Chapitre I : Situation géographique et
caractéristiques de la zone d'étude
Tout comme la plupart des communes de la région, la
commune de Béguédo présente un cadre physique
diversifié. Situé en périphérique de la
région du Centre-Est, Béguédo bénéficie de
ressources naturelles favorables aux cultures et d'un climat
soudano-sahélien. L'hydrographie y est dense et des atouts
économiques y sont présents. En plus, Béguédo
possède l'une des plus fortes densités humaines de la
région.
Dans ce chapitre, ce sont les caractéristiques
physiques, démographiques et socio-économiques de
Béguédo qui sont développées dans le but de
comprendre la dynamique migratoire qui s'en est suivie dans cet espace du
pays.
I_ Cadre physique de la zone d'étude
Plusieurs éléments concourent dans la
présentation du milieu physique de notre zone d'étude. Mais les
caractéristiques physiques susceptibles d'expliquer la forte
mobilité humaine dans la zone seraient entre autres : sa
géographie, son relief, ses sols, son climat et son hydrographie.
I_1. La situation géographique de
Béguédo
Avec une superficie d'environ 40 km2, la commune de
Béguédo est comprise entre 0°47'17» et
0°41'48» de longitude Ouest et entre 11°40'16» et
11°45'50» de latitude Nord. Elle est située au Nord-Ouest de
la Province du Boulgou, (Région du Centre-Est). Son chef-lieu
(Béguédo) se trouve à une distance de 45 km de Tenkodogo
qui est le chef-lieu de la région. La commune partage ses limites
avec les communes de Komtoèga au Nord-Est sur environ 07,68 Km, de
Boussouma à l'Est sur une longueur d'environ 08,63 km et de Niaogho au
Sud et à l'ouest sur une longueur voisine de 15 Km dont plus de la
moitié est constituée du fleuve Nakambé et de son plan
d'eau61. La carte 1 met en exergue la situation de la
commune par rapport au pays et à la région ainsi que les communes
limitrophes ci-dessus citées.
La commune de Béguédo compte neuf villages qui
sont : Béguédo-Centre, Béguédo-Peulh, Diarra,
Diarra-Peulh, Fingla, Gnintala, Kiéflè, Tanvoussé et
Tombeyao. La distance moyenne qui sépare les villages au chef-lieu est
inférieure à 05 Km avec toutefois des extrema
61 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
Plan de Développement Communal, Commune rurale de
Béguédo, p. 11.
29
variant de 02 à 09 Km. Malgré cette
proximité des villages, certains villages restent difficilement
accessibles en période d'hivernage en raison de l'existence de nombreux
bas-fonds.
Carte n°1 : Localisation de la commune de
Béguédo
I_2. Le relief et les sols de
Béguédo
La commune de Béguédo occupe une position
synclinale du bassin versant du Nakambé. Son relief est une pente douce
orientée Nord-est/Sud-ouest avec une altitude moyenne de 240 m
d'où prédomine des appointements rocheux isolés. Le
substratum géologique est majoritairement constitué de migmatites
et granites indifférenciés (70%) sur toute la moitié
centre et sud de la commune. Au nord, il est surtout constitué de
migmatites à biotite amphibole et de méta-volcanites neutres
à basiques.
On rencontre principalement trois (03) types de sols dans la
commune de Béguédo : les sols bruns eutrophes, les sols
ferrugineux tropicaux peu lessivés et les sols hydromorphes.
§ Les sols bruns eutrophes qu'on
retrouve sur des roches cristallines basiques (dolérites) ou neutres
(migmatites) avec une profondeur supérieure à 100
cm.62 Ils couvrent près de 41% de la superficie totale
des sols de la commune. Avec une valeur agronomique moyenne, ils peuvent
supporter des cultures variées : le maïs, le sorgho, le coton, le
manioc, etc. Ils se prêtent aisément aux actions de
récupération et/ou d'amélioration.
§ Les sols ferrugineux tropicaux peu
lessivés sur matériaux riches en argile kaolinique,
en oxyde et hydroxyde de fer et de manganèse. Ils sont peu profonds et
couvrent une superficie totale de 24%. Ces sols ferrugineux sont
légèrement favorables à la culture du mil, du sorgho et du
niébé et fortement favorables au maïs et au
coton.63
§ Les sols hydromorphes sur
matériaux alluviaux divers ou sur matériau argilo-sableux
bigarré. Ils couvrent environs 30% des superficies et se rencontrent
dans les bas-fonds et les zones d'inondation des cours d'eau. Ce sont des
sols lourds et à une haute valeur agronomique mais ils sont aussi
difficiles à travailler. Ils sont favorables à la culture
maraîchère. La forte pression foncière au niveau de ces
sols constitue une menace pour les lits des cours d'eau.64
Il ressort de l'étude du relief et des sols de la
commune de Béguédo, qu'elle dispose de très peu de
superficie. Et sur ces terres étroites, se trouvent des sols disposant
tantôt de terres riches pour l'agriculture, tantôt de terres
pauvres en composants agricoles. Ainsi, les familles
62 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 69.
63 ZIDNABA, Irissa, Idem, p. 69.
64 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 12.
31
occupant les sols peu riches ou ne possédant
même pas de terres cultivables sont contraintes pendant la saison
hivernale d'effectuer des déplacements saisonniers dans les alentours de
Béguédo (Ouarégou, Niaogho, Boussouma, Komtoèga,
voire même Bagré) à la recherche de sols agricoles.
I_3. Le climat et l'hydrographie de
Béguédo
D'une manière générale, la Province du
Boulgou a un climat tropical de type soudano-sahélien. La commune de
Béguédo, malgré sa localisation dans la partie
septentrionale de la Province, bénéficie toujours d'un climat
soudano-sahélien. C'est un type de climat compris dans l'isohyète
800 mm et se caractérisant par l'alternance de deux saisons : une saison
sèche s'étendant de Octobre à Avril et une saison
pluvieuse de Mai à Septembre. Selon les données de l'Agence
Nationale de la Météorologie (ANAM), la température
moyenne de la commune de Béguédo varie entre 27,8°
à 29,6° Celsius.65 Il résulte de cette
température moyenne qu'il fait moins chaud dans la commune. Au regard de
la quantité moyenne des précipitations et de la longue
durée de la saison sèche dans la commune, les diverses pratiques
d'activités agro-pastorales et des cultures de contre-saison sont
effectuées très souvent dans des conditions pénibles par
les populations. Ces facteurs peuvent pousser certains individus à des
migrations temporaires ou définitives dans des zones d'accueil plus
favorables.
La commune de Béguédo est située dans le
grand bassin hydrographique du Nakambé66 qui est
l'un des plus importants fleuves du pays et le plus important cours d'eau de la
province du Boulgou. Il prend sa source à l'est de Ouahigouya, dans une
région qui reçoit 500 à 600 mm d'eau par an. Dans son
long parcours, le Nakambé traverse longitudinalement la commune du Nord
au Sud, d'où l'importance de ses eaux de surface favorisant la conduite
des activités agricoles, maraîchères et de
pêche.67 En plus de bénéficier d'une partie
du potentiel hydrique national, Béguédo profite également
des retenues d'eau du barrage de Bagré. En effet, aménagé
en 2000, le barrage hydro-agricole de Bagré est situé à
une soixantaine de km de
65 Information issue de la compilation des
températures annuelles à Béguédo de 2000 à
2014. La compilation a été faite par ZIDNABA Irissa, grâce
aux données météorologiques collectées à la
direction de la météorologie.
66 Autrefois désigné par le terme
Volta blanche, le Nakambé est l'un des trois plus
grands fleuves du Burkina Faso. Il draine un bassin versant de 50 000
km2 qui prend sa chute dans la mer du Ghana. Il draine toute la
partie centrale et le nord du plateau central et ne coule que pendant la saison
des pluies. Les premiers écoulements intermittents peuvent se produire
en mai, mais ce n'est qu'en juillet/août que les débits deviennent
permanents à la station de Wayen et se renforcent vers l'aval pour
atteindre à Bagré un débit moyen de 145 m3/s en
août.
67 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 14.
32
Béguédo. Et pour Irissa ZIDNABA, «
cette infrastructure hydraulique constitue le premier pôle de
croissance économique du pays avec un aménagement potentiel de 30
000 hectares dont 21 000 hectares en aval et 9 000 hectares en amont du
barrage. »68 La commune dispose aussi d'énormes
potentialités en eaux souterraines et la profondeur de la nappe
phréatique est de l'ordre de 50 à 60 mètres.
