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Strategie pour une gestion durable des forêts au Senegal - pressions exercées sur les forêts et stratégie de gestion forestière dans un contexte de changement climatique: cas des forêts de Casamance au Sénégal


par Abdoul Aziz Sy DIOUF
Le Mans Université - Master gestion des territoires et développement local 2023
  

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CHAPITRE 1 : CONTEXTE, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE

I. CONTEXTE DE L'ETUDE

De nos jours, le changement climatique notamment les questions sur le réchauffement climatique et les problématiques liées à la déforestation et de la dégradation des forêts dans les débats environnementaux qui animent en permanence la vie politico-sociale sont autant de sujets d'actualités internationales et occupent le devant de la scène mondiale. La déforestation et la dégradation des forêts sont aujourd'hui d'importants facteurs des changements climatiques et de la perte de biodiversité forestière, deux des plus grands défis environnementaux majeurs actuels auxquels l'humanité est confrontée. On estime à l'échelle mondiale à 420 millions d'hectares de forêts la perte forestière imputée à la déforestation entre 1990 et 2020, en majorité celle due à l'essartage pour l'agriculture (FAO, 2020). Selon une étude parue sur la revue Science et portant sur la classification des moteurs de la perte mondiale des forêts, on estime à l'échelle mondiale à près de 5 millions d'hectares, les pertes annuelles de forêts entre les années 2001 et 2015 (Curtis et al., 2018).

L'expansion de l'agriculture constitue la cause directe d'environ 80% de la déforestation mondiale (Kissinger, Herold et De Sy, 2012), avec des variations importantes selon les régions du monde. Près de 60% des forêts sont dégradées dans le monde. Selon l'indice Forest Landscape Integrity, révélé dans une étude publiée en décembre 2020 dans la revue Nature Communications, les forêts mondiales ont tellement été dégradées que seulement 40% sont considérées comme ayant une haute intégrité écologique c'est-à-dire celles caractérisées par des niveaux élevés de biodiversité, des services écosystémiques de haute qualité et une forte résilience au changement climatique (Grantham et al., 2020). Plusieurs travaux de recherches, divers rapports de société civile voir même des discours politiques sont de plus de plus orientés vers les thématiques relatives à la dégradation des ressources forestières et la déforestation (Capel, 20155 ; Cirad, 20206 ; Jacque, 20227 ; Tsayem-Demaze, 20108 ; Hasan, 20199 ; Bakehe, 202010). Les causes sous-jacentes de ces processus de dégradation et de déforestation sont

5 Rapport technique 2015 sur Agents et causes de la déforestation et dégradation dans les sites pilotes du projet

6 Pourquoi les politiques actuelles de lutte contre la déforestation sont-elles vouées à l'échec ? Plaidoyer 2020.

7 Discours à la COP27 du Président Lula sur la déforestation en Amazonie, Article Les Echos. 2022.

8 Éviter ou réduire la déforestation pour atténuer le changement climatique : le pari de la REDD. 2010

9 Évaluation de la dégradation des forêts primaires par télédétection dans un espace de front pionnier consolidé d'Amazonie orientale (Paragominas), Thèse de doctorat 2019.

10 L'effet de la démocratie sur la dégradation de l'environnement : le cas de la déforestation dans le bassin du Congo, Article 2020.

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surtout liées aux formes d'agriculture et d'industrie minières adoptées par les sociétés à travers leurs modes de fonctionnement économique mondialisé (Lanly, 2003).

Dans le bassin de l'Amazonie par exemple, les barrages et routes transamazoniennes, les politiques de colonisation menée par le gouvernement brésilien et les incitatifs économiques, ont été les premières causes de la déforestation (Beliveau, 2008 et Smouts, 2001). L'étude réalisée par Smouts « La déforestation. Un débat sans conclusion »11, dans "Forêts tropicales, jungle internationale" apparaît comme la plus pertinente expliquant les causes de la déforestation à l'échelle mondial selon l'avis de Paul Leadley, écologue à l'université Paris-Saclay. Par ailleurs, les facteurs de la déforestation sont multiples et diffèrent selon les continents et les régions du monde, d'une zone géographique à une autre. En Afrique et plus particulièrement en Afrique subsaharienne, les activités agricoles notamment l'agriculture de subsistance et l'agriculture commerciale ont principalement été de loin la cause majeure du défrichement des grandes forêts de la région, mais aussi l'exploitation forestière industrielle et le commerce de bois (FAO et al., 2015)

Les forêts tropicales d'Afrique et d'Amérique ont depuis longtemps subi des pressions dues à la colonisation par l'exportation des ressources forestières africaines considérées avant comme des ressources inépuisables, et le déboisement anarchique du bloc amazonien sous l'effet des activités humaines. A partir de l'année 2000, c'est dans la zone sud-américaine où les pertes annuelles nettes de forêts les plus élevées ont été enregistrées avec près de 4,3 millions d'hectares sur les cinq premières années selon le rapport 2020 sur l'évaluation des ressources forestières mondiales de l'Organisation mondiale pour l'alimentation et l'agriculture. Toutefois sur la période de la dernière décennie 2010-2020, l'Afrique se démarque et présente le taux annuel net de perte forestière le plus élevé évalué à 3,9 millions d'hectares contre 2,6 millions de la région sud-américaine qui arrive en deuxième position, tandis que l'Asie affiche sur la même période le gain net de superficie forestière le plus important (FAO, 2020)12.

