Le passage de l'économie agricole à l'économie de pêche:les changements sociaux à Ndayane( Télécharger le fichier original )par Mamadou Ndoye Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise de Sociologie 1998 |
C/ LE CENTRE DE PECHE DE DJIFEREDjifère est un véritable presqu'île entourée sur les trois côtés par la fleuve Saloum à l'Est et par la mer à l'Ouest. Il est devenu un nouveau lieu de ralliement des pêcheurs de Ndayane depuis bientôt dix ans. Ceci malgré l'hostilité du milieu physique car selon les recherches géologiques, cette zone pourrait connaître d'un moment à l'autre un raz de marée qui l'engloutirait sous les eaux. Une telle hypothèse n'a jamais entamé la détermination des pêcheurs à fréquenter le site. Ainsi on peut considérer Djifère comme une sorte de Ndayane bis. Les conditions de vie y sont très précaires. Elles sont plus difficiles qu'à Joal. En effet Djifère est un véritable site de campagne où les maisons sont en paille. On note l'absence d'eau potable. L'exiguïté du site est aussi un problème qui rend fréquents les incendies. La forte concentration humaine à Djifère cause des problèmes sanitaires qui laissent indifférents les populations. Autrement dits malgré l'hostilité du site, Djifère continue d'attirer à merveille la population originaire de Ndayane. Il existe une liaison journalière effectuée par une voiture entre Ndayane et Djifère, ceci pour corroborer cette attraction qu'il exerce sur la population de Ndayane. Cette massification des pirogues originaires de Ndayane à Djifère est intervenue dans un contexte nouveau marqué par l'abondance pendant l'hivernage de la poulpe. La pêche perd ainsi son caractère saisonnier et les pêcheurs se sédentarisent. La poulpe étant pêchée pendant l'hivernage. De ce fait c'est donc elle qui prend le relais de la pêche aux filets pendant l'hivernage. L'hivernage est à Djifère un moment de concentration humaine car la poulpe1(*) a la vertu d'être très facile à pêcher et en même temps de permettre grâce à son prix des gains énormes. Le village de Ndayane se vide pendant cette période. En effet en dehors des pêcheurs, les vieilles personnes qui doivent cultiver les champs se déplacent aussi sur Djifère pour accéder à l'argent de la poulpe. L'agriculture perd donc de plus en plus du terrain avec la fréquentation continue des centres de pêche de Joal et maintenant de Djifère. L'intérêt économique suscité par la pêche constitue un facteur de tassement des activités agricoles. Par les ressources monétaires qu'elle mobilise la pêche est considérée comme étant en phase avec l'évolution sociale marquée par une monétarisation des relations sociales. Le dynamisme de ces centres de pêche traduit cette nouvelle situation, situation plus objective de fait que dans tous les villages côtiers de la petite Côte, la pêche est la principale source de revenu. * 1 Le prix de la poulpe est passé de 223 F en 1993 à 800 F en 1994 et 1 800 F en 1996 (Source : base de données « Prix » Du CRODT. |
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