L'exploitation de cette ressource précieuse a atteint un niveau assez
important avec la réalisation d'un certain nombre de forages dans les
villages et d'une Adduction d'Eau Potable Simplifiée (AEPS) au chef-lieu
de la commune.
Malgré la disponibilité d'un climat assez
clément et des aménagements hydro-agricoles très denses,
une partie de la population de Béguédo réalise en
permanence des mobilités humaines vers d'autres espaces
géographiques. Ce paradoxe pourrait s'expliquer par
l'inaccessibilité de toutes les couches sociales de la commune aux
différents potentiels hydro-agricoles. Autrement dit, la gestion
administrative des ressources de la commune à une époque a-t-elle
été rationnelle et équilibrée ?
68 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 67.
33
II_ Cadre démographique de la zone
d'étude
Entre l'arrivée des premiers hommes sur le territoire
actuel de Béguédo jusqu'à la présence de la
population actuelle, plusieurs siècles de peuplement se sont
déroulés sur cet espace géographique. Il est question
alors dans cette partie de comprendre comment s'est déroulée la
mise en place du peuplement bissa dans un premier temps. Et dans un second
temps, il s'agit de définir les caractéristiques
démographiques de la population de Béguédo.
II_1. L'historique du peuplement de
Béguédo
L'histoire du peuplement de Béguédo est
tributaire de l'histoire de la mise en place du pays bissa en
général. En effet, vouloir expliquer la mise en place de la
population de Béguédo nécessite une connaissance sur
l'installation des Bissa dans le « Bisaku ». Plusieurs
auteurs69 ont eu le mérite d'avoir établi des
hypothèses sur l'historique du peuplement en pays bissa en
général et du peuplement de Béguédo en particulier.
Ils se sont appuyés soit sur la tradition orale pour élaborer
leur étude soit à partir d'autres auteurs qui les avaient
précédés.
La plupart des sources sur la mise en place du peuplement de
Béguédo, raconte que les premiers habitants de
Béguédo seraient venus de la région de « Bitou
»70 (située au sud de la province du Boulgou) au
XIXe siècle. La tradition orale donne deux raisons à
cette mobilité des premiers habitants. La première raison
pourrait être que ces premiers habitants sont arrivés à
Béguédo de façon aventurée. En effet, ces habitants
étaient un peuple de chasseurs vivant à « Guélama
», une des localités de « Bitou ». Dans
l'exercice de leur métier, ils se rendirent jusqu'à l'actuel
Béguédo au bord du fleuve Nakambé. Ce fut alors
l'émigration. Vu l'importance de leur nombre, ils se répartirent
en trois groupes pour trois localités différentes : le premier
groupe s'installa à « Kénoko »,
localité située près de Garango, le second
à « Samsagbo » et le troisième groupe à
« Béguédo », avec à sa tête un homme du
nom de Séèm. Son premier fils organise le groupe et
devient chef de village de Béguédo. Il prit le nom de «
Naaba Pollé ». Pour
69 Parmi ces auteurs, nous pouvons citer :
LAHUEC Jean-Paul, MARCHAL Jean-Yves, 1979, La
mobilité du peuplement bissa et mossi, Paris, ORSTOM, 149 p. ;
FAURE Armelle, 1996, Le pays bissa avant le barrage de
Bagré, Athènes, éditions Athanassopoulos, 311 p. ;
HAZARD Benoît, 2004, « Entre le pays et l'outre-pays », In
Journal des africanistes [mis en ligne le 10 avril 2007], n°
74-1/2, [version numérique obtenue en juillet 2021 :
http://africanistes.revues.org/427
], 16 p. ;
ZIDNABA Irissa, 2016, Migrations internationales et
développement : l'impact socioéconomique des pratiques
transnationales des émigrés de Béguédo
résidant en Italie, Thèse de doctorat, Département de
Géographie, Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO, 271 p.
70 L'orthographe actuelle du nom de cette
localité est Bittou.
34
maintenir l'unité entre les différents groupes,
il nomma des petits chefs dans les villages relevant de sa tutelle de
même des chefs de quartiers. Par la suite, des peuhls à la
recherche de pâturage pour leurs animaux vinrent implorer le chef pour
qu'il leur attribuât une terre d'asile ; c'est ainsi que
Béguédo-Peulh (un des neuf villages du département
aujourd'hui) vit le jour. L'actuel chef, le Naaba Tigré
est le 5e chef de Béguédo. Sa famille porte
le nom BARA. Ainsi à sa création en décembre 1985, le
Département de Béguédo a respecté les limites
exactes établies par la chefferie traditionnelle (limite du pouvoir
coutumier).71
La deuxième explication donnée à
l'origine des premiers habitants de Béguédo est la fuite de ces
derniers face à l'envahissement de leur territoire par les peuples
mossi. Benoît HAZARD explique que « l'installation des premiers
groupes de peuplement à Béguédo est consécutive
à la politique de fuite des Bisa vers les zones de protection naturelle,
telles que Garango et la région du Léré, qui débuta
au XIXe siècle dans la région de Bitou.
»72 Cette justification se rapproche plus du contexte
général de la mise en place des peuples au Burkina Faso. En
effet, on se rappelle que les Moose, l'un des plus grands conquérants de
territoires, utilisaient les mêmes stratégies d'organisation dans
les territoires conquis. Deux possibilités s'offraient aux peuples
conquis : rester sur leur terre d'origine mais accepter une nouvelle
organisation de vie (assimilation) ou refuser d'être dirigés par
les conquérants (résistance). Les peuples qui refusèrent
l'assimilation, abandonnèrent leur terre d'origine pour s'installer dans
des terres nouvelles. Les premiers habitants de Béguédo auraient
pu donc être des Bissa résistants aux conquérants moose.
Pour ce qui est de l'appellation de notre cadre
d'étude par le terme « Béguédo »,
Irissa ZIDNABA fournit une interprétation dans sa thèse de
doctorat unique : « Selon la première explication, le nom
Béguédo viendrait du terme «bergo» en langue bissa qui
veut dire se regrouper autour de quelque chose. »73 La
monographie actuelle sur Béguédo semble partager cette
première explication car selon elle, les chasseurs saisonniers
aimaient s'installer au pied d'un rocher appelé « Gankima ».
Ils se résolurent un jour à quitter leur village pour s'installer
définitivement à Béguédo avec tout leur
peuple.74 ZIDNABA continue avec la deuxième explication
en ces termes : « La thèse la plus courante soutient que
l'appellation Béguédo vient de la description de
l'humidité du milieu en langue mooré
«béguédo», qui veut dire zone
71 Monographie accessible dans le Plan Communal
de Développement.
72 HAZARD Benoît, 2004, op.cit., p. 6.
73 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 70.
74 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 18.
35
boueuse. »75 Béguédo
serait alors une région dont la terre était couverte de boue en
saison pluvieuse : d'où l'appellation mooré « begdo
» qui signifie boue.
En ce qui concerne la création des villages, on
retient que les villages de Samsabgo, Béguédo, Fingla, Dierma
n'ont pas exercé une grande influence sur la distribution actuelle du
peuplement. Seul [le village] Béguédo a donné naissance
à quelques essaimages à courte distance et accueilli sur son
territoire les groupes « étrangers » de Widi (venant de
Niaogho) et de Zabendila (des Banse venant de Ouarégou) ; ce dernier
quartier étant d'ailleurs fondé aux environs de
1920.76
II_2. Les caractéristiques démographiques
de Béguédo II_2.1. Évolution et
répartition de la population Évolution de la population
D'après les résultats du Recensement
Général de la Population et de l'Habitat
réalisé en 2006, 19 153 habitants ont été
recensés au niveau de la commune de Béguédo. La population
résidente fut répartie au sein de 3 267 ménages dans la
même période. Selon les projections (au taux d'accroissement
de 3,3% pour la commune de Béguédo), elle serait estimée
à 23 213 en 2014 et devrait passer à 27 904 habitants en 2016,
puis à 30 174 habitants en 2020 pour une superficie de 40
km2.77
Durant la période coloniale, la population de
Béguédo n'a pas connu une évolution particulière.
En effet, les nombreuses mesures (souvent coercitives) de l'administration
coloniale n'ont pas eu d'impact sur les effectifs démographiques.
Béguédo, à l'instar du pays bissa, a observé une
évolution démographique régulière. Benoît
HAZARD renchérit en ce propos : « De même, l'exercice
d'un contrôle sur les représentants de l'autorité
traditionnelle, les échanges commerciaux et les mouvements des
populations qui engendrèrent des fuites massives vers la Gold Coast
jusqu'en 1946 n'ont pas provoqué de pertes démographiques
significatives, tout au moins comparativement au reste de la région.
» L'irrégularité des effectifs démographiques
commence à la veille des indépendances pour se poursuivre
jusqu'à nos jours. En effet depuis 1985, la population de
Béguédo n'a fait que varier. Le tableau ci-dessus en est
l'illustration.
75 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 70.
76 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 19.
77 Ministère de l'Economie et des Finances,
2009, Profil des régions du Burkina Faso, Ouagadougou, p.
162.
36
Tableau 1 : Evolution de la population de Béguédo
de 1975 à 2014.
Effectifs/années
|
19751
|
1985
|
1996
|
2006
|
20142
|
Total
|
-
|
9 523
|
13 847
|
19 153
|
24 029
|
% des Hommes
|
-
|
47,6
|
46,6
|
45,4
|
46,2
|
% des Femmes
|
-
|
52,4
|
53,4
|
54,6
|
53,8
|
Taux d'évolution en %
|
-
|
-
|
45,4
|
38,3
|
25,4
|
|
1 Nous n'avons pas trouvé de statistiques officielles sur
la population de Béguédo en 1975.
2 Les données de 2014 sur Béguédo sont
des prévisions faites par l'INSD en 2011.
Source : données extrait des RGPH de 1985, 1996 et
2006 et des prévisions de 2014.
Ce tableau montre une évolution de la population de
Béguédo. Par ailleurs deux observations peuvent être
faites. La première est qu'on constate une supériorité
permanente du genre féminin sur le genre masculin. Ceci peut être
en partie dû à l'émigration des hommes de
Béguédo. La deuxième observation est relative à la
baisse continuelle du taux d'évolution de la population. Un taux
d'évolution en baisse se justifie par soit une natalité en recul
(ce n'est pas évident avec l'indice de fécondité de 6,5
enfants/femme en 2006 dans la province) soit un solde migratoire négatif
(explication plus juste au regard du caractère émigratoire des
jeunes de Béguédo).
Densité et répartition spatiale
En outre, la croissance rapide de la population de
Béguédo entraîne également une évolution de
sa densité (561,7 habitants/km2 en 2006). Par
conséquent, les populations sont tentées de se tourner vers
d'autres zones proches de leur terre (migration interne) ou
éloignée (migration externe). L'objectif étant de trouver
de nouveaux espaces de travail.
La répartition spatiale des habitants de la commune de
Béguédo permet de noter selon le RGPH (2006) une forte
concentration humaine au niveau du chef-lieu qui totalisait déjà
en 2006, près de 80% de la population totale, suivi de Fingla (13%) et
de Diarra (5,8%). Le village de Béguédo-peuhl était de
loin la moins peuplée avec 0,2% de la population totale.
37
II_2.2. Structure de la population par sexe et par
âge
La population de Béguédo, à l'instar
de celle de la province du Boulgou et de la région du Centre-est,
était constituée de 45,45% d'hommes contre 54, 55 % de femmes en
2006.78 Le rapport de masculinité qui s'en déduit
est de 84 hommes pour 100 femmes contre 88 hommes pour 100 femmes au niveau
régional. Par ailleurs, quand on sait que l'indice synthétique de
fécondité est de 6,5 enfants par femme, on comprend qu'une bonne
partie des hommes n'était pas présente lors des recensements. Et
la première raison de cette absence serait leur pratique migratoire. Le
tableau ci-dessus nous laisse entrevoir les chiffres du rapport de
masculinité pour les quatre plus grands villages de la commune.
Tableau 2 : Structure de la population de Béguédo
par sexe en 2006.
|
Hommes
|
Femmes
|
Ensemble
|
Rapport de masculinité
|
Béguédo-centre
|
|
6
|
996
|
|
8 343
|
|
15
|
339
|
|
83,9
|
Béguédo-peulh
|
|
|
83
|
|
86
|
|
|
169
|
|
96,5
|
Diarra
|
|
|
505
|
|
605
|
|
1
|
110
|
|
83,5
|
Fingla
|
|
1
|
121
|
|
1 414
|
|
2
|
535
|
|
79,3
|
Total
|
8
|
705
|
|
10
|
448
|
19
|
153
|
|
83,3
|
|
|
Source : Institut National de la Statistique et du
Développement, 2009.
L'examen de la répartition de la population selon
les grands groupes d'âge, permet de constater que 47,97% des habitants de
la commune ont moins de 15 ans, 47,69% ont un âge compris entre 15 et 69
ans. Les personnes âgées (plus de 65 ans) ne représentent
que 3, 89%.79 Et lorsqu'on cumule la proportion des moins de 15
ans à celle des plus de 65 ans, on constate que 51,86% de la population
de Béguédo n'est pas en âge de travailler. Seuls 47,69%
constituent une force de travail. Ce manque de bras valides peut se justifier
par le fait que les jeunes en âge de travail préfèrent
monnayer leurs forces de travail hors de Béguédo.
78 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 2008, Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH) de 2006. Résultats
définitifs, Ouagadougou, p. 20.
79 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 20.
38
III_ Organisation socio-administrative de la zone
d'étude
Avant l'arrivée des peuples conquérants dans le
« Bisako », les Bissa dans l'ensemble avaient une organisation
socio-politique basée sur le système de lignage. Les villages
étaient constitués de plusieurs clans, tous issus d'un même
ascendant. L'organisation administrative du pays bissa n'apparaîtra
qu'avec la colonisation française avant d'aboutir à sa forme
actuelle.
III_1. L'organisation sociale en pays
bissa
Le contact des Bissa avec les peuples envahisseurs (Moose,
Dagomba, Gurunsi) a entraîné des transformations du système
social préexistant dans le Bisako. Autrement dit, une nouvelle
organisation sociale naît de l'assimilation des Bissa par les Moose.
Avant le contact avec les peuples envahisseurs, le Bisako
était organisé en lignage. L'unité sociale et politique
était le clan ou village. Le système politique existant
était la gérontocratie. Ainsi, le plus âgé (le
patriarche) avait la charge de s'occuper de ses pairs. En langue bissa, il
s'appelait le Jitarè (pour les adeptes du Lébir) ou le
Gutarè (pour les adeptes du Barka).80 B.H
GUÉBRÉ explique les responsabilités du plus ancien en ces
termes : « A ce titre, il était chargé de la
distribution des terres aux nouveaux immigrants et à ceux qui
désirent essaimer d'un site à un autre. Il avait aussi la charge
de faire les sacrifices sur les autels du village pour éviter que des
malheurs comme les maladies, la sécheresse, la famine et les guerres ne
s'abattent sur les habitants. »81 Afin de bien
gérer sa communauté, le patriarche se faisait assister par des
personnes sages et dignes de confiance. B.H. GUÉBRÉ et H.A.V.
ZOURÉ racontent à propos du Jitarè qu'« il
nommait alors en accord avec ses administrés le Poo-zaa (responsable de
la brousse), le Daasi-zaa (le responsable du marché) auxquels s'ajoute
le Koyaa-zaa (responsable du fleuve) pour les riverains de cours d'eau comme
à Niaogo. »82
Après le contact avec les Moose et plus
récemment la mise en place du système administratif colonial, le
système politique dans le Bisako est passé de la
gérontocratie au
80 Il y a en général deux dialectes
de la langue bissa : c'est le Lébir parlé par
les habitants situés du côté Ouest de Garango et le
Barka parlé par les habitants de l'Est de Garango.
Armelle FAURE ajoute un troisième, le Gorminè,
parlé dans la localité de Bittou.
81 GUÉBRÉ B.H, 1996, Essai sur
l'origine et la mise en place du peuplement précolonial du Bisano, cas
de Nyaa, province du Boulgou, Mémoire de maitrise,
Université de Ouagadougou, p. 70.
82 GUÉBRÉ B.H et ZOURE H.A.V., 2009,
« Le Bisako : genèse, population et organisation sociopolitique
précoloniale » In HIEN Pierre Claver et GOMGNIMBOU Moustapha
(dir.), Histoire des royaumes et chefferies au Burkina Faso
précoloniale, Ouagadougou, CNRST, p. 322.
