B/ CENTRE DE PECHE DE JOAL
C'est le lieu le plus dynamique de la pêche
piroguière sur toute la petite côte. Les Lebu, aux Ñominka
et Guet Ndariens, le port de pêche de Joal ne laisse aucun pêcheur
indifférent. Les fortes activités humaines qui le
caractérisent sont une conséquence de cette réputation de
bourbier du poisson. Joal et un centre de pêche que l'on peut qualifier
de mythique pour les Lebu de Ndayane car ce port de pêche reste
lié à toute l'histoire maritime de cette population.
De la pirogue à voile à la pirogue
motorisée, Joal a toujours servi de lieu privilégié pour
l'exercice du métier de pêcheur à ces derniers. La
pêche piroguière modernisée s'est faite à Joal avec
toute la réussite qu'elle a engendrée.
Cette expérience reste encore très vivace dans
la conscience des pêcheurs qui grâce aux gains substantiels
tirés des campagnes sont toujours attachés à ce centre de
pêche.
La réputation de Joal s'est construite autour de la
pointe de Sangomar jugée très poissonneuse mais par une mer calme
aux côtes très basses, et sablonneuses donc propices à la
capture des soles principal espèce recherchée. Cette abondance
des ressources halieutiques a permis aux pêcheurs d'accumuler de l'argent
et partant de s'autonomiser en ayant leur propre embarcation. Pour ce faire,
les pêcheurs ont accepté un certain nombre de sacrifices.
Les conditions de vie à Joal se sont toujours
signalées par leur précarité. Les pêcheurs
considéraient les moments de campagne comme des moments d'exception de
la vie bref comme une parenthèse. Ainsi c'est pour eux une
période de privation et de sacrifice qui prendra fin avec
l'achèvement de la campagne.
C'est donc les maisons habitées depuis les
années soixante (60) que les pêcheurs continuent de
fréquenter. Ces maisons en pente de paille ou en tiges de mil au
début sans revêtement de ciment abritent entre six et huit
pêcheurs qui dorment à même le sol avec des nattes de plus
souvent ou des matelas en paille actuellement.
L'heure de départ pour la mer est fixée à
cinq heures du matin(5H). Avec l'éloignement des zones de pêche,
la durée du trajet peut varier entre (2) deux heures et (3) trois heures
de temps. Arrivés sur les lieux, le travail pour faire remonter des
filets commencent. Une pirogue contient en moyenne cent cinquante à deux
cent filets séparés en unités appelées par des
pêcheurs «filas». Quand la mer est agitée, le travail
est harassant et peut parfois même déboucher sur des accidents. Il
peut arriver que les filets contiennent en dehors du poisson beaucoup de
saletés comme les algues. Ce qui nécessite un travail
supplémentaire.
Dans pareil cas, l'heure du retour est compromise et les
pêcheurs prolongent la durée du temps de travail. C'est toujours
à la fin du travail que le repas est pris. La nourriture qui n'est rien
d'autre que du pain dilué dans l'eau avec du sucre et du lait.
C'est le fameux « ponce » cher au Lebu et
dont l'anecdote est racontée à propos des Lebu de Bargny. En
partant à la mer entre cinq heures et six heures, le retour se fait en
temps normal vers 14 heures et 15 heures. Une fois arrivés, les poissons
(soles) sont mis dans une caisse et amenés sur le pont bascule. La
relation pêcheur / mareyeur commence avec l'arrivée de la
production. Pour le reste des prises c'est la femme du capitaine de la pirogue
qui les prend en charge pour la transformation.
Après l'opération de vente de la production
c'est la remonte de la pirogue qui suit. C'est une opération importante
dans la pêche piroguière si l'on considère que les dits
centres de pêche ne sont pas équipés pour éviter le
halage des pirogues. La plupart du temps se sont les pêcheurs
retraités qui s'en chargent moyennant le «mbolé» ou le
«teeral». Avec ces prestations sociales les plages de Joal,
Djifère et Mbour connaissent des affluences records. Le
phénomène tend à se professionnaliser et à
s'organiser autour des origines locales.
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