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Migrations et impacts socio-économiques à  Béguédo, centre-est, Burkina Faso : 1919-2017


par Thomas Frank Bancé
Université Joseph Ki-Zerbo - Master de recherche 2021
  

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Chapitre II : Cadre humain et économique de la zone d'étude

A travers l'analyse des traits humains de la société bissa de Béguédo, il est question de rechercher un rattachement entre la migration de la population et les différents traits culturel, religieux, ethnique, linguistique, etc. Aussi, la recherche de meilleures conditions de vie économique étant l'un des principaux mobiles de la migration, il serait opportun d'avoir un aperçu sur les potentialités économiques de la ville. Cet aperçu nous permettra d'établir un lien de causalité entre ces potentialités et les pratiques migratoires des jeunes de Béguédo.

Il est question dans ce chapitre de donner un aperçu sur la composition ethnique, religieuse, culturelle et linguistique de la population de Béguédo tout d'abord. Ensuite, il s'agit de présenter les potentialités économiques de la commune rurale de Béguédo.

I_ Composition ethnique, linguistique et religieuse de Béguédo

A l'instar des autres peuples du Burkina Faso, le peuple bissa a développé et entretenu une identité culturelle propre à lui-même. Cette identité lui a permis de rester attaché à ses principes et valeurs fondamentaux mais aussi de se distinguer des autres peuples qui l'entourent.

I_1. La structure ethnique des Bissa

Au Burkina Faso, on dénombre une soixantaine d'ethnies réparties sur tout le territoire national. L'ethnie mossi est la plus dominante avec 48,5% de la population totale. Elle est suivie par des ethnies comme les Peulhs (7.8%), les Gulmantché (7%), les Mande (y compris les Bissa 11,4%), les Bobo (6.8%), les Gurunsi (6%), les Lobi-Dagara (4.3%), ou encore les Senoufo (2.2%)84. On remarque ainsi que sur la soixante d'ethnies, les Bissa (l'ethnie qui peuple notre zone d'étude) figurent parmi les ethnies majoritaires du pays. De ce fait, on peut se poser la question de savoir quelle est l'origine de l'ethnie bissa ? Avec quels dialectes le peuple bissa communique-t-il ?

Encerclé par les peuples envahisseurs moose à partir du XVe siècle, on a souvent l'impression que le pays bissa partage la même origine ethnique avec le peuple mossi : la famille ethnique voltaïque. En effet, les Bissa appartiennent à la famille ethnique mandé, plus précisément le sous-groupe Mandé-sud. De nos jours, on retrouve le peuple bissa majoritairement

84 Données issues du Résultat définitif du RGPH de 2006, INSD.

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dans deux provinces du Burkina Faso : le Boulgou et le Zoundwéogo. Mais GUEBRE et ZOURE rappellent que « Ce territoire [le Bisako] s'étendait au-delà de ses limites actuelles pour couvrir une partie des provinces actuelles du Ganzourgou, du Kouritenga et du Namatenga. »85 (confère carte 1 de l'annexe 3/Photos).

Malgré l'absence de données chiffrées sur les effectifs de chaque ethnie présente à Béguédo, nous avons pu avec l'aide des autorités administratives et le constat fait sur le terrain, catégoriser les principales ethnies par ordre d'importance numérique. Ce sont : les Bissa, les Moose, les Peuhl, les Haoussa. Nous avons également poussé les investigations pour savoir si l'ethnie bissa était la seule ethnie à Béguédo qui pratique les migrations internationales ? Mais une fois de plus, les source écrites et orales ont été muettes. En attendant donc d'approfondir la question dans un sujet de recherche, tout semble indiqué l'absence d'une autre migration de masse dans la commune de Béguédo en dehors de celle effectuée par les Bissa.

I_2. La composition linguistique des Bissa

La langue commune aux habitants du Bisaku est le « Bissa » ou « Bisa ». Cette langue appartient à la grande famille de langues mandé. Elle est parlée par tous ceux qui sont originaires du peuple bissa. Il y a deux dialectes de la langue bissa : le Lébir et le Barka. En fonction de la situation géographique dans le pays bissa, le dialecte utilisé varie. Ainsi, quand on se retrouve dans la partie Ouest du pays bissa (Lébinoko), c'est le Lébir qui est parlé (Zabré, Béguédo par exemple). Mais quand on est situé dans la partie Est du pays bissa (Baroko), c'est le Barka qui est utilisé (Garango, Bittou par exemple).86 La langue comme identité culturelle, est très importante car dans des situations où les moyens courants (noms, origine, ethnies, etc.) ne permettent pas de reconnaître une personne ou un peuple, la langue parlée peut renfermer beaucoup d'informations.

En ce qui concerne les langues parlées présentement à Béguédo, le dialecte Lébir est majoritairement parlé. Mais on note néanmoins la présence de locuteurs du mooré et du fulfulde.

Suite à cette présentation des caractéristiques ethnolinguistiques de Béguédo, nous retenons que ses habitants, les Bissa, ont été un peuple de mobilité durant le temps. Migration volontaire ou non, les Bissa n'hésitent pas à changer de résidence lorsqu'ils se sentent menacés

85 GUÉBRÉ B.H et ZOURE H.A.V., 2009, op.cit., p. 309.

86 GUÉBRÉ B.H et ZOURE H.A.V., 2009, Idem, p. 318.

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ou lorsque les conditions de vie ne sont pas favorables. Fiers de leur liberté, leur indépendance ou encore leur langue, les Bissa ont parfois préféré la mobilité humaine que l'assimilation à un autre peuple.

I_3. La structure religieuse des Bissa

Nous avons trouvé peu d'écrits sur les religions pratiquées dans la commune rurale de Béguédo. Nous nous sommes donc résolus aux informations émanant de nos personnes ressources mais aussi au contenu du Plan Communal de Développement disponible sur la commune.

Trois religions principales sont pratiquées dans la commune. Ce sont par ordre d'importance : l'islam ; le christianisme (catholicisme et protestantisme) et l'animisme. Comme un peu partout au Burkina Faso, le syncrétisme religieux est aussi présent dans la ville de Béguédo avec une place importante accordée aux pratiques coutumières.

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II_ Potentialités économiques de Béguédo

La population active de la commune de Béguédo s'adonne vivement à plusieurs activités à longueur de journée. La première et la principale activité économique de la commune reste l'agriculture. Elle est soutenue par l'élevage, la pêche et le commerce. Toutes ces activités économiques ont chacune une place importante dans le développement local de la ville.

II_1. L'agriculture

L'agriculture demeure la principale activité économique des populations de la commune. Elle occupe la quasi-totalité des populations qui sont avant tout des cultivateurs de céréales. Elle demeure encore une agriculture de subsistance, extensive et largement tributaire des aléas climatiques. Les céréales constituent l'alimentation de base des populations. Le mil et le sorgho sont les céréales dont la production est la plus importante dans la commune, suivis du riz et du maïs. Essentiellement destinées à la vente, les principales cultures de rente sont l'arachide, le coton, le soja et le sésame. Les populations pratiquent également des cultures maraîchères pendant la saison sèche. Ces cultures sont plus l'apanage des femmes que des hommes. Il ressort que les principales productions maraîchères dans la commune sont l'oignon, la tomate, le melon, les courgettes, les aubergines, etc.

Quant aux difficultés du secteur agricole, Irissa ZIDNABA fait le point en ces termes : « Les activités agricoles sont cependant confrontées aux aléas climatiques et aux problèmes fonciers liés à la pression démographique et à l'étroitesse de la superficie de la commune. »87 Si l'on se base sur les données du RGPH de 2006, qui fait mention d'une densité de 561,7 habitants au km2, alors des problèmes fonciers existeront sans doute dans la commune. Et ces problèmes opposeront d'une part les propriétaires fonciers et les exploitants, et d'autre part les agriculteurs et les éleveurs. D'ailleurs, les habitants de Béguédo et leurs voisins de Niaogho ont toujours en mémoire ce problème foncier qui les a opposés en 1982 et 1983. Armelle FAURE explique que « Le 26 avril 1982, les habitants de deux bourgades voisines, Niaogho et Beghedo, s'affrontent à propos de terres cultivables en région bissa, [...] On compte une vingtaine de blessés graves et divers dégâts matériels ; [...] L'année suivante (en 1983), le conflit reprend, alors que l'administration et les responsables villageois essayent de trouver les termes d'une

87 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 78.

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conciliation. »88 En plus de ces problèmes fonciers et agraires, les habitants de Béguédo sont obligés de subir les caprices du climat.

En sommes, on note qu'il y a autant de potentialités agricoles à Béguédo que de difficultés dans ce même secteur. Et face à des difficultés croissantes du secteur agricole, conjuguées avec l'absence d'une réponse efficace des autorités locales et nationales à ces difficultés ; certains jeunes de la commune préfèrent quitter temporairement ou définitivement leur commune à la recherche d'autres espaces agricoles.

II_2. L'élevage

L'élevage dans la commune de Béguédo est essentiellement de type traditionnel en ce sens que les espèces produites sont des variétés locales. Il est également extensif dans la mesure où l'accent est mis sur la taille du cheptel et non sur l'accroissement des rendements. En plus, l'embouche bovine, ovine, caprine y est également pratiquée permettant ainsi aux populations de diversifier leur source de revenu et leur alimentation en viande. Même si toutes les familles à Béguédo semblent s'adonner aux activités pastorales, les grands adeptes de ce secteur restent les habitants de Béguédo-peul et ceux de Diarra.

Le domaine de l'élevage est encadré par un agent vétérinaire de l'Etat burkinabè. Plusieurs associations et groupements sont nés pour mieux organiser le secteur. Malgré cette assistance aux acteurs de l'élevage, leur grosse difficulté reste la présence des épizooties telles que le charbon symptomatique, la dermatose nodulaire, la fièvre aphteuse et la pasteurellose.89 L'importance des retenues d'eau de la commune semble faciliter la pratique de l'élevage.

L'élevage étant une activité de transhumance, il n'est pas rare de voir des populations de Béguédo se déplacer avec leurs cheptels à la recherche de pâturage ou suite à un conflit avec les paysans.

88 FAURE Armelle, 1993, « Niagho versus Beghedo : un conflit foncier à la veille de la révolution burkinabè », in Cahiers des Sciences Humaines, n° 29, p. 105.

89 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 79.

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II_3. La pêche

Le Nakambé qui borde la commune à l'ouest, offre d'énormes potentialités en ressources halieutiques. La pêche est une activité naissante qui commence à occuper une place de choix dans les activités économiques de la commune. Son poids économique pour l'instant est minime vu que ses produits sont destinés en grande partie à la consommation locale. Toutefois, la présence de pêcheurs professionnels, semi-professionnels et des productrices atteste que la pisciculture est en voie de développement dans la commune. D'ailleurs, un nouveau périmètre vient d'être créé : le Périmètre Aquacole d'Intérêt Economique de Bagré (PAIE/Bagré) dont l'antenne de Niaogho est chargée du contrôle de l'activité et de l'encadrement des acteurs.90

Le faible niveau de développement du secteur piscicole de Béguédo diminue sa capacité à attirer les jeunes. Et si les potentialités de ce secteur ne sont pas perçues par les jeunes, alors ces derniers ne s'intéresseront pas à cette filière. Ce qui pourtant pourrait être un facteur de rétention de certains jeunes dans la commune.

II_4. Le commerce

Constatant la faiblesse de ces espaces agricoles, la commune de Béguédo a compris qu'elle gagnerait à faire du commerce le fondement de son économie. C'est ainsi que depuis la période précoloniale et coloniale, le village de Béguédo a été une référence dans le commerce de certains produits. Cela commença d'abord durant la période coloniale, avec la vente du cola et des esclaves sur les marchés de la Gold Coast (Ghana actuel) mais aussi des marchés intérieurs de la Haute-Volta. Pendant la période coloniale, c'est la commercialisation des oignons qui prit le dessus. Pour mémoire, c'est l'administration coloniale qui a décidé à partir de 1930 de mettre l'accent sur la production de l'oignon dans la Volta blanche et précisément à Béguédo.91 Cette politique a fait de Béguédo un véritable pôle de croissance économique pendant l'ère coloniale.

De nos jours, le commerce dans la commune de Béguédo est caractérisé toujours par un assez bon niveau de développement. Le commerce avec les pays voisins est toujours en vogue même si les produits commercialisés sont plus variés. A ce propos, Irissa ZIDNABA observe que : « En effet, la commune constitue un lieu d'échanges où les commerçants venus des pays

90 Conseil Municipal de Béguédo, 2015, op.cit., p. 44.

91 FAURE Armelle, 1993, op.cit., p. 108.

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voisins (Ghana, Togo et Bénin) apportent des produits manufacturés, des ignames, des ustensiles de cuisine, des habits pour y vendre. Les populations locales exportent à leur tour, les produits agricoles : oignons, tomates, arachides décortiquées ou fraîches, bétail. Une partie de ces produits est également acheminée vers les marchés de l'intérieur : Manga, Koupéla, Pouytenga, Tenkodogo, Ouagadougou. »92 Une autre variable du commerce contemporain de Béguédo est la forte présence des femmes dans les pratiques commerciales. On retrouve les femmes dans des activités comme la vente des légumes et des céréales, la restauration et la vente de dolo. Leur présence dans le commerce des articles et divers, reste néanmoins significative. A Béguédo-centre, elles occupent près de 30% des boutiques.93

Béguédo est un pôle d'attraction de commerçants en provenance d'une part de l'intérieur du pays et d'autre part de l'extérieur du pays. Lorsque les commerçants de Béguédo se déplacent hors de Béguédo pour la vente de leurs produits ou l'approvisionnement en de nouveaux produits, on dit qu'ils effectuent une migration de travail. De ce fait, le commerce devient un mobile d'émigration pour certaines populations de Béguédo.

Pour conclure, on retient que le peuple bissa a pu développer un espace culturel dynamique et varié au fil du temps. Il a été parfois contraint de changer de zone de résidence afin de fuir les persécutions émanant des peuples voisins ou des mesures coercitives de l'administration coloniale. Quand il n'était pas contraint, il se déplaçait volontairement avec l'esprit de revenir parmi les siens. Mais au détriment de toutes ces mobilités humaines, les Bissa en général et ceux de Béguédo en particulier ont su conserver jusqu'à nos jours certaines valeurs caractéristiques de leur culture. En outre, on a pu mettre à jour des potentialités économiques de la commune de Béguédo ; lesquelles potentialités constituent la base de développement de la commune. Toutefois, ces potentialités économiques que regorge la commune sont enjambées de difficultés. Ces difficultés sont si immenses qu'elles empêchent un développement serein de l'activité économique : c'est l'exemple des pratiques agricoles. Or, si l'agriculture n'arrive pas à employer les jeunes en âge de travailler, la résultante est que ces derniers se feront employés hors de la commune de Béguédo. L'objectif étant de trouver une activité rémunératrice pour subvenir à leurs besoins économiques. Le lien entre la disponibilité des potentialités économiques à Béguédo et la migration de la population est rapidement établi.

92 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 81.

93 Conseil Municipal de Béguédo, 2015, op.cit., p. 45.

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L'étude du cadre humain et économique de Béguédo met en exergue d'abord les caractéristiques ethnique, linguistique et religieuse des Bissa de Béguédo. L'ethnie bissa appartient à la grande famille ethnique mandé et à la famille linguistique mandé. La religion majoritaire est l'islam, introduit dans la commune depuis l'époque précoloniale. Le développement économique de Béguédo s'appuie sur ces secteurs clés qui sont l'agriculture, l'élevage, la pêche et le commerce. Quand bien même que l'agriculture soit le principal secteur économique, les autres secteurs offrent de potentiels emplois aux populations. Toutefois, ces secteurs gagneront à être bien structurés afin de retenir les jeunes de la commune.

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La situation géographique de la commune de Béguédo a permis de découvrir les atouts et les contraintes du milieu physique la commune. Les sols et le relief sont en général favorables aux cultures agricoles. La présence du fleuve Nakambé et la proximité du barrage de Bagré mettent à la disposition de la commune d'immenses sources hydrauliques utilisées pour les cultures maraîchères mais aussi dans l'élevage et la pêche. La population est marquée par une forte densité de l'ordre de 561 habitants au km2. Certes, la population de la commune de Béguédo est jeune, mais la population active (48,14%) est moindre par rapport à la population inactive (51,86%). Ceci s'explique en partie par l'absence des populations en force de travail.

L'ethnie bissa est l'ethnie majoritaire de la province du Boulgou. Depuis leur installation sur le sol du Burkina Faso actuel, les Bissa ont connu une forte mobilité humaine due tantôt à des envahissements de territoires, tantôt à des mesures coercitives de l'administration coloniale. Cette tradition migratoire va se transmettre de génération en génération jusqu'à la population bissa actuelle. L'agriculture, l'élevage, la pêche et le commerce sont les principales activités de base de la commune. Elles offrent à la population une source de revenus. Cependant, de nombreuses difficultés gangrènent ces secteurs économiques de la commune et développent chez les populations un désintérêt de ces activités. Ce désintérêt serait en partie une raison de l'émigration de la population. Vu sous cet angle, on peut se poser la question de savoir : dans quel contexte les migrations internationales des Bissa ont eu lieu ? La réponse à cette question permet de comprendre les mobiles, l'évolution et la dynamique des pratiques migratoires chez les Bissa.

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DEUXIÈME PARTIE : LE CONTEXTE

HISTORIQUE DES MIGRATIONS

INTERNATIONALES DES BISSA

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Quand on étudie de près l'historique du peuplement du territoire du Burkina Faso actuel, on s'aperçoit que le Burkina Faso a été au départ une terre d'émigration. En effet, la plupart des populations traditionnelles installées sur le sol actuel du Burkina Faso ont eu des origines autres que leurs terres d'accueil. Cette situation montre que la migration en général n'est pas un phénomène nouveau pour ces populations. Toutefois, l'avènement de la colonisation viendra amplifier le phénomène migratoire en Haute-Volta (actuel Burkina Faso) avec une forte mobilisation de la main d'oeuvre voltaïque pour la mise en valeur de la colonie voltaïque mais aussi des colonies voisines. Cette mobilité humaine des populations voltaïques continuera même au-delà de la période coloniale.

Parmi les peuples qui fournissent un grand contingent de migrants au Burkina Faso, figure le peuple bissa. En réalité, les Bissa sont reconnus pour leurs fortes mobilités humaines depuis la période coloniale jusqu'à nos jours. Quand on analyse les différentes zones de départ dans le "pays bissa", on constate que les émigrés de Béguédo se démarquent encore plus dans les migrations internationales. Et comprendre la prépondérance des Bissa de Béguédo dans l'émigration par rapport aux autres peuples de la région du Centre-Est burkinabè, a été l'une des raisons du choix de Béguédo comme cadre d'étude.

Dans cette deuxième partie de notre sujet de recherche, il est question de donner dans un premier chapitre un aperçu historique des migrations internationales au Burkina Faso. Le deuxième chapitre présente l'historique des migrations internationales des Bissa.

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