2.3. Financement du système de santé en RDC
Le financement de la santé
doit permettre la mobilisation des ressources nécessaires à la
mise en place des mesures de prévention et de prise en charge
médicale répondant au besoin des populations.
L'amélioration de la santé des individus est le véritable
moteur qui guide la conception des interventions dans ce domaine. (1)
En RDC Le financement du
système sanitaire repose sur trois sources principales : les
ménages, les aides extérieures et le budget de l'Etat.
Durant l'époque coloniale
(1885 à 1960), le financement de la santé était
assuré par trois composantes à savoir l'Etat colonial, les
confessions religieuses et le secteur privé animé par les
sociétés dites à charte. A cette époque-là
déjà, les bénéficiaires des soins de santé
payaient eux-mêmes leurs factures des soins. Toutefois, l'Etat
subventionnait les soins en les rendant financièrement accessibles
à tous. Le budget des dépenses ordinaires pour les services
médicaux se chiffrait en cette période à environ 10% du
budget ordinaire total du Congo. (11)
Au moment de l'indépendance
(1960), le Congo avait le système de santé le mieux
organisé et parmi les plus performants de l'Afrique. Mais suite aux
difficultés budgétaires apparues à partir de 1960,
aggravées par les troubles et les rebellions, le financement de la
santé à l'instar de celui des autres secteurs de la nation devint
aléatoire. (11)
Au cours des 30 dernières
années, le poids du financement s'est transféré
graduellement sur les ménages avec comme conséquence non
seulement la diminution de la fréquentation des services de
santé, mais aussi la dégradation de l'Etat de santé des
population qui a atteint des niveaux alarmants comme nous l'avons montré
dans le chapitre précédent.
Dans les années 80s,
l'état prenait en charge la rémunération des
employés du système ainsi que les coûts récurrents
des niveaux centraux et intermédiaires. Les bailleurs de fonds
pourvoyaient principalement aux besoins d'investissement. Enfin les frais de
consultations étaient censés couvrir les coûts
récurrents et la maintenance au niveau local, d'où le concept
d'autofinancement des ZS).
Cependant depuis les années
90 le financement repose sur les ménages. En effet, avec la
décroissance des revenus de l'Etat dans les années 80, les
dépenses publiques ont été allouées en
priorité au paiement des salaires. La diminution des aides
extérieures à partir de 1992 a affecté les dépenses
d'investissement.
Actuellement, la situation est
marquée par un très fort désengagement de l'Etat dans le
financement du système de santé - en grande partie du fait de la
faiblesse des revenus fiscaux. La part des dépenses de santé dans
les dépenses totales du Gouvernement est ainsi passé de 2,5% en
1972 à moins de 1% en 2002, répartis de la manière
suivante: 62% pour les salaires des fonctionnaires, 14% en dépenses de
fonctionnement, 13% en investissements et 11% en budgets annexes et divers.
Ceci correspond à environ $0.22 par habitant, soit une baisse en termes
réels d'à peu près 50% durant la période 1991-2002.
Ces trois dernières
années, la part du budget de l'état allouée au secteur de
la Santé a augmenté (en partie grâce à l'initiative
PPTE) pour atteindre 7,2% du budget national en 2004. Toutefois la majeure
partie du budget couvre les salaires et la répartition
géographique est nettement en faveur de Kinshasa. Le budget est
présentement alloué aux institutions publiques sur des bases
historiques et ad hoc sans tenir toujours compte de la performance ou des
besoins. Enfin, il existe un écart important entre le budget et les
dépenses réelles tant au niveau du volume (taux
d'exécution estimés de 75% en 2002, 89% en 2003) que de
l'allocation.
2.3.1. Evolution, allocation et exécution du budget de
l'État
Si l'on tient compte des normes
fixées par l'OMS selon les quelles chaque pays doit consacrer 10
à 15% de son budget annuel au secteur de la santé, la RDC est
loin de respecter ces normes.
Tableau N°2 :
Evolution du budget des dépenses courantes de la santé les dix
dernières années.
Année
|
Part du budget alloué
à la santé
|
Part du budget
exécuté
|
% exécuté par
rapport au budget alloué
|
Unité
Monétaire
|
Montant
|
%
|
Montant
|
%
|
1995
|
23 484
|
1,4
|
23 254
|
0,2
|
99%
|
millions de NZ
|
1996
|
61 907
|
0,7
|
63 667
|
0,4
|
103%
|
en millions de NZ
|
1997
|
199 358
|
0,3
|
77 664
|
0,2
|
39%
|
en milliers de FC
|
1998
|
8 706
|
1
|
126
|
0
|
1%
|
en milliers de FC
|
1999
|
3 394
|
0,2
|
20 344
|
0,4
|
599%
|
en milliers de FC
|
2000
|
5 123
|
0,02
|
38 563
|
0,2
|
753%
|
en milliers de FC
|
2001
|
191 530
|
0.3
|
83 218
|
0,1
|
43%
|
en milliers de FC
|
2002
|
304 752
|
0,2
|
182 445
|
0.1
|
60%
|
en milliers de FC
|
2003
|
2 137 468
|
0,59
|
ND
|
|
|
en milliers de FC
|
2004
|
34 764 550
|
7,2
|
ND
|
|
|
en milliers de FC
|
Sources :
1) Banque Centrale du Congo, Rapports
annuels 1973, 1979, 1985, 1990, 1996, 2000, 2002 - 2003
2)
http://www.minfinrdc.cd
3)
http://www.bcc.cd
Les questions d'allocations sont
aggravées par le faible niveau d'exécution du budget dans le
secteur. Les dépenses sont en effet souvent partielles,
irrégulières et non contrôlées. Les données
de l'année fiscale 2001 suggèrent que les taux d'exécution
sont d'environ 70% pour les salaires et d'environ 40 pour cent pour les
dépenses courantes hors personnel (il n'existe pas d'information
disponible sur l'exécution des crédits pour les dépenses
communes et pour les budgets annexes). Le montant de $0.22 par habitant est
donc une surestimation des sommes effectivement dépensées par
l'Etat dans le secteur.
Aussi, les dépenses
publiques pour la santé sont largement utilisées à
Kinshasa, qui comprend environ 15% de la population mais reçoit 60% des
dépenses salariales et dispose de près de la moitié des
médecins les mieux formés du pays. L'allocation budgétaire
est ainsi de $0.89 par habitant à Kinshasa - et aux alentours de $0.10
par habitant dans les provinces. (16)
La problématique du
financement des services provinciaux est un autre point crucial : en effet
ceux-ci ne sont pas représentés dans le budget de l'état
et en conséquence sont dépendants des prélèvements
sur le niveau local.
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