Chapitre I : INTRODUCTION GENERALE
1.1. Contexte de l'étude
Depuis le déclenchement du
processus démocratique en 1990, la RDC traverse une crise politique
profonde qui s'est matérialisée par une instabilité
politique débouchant sur deux guerres, respectivement en 1996 et la
dernière en 1998 qui a duré cinq ans.
Cette situation de guerre a plongé le pays dans une
situation de crise généralisée avec des effets
dévastateurs sur les populations congolaises dans tous les secteurs de
la vie.
Actuellement, en dépit de quelques poches de
turbulence où des bandes armées s'affrontent encore, une relative
accalmie règne au pays à la suite d'un accord global et Inclusif
qui a facilité la mise en place en 2003 d'un gouvernement de transition
et d'Union Nationale et d'autres institutions de transition.
Comme conséquence de cette crise, on observe sur le
plan économique un délabrement très avancé du tissu
économique dû à la détérioration des termes
de change, à la mauvaise gestion des entreprises publiques et aux
pillages des décennies 90. L'économie est en ruine avec des
infrastructures délabrées et une administration publique manquant
des moyens minima pour accomplir sa mission.
En terme de revenu, le PIB par habitant est en
régression permanente, passant de 250 $ à 105 $ entre 1990 et
2001, niveau bien inférieur à la moyenne de 490$ en Afrique
sub-saharienne (Banque Mondiale, 2002). Le revenu national brut par habitant
est de 90$ en 2002. (18) Il est estimé que 80% de la population
congolaise vit avec mois de 0,20$ par jour (13), ce qui est en dessous du seuil
de la pauvreté défini par la Banque Mondiale (1$ / j par
personne). L'indice de développement humain est parmi les plus
mauvaises positions au monde (168e/177pays) en 2004.
Sur le plan social, la destruction des infrastructures
économiques et sociales a entraîné l'augmentation du taux
de chômage. La paupérisation de la population a réduit
d'une façon sensible l'accès aux services sociaux de base. Cette
situation est à la base de la grande vulnérabilité de la
femme, des enfants de moins de 5 ans, des jeunes et des adolescents avec comme
conséquence un attrait à la toxicomanie, à l'alcoolisme, a
l'interruption Volontaire de la Grossesse, VIH, et l'enrôlement des
enfants soldats.
Sur le plan sanitaire, on observe un dysfonctionnement des
systèmes de santé caractérisé par la
dégradation généralisée des infrastructures
sanitaires, la vétusté des matériels et
équipements, le manque chronique des médicaments essentiels et
outils de gestion, la démotivation du personnel,
l'inaccessibilité de la population aux soins, l'insuffisance de la
couverture sanitaire, la faiblesse des activités d'appui. Par ailleurs,
la prédominance des maladies épidémiques et
endémiques (paludisme, méningite cérebro - spinale,
rougeole, IRA, diarrhées, coqueluches ; complications liées
à la grossesse et à l'accouchement, le VIH/SIDA, TBC) sont
à la base de la charge excessive de la morbidité et de la
mortalité en RDC.
La santé est donc un des secteurs les plus
touchés par la crise économique et ce, à plusieurs
niveaux. L'Etat ne subventionne presque plus les soins de santé de la
population ; celle - ci est au contraire obligée à se
prendre en charge, en dépit de la modicité des revenus des
quelques personnes qui travaillent et qui doivent subvenir aux besoins
multiformes d'une grande armée des chômeurs et des indigents.
Le financement du système sanitaire de la RDC souffre
ainsi d'un grand paradoxe : alors que les malades sont tenus de supporter
la quasi - totalité des coûts financiers de leurs soins de
santé et du fonctionnement des formations médicales qui les
accueillent, leurs revenus sont loin de leur permettre de relever un tel
défi. (11)
Par ailleurs, alors que la crise économique occasionne
une forte demande des soins à cause notamment de la
précarité des conditions de vie, d'hygiène personnelle et
publique, de la sous alimentation, etc., les formations sanitaires sont de plus
en plus incapables de répondre à cette demande à cause
notamment du délabrement de leurs infrastructures et équipements
et de la démotivation du personnel médical.
La politique nationale actuelle a pour option fondamentale
« la satisfaction des besoins de santé de toute la population,
qu'elle soit en milieu urbain ou en milieu rural. Pour ce faire, il s'agira
entre autres d'améliorer l'accessibilité aux soins par la
couverture adéquate en infrastructures de santé, par
l'approvisionnement en équipements et en médicaments essentiels,
le déploiement des ressources humaines sur toute l'entendue du pays et
la mobilisation des ressources financières (19)
Afin d'assurer l'accès du peuple congolais à une
vie saine et lui permettre d'être socialement et économiquement
productif, le gouvernement est entrain de promouvoir le droit à la
santé à tous les citoyens à travers le renforcement des
mécanismes garantissant l'équité dans la distribution des
soins et des services de santé, la solidarité communautaire,
l'humanisation des services de santé et l'accessibilité
financière aux soins de santé. Mais à ce jour, la
République Démocratique du Congo, avec une superficie de
2.345.3000 Km² et une population totale estimée à environ
59.000.000 d'habitants en 2004, sort d'une guerre meurtrière ayant
entraîné un délabrement de ses infrastructures. Cette
situation a exacerbé la crise socio- économique qui
prévaut dans le pays depuis plus d'une décennie.
C'est dans ce contexte qu'au niveau du financement des soins
de santé, il est estimé que 70% des charges reposent sur les
ménages alors que plus de 80% de la population vit en dessous du seuil
de la pauvreté. Cet état de choses est à la base de la
faible utilisation des services de santé (21%) et de la
détérioration de la situation sanitaire qui se caractérise
par un taux de mortalité maternelle excessif (1289 décès
pour 100.000 naissances vivantes et une mortalité infantile
élevée de 126 %o (19)
La vision du gouvernement est de faire de la RDC un pays dans
lequel toute la population bénéficie des soins de santé de
qualité, intégrés et continus accessibles et acceptables,
avec pleine participation dans le contexte global de la lutte contre la
pauvreté. Parmi les orientations stratégiques du gouvernement,
nous avons l'amélioration de l'accessibilité financière de
la population aux soins de santé, avec une attention particulière
accordée aux plus pauvres, aux indigents ainsi qu'aux personnes
vulnérables. La réalisation de cette stratégie appelle une
série de réformes dans l'organisation des structures des soins,
la révision du système de tarification des soins et la
catégorisation des actes médicaux par niveau.
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