B/ Les réformes politiques et économiques
Le 15 octobre 1987, le président révolutionnaire
Thomas Isidore Sankara est assassiné. Le CNR est remplacé par le
Front Populaire (FP), présidé par le capitaine Blaise
Compaoré. Le nouveau régime s'emploie à rétablir
l'ordre constitutionnel au Burkina Faso. Le secteur de l'économie est
réformé afin de s'ouvrir au marché international.
1. Les orientations politiques de la décennie
1990-2000
L'arrivée au pouvoir du Front Populaire en
1987 par effusion du sang, a créé un climat politique et social
tendu. Le CNR de Thomas Sankara avait initié une Révolution au
Burkina Faso le 4 août 1983. Et cette révolution dite populaire a
parfois recouru à des mesures oppressives pour parvenir à ses
fins. Il était donc nécessaire pour le pouvoir en place de
réduire ces oppressions avant d'instaurer la stabilité politique
dans le pays. Une politique de désescalade a été
lancée au niveau national pour "rectifier" les excès de la
Révolution.
Le 2 juin 1991, le Burkina Faso adopte par
référendum sa cinquième constitution, instaurant la IVe
République sous la présidence de Blaise Compaoré. Ce
retour à l'ordre constitutionnel marque la fin des régimes
d'exception de la décennie précédente et le début
d'une démocratie pluraliste. De nombreuses politiques ont
été mises en oeuvre tout au long des années 1990 dans le
but de parvenir à un développement durable.
2. La libéralisation de l'économie
burkinabè
Depuis 1991, le Burkina Faso a entrepris une série de
réformes économiques visant à désengager
l'État des secteurs concurrentiels et à libéraliser
l'économie. Pour ce faire, le gouvernement a mis en oeuvre son premier
Programme d'Ajustement Structurel (PAS) recommandé par le Fonds
Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM). Ce programme
visait à libéraliser l'économie et à
accroître la participation du secteur privé au
développement national. Le PAS comprenait également un plan
d'ajustement pour les secteurs du transport, de l'élevage, de
l'agriculture, de la finance, de la santé et de l'éducation. Les
réformes comprenaient la simplification des tarifs douaniers, la
limitation des droits d'entrée spécifiques et des valeurs
mercuriales. Ces réformes ont également abrogé certaines
barrières non tarifaires sur de nombreux produits, telles que les permis
d'exportation et d'importation préalables et spéciaux, le
contrôle des prix, la détention de monopoles, etc. Au fur et
à mesure que le gouvernement mettait en place ses PAS, d'autres textes
ont été adoptées pour fournir le cadre juridique
nécessaire à la réussite de ces
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nouvelles politiques. Un nouveau Code des Investissements
est entré en vigueur en 1995 et a été amendé
en 1997. Ce code vise à promouvoir l'investissement productif en
garantissant les mêmes droits et obligations aux entreprises nationales
et étrangères. Il autorise également le libre transfert
des capitaux et des salaires pour les personnes et les entreprises
étrangères108.
En ce qui concerne la SOSUCO, il a fallu attendre les
réformes des secteurs agricole et industriel en 1994 pour que les
premières grandes orientations soient connues. L'État a choisi
d'imposer des droits de douane élevés sur les produits dits de
grande consommation. Selon le rapport de l'Organisation Mondiale du Commerce
(OMC), le sucre a été le produit le plus protégé
jusqu'à la fin de l'année 1998 par diverses
mesures109. Le rapport ajoute que le Burkina Faso avait mis en place
une clause de sauvegarde spéciale sur le sucre et des barrières
techniques sous forme de normes. Depuis, la SOSUCO détient le monopole
du sucre, puisqu'elle est la seule à le produire et à l'importer
au Burkina Faso. Toutefois, l'entreprise publique connaît des crises
profondes dans son fonctionnement interne.
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