2.2. Les acteurs non étatiques de la gouvernance
forestière
Au Sénégal, la gouvernance des ressources
forestière fait intervenir divers acteurs non étatiques
particulièrement une multitude d'acteurs locaux principalement
constitués de la société civile, des cadres locaux de
concertation, des autorités coutumières, des partenaires au
développement.
o La société civile notamment au niveau
local : l'apparition de divers phénomènes liés au
réchauffement climatique, l'extraction minière en zone
forestière, les iniquités dans la gestion et la
répartition des recettes forestières etc... ont poussé
plusieurs acteurs (ONG, associations) à oeuvrer en faveur du respect et
la défense des droits des populations locales et de l'environnement.
Dans cette perspective, de nombreuses initiatives ont été
lancées, dont récemment la création d'un comité
contre l'extraction du zircon de Niafrang en Casamance (menace de disparition
des forêts de mangrove) ou le collectif contre le projet d'extension des
carrières d'extraction du phosphate dans la région thiessoise, ou
encore les grands rassemblements contre les conséquences
désastreuses de l'extraction d'or à Kédougou (destruction
des forêts) (Fall, 2017).
o
65
Les cadre locaux de concertation : ce sont
des espaces de rencontres, d'échanges et de décision favorisant
le renforcement de l'approche participative et la transparence
démocratique dans le processus de la gestion forestière. Apparus
en même temps que la foresterie communautaire et l'approche
participative, ces cadres de concertation ont été effectivement
consolidés par le bais de projets d'aménagement des massifs
forestiers, sous l'influence de plusieurs partenaires internationaux (Banque
mondiale, GIZ, USAID) en vue de favoriser la participation des populations
à l'élaboration et la mise en oeuvre de plans
d'aménagement. De plus, ils concernent et rassemblent toutes les
différentes catégories socioprofessionnelles et adoptent la
plupart du temps la forme de comité villageois ou comité
inter-villageois. En matière de gestion forestière, ces
comités participent à la création et la gestion de
pares-feux, la gestion de feux de brousse, la surveillance des massifs
forestiers, l'accroissement de la productivité forestière, la
prévention et la gestion de conflits à l'interne...
o Les chefs de villages et les autorités
coutumières : représentants de l'autorité
administrative dans sa circonscription territoriale et détenteur d'un
pouvoir coutumier leur accordant un droit de regard notamment sur les
ressources forestières de son aire de compétence, les
autorités coutumières particulièrement les chefs de
villages assurent généralement la police administrative au sein
de leur villages respectifs. En ce sens, ils sont chargés d'arbitrer et
de gérer les conflits entre différents acteurs du village et
s'assurent en particulier de la participation de l'aménagement forestier
en faveur du développement de leur villages. En s'adjoignant le conseil
des notables, ils jouent traditionnellement des rôles primordiaux
(régulateur, médiateur, d'apaisement social) en faveur de la
prévention et la résolution des conflits relatives à
l'exploitation forestière et prennent part au processus de
démocratisation de la gestion forestière. Véritables
mobilisateurs communautaires, ils sont souvent associés à
diverses activités notamment celles en faveur de la reconstitution du
couvert végétal, dans le but de susciter l'adhésion et la
mobilisation des habitants de leurs villages respectifs.
o Les partenaires au développement :
leurs contributions substantielles au financement de la politique relative au
secteur forestier sénégalais continuent d'être
incontournables, compte tenu de l'importance des ressources financières
nécessaires pour la lutte contre la dégradation
forestière. Ces partenaires interviennent le plus souvent par le biais
d'une multitude de projets et programmes ayant traits notamment à
l'aménagement de massifs forestiers et la gestion forestière
durable. Tout bien compte, les partenaires au
66
développement constituent des acteurs incontournables
de la gestion forestière et exercent une influence plus ou moins forte
sur les orientations de la politique forestière et le processus
décisionnel au niveaux central et décentralisé.
|