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Migrations et impacts socio-économiques à  Béguédo, centre-est, Burkina Faso : 1919-2017


par Thomas Frank Bancé
Université Joseph Ki-Zerbo - Master de recherche 2021
  

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Chapitre I : Situation géographique et caractéristiques de la zone d'étude

Tout comme la plupart des communes de la région, la commune de Béguédo présente un cadre physique diversifié. Situé en périphérique de la région du Centre-Est, Béguédo bénéficie de ressources naturelles favorables aux cultures et d'un climat soudano-sahélien. L'hydrographie y est dense et des atouts économiques y sont présents. En plus, Béguédo possède l'une des plus fortes densités humaines de la région.

Dans ce chapitre, ce sont les caractéristiques physiques, démographiques et socio-économiques de Béguédo qui sont développées dans le but de comprendre la dynamique migratoire qui s'en est suivie dans cet espace du pays.

I_ Cadre physique de la zone d'étude

Plusieurs éléments concourent dans la présentation du milieu physique de notre zone d'étude. Mais les caractéristiques physiques susceptibles d'expliquer la forte mobilité humaine dans la zone seraient entre autres : sa géographie, son relief, ses sols, son climat et son hydrographie.

I_1. La situation géographique de Béguédo

Avec une superficie d'environ 40 km2, la commune de Béguédo est comprise entre 0°47'17» et 0°41'48» de longitude Ouest et entre 11°40'16» et 11°45'50» de latitude Nord. Elle est située au Nord-Ouest de la Province du Boulgou, (Région du Centre-Est). Son chef-lieu (Béguédo) se trouve à une distance de 45 km de Tenkodogo qui est le chef-lieu de la région. La commune partage ses limites avec les communes de Komtoèga au Nord-Est sur environ 07,68 Km, de Boussouma à l'Est sur une longueur d'environ 08,63 km et de Niaogho au Sud et à l'ouest sur une longueur voisine de 15 Km dont plus de la moitié est constituée du fleuve Nakambé et de son plan d'eau61. La carte 1 met en exergue la situation de la commune par rapport au pays et à la région ainsi que les communes limitrophes ci-dessus citées.

La commune de Béguédo compte neuf villages qui sont : Béguédo-Centre, Béguédo-Peulh, Diarra, Diarra-Peulh, Fingla, Gnintala, Kiéflè, Tanvoussé et Tombeyao. La distance moyenne qui sépare les villages au chef-lieu est inférieure à 05 Km avec toutefois des extrema

61 Conseil Municipal de Béguédo, 2015, Plan de Développement Communal, Commune rurale de Béguédo, p. 11.

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variant de 02 à 09 Km. Malgré cette proximité des villages, certains villages restent difficilement accessibles en période d'hivernage en raison de l'existence de nombreux bas-fonds.

Carte n°1 : Localisation de la commune de Béguédo

I_2. Le relief et les sols de Béguédo

La commune de Béguédo occupe une position synclinale du bassin versant du Nakambé. Son relief est une pente douce orientée Nord-est/Sud-ouest avec une altitude moyenne de 240 m d'où prédomine des appointements rocheux isolés. Le substratum géologique est majoritairement constitué de migmatites et granites indifférenciés (70%) sur toute la moitié centre et sud de la commune. Au nord, il est surtout constitué de migmatites à biotite amphibole et de méta-volcanites neutres à basiques.

On rencontre principalement trois (03) types de sols dans la commune de Béguédo : les sols bruns eutrophes, les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés et les sols hydromorphes.

§ Les sols bruns eutrophes qu'on retrouve sur des roches cristallines basiques (dolérites) ou neutres (migmatites) avec une profondeur supérieure à 100 cm.62 Ils couvrent près de 41% de la superficie totale des sols de la commune. Avec une valeur agronomique moyenne, ils peuvent supporter des cultures variées : le maïs, le sorgho, le coton, le manioc, etc. Ils se prêtent aisément aux actions de récupération et/ou d'amélioration.

§ Les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés sur matériaux riches en argile kaolinique, en oxyde et hydroxyde de fer et de manganèse. Ils sont peu profonds et couvrent une superficie totale de 24%. Ces sols ferrugineux sont légèrement favorables à la culture du mil, du sorgho et du niébé et fortement favorables au maïs et au coton.63

§ Les sols hydromorphes sur matériaux alluviaux divers ou sur matériau argilo-sableux bigarré. Ils couvrent environs 30% des superficies et se rencontrent dans les bas-fonds et les zones d'inondation des cours d'eau. Ce sont des sols lourds et à une haute valeur agronomique mais ils sont aussi difficiles à travailler. Ils sont favorables à la culture maraîchère. La forte pression foncière au niveau de ces sols constitue une menace pour les lits des cours d'eau.64

Il ressort de l'étude du relief et des sols de la commune de Béguédo, qu'elle dispose de très peu de superficie. Et sur ces terres étroites, se trouvent des sols disposant tantôt de terres riches pour l'agriculture, tantôt de terres pauvres en composants agricoles. Ainsi, les familles

62 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 69.

63 ZIDNABA, Irissa, Idem, p. 69.

64 Conseil Municipal de Béguédo, 2015, op.cit., p. 12.

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occupant les sols peu riches ou ne possédant même pas de terres cultivables sont contraintes pendant la saison hivernale d'effectuer des déplacements saisonniers dans les alentours de Béguédo (Ouarégou, Niaogho, Boussouma, Komtoèga, voire même Bagré) à la recherche de sols agricoles.

I_3. Le climat et l'hydrographie de Béguédo

D'une manière générale, la Province du Boulgou a un climat tropical de type soudano-sahélien. La commune de Béguédo, malgré sa localisation dans la partie septentrionale de la Province, bénéficie toujours d'un climat soudano-sahélien. C'est un type de climat compris dans l'isohyète 800 mm et se caractérisant par l'alternance de deux saisons : une saison sèche s'étendant de Octobre à Avril et une saison pluvieuse de Mai à Septembre. Selon les données de l'Agence Nationale de la Météorologie (ANAM), la température moyenne de la commune de Béguédo varie entre 27,8° à 29,6° Celsius.65 Il résulte de cette température moyenne qu'il fait moins chaud dans la commune. Au regard de la quantité moyenne des précipitations et de la longue durée de la saison sèche dans la commune, les diverses pratiques d'activités agro-pastorales et des cultures de contre-saison sont effectuées très souvent dans des conditions pénibles par les populations. Ces facteurs peuvent pousser certains individus à des migrations temporaires ou définitives dans des zones d'accueil plus favorables.

La commune de Béguédo est située dans le grand bassin hydrographique du Nakambé66 qui est l'un des plus importants fleuves du pays et le plus important cours d'eau de la province du Boulgou. Il prend sa source à l'est de Ouahigouya, dans une région qui reçoit 500 à 600 mm d'eau par an. Dans son long parcours, le Nakambé traverse longitudinalement la commune du Nord au Sud, d'où l'importance de ses eaux de surface favorisant la conduite des activités agricoles, maraîchères et de pêche.67 En plus de bénéficier d'une partie du potentiel hydrique national, Béguédo profite également des retenues d'eau du barrage de Bagré. En effet, aménagé en 2000, le barrage hydro-agricole de Bagré est situé à une soixantaine de km de

65 Information issue de la compilation des températures annuelles à Béguédo de 2000 à 2014. La compilation a été faite par ZIDNABA Irissa, grâce aux données météorologiques collectées à la direction de la météorologie.

66 Autrefois désigné par le terme Volta blanche, le Nakambé est l'un des trois plus grands fleuves du Burkina Faso. Il draine un bassin versant de 50 000 km2 qui prend sa chute dans la mer du Ghana. Il draine toute la partie centrale et le nord du plateau central et ne coule que pendant la saison des pluies. Les premiers écoulements intermittents peuvent se produire en mai, mais ce n'est qu'en juillet/août que les débits deviennent permanents à la station de Wayen et se renforcent vers l'aval pour atteindre à Bagré un débit moyen de 145 m3/s en août.

67 Conseil Municipal de Béguédo, 2015, op.cit., p. 14.

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Béguédo. Et pour Irissa ZIDNABA, « cette infrastructure hydraulique constitue le premier pôle de croissance économique du pays avec un aménagement potentiel de 30 000 hectares dont 21 000 hectares en aval et 9 000 hectares en amont du barrage. »68 La commune dispose aussi d'énormes potentialités en eaux souterraines et la profondeur de la nappe phréatique est de l'ordre de 50 à 60 mètres. L'exploitation de cette ressource précieuse a atteint un niveau assez important avec la réalisation d'un certain nombre de forages dans les villages et d'une Adduction d'Eau Potable Simplifiée (AEPS) au chef-lieu de la commune.

Malgré la disponibilité d'un climat assez clément et des aménagements hydro-agricoles très denses, une partie de la population de Béguédo réalise en permanence des mobilités humaines vers d'autres espaces géographiques. Ce paradoxe pourrait s'expliquer par l'inaccessibilité de toutes les couches sociales de la commune aux différents potentiels hydro-agricoles. Autrement dit, la gestion administrative des ressources de la commune à une époque a-t-elle été rationnelle et équilibrée ?

68 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 67.

33

II_ Cadre démographique de la zone d'étude

Entre l'arrivée des premiers hommes sur le territoire actuel de Béguédo jusqu'à la présence de la population actuelle, plusieurs siècles de peuplement se sont déroulés sur cet espace géographique. Il est question alors dans cette partie de comprendre comment s'est déroulée la mise en place du peuplement bissa dans un premier temps. Et dans un second temps, il s'agit de définir les caractéristiques démographiques de la population de Béguédo.

II_1. L'historique du peuplement de Béguédo

L'histoire du peuplement de Béguédo est tributaire de l'histoire de la mise en place du pays bissa en général. En effet, vouloir expliquer la mise en place de la population de Béguédo nécessite une connaissance sur l'installation des Bissa dans le « Bisaku ». Plusieurs auteurs69 ont eu le mérite d'avoir établi des hypothèses sur l'historique du peuplement en pays bissa en général et du peuplement de Béguédo en particulier. Ils se sont appuyés soit sur la tradition orale pour élaborer leur étude soit à partir d'autres auteurs qui les avaient précédés.

La plupart des sources sur la mise en place du peuplement de Béguédo, raconte que les premiers habitants de Béguédo seraient venus de la région de « Bitou »70 (située au sud de la province du Boulgou) au XIXe siècle. La tradition orale donne deux raisons à cette mobilité des premiers habitants. La première raison pourrait être que ces premiers habitants sont arrivés à Béguédo de façon aventurée. En effet, ces habitants étaient un peuple de chasseurs vivant à « Guélama », une des localités de « Bitou ». Dans l'exercice de leur métier, ils se rendirent jusqu'à l'actuel Béguédo au bord du fleuve Nakambé. Ce fut alors l'émigration. Vu l'importance de leur nombre, ils se répartirent en trois groupes pour trois localités différentes : le premier groupe s'installa à « Kénoko », localité située près de Garango, le second à « Samsagbo » et le troisième groupe à « Béguédo », avec à sa tête un homme du nom de Séèm. Son premier fils organise le groupe et devient chef de village de Béguédo. Il prit le nom de « Naaba Pollé ». Pour

69 Parmi ces auteurs, nous pouvons citer :

LAHUEC Jean-Paul, MARCHAL Jean-Yves, 1979, La mobilité du peuplement bissa et mossi, Paris, ORSTOM, 149 p. ;

FAURE Armelle, 1996, Le pays bissa avant le barrage de Bagré, Athènes, éditions Athanassopoulos, 311 p. ; HAZARD Benoît, 2004, « Entre le pays et l'outre-pays », In Journal des africanistes [mis en ligne le 10 avril 2007], n° 74-1/2, [version numérique obtenue en juillet 2021 : http://africanistes.revues.org/427 ], 16 p. ;

ZIDNABA Irissa, 2016, Migrations internationales et développement : l'impact socioéconomique des pratiques transnationales des émigrés de Béguédo résidant en Italie, Thèse de doctorat, Département de Géographie, Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO, 271 p.

70 L'orthographe actuelle du nom de cette localité est Bittou.

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maintenir l'unité entre les différents groupes, il nomma des petits chefs dans les villages relevant de sa tutelle de même des chefs de quartiers. Par la suite, des peuhls à la recherche de pâturage pour leurs animaux vinrent implorer le chef pour qu'il leur attribuât une terre d'asile ; c'est ainsi que Béguédo-Peulh (un des neuf villages du département aujourd'hui) vit le jour. L'actuel chef, le Naaba Tigré est le 5e chef de Béguédo. Sa famille porte le nom BARA. Ainsi à sa création en décembre 1985, le Département de Béguédo a respecté les limites exactes établies par la chefferie traditionnelle (limite du pouvoir coutumier).71

La deuxième explication donnée à l'origine des premiers habitants de Béguédo est la fuite de ces derniers face à l'envahissement de leur territoire par les peuples mossi. Benoît HAZARD explique que « l'installation des premiers groupes de peuplement à Béguédo est consécutive à la politique de fuite des Bisa vers les zones de protection naturelle, telles que Garango et la région du Léré, qui débuta au XIXe siècle dans la région de Bitou. »72 Cette justification se rapproche plus du contexte général de la mise en place des peuples au Burkina Faso. En effet, on se rappelle que les Moose, l'un des plus grands conquérants de territoires, utilisaient les mêmes stratégies d'organisation dans les territoires conquis. Deux possibilités s'offraient aux peuples conquis : rester sur leur terre d'origine mais accepter une nouvelle organisation de vie (assimilation) ou refuser d'être dirigés par les conquérants (résistance). Les peuples qui refusèrent l'assimilation, abandonnèrent leur terre d'origine pour s'installer dans des terres nouvelles. Les premiers habitants de Béguédo auraient pu donc être des Bissa résistants aux conquérants moose.

Pour ce qui est de l'appellation de notre cadre d'étude par le terme « Béguédo », Irissa ZIDNABA fournit une interprétation dans sa thèse de doctorat unique : « Selon la première explication, le nom Béguédo viendrait du terme «bergo» en langue bissa qui veut dire se regrouper autour de quelque chose. »73 La monographie actuelle sur Béguédo semble partager cette première explication car selon elle, les chasseurs saisonniers aimaient s'installer au pied d'un rocher appelé « Gankima ». Ils se résolurent un jour à quitter leur village pour s'installer définitivement à Béguédo avec tout leur peuple.74 ZIDNABA continue avec la deuxième explication en ces termes : « La thèse la plus courante soutient que l'appellation Béguédo vient de la description de l'humidité du milieu en langue mooré «béguédo», qui veut dire zone

71 Monographie accessible dans le Plan Communal de Développement.

72 HAZARD Benoît, 2004, op.cit., p. 6.

73 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 70.

74 Conseil Municipal de Béguédo, 2015, op.cit., p. 18.

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boueuse. »75 Béguédo serait alors une région dont la terre était couverte de boue en saison pluvieuse : d'où l'appellation mooré « begdo » qui signifie boue.

En ce qui concerne la création des villages, on retient que les villages de Samsabgo, Béguédo, Fingla, Dierma n'ont pas exercé une grande influence sur la distribution actuelle du peuplement. Seul [le village] Béguédo a donné naissance à quelques essaimages à courte distance et accueilli sur son territoire les groupes « étrangers » de Widi (venant de Niaogho) et de Zabendila (des Banse venant de Ouarégou) ; ce dernier quartier étant d'ailleurs fondé aux environs de 1920.76

II_2. Les caractéristiques démographiques de Béguédo II_2.1. Évolution et répartition de la population Évolution de la population

D'après les résultats du Recensement Général de la Population et de l'Habitat réalisé en 2006, 19 153 habitants ont été recensés au niveau de la commune de Béguédo. La population résidente fut répartie au sein de 3 267 ménages dans la même période. Selon les projections (au taux d'accroissement de 3,3% pour la commune de Béguédo), elle serait estimée à 23 213 en 2014 et devrait passer à 27 904 habitants en 2016, puis à 30 174 habitants en 2020 pour une superficie de 40 km2.77

Durant la période coloniale, la population de Béguédo n'a pas connu une évolution particulière. En effet, les nombreuses mesures (souvent coercitives) de l'administration coloniale n'ont pas eu d'impact sur les effectifs démographiques. Béguédo, à l'instar du pays bissa, a observé une évolution démographique régulière. Benoît HAZARD renchérit en ce propos : « De même, l'exercice d'un contrôle sur les représentants de l'autorité traditionnelle, les échanges commerciaux et les mouvements des populations qui engendrèrent des fuites massives vers la Gold Coast jusqu'en 1946 n'ont pas provoqué de pertes démographiques significatives, tout au moins comparativement au reste de la région. » L'irrégularité des effectifs démographiques commence à la veille des indépendances pour se poursuivre jusqu'à nos jours. En effet depuis 1985, la population de Béguédo n'a fait que varier. Le tableau ci-dessus en est l'illustration.

75 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 70.

76 Conseil Municipal de Béguédo, 2015, op.cit., p. 19.

77 Ministère de l'Economie et des Finances, 2009, Profil des régions du Burkina Faso, Ouagadougou, p. 162.

36

Tableau 1 : Evolution de la population de Béguédo de 1975 à 2014.

Effectifs/années

19751

1985

1996

2006

20142

Total

-

9 523

13 847

19 153

24 029

% des Hommes

-

47,6

46,6

45,4

46,2

% des Femmes

-

52,4

53,4

54,6

53,8

Taux d'évolution en %

-

-

45,4

38,3

25,4

 

1 Nous n'avons pas trouvé de statistiques officielles sur la population de Béguédo en 1975.

2 Les données de 2014 sur Béguédo sont des prévisions faites par l'INSD en 2011.

Source : données extrait des RGPH de 1985, 1996 et 2006 et des prévisions de 2014.

Ce tableau montre une évolution de la population de Béguédo. Par ailleurs deux observations peuvent être faites. La première est qu'on constate une supériorité permanente du genre féminin sur le genre masculin. Ceci peut être en partie dû à l'émigration des hommes de Béguédo. La deuxième observation est relative à la baisse continuelle du taux d'évolution de la population. Un taux d'évolution en baisse se justifie par soit une natalité en recul (ce n'est pas évident avec l'indice de fécondité de 6,5 enfants/femme en 2006 dans la province) soit un solde migratoire négatif (explication plus juste au regard du caractère émigratoire des jeunes de Béguédo).

Densité et répartition spatiale

En outre, la croissance rapide de la population de Béguédo entraîne également une évolution de sa densité (561,7 habitants/km2 en 2006). Par conséquent, les populations sont tentées de se tourner vers d'autres zones proches de leur terre (migration interne) ou éloignée (migration externe). L'objectif étant de trouver de nouveaux espaces de travail.

La répartition spatiale des habitants de la commune de Béguédo permet de noter selon le RGPH (2006) une forte concentration humaine au niveau du chef-lieu qui totalisait déjà en 2006, près de 80% de la population totale, suivi de Fingla (13%) et de Diarra (5,8%). Le village de Béguédo-peuhl était de loin la moins peuplée avec 0,2% de la population totale.

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II_2.2. Structure de la population par sexe et par âge

La population de Béguédo, à l'instar de celle de la province du Boulgou et de la région du Centre-est, était constituée de 45,45% d'hommes contre 54, 55 % de femmes en 2006.78 Le rapport de masculinité qui s'en déduit est de 84 hommes pour 100 femmes contre 88 hommes pour 100 femmes au niveau régional. Par ailleurs, quand on sait que l'indice synthétique de fécondité est de 6,5 enfants par femme, on comprend qu'une bonne partie des hommes n'était pas présente lors des recensements. Et la première raison de cette absence serait leur pratique migratoire. Le tableau ci-dessus nous laisse entrevoir les chiffres du rapport de masculinité pour les quatre plus grands villages de la commune.

Tableau 2 : Structure de la population de Béguédo par sexe en 2006.

 

Hommes

Femmes

Ensemble

Rapport de masculinité

Béguédo-centre

 

6

996

 

8 343

 

15

339

 

83,9

Béguédo-peulh

 
 

83

 

86

 
 

169

 

96,5

Diarra

 
 

505

 

605

 

1

110

 

83,5

Fingla

 

1

121

 

1 414

 

2

535

 

79,3

Total

8

705

 

10

448

19

153

 

83,3

 
 

Source : Institut National de la Statistique et du Développement, 2009.

L'examen de la répartition de la population selon les grands groupes d'âge, permet de constater que 47,97% des habitants de la commune ont moins de 15 ans, 47,69% ont un âge compris entre 15 et 69 ans. Les personnes âgées (plus de 65 ans) ne représentent que 3, 89%.79 Et lorsqu'on cumule la proportion des moins de 15 ans à celle des plus de 65 ans, on constate que 51,86% de la population de Béguédo n'est pas en âge de travailler. Seuls 47,69% constituent une force de travail. Ce manque de bras valides peut se justifier par le fait que les jeunes en âge de travail préfèrent monnayer leurs forces de travail hors de Béguédo.

78 Institut National de la Statistique et du Développement (INSD), 2008, Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 2006. Résultats définitifs, Ouagadougou, p. 20.

79 Conseil Municipal de Béguédo, 2015, op.cit., p. 20.

38

III_ Organisation socio-administrative de la zone d'étude

Avant l'arrivée des peuples conquérants dans le « Bisako », les Bissa dans l'ensemble avaient une organisation socio-politique basée sur le système de lignage. Les villages étaient constitués de plusieurs clans, tous issus d'un même ascendant. L'organisation administrative du pays bissa n'apparaîtra qu'avec la colonisation française avant d'aboutir à sa forme actuelle.

III_1. L'organisation sociale en pays bissa

Le contact des Bissa avec les peuples envahisseurs (Moose, Dagomba, Gurunsi) a entraîné des transformations du système social préexistant dans le Bisako. Autrement dit, une nouvelle organisation sociale naît de l'assimilation des Bissa par les Moose.

Avant le contact avec les peuples envahisseurs, le Bisako était organisé en lignage. L'unité sociale et politique était le clan ou village. Le système politique existant était la gérontocratie. Ainsi, le plus âgé (le patriarche) avait la charge de s'occuper de ses pairs. En langue bissa, il s'appelait le Jitarè (pour les adeptes du Lébir) ou le Gutarè (pour les adeptes du Barka).80 B.H GUÉBRÉ explique les responsabilités du plus ancien en ces termes : « A ce titre, il était chargé de la distribution des terres aux nouveaux immigrants et à ceux qui désirent essaimer d'un site à un autre. Il avait aussi la charge de faire les sacrifices sur les autels du village pour éviter que des malheurs comme les maladies, la sécheresse, la famine et les guerres ne s'abattent sur les habitants. »81 Afin de bien gérer sa communauté, le patriarche se faisait assister par des personnes sages et dignes de confiance. B.H. GUÉBRÉ et H.A.V. ZOURÉ racontent à propos du Jitarè qu'« il nommait alors en accord avec ses administrés le Poo-zaa (responsable de la brousse), le Daasi-zaa (le responsable du marché) auxquels s'ajoute le Koyaa-zaa (responsable du fleuve) pour les riverains de cours d'eau comme à Niaogo. »82

Après le contact avec les Moose et plus récemment la mise en place du système administratif colonial, le système politique dans le Bisako est passé de la gérontocratie au

80 Il y a en général deux dialectes de la langue bissa : c'est le Lébir parlé par les habitants situés du côté Ouest de Garango et le Barka parlé par les habitants de l'Est de Garango. Armelle FAURE ajoute un troisième, le Gorminè, parlé dans la localité de Bittou.

81 GUÉBRÉ B.H, 1996, Essai sur l'origine et la mise en place du peuplement précolonial du Bisano, cas de Nyaa, province du Boulgou, Mémoire de maitrise, Université de Ouagadougou, p. 70.

82 GUÉBRÉ B.H et ZOURE H.A.V., 2009, « Le Bisako : genèse, population et organisation sociopolitique précoloniale » In HIEN Pierre Claver et GOMGNIMBOU Moustapha (dir.), Histoire des royaumes et chefferies au Burkina Faso précoloniale, Ouagadougou, CNRST, p. 322.

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système politique centralisé : c'est l'apparition des chefs coutumiers ou Naaba en moore. Le nouveau système social est construit autour du chef coutumier de chaque village. Le chef coutumier choisit des notables pour le conseiller et l'aider à diriger sa communauté. A Béguédo, il y a eu cinq chefs coutumiers en tout. Le premier était Naaba Pollé et celui en exercice actuellement est Naaba Tigré.

III_2. L'organisation administrative en pays bissa (de la période coloniale à nos jours)

Pendant la période coloniale, Béguédo était l'un des huit cantons du cercle de Garango. Il conservera ce statut de canton de Garango jusqu'en 1946, date du nouveau découpage des cercles coloniaux, où il obtient le statut de canton indépendant. Béguédo évoluera avec ce statut jusqu'à la fin de la colonisation. A la veille des indépendances, les nouvelles autorités adoptent un nouveau découpage du territoire de la Haute-Volta : Béguédo est considéré comme un village. Mais en Décembre 1985, le village de Béguédo est érigé au rang de Département de quatre (04) villages qui sont : Béguédo-centre, Béguédo-peulh, Fingla et Diarra. Avec l'adoption de la loi n°055-2004/AN portant code général des collectivités territoriales, Béguédo devient une commune rurale de la région du Centre-Est. A partir de ce moment, Béguédo était sous le contrôle de deux autorités : une autorité administrative, en la personne du Préfet et une autorité communale, représentée par le Maire. On dénombre actuellement neuf (09) villages dans la commune rurale de Béguédo.

De façon pratique à Béguédo, la gestion administrative générale est assurée par la préfecture qui représente également l'autorité judiciaire. Son action s'étend sur les différents villages sur le plan des actes administratifs. Le préfet coordonne aussi les activités de tous les services techniques étatiques à l'échelle de la commune, veille également à l'exercice des lois, règlements et politiques du gouvernement dans le département et au maintien de l'ordre public. Ensuite on trouve à la tête de la commune pour la première fois, une femme élue Maire (décédée en plein exercice le 16 juillet 2019). Elle était assistée d'un premier et d'un deuxième adjoint. Le premier adjoint, M. BARA assurait l'intérim. Le Maire est le chef de l'administration communale. Il est à la tête d'un personnel de 07 agents et est appuyé dans ses tâches par un Secrétaire Général. Les principales tâches du Maire sont l'exécution des délibérations du Conseil Municipal et la coordination de l'action de l'administration communale.

40

En appui de ces autorités, on note un Conseil Municipal, qui est l'organe délibérant dans la gestion des affaires de la commune et un Conseil Villageois de Développement (CVD). Le CVD d'un village est un regroupement des forces vives dudit village doté d'une assemblée générale et d'un organe dirigeant de douze (12) membres.83

En sommes, on retient que la commune de Béguédo est située dans la province du Boulgou, laquelle province appartient à la région du Centre-Est. Son climat est du type soudano-sahélien avec des précipitations moyennes de 800 mm par an. Ses sols sont favorables à l'agriculture avec une prédominance des sols bruns eutrophes. Sa situation dans le grand bassin du Nakambé et sa proximité avec le barrage de Bagré offrent une hydrographique riche à Béguédo. Toutefois, la faible superficie de la commune, l'instabilité du climat ou encore la variation du climat d'une année à une autre, constituent autant de difficultés au développement de la commune. Concernant le cadre démographique de Béguédo, on observe une forte croissance depuis la fin de la colonisation. En 2006, la densité moyenne était de 561,7 habitants au km2 pour une commune qui n'a que 40 km2. Cette faible superficie conduit à un manque de terres pour les agriculteurs et les éleveurs. Par conséquent, ceux qui ne possèdent pas de terres agricoles sont contraints de se rendre dans les territoires proches ou éloignés, à la recherche de terres cultivables. L'organisation administrative de Béguédo a connu une évolution de la période coloniale jusqu'à nos jours. En effet, elle a commencé comme un canton dépendant de Garango avant de devenir un canton indépendant en 1946. Et pendant la période postcoloniale, elle évoluera de simple village à un département pour atteindre le statut de commune rurale en 2004.

83 Conseil Municipal de Béguédo, 2015, op.cit., p. 53.

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