2.3.2. Poids du financement sur les ménages
La dépense de santé
des ménages est donc la seule source de financement pour les coûts
récurrents des niveaux locaux et intermédiaires (en dehors de la
contribution des bailleurs de fonds discutée ci-dessous). Le niveau
élevé du coût des soins en est la conséquence.
L'influence des communautés sur la tarification est quasi-inexistante et
les mécanismes de financement ne sont pas toujours utilisés afin
de stimuler la sensibilité à la demande. Il se manifeste donc un
désengagement de l'Etat dans le secteur de la santé.
La conséquence de ce
désengagement de l'Etat est double :
· Le rôle des
partenaires non - étatiques est prépondérant. La
contribution du secteur public se limite à la propriété
théorique des installations médicales et au versement partiel des
salaires. La majeure partie des services de santé sont financés
par les bailleurs de fonds, les ONG internationales et leurs partenaires locaux
(comprenant en particulier les églises), les entreprises (par les
subventions et les services d'approvisionnement) et bien sûr les
patients.
· Le coût des
soins à la charge des populations a dramatiquement augmenté,
laissant les services médicaux hors de portée des populations les
plus pauvres. La charge du financement du système de santé
public retombe souvent sur les administrateurs et leurs communautés,
à travers des frais de consultation et d'autres contributions directes
pour compléter les salaires des fonctionnaires de l'Etat. Les demandes
de rémunérations complémentaires par le personnel
médical sont courantes - et les patients insolvables sont souvent
gardés de force dans les hôpitaux jusqu'à ce qu'ils
s'acquittent des soins reçus. Les systèmes de soins privés
sont souvent hors de portée pour les bourses congolaises.
2.3.3. Besoin de financement du secteur
Les besoins de financement du
secteur sont difficiles à évaluer. Il est nécessaire de
distinguer les besoins en investissements de ceux en coûts
récurrents.
Les coupures budgétaires et
la diminution de l'aide dans les années 90 ont conduit à une
sévère décapitalisation du système. Les
infrastructures et équipements ont souffert du manque de maintenance et
d'investissement. Il existe un besoin net d'investissement évalué
à $85 millions. (22)
L'estimation du besoin de
financement des coûts récurrents pour les niveaux
intermédiaires et local uniquement varie entre 120 et$190 millions par
an. (22)
Dans le système sanitaire
de la RDC, la politique de financement des services de santé devrait
ainsi comporter la prise des dispositions requises pour réduire les
coûts des soins par la mise en place d'un système qui vise
à faciliter l'accès aux soins, la pérennisation et la
viabilité du système de Santé. Tout en tenant compte des
principes directeurs des soins de Santé primaires et pour
accroître l'accès financier de la population aux soins et services
de Santé, le Gouvernement devrait veiller à l'accroissement des
financements des soins et services de Santé par :
- L'allocation à la
Santé de l'équivalent de 10 à 15 % du budget de
l'Etat ;
- La décentralisation de ce
budget aux différents niveaux du système de
Santé ;
- La création d'un
système d'assurance-maladie ;
- La redynamisation du
système de sécurité sociale ;
- La promotion des mutuelles et
coopératives de Santé ;
- La mise en place d'un
système favorisant la participation communautaire et le partenariat
avec les organisations non gouvernementales ainsi que les organismes de
coopération internationale.
Notons qu' actuellement, des
formes de financement alternatives du système, telles que l'approche
contractuelle, sont en phase pilote par certains bailleurs de fonds. Dans ces
schémas, le paiement selon les résultats est le moyen
utilisé pour accroître l'efficacité des
dépenses. Ils sont basés sur le principe du partenariat
qui peut renforcer la responsabilité et le consensus.
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