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La société sucrière du Burkina Faso (SN SOSUCO : de l'aménagement du territoire à  la construction de la mémoire (1965-2020)


par Thomas Frank Bancé
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Master de recherche 2023
  

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B/ Les réformes politiques et économiques

Le 15 octobre 1987, le président révolutionnaire Thomas Isidore Sankara est assassiné. Le CNR est remplacé par le Front Populaire (FP), présidé par le capitaine Blaise Compaoré. Le nouveau régime s'emploie à rétablir l'ordre constitutionnel au Burkina Faso. Le secteur de l'économie est réformé afin de s'ouvrir au marché international.

1. Les orientations politiques de la décennie 1990-2000

L'arrivée au pouvoir du Front Populaire en 1987 par effusion du sang, a créé un climat politique et social tendu. Le CNR de Thomas Sankara avait initié une Révolution au Burkina Faso le 4 août 1983. Et cette révolution dite populaire a parfois recouru à des mesures oppressives pour parvenir à ses fins. Il était donc nécessaire pour le pouvoir en place de réduire ces oppressions avant d'instaurer la stabilité politique dans le pays. Une politique de désescalade a été lancée au niveau national pour "rectifier" les excès de la Révolution.

Le 2 juin 1991, le Burkina Faso adopte par référendum sa cinquième constitution, instaurant la IVe République sous la présidence de Blaise Compaoré. Ce retour à l'ordre constitutionnel marque la fin des régimes d'exception de la décennie précédente et le début d'une démocratie pluraliste. De nombreuses politiques ont été mises en oeuvre tout au long des années 1990 dans le but de parvenir à un développement durable.

2. La libéralisation de l'économie burkinabè

Depuis 1991, le Burkina Faso a entrepris une série de réformes économiques visant à désengager l'État des secteurs concurrentiels et à libéraliser l'économie. Pour ce faire, le gouvernement a mis en oeuvre son premier Programme d'Ajustement Structurel (PAS) recommandé par le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM). Ce programme visait à libéraliser l'économie et à accroître la participation du secteur privé au développement national. Le PAS comprenait également un plan d'ajustement pour les secteurs du transport, de l'élevage, de l'agriculture, de la finance, de la santé et de l'éducation. Les réformes comprenaient la simplification des tarifs douaniers, la limitation des droits d'entrée spécifiques et des valeurs mercuriales. Ces réformes ont également abrogé certaines barrières non tarifaires sur de nombreux produits, telles que les permis d'exportation et d'importation préalables et spéciaux, le contrôle des prix, la détention de monopoles, etc. Au fur et à mesure que le gouvernement mettait en place ses PAS, d'autres textes ont été adoptées pour fournir le cadre juridique nécessaire à la réussite de ces

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nouvelles politiques. Un nouveau Code des Investissements est entré en vigueur en 1995 et a été amendé en 1997. Ce code vise à promouvoir l'investissement productif en garantissant les mêmes droits et obligations aux entreprises nationales et étrangères. Il autorise également le libre transfert des capitaux et des salaires pour les personnes et les entreprises étrangères108.

En ce qui concerne la SOSUCO, il a fallu attendre les réformes des secteurs agricole et industriel en 1994 pour que les premières grandes orientations soient connues. L'État a choisi d'imposer des droits de douane élevés sur les produits dits de grande consommation. Selon le rapport de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le sucre a été le produit le plus protégé jusqu'à la fin de l'année 1998 par diverses mesures109. Le rapport ajoute que le Burkina Faso avait mis en place une clause de sauvegarde spéciale sur le sucre et des barrières techniques sous forme de normes. Depuis, la SOSUCO détient le monopole du sucre, puisqu'elle est la seule à le produire et à l'importer au Burkina Faso. Toutefois, l'entreprise publique connaît des crises profondes dans son fonctionnement interne.

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