11 Dans Forêts tropicales, jungle internationale. Les revers de l'écopolitique mondiale, 2001.

12 FAO, Rapport d'évaluation des ressources forestières mondiales « Résultats principaux de FRA 2020 »

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Figure 2 : Hausses et reculs de la surface forestière mondiale par région de 1990 à 2020

Phénomène inquiétant en nette progression, la déforestation est devenue aujourd'hui une réalité préoccupante et pose soucis dans beaucoup de pays du monde notamment et plus particulièrement en Afrique où les forêts sont particulièrement vulnérables aux changements globaux. L'Afrique héberge le second massif de forêt dense tropicale humide au monde d'après les résultats d'une étude de l'IRD et du CIRAD, publiés dans la revue Nature en 202113. En outre, elle constitue l'unique continent abritant le seul puits de carbone encore important si on considère les trois principales zones de forêts tropicales de la planète à savoir le bassin de l'Amazone, le bassin du Congo et l'Asie du Sud-Est (Harris et Gibbs, 2021). Les forêts tropicales constituent les écosystèmes les plus importants en terme de séquestration du carbone. La biomasse considérable leur permet d'absorber 50% de carbone de plus que les autres forêts, jouant ainsi un rôle essentiel dans la régulation du climat.

Les forêts sont des formations végétales constituées d'arbres plantés ou spontanés, aux cimes jointives ou peu espacées, dominant souvent un sous-bois arbustif ou herbacé. Espace couvert par ce type de végétation. Massif boisé d'au moins 4 ha avec une largeur moyenne en cime d'au moins 25 mètres ; des classes de superficie peuvent être distinguées : 4 à 25 ha, 25 à 100, etc... (Définition de l'IFN14). Ce sont des terres occupant une superficie de plus de 0,5 hectare avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à 5 mètres et un couvert forestier de plus de 10%,

13 IRD et CIRAD, Des forêts d'Afrique centrale particulièrement vulnérables aux changements globaux, 2021.

14 Inventaire Forestier National

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ou avec des arbres capables de remplir ces critères (FAO). Couramment, nous en distinguons deux grands types : les forêts primaires et les forêts secondaires. Les forêts primaires sont des forêts vierges, qui sont restées identiques au fils des siècles sans être transformées par la présence de l'homme. Elles sont formées d'espèces indigènes où aucune trace d'activité humaine n'est clairement visible et où les processus écologiques ne sont pas sensiblement perturbés. Les forêts secondaires, par opposition aux primaires, sont des forêts qui ont repoussées, en une ou plusieurs phases après avoir été détruites et/ou exploitées par l'homme. Autrement dit, ce sont des forêts qui se sont régénérées là où des forêts primaires ont disparu sous l'impact sous l'effet de phénomènes naturels ou des activités anthropiques.

"Les forêts représentent un "puits de carbone" qui absorbe une quantité nette de 7,6 milliards de tonnes de CO2 par an, soit 1,5 fois la quantité émise annuellement par les Etats-Unis", d'après une étude sur les émissions et absorption de CO2 des forêts mondiales et réalisée par deux chercheurs pour le Global Forest Watch (Harris et Gibbs, 2021). Comparables à un poumon, les forêts assurent de nombreuses fonctions essentielles voir vitales dont les quatre principales tournent autour de la production de bois (bois d'oeuvre, bois-énergie, bois industrie), la préservation de la biodiversité et des fonctionnalités écologiques, la fonction sociale (activités de loisirs, tourisme, paysage, bien-être des populations) et la protection contre les risques naturels (crues, avalanches, chutes de blocs rocheux, érosion des sols, glissement de terrains). Les forêts mondiales sont liées de façon étroite au changements climatique, d'autant plus qu'elles sont à la fois une cause, l'une des premières victimes et également l'une des réponses pour atténuer les effets du changement climatique.

Elles contribuent à atténuer le changement climatique à travers trois processus plus connus sous le principe des « 3 S » : la Séquestration du carbone par les arbres, le Stockage du carbone dans les produits bois, et la Substitution dès lors que le bois se substitue à d'autres matériaux ou énergies plus émetteurs en carbone (Valade et Bellassen, 2020). De plus en plus, il est de toute évidence manifeste que des fortes pressions sont exercées sur les ressources forestières dans les pays des « Suds » d'Afrique notamment au Sénégal et que les changements climatiques ont des effets sur la répartition et la composition des forêts. Il apparait donc nécessaire de mettre en place des solutions concrètes pour apporter une réponse aux pressions accrues qui s'exercent sur les forêts notamment la pression de déforestation, de mettre en oeuvre des stratégies forestières efficaces visant à réduire les fortes pressions exercées sur les forêts et concourant à adapter les forêts aux nouvelles conditions climatiques.

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La gestion durable des forêts permet de garantir la diversité biologique de ces dernières, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité de satisfaire, actuellement et pour l'avenir, les fonctions économiques, écologiques et sociales pertinentes aux niveaux local, national et international, sans causer de préjudices à d'autres écosystèmes (GIEC, 2009).15 Diverses approches participatives de gestion associées à la foresterie sociale ou agroforesterie ont intégré des instances d'intervention internationales (Verdeaux, 1999). Tout compte fait, la gestion durable des forêts apparaît comme un moyen de lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts, et constitue un levier essentiel pour combattre le changement climatique d'après le rapport spécial du GIEC sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres"16.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon