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Etude des déterminants de l'utilisation des services de santé dans la zone de santé de Kadutu, province du Sud Kivu - RD Congo

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par Pacifique Mushagalusa Salongo
Université de Kinshasa - Maitrise en Santé Publique / Economie de la Santé 2005
  

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1.3. Le problème

Au lendemain de leur indépendance, les pays africains, y compris la RDC déclaraient la santé comme un droit et instauraient le système favorisant l'accès aux soins de santé pour tous. Cependant, les systèmes de santé hérités de la période coloniale, basés sur des infrastructures hospitalières lourdes, n'étaient pas adaptés à la répartition démographique et aux besoins de santé de base de ces pays.

Les années 80 virent donc une réorganisation profonde des systèmes de santé en Afrique, avec une forte décentralisation et une stratégie axée sur la prévention et les soins de santé primaires. C'est à Alma Ata en 1978 que les pays membres de l'Organisation Mondiale de la Santé donnèrent officiellement le point de départ de cette nouvelle stratégie. Elle se heurta pourtant rapidement à la question de son financement.

Les pays africains surendettés ne pouvant plus financer leurs services de santé, l'idée du financement des services de soins par le recouvrement des coûts des prestations auprès des malades fit son apparition au début des années 80 et fut officiellement lancée par l'OMS à Bamako en septembre 1987 sous le nom d'Initiative de Bamako (IB). Son postulat de base était que le malade serait prêt à payer une somme raisonnable pour sa santé, à condition qu'il puisse trouver un service et un personnel de qualité, adapté à sa demande.

Cependant, la profondeur de la crise économique que connaît la RDC a hypothéqué largement les chances de succès d'une telle initiative. La baisse du budget de l'Etat alloué à la santé, s'est accompagnée d'une baisse du revenu moyen des ménages et d'une hausse des disparités au sein des populations.

Concernant la capacité de la population à recourir aux soins, cette crise économique, accentuée par les deux guerres successives qu'a connu le pays a considérablement modifié la demande de soins de santé de la population. D'une part, l'appauvrissement des populations a entraîné une baisse de la capacité financière de recours des ménages aux soins de santé et, d'autre part, la baisse du budget de l'Etat consacré à la santé a entraîné une substitution en matière de financement de ce secteur au détriment de la demande publique en affectant profondément les plus pauvres. Ces éléments ont eut de fortes conséquences non seulement sur le niveau des dépenses de santé mais aussi et surtout sur les formes d'accès aux soins.

La mission qui revient au gouvernement est de promouvoir l'état de santé de toute la population, conformément au principe de la « Santé pour Tous et par Tous » en fournissant des soins de santé de qualité, globaux, intégrés et continus avec la participation de l'Etat, de la communauté, des intervenants intérieurs et extérieurs.

L'objectif principal du gouvernement assigné aux services de santé est de fournir à la population des soins de santé qui s'expriment en terme de qualité, d'accessibilité et d'équité.

L'atteinte de cet objectif exige pour ce faire, la connaissance des déterminants de recours aux soins, de la demande exprimée par la population en terme de nature de services de santé attendus, de la capacité contributive des populations, combinée d'une connaissance fine de l'organisation du système de santé par type d'offre permettant de déterminer les stratégies alternatives en terme d'organisation et de financement du système d'offre de santé viable.

La viabilité des services de santé a souvent été négligée. La capacité du centre de santé à couvrir ses coûts suppose une fréquentation suffisante du centre, et des acteurs qui contrôlent les recettes et limitent les dépenses superflues.

Certes la santé n'a pas de prix, mais les services de santé, eux, ont un coût, et l'on ne peut dépenser plus que ce que l'on possède. Quoique pauvres pour la majorité d'entre elles, les populations dépensent de l'argent pour se faire soigner. La question n'est donc pas de savoir s'il faut ou non faire payer les services de santé étant donné que la population paye déjà beaucoup. Il s'agit plutôt de se demander:

S'il est possible dans les conditions actuelles de la RDC de fournir des services de santé de qualité à un prix accessible pour la majorité de la population

Si les ressources disponibles privées et publiques sont suffisantes pour assurer le financement à long terme de ces services

Pour pouvoir répondre à ces questions, il est nécessaire d'évaluer les facteurs qui poussent la population à utiliser les services de santé modernes ainsi que les différentes barrières rencontrées qui empêchent à cette population d'utiliser ces services qui du reste demeurent moins utilisés dans notre pays.

Les décideurs sanitaires devraient donc chercher à soutenir l'émergence de services de santé qui offrent de façon continue les prestations accessibles, de qualité et à un coût réduit pour l'utilisateur et qui soient pérennes sur le plan des soins, de leur gestion, et de leur financement.

Pour y arriver, ils doivent disposer des données nécessaires leur permettant de prendre des mesures adéquates.

Cependant, bien qu'il y ait eu plusieurs investigations sanitaires dans le pays, les déterminants de l'utilisation des services de santé restent très mal connue en RDC et plus particulièrement dans la province du Sud Kivu. Ainsi, dans le contexte de réformes du système de santé envisagées au pays, l'étude des déterminants de l'utilisation des services de santé par les ménages pourrait devenir un instrument pour informer la formulation des politiques et stratégies de financement des soins de santé et la mise en place de politiques permettant de promouvoir un système de santé plus efficient et plus équitable. La présente étude s'inscrit dans cette perspective.

Elle va donc tenter de répondre à la question suivante: Quels sont les facteurs qui déterminent l'utilisation des services et le choix du prestataire des soins de santé ?

Les résultats de cette étude devraient contribuer à l'élaboration de la politique sectorielle de santé dans le cadre de la stratégie nationale de réduction de la pauvreté et de l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement en fournissant aux décideurs les outils d'analyses qui leur sont nécessaires. D'où l'intérêt que nous y avons porté.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon