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Strategie pour une gestion durable des forêts au Senegal - pressions exercées sur les forêts et stratégie de gestion forestière dans un contexte de changement climatique: cas des forêts de Casamance au Sénégal


par Abdoul Aziz Sy DIOUF
Le Mans Université - Master gestion des territoires et développement local 2023
  

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3.3.2. Les agences de développement

En vue d'une gestion adaptée et adéquate des compétences qui leur sont attribuées notamment dans le domaine de l'environnement et de la gestion des ressources naturelles, les collectivités territoriales s'appuient sur un certain nombre de structures diverses. Ces dernières sont principalement représentées par les Agences régionales de développement (ARD) pour appuyer

67 Selon l'article 304 de la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales.

68 Loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales, document publié par OIT

69 Selon l'article 305 de la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales.

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les collectivités à coordonner et à harmoniser leurs interventions et initiatives ; l'Agence de développement municipal (ADM) pour contribuer à renforcer la décentralisation et le développement local ; l'Agence de développement local (ADL) pour promouvoir et coordonner les actions de développement à l'echelle locale.

Toutefois, en dépit de la volonté politique de l'Etat sénégalais de renforcer l'aspect participatif de la gestion de l'environnement et des ressources naturelles par législation adéquate et une réglementation adaptée, force est de constater que l'implication des collectivités territoriales pourtant essentielle dans la réussite de la mise en oeuvre de politique de gestion rationnelle des ressources naturelles notamment forestières (Retiere, 2015)70 demeure faible. D'ailleurs, certains agents des Services ayant trait à la gestion des ressources forestières ont du mal à reconnaitre pleinement les prérogatives des collectivités territoriales et encore moins des populations locales sous prétexte qu'elles ne disposent pas de capacités techniques souvent complexes, requises pour la gestion convenable des forêts (Diop 2019).

II. Evolutions de la gouvernance des ressources forestières au Sénégal 1. Approches et bref historique de la gouvernance forestière

L'évolution de la gouvernance forestière au Sénégal et celle relative aux politiques de décentration et aux approches dans le secteur forestier notamment en termes de gestion des ressources naturelles sont étroitement liées. Le secteur forestier sénégalais a fait l'objet depuis l'ère coloniale, d'une multitude de changements et constitue l'un des secteurs les plus dynamiques en matière d'évolutions des approches. A l'époque d'après la colonisation, l'administration forestière insistait principalement sur une politique de nature conservatiste à l'égard des ressources forestières. Bien avant l'accession du pays à son indépendance en 196071, la gouvernance forestière au Sénégal a connu de nombreuses évolution manifestes, de l'adoption d'approches répressives jusqu'à celles de cogestion voir même relativement autonome en ce qui concerne les collectivités territoriales (Ribot, 1995 ; IPAR, 2015).

La gestion des ressources naturelles est passée de centralisé (début 1960) à décentralisée (dans les années 90) puis concertée (début année 2000) (Touré, 2011 ; Sène, 2014). Ces évolutions sont marquées par la création de nombreuses cadres de concertation pour une gestion en commun des ressources. En outre, elle sont caractérisées notamment par une prise en

70 République du Sénégal - Land degradation neutrality, Rapport national, septembre 2015.

71 Ce, depuis l'adoption du décret du 04 juillet 1935 portant Nouveau Code forestier pour l'AOF.

considération de la multiplicité des fonctions écosystémiques des forêts et des divers usages et intérêts des différentes catégories de parties prenantes concernées par la gestion forestière durable (Diop, 2019). Dans cette optique, l'implication et la participation actives de l'ensemble des divers acteurs sont indispensables pour une bonne gouvernance forestière. Cette dernière se distingue selon une définition d'Organisations internationales par « un processus d'élaboration des politiques prévisible, ouvert et renseigné, fondé sur la transparence ; une bureaucratie imprégnée d'éthique professionnelle ; un exécutif responsable de ses actions ; une société civile forte qui participe aux décisions intéressant ce secteur et aux affaires publiques en général » (FAO et OIBT, 2010).

Faisant référence à la façon de faire et d'appliquer les décisions relatives à la gestion, l'utilisation et la conservation des forêts par différentes entités publiques (Etat, collectivités, entreprises publiques) et privées (entreprises, ONG, Association, etc...), une gouvernance forestière efficace implique l'ensemble des parties prenantes ainsi que les secteurs les mieux appropriés et étudie les problèmes majeurs relatifs aux forêts (FAO, 2020). C'est un fondement essentiel pour une gestion forestière concertée et durable. Dès lors, le pays s'est engagé à promouvoir la participation publique en vue de favoriser l'implication des différents acteurs dans la gouvernance forestière.

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Période essentiellement caractérisée par la protection, la conservation et le classement de la plupart des forêts.

1930 : début du processus de classement des forêts et des premières actions de reboisement (plantation en régies).

Les forêts étaient principalement placées sous le contrôle direct de l'Etat colonial.

1941 : licence d'exploitation autorisant les populations à se livrer à l'activité d'exploitation commerciale (jusque-là réservée uniquement aux citoyens français).

Multitude d'Actions de restauration engagées à la suite de dégradation accentuée liée à la longue sécheresse des années 1970.

Consolidation du dispositif de conservation des ressources face à une menace sur les écosystèmes forestiers et les milieux naturels.

Ère des initiatives d'opérations de reboisement en régie de grande envergure (Projets de fixation de dunes, de plantation, d'aménagement et reboisement).

Approches dirigistes du service forestier, mobilisation d'acteurs locaux, faible participation des populations.

Consolidation des approches participatives dans un contexte politico-institutionnel favorable, marqué par la Décentralisation et le transfert de compétences relatives à la gestion forestière (Promulgation loi 96-07 du 22 mars 1996).

Communautés rurales responsables de la gestion des forêts (non classées et non privées) de leurs terroirs respectifs.

Nouvelle forme de participation locale dans la foresterie communautaire à l'origine de l'adoption d'un nouveau code forestier en 1998.

Nouvelle foresterie permettant aux populations d'être responsabilisées de l'aménagement et la gestion des ressources tout en y tirant profits.

Secteurs connexes (agriculture, élevage) associés, intégration des programmes forestiers, agricoles et pastoraux. Disciplines (économie, sociologie...) intégrées dans les politiques forestières.

60

Période
Coloniale

 
 

Période des
années 1970

 

Période post

1990

Période post-
coloniale

Premier code forestier (loi 65-23 du 9 février 1965) et
réforme foncière (loi sur le Domaine national). Volonté
de l'Etat de règlementer l'exploitation des ressources.

Politique insistant sur la conservation des ressources forestières et fauniques et centrée sur la protection forestière, le reboisement et les opérations sylvicoles.

Mainmise absolue de l'administration sur les ressources forestière. Période notamment marquée par la création de parcs, réserves.

Permis d'exploitation souvent attribués à des urbains au détriment des populations rurales riveraines limitées au droit d'usufruits pour leurs besoins (de subsistance) en produits forestiers.

Période des
années 1980

Changement de politique forestière : les forêts communautaires (plantées par les villageois) à la place des initiatives de reboisement de grande envergure (du service forestier).

Ère des projets communautaires et de la foresterie rurale avec l'adoption du PDDF. Emergence des approches participatives.

Définition de méthodologies d'intervention

forestière en milieu rural avec insistance

particulière sur la participation des populations locales.

1985 : Création de la Direction Reboisement et Conservation des sols. Populations considérées comme main-d'oeuvre bénévole préoccupée par la restauration du couvert végétal.

Figure 13 : Frise chronologique de l'évolution des approches dans le secteur forestier au

Sénégal

61

2. Différents acteurs de la gouvernance forestière

La gouvernance des ressources forestières fait intervenir un très grand nombre d'acteurs composant l'environnement institutionnel. Ces différents acteurs peuvent être répartis essentiellement en deux (2) catégories : la catégorie constituée par les acteurs relatifs à l'Etat et la catégorie des acteurs non étatiques et en particulier les organisations de base et les ONG locales qui jouent un rôle relativement faible essentiellement axé sur la formation et la sensibilisation des communautés locales.

Influence

ACTEURS NON
ETATIQUES
(OCB, ONG)

PARTENAIRES
TECHNIQUES ET
FINANCIERS

COLLECTIVITES LOCALES

ETAT

Rébellion casamançaise

PRIVES PAYS
FRONTALIERS
(GAMBIE)

Orientation
et degré de
l'influence

Faible Moyen

Fort

Figure 14 : Graphe des acteurs de la gouvernance forestière et relations entre acteurs

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La gouvernance des ressources forestières dans la région de la région naturelle de la Casamance présente une spécificité relative au longue conflit persistant, mettant en évidence deux (2) acteurs majeurs : les rebelles qui participent au pillage des ressources et embarrassent les efforts de surveillance et de protection, et les acteurs du secteur privé originaires de la République de Gambie travaillant de connivence avec les pilleurs sénégalais en leur fournissant les équipements nécessaires (matériels pour les coupes et véhicules de transport) et en assurant le commercialisation des produits forestiers frauduleusement exploités. Au sein des cadres locaux de concertation ou des conventions locales, les populations conjointement avec d'autres acteurs mènent des efforts louables à travers les associations à but non lucratif appuyées par les partenaires techniques et financiers qui conduisent des actions de protection de l'environnement en partenariat avec les collectivités locales et les services techniques étatiques. Ces initiatives en faveur des dynamiques multi-acteurs sont accompagnées par divers bailleurs de fonds internationaux dont Livelihoods, la Fondation ACRA...

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius