2.2. Affectation des enseignants dans le secteur de
l'éducation
Les pays ont diverses façons de faire face au
problème des affectations des enseignants, comme le montrent les
exemples de la République Centrafricaine, du Mozambique, du Malawi et du
Lesotho.
A la différence des politiques de recrutement et de
formation même à « coût réduit », cette
stratégie a l'avantage de rationaliser l'utilisation des ressources
humaines. Elle consiste, soit à redéployer dans les classes les
enseignants qui sont en surnombre dans l'administration ou sans classe, soit
à reconvertir à l'enseignement un certain nombre d'agents
administratifs en surnombre.
2.2.1 Affectation des
enseignants en République Centrafricaine
La République Centrafricaine, avec le soutien de la
Banque Mondiale, a mis en oeuvre un projet de recyclage de 1.500 agents
communaux vers la profession enseignante. Leur recyclage est assuré par
les conseillers pédagogiques et les anciens instituteurs des
différentes localités. Plusieurs autres pays d'Afrique
francophone ont mené des actions de redéploiement d'enseignants
non chargés de cours occupant des postes dans l'administration.
L'avantage du redéploiement des personnels administratifs est
principalement économique. L'Etat ne crée aucun poste
budgétaire de personnel, seuls les frais de formation ou de recyclage
représentent le coûtfinancier de la mesure.
Cependant, cette politique est d'une application
délicate. Dans le cas du Mali, plus de 55 % des enseignants qui
pourraient être redéployés occupent leur fonction
administrative depuis plus de 10 ans et ont plus de 45 ans. De ce fait, selon
la même étude, il semble que l'action de redéploiement
rencontre d'énormes obstacles de mobilité ou d'adaptation du
personnel concerné.
D'une manière générale, cette
stratégie rencontre l'opposition farouche d'une partie des personnes qui
sont touchées par la mesure. Quand on sait que le plus souvent les
personnes concernées occupent leur poste grâce à leur
capacité d'intervention (interventions politiques, liens familiaux,
réseau d'amis, etc.), on est en droit de conclure qu'il faut beaucoup de
volonté et d'habileté politique pour mener à bien une
opération de redéploiement à grande échelle. A cet
égard, le cas de la Guinée est significatif. Une analyse de
l'exercice de redéploiement d'enseignants (du secondaire et de postes
administratifs vers le primaire) dans ce pays indique, en effet, que le soutien
déclaré du Chef de l'Etat au plan de redéploiement et
l'implication personnel du ministre de l'éducation à toutes les
étapes du déroulement du processus ont, pour une part
essentielle, contribué au succès de cette opération. Le
cas guinéen montre qu'une telle action ne peut atteindre les effets
escomptés que si des mesures d'accompagnement appropriées sont
prises, telles que des campagnes d'information multimédia, des actions
de formation, la transparence des normes et procédures de
redéploiement appliquées et une structure assurant la gestion du
redéploiement à travers les différents niveaux, secteurs
et unités administratives.(D'aprèsle rapport de la Banque
Mondiale 1988 sur l'éducation en Afrique Sub-saharienne : Pour une
stratégie d'ajustement, de revitalisation et d'expansion).
Le redéploiement du personnel enseignant en
Guinée, comme politique publique, a été la somme des
actions engagées par le Gouvernement depuis la période 1991, en
vue de résoudre le problème de manque d'enseignants sans recourir
à des recrutements nouveaux. Cette politique était un objectif
à réaliser par les acteurs mêmes du système
éducatif, répondant à une problématique, dans un
contexte précis et un délai déterminé, avec des
moyens limités aux ressources nationales disponibles, à l'aide
d'une méthodologie et d'outils appropriés.
2.2.2 Affectation des enseignants au
Mozambique
Selon AidanMulkeen, au Mozambique, l'affectation des
enseignants est décidée au niveau provincial, et chaque province
forme, recrute et procède à l'affectation de ses propres
enseignants. Le principe général veut que les
diplômés de chaque école de formation des enseignants d'une
province soient obligés d'enseigner dans cette province. Le recrutement
des enseignants nouvellement formés se fait normalement de façon
automatique, mais il y a eu des cas où les provinces ne disposaient pas
de fonds suffisants pour recruter tous les enseignants fraîchement
diplômés. La capacité de formation des enseignants est
répartie de façon inégale. Le district de Maputo City
forme plus d'enseignants qu'il n'en a besoin, et il existe un système
qui permet aux enseignants de se porter volontaires pour un transfert vers une
autre province. Cependant, seuls107 enseignants ont accepté d'être
transférés en 2004. Ce déséquilibre se retrouve
dans les différences notoires entre les provinces.
A Maputo City, seuls 8% des enseignants des premières
années du primaire n'avaient pas de formation, contre 62% à
Niassa. Les provinces rurales possèdent à la fois un rapport
maître-élève plus élevé (RME) et un rapport
maîtres qualifiés-élèves (RMQE) plus
élevé. Ceci donne un plus grand nombre de postes vacants et une
plus grande proportion d'enseignants sans formation dans les zones rurales.
D'autres problèmes d'affectation des enseignants se
posent à l'intérieur des provinces. Les enseignants
fraîchement qualifiés sont affectés dans des écoles,
en fonction des besoins identifiés au niveau de la province. Nombre
d'enseignants sont heureux de travailler dans des villes de province, mais
réticents à travailler dans des régions plus
isolées à l'intérieur de la province. Les responsables du
Ministère indiquent que les enseignantes en particulier, ne veulent pas
accepter d'affectations rurales. Les enseignants affectés dans des
écoles isolées refusent souvent de prendre leur poste. Les
enseignants qui refusent un poste ne sont pas employés, mais souvent ils
renouvellent leur demande ultérieurement pour d'autres postes devenus
vacants. Il est clair que le système actuel d'affectation ne fonctionne
pas efficacement. Bien que le système soit conçu pour garantir
une offre adéquate dans chaque province, il existe des
inégalités dans la répartition entre les provinces et
à l'intérieur des provinces. La répartition logique des
enseignants à l'intérieur des provinces est sapée par
l'incapacité à mettre en place cette affectation. Les enseignants
qui reçoivent une affectation non souhaitée peuvent refuser le
poste, et peuvent faire une demande ultérieurement et obtenir un poste
dans une région urbaine.
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