéder facilement seront abordés lors de la conception des services de santé. Lorsque les honoraires sont demandés aux utilisateurs, il faudra prendre des dispositions pour veiller à ce que les personnes n'ayant pas les moyens de verser ces honoraires aient tout de même accès aux services. (31)

Selon un rapport du groupe d'étude de l'OMS de 1993 sur l'évaluation des récentes reformes opérées dans le financement des services de santé, la méthode de financement peut avoir une incidence sur l'augmentation du coût des soins de santé, la localisation et le type de services fournis ainsi que sur le nombre et le type du personnel employé. Il existe à l'évidence un besoin de comprendre de quelle manière les objectifs qu'un pays s'est fixé en matière de politique sanitaire peuvent se trouver modifiés suite aux réformes opérées à l'échelon du financement.

Les changements opérés dans le mode de financement peuvent avoir des effets d'une portée considérable. Une restructuration du mode de financement, des soins ou de rémunération des dispensateurs, vu qu'elle modifie le nombre des incitations, peut changer le type et la qualité des relations entre les dispensateurs, de même qu'entre les dispensateurs et les consommateurs des soins. Elle peut restreindre la possibilité sur le plan financier d'avoir accès aux soins et altérer de ce fait l'état de santé de divers groupes des populations. (30)

Ce rapport présente une enquête sur la santé nationale des Philippines dans laquelle on observe que tandis que la fréquentation des installations publiques des soins de santé primaires diminue avec le revenu, les établissements hospitaliers publics sont utilisés de manière égale par les groupes disposant des revenus les plus bas et ceux disposant les revenus les plus élevés. Cela signifie que les premiers bénéficient d'autant de subvention que les derniers, ce qui n'était pas forcement recherché à l'origine. (28)

Ce rapport note en plus que, l'on a vu dans la facturation des soins aux usagers un moyen d'améliorer la répartition des prestations et des charges parmi la population, mais les preuves empiriques démontrant des effets sur l'équité sont mitigés. Les analyses les plus sophistiquées concernant la demande qui existent à ce jour et qui tiennent compte à la fois des coûts monétaires et du temps passé à obtenir des soins de santé émanant de personnes plus pauvres recule à mesure que les frais augmentent. En d'autres termes, à des niveaux supérieurs de revenu, l'élasticité par rapport au prix des soins de santé n'existe pratiquement pas, alors qu'à des niveaux inférieurs de revenu elle augmente. (30)

Au Burundi, Selon l'enquête menée par MSF Belgique de novembre 2003 à janvier 2004 sur les soins des personnes vulnérables, plus de 17% de la population ne se rend pas à une simple consultation, principalement pour des raisons financières (82% de ces malades ne consultent pas par manque d'argent). A cela, il faut ajouter que parmi les patients qui ont trouvé le moyen financier de payer la consultation, certains (quelque 4.8%) n'ont pas l'argent nécessaire pour financer un traitement ou seulement partiellement. Or sans argent, pas de médicaments.

Pour payer la consultation et se soigner, la majeure partie des Burundais est contrainte de recourir à des moyens extrêmes, tel l'endettement ou la vente d'un bien, les poussant dans une pauvreté encore plus grande. Le recours à l'endettement auprès d'un centre de santé est une pratique courante dans le pays. Les titulaires de ces structures signalent d'ailleurs une forte augmentation des patients s'endettant au niveau de leur centre. Les patients ont recours à l'endettement aussi bien à l'hospitalisation que pour une simple consultation ambulatoire, pour lesquelles les sommes varient fortement. (25)

Une étude sur l'utilisation et demande des services de santé au Sénégal montre que parmi les 6.331 individus de la zone rurale ayant déclaré être tombé malade durant le mois précédent le passage de l'enquêteur, 50% n'ont pas cherché de soins dans le secteur moderne; 6% ont cherché des soins auprès d'un prestataire privé moderne; 8% ont cherché des soins auprès d'un hôpital ou d'un centre de santé public; et 36% ont cherché des soins auprès d'un poste de santé ou d'un dispensaire public. En d'autres termes, dans les zones rurales, le choix du prestataire est réduit essentiellement au choix entre entrer dans le secteur moderne et ne pas entrer dans le secteur moderne.

Par ailleurs, parmi les 8.191 individus de la zone urbaine ayant déclaré être tombés malades, 33% n'ont pas cherché de soins dans le secteur moderne; 17% ont cherché des soins auprès d'un prestataire privé moderne; 25% ont cherché des soins auprès d'un hôpital ou d'un centre de santé public; et 25% ont cherché des soins auprès d'un poste de santé ou d'un dispensaire public. En d'autres termes, du point de vue du nombre d'individus qui utilisent les services de santé modernes, les trois principaux types de prestataires modernes définis dans cette étude se partagent le marché moderne des soins de santé de façon assez équilibrée en zone urbaine.

Les résultats des analyses économétriques ont révélé que le secteur privé moderne et les établissements de soins tertiaires du système de santé publique servent essentiellement les couches aisées des zones urbaines du pays. Par ailleurs, les établissements du niveau inférieur du système de santé publique, les postes de santé et les dispensaires de quartier, servent principalement les couches les moins nanties des zones urbaines et la majorité des ménages ruraux.

Le temps d'accès aux établissements de soins apparaît comme un facteur effectif de rationnement des services de santé, notamment en milieu rural; en zone urbaine, le temps ne semble pas déterrer les malades à rechercher des soins dans le secteur moderne étant données l'accessibilité physique relativement élevée des établissements et la densité des réseaux de transports en communs. Dans les zones rurales, cependant, les effets du temps d'accès sur la demande des soins sont plus importants que les effets des prix: les populations des villages éloignés des établissements de soins font face à des coûts d'accès relativement élevés comparés aux autres groupes sociaux. Sans nul doute, le rationnement quantitatif des soins par le temps et les distances pose toujours un des premiers problèmes de l'équité du système de santé.

Bien que le revenu du ménage joue un faible rôle dans l'entrée dans le secteur sanitaire moderne en zone urbaine, le revenu du ménage est un des déterminants les plus significatifs de l'entrée dans le secteur moderne en zone rurale: une augmentation du revenu du ménage de 100% augmente la probabilité d'entrée dans le secteur moderne de 26 % dans les zones rurales. Par contre, le revenu du ménage affecte surtout le choix du prestataire dans les zones urbaines: une augmentation de 100 % du revenu résulte en une augmentation de 39 % de la probabilité qu'un prestataire privé soit choisi, une augmentation de 19 % de la probabilité qu'un centre de santé ou un hôpital public soit choisi, et une diminution de 30 % de la probabilité qu'un poste de santé public soit choisi. En d'autres termes, la sensibilité de la demande des services des prestataires privés par rapport au revenu est deux fois plus élevée que celle de la demande des services des hôpitaux et centres de santé publics dans le contexte urbain. Par ailleurs, l'élasticité négative de la demande des services des postes de santé publics indique que ces services sont perçus par les malades comme étant de pauvre qualité.

Les relations observées entre le revenu et la demande des soins de santé en zone rurale, où l'essentiel des soins de santé sont subventionnés suggèrent que les plus nantis des zones rurales capturent une plus grande part des subventions publiques que les plus pauvres. Cette situation est aussi prévalente en zones urbaines où le niveau des subventions publiques est plus élevé: elle est opérée dans le cadre urbain, cependant, par l'accès différentiel des groupes socio-économiques aux soins aux coûts élevés des établissements tertiaires. (34)

Au Mali, le personnel soignant ayant soumis en réunion de « concertation  locale » le problème de sous fréquentation des centres de santé par les malades, une analyse des raisons de cet état a été conduite via une série d'animations avec les populations de l'aire de santé concernée. Ces séances ont fait ressortir différents aspects :

ï Le problème de l'accessibilité financière au centre de soins du fait des faibles revenus de la population, particulièrement à certaines périodes de l'année

ï L'inexistence de la notion d'épargne de santé

ï L'absence de liquidité financière

ï Le fait de ne pas donner la priorité aux dépenses de santé par rapport aux autres types de dépenses (on ne dépense pas de l'argent pour se faire soigner quand on est malade)

La plupart des malades se rendent ainsi au centre de santé uniquement les jours de foire, car c'est le moment propice pour se procurer de l'argent liquide en vendant quelques biens. Cela explique qu'il n'est pas rare de voir les parents des patients se présenter d'abord au centre pour faire estimer le coût des soins avant de se rendre au marché pour vendre bétail, grains, poissons et autres produits pouvant couvrir le montant de la dépense. Les personnes qui n'ont aucun moyen, ou presque, soit se retournent vers les tradi - thérapeutes, soit vers les vendeurs ambulants des médicaments, ou tout simplement restent à la maison. (7)

Une étude menée en France par Denis RAYNAUD montre qu'au delà de l'influence de l'âge, du sexe et de l'état de santé, les caractéristiques socio- économiques et le bénéfice d'une assurance maladie complémentaire influent sur la consommation de soins.

Alors que la structure de la consommation des personnes issues de milieux sociaux favorisés est plutôt tournée vers les soins ambulatoires, celle des plus modestes a tendance à privilégier les soins vers l'hôpital : c'est le cas des personnes issues de ménages dont la personne de référence est ouvrière ou n'a pas reçu d'éducation secondaire, ainsi que des personnes issues de familles monoparentales.

En outre, les personnes bénéficiant d'une assurance complémentaire engagent des dépenses ambulatoires supérieures de 29% à celles des personnes qui en sont dépourvues, les bénéficiaires de la CMU complémentaire engageant quant à eux des dépenses de médicaments et d'omnipraticiens supérieures à celles des autres assurés complémentaires.

Enfin les déclarations portent sur le renoncement aux soins pour des raisons financières, qui concernent essentiellement les soins dentaires,optiques et de spécialistes,sont réduites de plus de moitié quand les personnes sont couvertes par une assurance complémentaire.(32)

Dans une étude menée au Canada auprès des ménages à faible revenu, il ressort que plusieurs participants ont déclaré recourir à une forme ou une autre des services de santé ou à des services communautaires pour survivre. Les services étaient aussi considérés comme un moyen d'atténuer l'isolement et de faire face au stress. Les principaux thèmes qui se dégagent de l'analyse des données comprennent les facteurs qui influencent l'utilisation des services de santé et les expériences personnelles, ainsi que des recommandations pour améliorer les services et modifier les politiques.

Divers facteurs affectent le recours à une gamme d'organismes et de services en raison de leur influence sur la capacité ou le désir d'utiliser des services. La compétence, la confidentialité et le besoin d'autosuffisance sont des facteurs clés qui influencent l'utilisation des services. La capacité du personnel de première ligne à écouter et comprendre les personnes à faible revenu, à leur manifester de l'empathie et à les traiter avec respect a influencé le taux d'utilisation. L'accès aux services variait également selon la proximité, la capacité de payer et la commodité, la connaissance de leur existence, et leur iniquité fondée sur le statut de personne à faible revenu, le racisme, l'apparence physique et l'environnement de quartier.

Plusieurs réponses ont révélé les expériences des personnes face aux services. Les réponses ont également mis en lumière des besoins en services, certains auxquels on a satisfait, et d'autres auxquels on n'a pas répondu. Les participants ont parlé de stratégies informelles (comme l'autodiagnostic/traitement) et structurées (comme la religiosité) auxquelles ils ont eu recours pour faire face aux exigences de la vie courante. Enfin, les participants ont indiqué que leur statut de personne à faible revenu leur laissait peu de choix quant aux services auxquels ils pouvaient avoir accès. (36)

D'après les résultats d'une enquête dans les ménages réalisée à Nouna, dans une région rurale du Burkina Faso, les déterminants du premier recours à un système des soins de santé et de la fidélité du patient au système choisi sont différents. Pour les services de santé modernes, le revenu du ménage, le niveau d'études, la résidence en zone urbaine et la compétence attendue du prestataire des soins sont des facteurs prédictifs positifs du premier recours à un système de soins, mais non de la fidélité du patient, pour laquelle seule la qualité perçue des soins était prédictif positif. (26)

Au Cameroun, il a été constaté que 80% de la population revêt un profil de consommation de pauvre. Cela entraîne une faible capacité de recours aux soins et donc des dépenses de santé effectifs très faibles. La décision de se faire consulter dès l'apparition de la maladie est largement tributaire des moyens financiers disponibles. Le manque d'argent a constitué pour l'automédication moderne et l'abstention la raison fondamentale de la décision thérapeutique. (4)

En RD Congo, une évaluation des services de santé réalisée en 1998 sur les mutuelles de santé a montré une faible accessibilité de la population aux soins de base , soit 26% et qu'à peine 37% de la population avait accès aux médicaments essentiels génériques. (37)

Une autre étude menée par la DEP/MS en 2004 révèle que 10% des ménages interviewés n'ont eu recours à aucun traitement pour se faire soigner y compris avec des plantes médicinales par manque d'argent dans 79% de cas. Bien que les coûts des soins aient déjà été subventionnés à travers le pays, ils sont toujours inaccessibles. Le problème d'argent (manque d'argent (78,81%) et du coût excessif (11,02%)) constitue à 90% le motif principal de renoncement aux soins de santé dans un établissement moderne des soins.

Les personnes qui ont renoncé aux soins auraient bien voulu avoir l'opportunité de faire des choix et d'être satisfaits de vivre, mais leur état de pauvreté monétaire les a privé de cet avantage, les conduisant à un plus grand risque - maladie. La même étude montre que malgré que les interviewés se sont plaint du coût élevé des soins, 87% d'entre eux ont pu payer la totalité du coût exigé. Il y a donc lieu de nuancer les réponses des ménages sur l'appréciation du coût des soins en prétendant, dans 67% des ménages avec cas de maladie, que le coût des soins est élevé. (23)

Une étude menée à Kinshasa en RDC analyse les déterminants de choix des populations pour les centres de santé par une enquête de comportement des ménages sur un échantillon représentatif de 1000 ménages, dans les zones de santé de Kinshasa en 1997. Pour le dernier épisode de maladie, les répondants ont recouru à 7 types des soins: le centre de santé (37%), le dispensaire privé (26,5%), l'automédication pharmaceutique (23,9%), le tradipraticien (21%), l'automédication traditionnelle (16,9%), la polyclinique conventionnée (16,7%) et un hôpital de référence (10,4%).

La régression logistique a montré que l'on recourt d'autant plus au centre de santé qu'à une autre structure de soins (< 0,05) lorsqu'on recherche la qualité des soins, l'application de bons tarifs et l'offre de services polyvalents. Par contre, le souci de proximité géographique par rapport au lieu de résidence du ménage appelle à utiliser le dispensaire privé. Lorsqu'on recherche la présence d'un médecin ou l'existence d'une convention on choisit plutôt la polyclinique privée conventionnée. Ceux qui ont cherché une solution à un type particulier de maladie ont plutôt choisi le tradipraticien.

En conclusion, les résultats de cette étude montrent que si les populations choisissent les soins offerts par le centre de santé, c'est parce qu'elles les jugent de bonne qualité. Des soins intégrés et offerts par le même technicien, de formation requise, sont un atout majeur à l'acceptabilité du premier échelon des soins de santé primaires à Kinshasa. Cette étude suggère qu'il serait sans doute bénéfique d'intégrer les structures de soins privées non officielles dans le système des soins de santé primaires, pour autant qu'elles puissent atteindre un niveau de qualité comparable à celui des centres de santé.

Pour que le tradipraticien puisse jouer un rôle complémentaire important dans la réalisation des soins de santé primaires, même en milieu urbain, il est suggéré d'étudier la possibilité de privilégier des lieux de communication. En outre, étant donné le faible pouvoir d'achat des habitants de la ville et l'existence préalable des tontines de solidarité, des conventions apportant un allégement du coût des soins de santé dans le chef des communautés locales devraient pouvoir être intégrées dans l'organisation du système de santé urbain. (14)

L'étude effectuée dans les hôpitaux du réseau BDOM- Kinshasa en 2004 sur les coûts annexes des soins d'hospitalisation des malades relève que l'accès des malades aux soins de santé est en relation inverse avec la taille des formations sanitaires qu'ils fréquentent : les malades commencent par fréquenter les formations médicales les plus proches et les plus petites, avant d'être transférés dans celles qui sont les plus éloignées pour un meilleur suivi. Par ailleurs, plus la formation est petite, plus les malades des catégories pauvres sont à même d'y supporter les coûts des soins. Mais il s'agit vraisemblablement des soins d'une moindre qualité, avec un personnel médical moins qualifié et donc moins onéreux. (11)

Localement, dans la province, une enquête socio - économique et d'accessibilité aux soins venait d'être organisée par Malteser en septembre 2004. Il ressort de cette étude que les conditions socio - économiques précaires dans lesquelles vivent les populations des 7 zones de santé étudiées ne permettent pas à la population d'accéder facilement aux soins de santé de base. (13)

De ce qui précède, nous pouvons retenir que dans les Pays en voie de développement en général et en particulier la RDC, l'utilisation des services de santé de base pose d'énormes difficultés et nécessite de faire l'objet d'une préoccupation majeure du gouvernement. La littérature en notre possession prouve que malgré les moyens consentis à cet effet, une grande partie des populations reste exclue aux soins de santé. Cependant, les informations ne sont pas parfois disponibles, fiables et adaptées pour guider la planification et la prise des décisions. Aussi, cette littérature ne nous permet pas de cerner comment la population se comporte pour résoudre ses problèmes de santé en situation de crise et quels sont les facteurs déterminants pour lui faciliter l'accès aux soins. Ce qui constitue malheureusement un frein au développement durable dans les Pays en Développement.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault