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Strategie pour une gestion durable des forêts au Senegal - pressions exercées sur les forêts et stratégie de gestion forestière dans un contexte de changement climatique: cas des forêts de Casamance au Sénégal


par Abdoul Aziz Sy DIOUF
Le Mans Université - Master gestion des territoires et développement local 2023
  

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2. Cadre juridique régissant la gestion des ressources forestières

Pour mener à bien les orientation politiques en termes de gestion des ressources naturelles, le Sénégal a adopté un ensemble de règles juridiques destinées au maintien ou au rétablissement des équilibres écologiques indispensables au développement économique et sociale du pays. Ces diverses règles ont été prescrites par le biais d'un certain nombre de textes. Parmi ces derniers, il y'a lieu de différencier ceux adoptés sur le plan international et ceux définis au niveau national pour constituer directement le soubassement de la gestion et de la protection des ressources naturelles.

Sur le plan international, le Sénégal é exprimé son intention de contribuer de manière significative à l'effort mondial de conservation des ressources naturelles notamment des ressources forestières. Cette volonté s'est concrétisée à travers la signature et la ratification des divers conventions et Accords internationaux multilatéraux sur l'environnement exerçant une influence directe sur l'environnement et les gestion des ressources. Parmi ces conventions, nous pouvons citer la convention des Nations unies sur le diversité Biologique signée en 1994 et ratifié en 1994), la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification signée en 1994 et ratifiée en 1995, la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques signée en 1992 et ratifié en 1994, la convention de Ramsar ayant trait aux zones humides d'importance internationale signée et ratifiée en 1977, la convention de Washington sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction ratifiée en 1977, la convention de Paris sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel ratifiée en 1976, la convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelle ratifiée en 1972. Bien que le Sénégal ait adhéré à tous ces accords internationaux multilatéraux sur l'environnement, il faut bien admettre que la plupart des textes internationaux ne revêtent pas un caractère contraignant.

Au niveau national, le Sénégal jouissait avant l'indépendance d'une politique de conservation des ressources forestière et fauniques sous l'initiative du service forestier colonial48 (Ribot, 1995). L'indépendance acquise en 1960, le pays s'est engagé à mettre en place un cadre

48 Décret 1900 portant Premier code forestier puis Décret du 04 juillet 1935 portant Nouveau Code forestier pour l'Afrique occidentale française.

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juridique approprié, favorable pour promouvoir une conservation et une gestion rationnelle des ressources naturelles notamment forestières en vue de faire face à la dégradation de l'environnement biophysique et de gérer convenablement les activités humaines. Ainsi, plusieurs instruments juridiques ont été élaborés, parmi lesquels on peut citer les principaux (CSE, 2013) : la loi 64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national ; la loi 98-03 du 08 janvier 1998 portant Code forestier49 ; la loi 67-28 du 23 mai 1967 relative à la faune et la gestion de la chasse ; les lois 96-06 et 96-07 du 22 mars 1996 portant respectivement Code des collectivités locales et transfert de compétences aux collectivités ; la loi 2001-01 du 15 janvier portant Code de l'environnement ; la LOASP ; la loi 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des collectivités territoriales ; la loi constitutionnelle 2016-10 du 05 avril 2016 portant révision de celle de 200150.

Dans le domaine relatif à la gestion des ressources forestières, ces instruments peuvent être réparties de manière globale en trois grandes catégories.

La première a mis essentiellement l'accent sur le rôle prédominant de l'Etat dans la gestion des ressources forestières avec l'ensemble les forêts placées sous son contrôle direct par le biais du service forestier51. Alors que les populations notamment rurales sont cantonnées à l'exploitation des produits forestiers de faible valeur commerciale, permettant néanmoins leurs besoins par le biais de délivrance des droits d'usage. L'administration forestière avait exclusivement la mainmise sur l'ensemble des ressources forestières et toute forme d'appropriation de ces ressources était complètement écartée. Toutefois, cette première catégorie d'instruments n'était plus adaptée au contexte socio-économique et politique du pays mais aussi aux différentes orientations de la conférence de Rio.

La seconde catégorie d'instruments ambitionnait principalement de corriger certains manquements notamment de réduire le caractère répressif, l'affirmation de la propriété et le droit d'exploitation des ressources plantées par des privés52. Mieux, ces instruments s'efforçaient de favoriser et encourager l'implication des populations dans la protection et la

49 Loi 98-03 du 08 janvier 1998 portant code forestier modifiant la loi 93-06 du 04 février 1993 portant Code forestier, modifiant à son tour la loi 65-23 du 09 février 1965 portant Code forestier.

50 Article 25-1 de la nouvelle constitution : « Les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l'amélioration de ses conditions de vie. L'exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables ».

51 Loi 64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national et loi 65-23 du 09 février 1965 portant Code forestier.

52 Loi 93-06 du 04 février 1993 portant Code forestier.

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restauration des ressources forestières par l'adoption d'une approche participative et de terroir et notamment par le biais de la conduite d'opérations de reboisement participatif.

La dernière catégorie d'instruments s'accordait surtout à la volonté de l'Etat de faire la promotion d'un développement local harmonieux et répondre efficacement aux besoins des populations par le biais de la décentralisation53. Le transfert de compétences notamment dans le domaine de l'environnement et la gestion des ressources s'est traduit par une volonté manifeste de placer l'acteur local au coeur de la problématique liée à la gestion de ressources notamment forestières. Cette volonté s'est concrétisée d'une part, par la modification du code forestier en vue de favoriser une meilleure implication des populations dans les efforts engagés en faveur de la pérennisation du domaine forestier et d'autre part, par le biais de l'Acte III de la décentralisation54 et l'adoption en 2018 d'une nouvelle loi portant code forestier55 visant entre autres, à renforcer le pouvoir de gestion des collectivités territoriales sur les forêts en dehors du domaine classé, à renforcer les prérogatives des services déconcentrés dans la gestion forestière, à mieux répartir les recettes forestières entre l'Etat et les collectivités...

Quant à l'Acte III, il ambitionne de peser notamment en matière en matière de gestion des ressources naturelles et l'environnent, en renforçant les prérogatives des collectivités dans la création et la gestion des forêts, d'espaces protégés et de réserves naturelles, la gestion de zones forestières de terroirs et de sites naturels présentant un intérêt local, la gestion des bois communaux et la création d'aires protégées. Le nouveau code forestier permet de prendre en considération le contexte actuel surtout politico-écologique et de favoriser la réadaptation des règles générales de la gestion forestière et de la gestion des arbres hors forêts et des terres à vocation forestière dans l'optique de promouvoir une mise en valeur socio-économique et écologique des ressources forestières et des terres à vocation forestière.

En dépit de son caractère assez bien fourni, le cadre juridique régissant la gestion des ressources forestières présente toutefois des limites : les contradictions et vides juridiques notamment la faible prise en considération dans les textes législatifs et réglementaire des exigences, les ambitions, les connaissances et capacités notamment des acteurs de base ; mais aussi la non-accessibilité de ces textes (formats non adaptés de même que contenu, concepts, langages) aux populations locales). Ce cadre semble avoir besoin d'être épaulé par un cadre institutionnel à la

53 Lois 96-06 et 96-07 du 22 mars 1996 portant respectivement Code des collectivités locales et Transfert de compétences aux collectivités.

54 Loi 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code générale des collectivités locales, document publié par OIT (Organisation internationale du Travail)

55 Loi 2018-25 du 12 novembre 2018 portant Code forestier.

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fois solide et stable, favorable pour mieux appliquer les règles de base en termes de gestion des ressources naturelles.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery