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Le passage de l'économie agricole à  l'économie de pêche:les changements sociaux à  Ndayane

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par Mamadou Ndoye
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise de Sociologie 1998
  

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CHAPITRE I : HISTOIRE DU PEUPLEMENT

a) Peuplement Mandingue (Socé)

La première vague d'occupation du littoral est l'oeuvre de populations d'origine Mandingue plus communément appelées «Socé». Ndayane comme l'a montré Paul PELISSIER 1(*) n'est pas une exception. En effet, des vestiges du passé comme la mosquée en pierres construite en bordure de mer et appelée «jaak tonor» sont des révélateurs de cette histoire. Cette mosquée est considérée par les populations comme une énigme parce que l'histoire de ces Socé est méconnue même par les vieilles personnes. C'est une connaissance vague que les Lebu de Ndayane ont de « Tonor », ceci peut être interprété par le caractère lointain de cette histoire qui remonterait à des siècles avant l'installation de la population actuelle.

Pour PELISSIER, le peuplement du littoral s'est fait entre le 13e et le 14e siècle.

b) Peuplement actuel

Dans le processus de peuplement actuel il y a deux mouvements migratoires qui se sont succédés.

Le premier mouvement est parti de l'Est notamment du pays « Saafi ». Ces populations sont les premiers occupants de l'histoire actuelle de Ndayane. Il y a eu donc une migration des Sereer saafeen de l'intérieur vers la côte. Les familles FAY, C'oom, Seen, Jo'om se sont installées en premier lieu.

D'après M.P du quartier de Tileen, le carré des «Puuy» a été fondé par Gaane NDUR originaire du village de Tchicky (un village Sereer) et c'est après qu'il a amené certains de ses neveux.

L'histoire de ces Lebu aux origines Sereer se manifeste par les relations qui existent avec leur communauté d'origine. Avec le système de parenté en vigueur, système dominé par la ligue de filiation utérine, la plupart des familles Lebu disposent de champs à cultiver à Raafo Tchiky, Mbayaar, Popenguine Sereer bref en pays Saafi. Ces rapports forgés par la géographie font de ces Sereer des Lebu et la pêche principale trait de distinction entre les deux ethnies. La notion d'ethnie pose dans ce contexte problème au vu des pratiques sociales et culturelles. L'histoire de ce premier mouvement migratoire est celle d'une population d'origine Saafi pratiquant l'agriculture et l'élevage et ayant adopté grâce à la géographie une longue tradition de pêche.

Une telle histoire est significative car elle pose le problème de l'ethnie qui est du point de vue de l'anthropologie le produit des circonstances et non d'une relation biologique.

Le second mouvement quant à lui vient de l'Ouest notamment de la région du Cap - Vert. Ces populations sont les dernières venues à Ndayane ; Cependant elles ont la culture Lebu en bandoulière. La famille Ndoy s'est installée dans le quartier de Tileen dans les années 1930.

Ces deux mouvements migratoires constituent l'essentiel de la population Lebu de Ndayane. Il y a une minorité de pël que l'élevage avait conduit à Ndayane.

c) Une vie religieuse mouvementée.

Les deux confréries qui occupent le champ de la vie religieuse sont en même temps source de conflits et de troubles. En effet depuis le décès de l'Imam Ratib MB. D le consensus est rompu en ce qui concerne celui qui doit présider aux destinées de la mosquée.

L'imam qui lui a succédé est considéré par la branche Tijaan comme un ignorant.

Ces derniers veulent donner comme preuve sa défection lors de l'inauguration de la grande Mosquée par El Hadji Abdoul Aziz SY , khalife général des Tijaan. Ce jour - là, c'est M. B actuel imam et Tijaan de surcroît qui avait dirigé la prière et il a reçu après la bénédiction du Khalife. La jeunesse de cet Imam articulé aux multiples conciliabules ont imposé l'imam Xadr après l'inauguration comme Imam principal. De cette situation découle une inimitié et des critiques contre le vieux A. G. Imam Xadr de la mosquée.

Cette instabilité continue jusqu'au décès de A. G. Ainsi M. D. qui avait dirigé la prière inaugurale et considéré comme un érudit émérite prend la relève. A leur tour, les Xadr font la fronde et pensent que plusieurs Imams doivent être nommés en même temps. La situation a atteint son paroxysme lorsque les Xadr ont sommé au neveu de l'imam défunt Tijaan de surcroît de faire le forcing en s'imposant comme son héritier. Ce dernier s'exécute lors d'une prière de Vendredi où l'on a assisté à l'apparition de deux Imams sur l'estrade.

C'est le sous-préfet de Nguekhokh qui a réglé le problème : c'était en 1996 . Depuis lors certains barons de la Xadrya se sont considérés comme vaincus et ont renoncé à la prière du Vendredi.

La situation anomique de la vie religieuse se manifeste ouvertement dans la vie sociale entière. Ainsi la grande mobilisation qui avait permis de construire la mosquée, l'école primaire s'est maintenant étouffée du fait des dissensions internes.

Cette situation ne fait que s'exacerber avec les luttes politiques découlant des tendances du parti socialistes.

Cette évolution caractéristique au niveau des comportements permet d'aborder dans le second chapitre l'organisation sociale et la culture authentique des Lebu de Ndayane.

CHAPITRE II : ORGANISATION SOCIALE ET CULTURELLE

«L'étude du mode de résidence permet de voir les caractères essentiels de la vie sociale dans ses formes traditionnelles comme dans les changements l'affectant en zone rurale». 1

Ce constat de Abdoulaye Bara DIOP à propos de la société Wolof se vérifie aussi chez les Lebu de Ndayane. Dans la pure tradition de cette société le carré constituait l'organe administratif. Il symbolisait l'identité même du foyer social aussi bien de par sa situation que par les liens qui se tissaient à l'intérieur.

Son principal administrateur fut le Borom Kër inspirateur de son organisation investi par une tradition très forte.

* 1 PELISSIER(P), Les Paysans du Sénégal, Paris, Imprimerie Fabrèque, 1966

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