39
système politique centralisé : c'est
l'apparition des chefs coutumiers ou Naaba en moore. Le nouveau système
social est construit autour du chef coutumier de chaque village. Le chef
coutumier choisit des notables pour le conseiller et l'aider à diriger
sa communauté. A Béguédo, il y a eu cinq chefs coutumiers
en tout. Le premier était Naaba Pollé et celui en
exercice actuellement est Naaba Tigré.
III_2. L'organisation administrative en pays bissa
(de la période coloniale à nos jours)
Pendant la période coloniale, Béguédo
était l'un des huit cantons du cercle de Garango. Il conservera ce
statut de canton de Garango jusqu'en 1946, date du nouveau découpage des
cercles coloniaux, où il obtient le statut de canton indépendant.
Béguédo évoluera avec ce statut jusqu'à la fin de
la colonisation. A la veille des indépendances, les nouvelles
autorités adoptent un nouveau découpage du territoire de la
Haute-Volta : Béguédo est considéré comme un
village. Mais en Décembre 1985, le village de Béguédo est
érigé au rang de Département de quatre (04) villages qui
sont : Béguédo-centre, Béguédo-peulh, Fingla et
Diarra. Avec l'adoption de la loi n°055-2004/AN portant code
général des collectivités territoriales,
Béguédo devient une commune rurale de la région du
Centre-Est. A partir de ce moment, Béguédo était sous le
contrôle de deux autorités : une autorité administrative,
en la personne du Préfet et une autorité communale,
représentée par le Maire. On dénombre
actuellement neuf (09) villages dans la commune rurale de
Béguédo.
De façon pratique à Béguédo, la
gestion administrative générale est assurée par la
préfecture qui représente également l'autorité
judiciaire. Son action s'étend sur les différents villages sur le
plan des actes administratifs. Le préfet coordonne aussi les
activités de tous les services techniques étatiques à
l'échelle de la commune, veille également à l'exercice des
lois, règlements et politiques du gouvernement dans le
département et au maintien de l'ordre public. Ensuite on trouve à
la tête de la commune pour la première fois, une femme élue
Maire (décédée en plein exercice le 16 juillet 2019). Elle
était assistée d'un premier et d'un deuxième adjoint. Le
premier adjoint, M. BARA assurait l'intérim. Le Maire est le chef de
l'administration communale. Il est à la tête d'un personnel de 07
agents et est appuyé dans ses tâches par un Secrétaire
Général. Les principales tâches du Maire sont
l'exécution des délibérations du Conseil Municipal et la
coordination de l'action de l'administration communale.
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En appui de ces autorités, on note un Conseil
Municipal, qui est l'organe délibérant dans la gestion des
affaires de la commune et un Conseil Villageois de Développement (CVD).
Le CVD d'un village est un regroupement des forces vives dudit village
doté d'une assemblée générale et d'un organe
dirigeant de douze (12) membres.83
En sommes, on retient que la commune de Béguédo
est située dans la province du Boulgou, laquelle province appartient
à la région du Centre-Est. Son climat est du type
soudano-sahélien avec des précipitations moyennes de 800 mm par
an. Ses sols sont favorables à l'agriculture avec une
prédominance des sols bruns eutrophes. Sa situation dans le grand bassin
du Nakambé et sa proximité avec le barrage de Bagré
offrent une hydrographique riche à Béguédo. Toutefois, la
faible superficie de la commune, l'instabilité du climat ou encore la
variation du climat d'une année à une autre, constituent autant
de difficultés au développement de la commune. Concernant le
cadre démographique de Béguédo, on observe une forte
croissance depuis la fin de la colonisation. En 2006, la densité moyenne
était de 561,7 habitants au km2 pour une commune qui n'a que
40 km2. Cette faible superficie conduit à un manque de terres
pour les agriculteurs et les éleveurs. Par conséquent, ceux qui
ne possèdent pas de terres agricoles sont contraints de se rendre dans
les territoires proches ou éloignés, à la recherche de
terres cultivables. L'organisation administrative de Béguédo a
connu une évolution de la période coloniale jusqu'à nos
jours. En effet, elle a commencé comme un canton dépendant de
Garango avant de devenir un canton indépendant en 1946. Et pendant la
période postcoloniale, elle évoluera de simple village à
un département pour atteindre le statut de commune rurale en 2004.
83 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 53.
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