B/ Le gestionnaire actuel de la SN SOSUCO : le Holding
IPS-WA
Industrial Promotion Services/West Africa a repris la SN
SOSUCO en 1998, après que l'État burkinabè ait
décidé de se désengager de la société
sucrière. Bien que IPS-WA opère aujourd'hui dans un cercle
restreint, elle a dû constituer un consortium pour acquérir la
SOSUCO lors de la libéralisation.
1. La reprise de la SOSUCO en 1998
L'un des critères de la reprise de la SOSUCO
était d'avoir des investisseurs burkinabè dans sa
société. C'est dans cet esprit qu'un consortium a
été formé entre des sociétés
étrangères et des opérateurs économiques nationaux
pour reprendre la société sucrière. Il s'agit d'une part
d'EmbalFaso et d'autre part de partenaires burkinabè.
EmbalFaso est une holding spécialisée
dans l'emballage, le carton et l'empaquetage des produits industriels au
Burkina Faso. Son capital en 1998 était de 10 000 000 de francs CFA,
avec l'Industrial Promotion Services de Côte d'Ivoire (IPS-CI)
comme actionnaire majoritaire118. Il y avait d'autres partenaires
comme la société d'ingénierie FC Schaffer.
Ensuite, deux grands opérateurs économiques burkinabè
rejoignent la holding en 1998 pour former le consortium. Il s'agit de El Hadj
Barro et El Hadj Kanazoé. Ils décident alors de créer une
société anonyme sous le nom de Sucre
participation119 pour racheter 55% des actions de la SOSUCO
équivalant à 3 745 000 000 de francs CFA. 3% de ces actions
devraient être rétrocédées au personnel de la
société sucrière conformément aux recommandations
de l'État burkinabè.
De nos jours, la SN SOSUCO est une filiale du groupe
Industrial Promotion Services - West Africa (IPS-WA), actionnaire
majoritaire de Sucre participation. Depuis mars 2013, Mouctar
Koné est le Directeur Général de la SN SOSUCO à
Banfora. Le groupe IPS-WA est une holding financière créée
en 1965 et opérant dans les domaines de l'industrie et des services dans
plusieurs
118 Cissé O., « Une approche historique de
l'agro-industrie au Burkina Faso », op. cit., p. 85.
119 Les actionnaires de Sucre Participation étaient :
IPS-CI avec 51% des actions, FC Schaffer avec 30% et les partenaires
burkinabè détenaient 19%.
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pays. Il est détenu majoritairement par le Fonds Aga
Khan pour le Développement Economique (AKFED) à hauteur de 41%.
Son siège social est situé à Abidjan, en Côte
d'Ivoire.
2. Le plan de développement et les mesures
sociales de la SN SOSUCO
La Commission de privatisation a demandé aux
soumissionnaires de présenter un plan de développement
économique et social de la société sucrière. Dans
son dossier de développement économique, le consortium Sucre
participation avait prévu une série d'investissements. Ces
investissements devaient porter sur les plantations existantes, le
système d'irrigation, la rénovation de l'usine de production et
l'extension des cultures. Sur le plan social, de nombreuses mesures avaient
été énoncées. Celles-ci comprennent le maintien de
la main-d'oeuvre existante (1 515 employés), le recrutement de 55
nouveaux employés, l'offre de primes et un programme de
réinsertion des populations de Banfora120.
Toutefois, selon les revendications des centrales syndicales
que nous développerons plus tard, le repreneur de la SN SOSUCO ne
tiendra pas ses engagements économiques ni les mesures sociales
promises. Alors, le climat social et économique se
détériore et le complexe plonge dans une série
d'instabilité économique jamais égalée.
3. L'évolution du capital social de la SN SOSUCO
de 1998 à 2020
Le capital social de la SN SOSUCO a été
augmenté à plusieurs reprises depuis la SOSUHV en 1968.
Après la libéralisation du complexe sucrier, les repreneurs ont
réalisé des investissements pour dynamiser l'entreprise et
accroitre sa rentabilité. En 1998, le repreneur Sucre participation
a estimé ses investissements à 9 611 000 000 francs CFA,
répartis comme suit : 7 230 millions de francs CFA pour les cultures et
la mécanisation des outils ; 2 081 millions de francs CFA pour l'usine ;
150 millions de francs CFA pour l'usine d'agglomération sucrière
et 150 millions de francs CFA pour les services
généraux121. Après sa libéralisation, le
capital de la SN SOSUCO se présentait comme suit :
- La société Sucre participation : 52%, -
L'État du Burkina Faso : 28%,
- Les privés burkinabè : 3%,
120 Commission de Privatisation, Privatisation de la
SOSUCO, op. cit., p. 20.
121 Ibid., p. 35.
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- L'État de Côte d'Ivoire : 11%,
- Le groupe SOMDIAA SA : 6%.
Depuis 2017, le capital social de la Nouvelle
Société Sucrière de la Comoé est passé
à 8 143 590 000 francs CFA122. Mais bien avant cela, le
consortium Sucre participation avait racheté les parts de la
SOMDIAA et de l'État de Côte d'Ivoire123. Ces rachats
lui permettront de conserver sa majorité avec maintenant 69,2% des
actions. L'État burkinabè et ses démembrements
détiennent désormais 30,6% des parts, contre 82,68% en 1985.
Depuis 2017, la répartition du capital de la SN SOSUCO s'illustre par le
Graphique 4 ci-dessous.
Graphique 4 : La répartition du capital social de la SN
SOSUCO en 2017
Source : Bancé Thomas Frank, mai 2023.
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