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Strategie pour une gestion durable des forêts au Senegal - pressions exercées sur les forêts et stratégie de gestion forestière dans un contexte de changement climatique: cas des forêts de Casamance au Sénégal


par Abdoul Aziz Sy DIOUF
Le Mans Université - Master gestion des territoires et développement local 2023
  

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3. Cadre institutionnel de la gestion des ressources forestières

Pour apporter une réponse à la dégradation environnementale et une meilleure gestion des ressources naturelles, le Sénégal a adopté un grand nombre de politiques de développement et de textes juridiques. En vue de rendre opérationnel ces cadres, un cadre institutionnel de l'administration concernant le domaine de la gestion des ressources et l'environnement a été mise en place et impliquant diverses acteurs classés et regroupés en trois (3) principaux niveaux hiérarchiques de décision : central, déconcentré et décentralisé auquel appartient principalement les collectivités.

3.1. L'administration centrale

Au Sénégal, la gestion des ressources naturelles fait intervenir au niveau de l'administration central plusieurs structures, dont certaines appartiennent au ministère de l'environnement et d'autres en dépendent.

O Le Ministère de l'Environnement et du Développement durable (MEDD)

En charge de la préparation et de la mise en oeuvre de la politique définie par le gouvernement en termes de veille environnementale, de lutte contre les pollutions environnementales, de protection de la nature, de la faune et de la flore56, le MEDD est responsable entre autres, de la protection de l'environnement, de l'exécution de la politique de protection et de régénération des sols et s'assure de la prise de mesures en faveur de la préservation de la faune et de la flore, de lutte contre les feux de brousse. En relation avec les collectivités, il s'attèle à promouvoir l'économie forestière ainsi qu'une utilisation rationnelle des ressources forestières. Pour accomplir ses missions, il s'appuie essentiellement sur quatre (4) directions à savoir la DEFCCS, la DPN, la DEEC et la DAMCP.

O La Direction des Eaux, Forêts, Chasse et Conservation des Sols (DEFCCS)

Principale structure accueillant des projets et programmes ayant trait à la gestion des ressources naturelles et à la lutte contre la désertification, cette direction est chargée d'élaborer et de mettre en oeuvre la politique forestière nationale. Son mandat touche plusieurs domaines : conservation

56 Décret n° 2014-880 du 22 juillet 2014 relatif aux attributions du MEDD.

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des sols, reboisement, gestion de la faune. En vue de promouvoir une gestion durable des forêts et de la diversité biologique, de répondre aux besoins des populations tout en garantissant le maintien des équilibres socio-écologiques, la DEFCCS mène de nombreuses actions essentiellement en faveur de la restauration des milieux dégradés, de la mise en oeuvre des mesures conservatoires, de la règlementation de l'utilisation des ressources, de la protection et la rationalisation de l'exploitation des ressources.

O La Direction des Parcs Nationaux (DPN)

Créée en 1969 et chargée de mettre en oeuvre de la politique du gouvernement, en conformité avec les engagements contractés au niveau international par le Sénégal en termes de conservation de la biodiversité, la DPN ambitionne de gérer et de protéger les écosystèmes naturels et de la faune. S'adonnant à la mise en oeuvre des conventions internationales se rapportant à la bonne gestion de l'environnement, elle a en charge, entre autres, de la consolidation et du renforcement des acquis en matière de conservation de la biodiversité dans les aires protégées mais également de l'incitation à participer et à promouvoir des initiatives privées dans les activités de gestion et de valorisation des aires protégées et de manière générale de la biodiversité. A l'echelle locale, elle exhorte les populations à travers ses services déconcentrés, dans les activités en faveur de la conservation, la restauration et la valorisation du réseau des aires protégées.

O La Direction de l'Environnement et des Etablissements Classés (DEEC)

Créée en 1975, elle s'est en définitive installée au Ministère de l'environnement et de la protection de la nature57, après avoir transitée dans d'autres départements ministériels. Sous la tutelle du MEED, elle s'occupe de mettre en oeuvre la politique de l'Etat en termes d'environnement et plus particulièrement de lutte contre les pollutions et les nuisances. Ses principales missions consistent à prévenir et à contrôler les pollutions et nuisances, à intégrer la dimension environnementale dans les projets, programmes et politiques, au suivi des actions de différents services et organismes opérant dans le domaine de l'environnement. Ainsi, la DEEC joue un rôle important dans la gestion et la restauration des ressources naturelles notamment et plus particulièrement des ressources forestières.

O La Direction des Aires Marines Communautaires Protégées (DAMCP)

57 Actuel Ministère de l'Environnement et du Développement durable (MEDD).

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Profondément préoccupé par la préservation de la productivité des écosystèmes notamment des écosystèmes côtiers et marins, le Sénégal s'est lancé dans un processus visant à mettre en place un réseau d'aires marines protégées avec l'ambition de préserver sur le long terme la biodiversité, d'utiliser durablement les ressources naturelles, de valoriser le patrimoine côtier et marin, d'améliorer les conditions d'existence des communautés. Créée en faveur du renforcement du dispositif institutionnel58, la DAMCP est chargée de la mise en oeuvre de la politique du gouvernement en termes de création, d'organisation et de gestion de ce réseau d'aires marines protégées. Spécifiquement, sa mission se résume à la conservation de la biodiversité côtière et marine notamment en consolidant et en renforçant le réseau, à appuyer les initiatives communautaires pour favoriser l'émergence d'une gestion durable des ressources, à mettre en place des cadre locaux de cogestion des ressources et des aires marines protégées.

C'est ainsi qu'elle mène de façon régulière et en relation avec les communautés locales, des activités en faveur de la préservation des écosystèmes de mangrove, de nombreuses initiatives relatives au reboisement et à l'exploitation rationnelle des ressources au sein des aires protégées. Au sein du MEDD, deux (2) autres directions jouent un rôle significatif à côté de la DAMCP : la Direction de la planification et de la veille environnementale (DPVE) chargée de coordonner et d'harmoniser les actions et les activités en faveur de la définition des stratégies et politiques, et la Direction des financements verts et des partenariats (DFVP) en charge du développement des mécanismes de recherche de financements innovants, de la promotion notamment de l'économie verte et des emplois verts.

O Le Conseil Supérieur des Ressources Naturelles et de l'Environnement (CONSERE)

Créé59 en 1993, le CONSERE a servi de cadre de concertation en faveur d'une orientation harmonieuse et efficiente de la planification et de la gestion des ressources naturelles. Il devait concourir à une coordination efficace de l'actions des départements ministériels concernés par la gestion des ressources naturelles et de l'environnement, afin de renforcer les politiques et programmes. Sa mission principale consiste à coordonner et harmoniser les initiatives sectorielles de gestion des ressources naturelles. Ayant beaucoup servi durant la période des années 90 notamment à l'élaboration de la SPNAB, du PAN/LCD ou encore du PNAE, le CONSERE continue toujours d'exister officiellement, mais n'a toutefois pas abouti aux résultats escomptés.

58 Décret n°2012-543 du 24 mai 2012.

59 Décret n°93-885 du 04 août 1993.

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O La Commission Nationale pour le Développement Durable (CNDD)

Mise en place60 en 1995 avec l'objectif d'oeuvrer à l'élaboration d'une stratégie de développement durable à l'echelle nationale, elle avait pour mission de dresser un état des lieux et de réaliser l'évaluation de l'état de mise en oeuvre de l'Agenda 21. A l'exemple de la CONSERE, la CNDD a été d'une importance majeure dans l'élaboration de nombreux cadre stratégiques notamment le PNAE. En 2008, d'autres missions61 lui ont été assignées notamment la définition d'une stratégie et l'élaboration d'un plan d'action de développement durable au niveau national, la soumission auprès de la Commission des Nations unies pour le développement durable (CDD) d'un rapport annuel de développement durable et du plan d'application Johannesburg, la facilitation des partages d'expériences avec d'autres pays.

O L'Agence Nationale de la Grande Muraille Verte (ANGMV)

Issue d'une vision continentale et pour mieux faire face aux défis liés à la désertification et la sècheresse, l'érosion de la biodiversité et les changements climatiques, l'ANGMV cherche à stopper l'avancée du désert, à mettre en valeur les zones dégradées et à lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes. Créée62 en 2008, l'agence mène diverses activités relatives aux plantations, à la promotion de bonnes pratiques de gestion durable des ressources en eau, des espaces de parcours, des couloirs de passage, des forêts, des parcs, ... En effet, la création de cette agence traduit une réelle volonté de l'Etat sénégalais de contribuer d'une part, à freiner l'avancée du désert, à la mise en valeur les zones concernées à travers une gestion durable des ressources, à promouvoir des activités agro-sylvo-pastorales et combattre la pauvreté, à satisfaire les besoins en produits (ligneux et non ligneux) des populations et à diversifier les systèmes d'exploitations des terres ; et d'autre part, à restaurer les sols, à améliorer la séquestration du carbone et à protéger la diversité biologique.

Le programme de l'agence en ce qui concerne le Sénégal portait sur le reboisement de 817 500 hectares dans une bande de 545 km de long et 15 km de large. Ce programme a permis de produire 18,3 millions de plants, le reboisement de 42 500 hectares, l'aménagement de pares-feux de 13 300 km et 13 000 hectares mis en défens, d'après le directeur de l'agence avant son départ en 2017 (Dogru, 2022). Toutefois en 2019, l'Agence a été dissout63 à cause d'un cadre

60 Arrêté de la Primature n°5161 du 26 mai 1995.

61 Arrêté Primatoral n°8998 du 17 octobre 2008.

62 Décret 2008-1521 du 31 décembre 2008 fixant statut, règles organisation et fonctionnement.

63 Décret n° 2019-1708 du 09 octobre 2019 portant dissolution de l'ANGMV.

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juridique devenu inadéquat notamment du fait des nouvelles mesures juridiques64 pour être remplacée par une nouvelle agence d'exécution65, connue sous l'appellation l'Agence sénégalaise de reforestation, de la Grande muraille verte (ASRGMV) exclusivement dédié à la reforestation et au reverdissement avec l'intention de conférer plus d'impulsion, d'autonomie et une importance majeure à l'activité reforestation au niveau nationale.

O L'Agence Nationale des Ecovillages (ANEV)

Avec la volonté de s'orienter vers des politiques s'inscrivant dans une démarche de développement durable et de lutte contre la pauvreté, le Sénégal a jugé nécessaire de prendre en considération les dimensions du développement durable et de la pauvreté dans toutes les formes de planification au niveau local et particulièrement à l'echelle du village. C'est dans ce cadre que l'Etat a mis en place66 en 2008 une nouvelle agence rattachée au MEDD et dénommée Agence nationale des écovillages (ANEV) dans l'ambition de promouvoir l'émergence d'un « développement écologique participatif, solidaire, responsable et durable de l'ensemble des villages du monde rural sénégalais ». Les principales missions de l'ANEV consistent à créer des écovillages sur toute l'étendue du pays, d'assister les populations au sein des villages à organiser et aménager leurs espaces, à mettre en place des pépinières au sein de chaque village pour satisfaire les besoins en espèces végétales, à développer des marchés ou des filières pour la satisfaction des besoins alimentaires et promouvoir les produits écologiques provenant de ces écovillages, à maitriser la ressources en eau (pour consommation humaine et aussi pour le développement de l'agro-sylvo-pastorale).

En sus de toutes ces structures précédemment décrites, de nombreuses et diverses autres structures et ministères interviennent et jouent un rôle significatif dans la gestion des ressources naturelles. Elles concernent le Comité national du CILSS, le Centre de suivi écologique (CSE), les Ministères de l'agriculture, de l'élevage, des pêches, de l'hydraulique, des mines, des collectivités territoriales et en partie le Comité nationale sur les changements climatiques.

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