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Impact de la consommation abusive d'alcool sur le psychisme et sa portée sociale dans la vie des jeunes àągés de 15 à  34 ans du quartier Palar II


par Fabien WADOUKA
Institut de formation en santé du Sahel de Mokolo (IFOSSA/Mokolo) - Infirmier principal 2022
  

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IV- Les troubles psychiques induits par l'alcool

1. Troubles et intoxication : définitions et critères diagnostiques

Le trouble de l'usage de l'alcool est défini par un ensemble de symptômes physiques et comportementaux qui peuvent inclure le syndrome de sevrage, la tolérance et l'envie impérieuse (craving) d'alcool. Les conduites addictives sont souvent associées à des troubles psychiatriques. Les comorbidités psychiatriques les plus fréquentes sont la dépression, l'anxiété et les troubles de la personnalité (Lejoyeux et Embouazza, 2013). Le DSM-5 (2013/2015) propose quelques critères diagnostiques des troubles de l'usage de l'alcool.

TROUBLE DE L'USAGE DE L'ALCOOL

Critères diagnostiques

 

A. Mode d'usage problématique de l'alcool conduisant à une altération du fonctionnement ou une souffrance cliniquement significative, caractérisé par la présence d'au moins deux des manifestations suivantes, au cours d'une période de 12 mois :

1. L'alcool est souvent consommé en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévu.

2. Il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler la consommation d'alcool.

3. Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir de l'alcool, à utiliser de l'alcool ou à récupérer de ses effets.

4. Envie impérieuse (craving), fort désir ou besoin pressant de consommer de l'alcool.

5. Consommation répétée d'alcool conduisant à l'incapacité de remplir des obligations majeures, au travail, à l'école ou à la maison.

6. Consommation continue d'alcool malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de l'alcool.

7. Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importantes sont abandonnées ou réduites à cause de l'usage de l'alcool.

8. Consommation répétée d'alcool dans des situations où cela peut être physiquement dangereux.

9. L'usage de l'alcool est poursuivi bien que la personne sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d'avoir été causé ou exacerbé par l'alcool.

10. Tolérance, définie par l'un des symptômes suivants :

a. Besoin de quantités notablement plus fortes d'alcool pour obtenir une intoxication ou l'effet désiré.

b. Effet notablement diminué en cas de l'usage continu de la même quantité d'alcool.

11. Sevrage caractérisé par l'une ou l'autre des manifestations suivantes :

a. Syndrome de sevrage caractéristique de l'alcool (cf. Les critères A et B du sevrage de l'alcool, p. 653).

b. L'alcool (ou une substance très proche, telle qu'une benzodiazépine) est pris pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.

L'échelle suivante permet de spécifier la sévérité :

Léger : Présence de 2-3 symptômes.

Moyen : Présence de 4-5 symptômes.

Grave : Présence de 6 symptômes ou plus.

INTOXICATION PAR L'ALCOOL (DSM-5)

Critères diagnostiques

 

A. Ingestion récente d'alcool.

B. Changements comportementaux ou psychologiques problématiques, cliniquement significatifs (p.  ex. comportement sexuel ou agressif inapproprié, labilité de l'humeur, altération du jugement) qui se sont développés pendant ou peu après l'ingestion d'alcool.

C. Au moins un des signes ou symptômes suivants, se développant pendant ou peu après la consommation d'alcool :

1. Discours bredouillant.

2. Incoordination motrice.

3. Démarche ébrieuse.

4. Nystagmus.

5. Altération de l'attention ou de la mémoire.

6. Stupeur ou coma.

D. Les symptômes ne sont pas dus à une autre affection médicale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental, dont une intoxication par une autre substance.

2. Delirium

Lié à l'alcool, le delirium peut être classé en deux types : delirium par intoxication alcoolique et delirium du sevrage alcoolique (DSM-IV). Perturbation rie la conscience (c.-à-d. baisse d'une prise de conscience claire de l'environnement) avec diminution de la capacité à mobiliser, focaliser, soutenir ou déplacer l'attention. Étymologiquement, "delirium" signifie confusion mentale et "tremens" désigne le tremblement caractéristique de cette affection (Clinicum, 2007, tome 8). Le delirium par intoxication (souvent désigné par délire onirique) est aigu, intermittent, vespéral et très souvent nocturne, dominé par des cauchemars. Le malade se lève, se croit menacé et cherche à se défendre. Tandis que le délire du sevrage survient après un manque prolongé devenu insupportable par l'organisme.

3. Troubles amnésiques induits par l'alcool

Les troubles amnésiques sont caractérisés par une perturbation de la mémoire qui est due soit aux effets physiologiques directs d'une affection médicale générale soit aux effets persistants d'une substance (c.à.d. une substance donnant lieu à abus, un médicament, une substance toxique) (APA, 2013). Le fait de consommer de l'alcool de façon excessive a surtout un impact négatif sur la mémoire à court terme, mais aussi parfois sur la mémoire à long terme. Lors d'une soirée très arrosée, il peut arriver que les informations de la mémoire à court terme ne passent pas dans la mémoire à long terme. C'est ce qu'on appelle un black-out (Aide alcool, 2021). Dans ce genre de situation, on ne sait plus (ou presque plus) ce qu'on a fait ou dit, comment on est rentré à la maison, etc.

L'alimentation suffit normalement à couvrir les besoins en vitamines. Mais la consommation d'alcool réduit à elle seule cette absorption de vitamine B1. Si on ajoute à cela un dérèglement de l'alimentation (comme constaté chez de nombreux gros buveurs), cette carence en vitamine B1 s'accroît encore plus et s'accompagne alors d'oublis fréquents. Une carence en vitamine B1 peut aussi engendrer des névrites (/alcool-polyneuropathie). Et il existe, malheureusement, des cas où la lésion cérébrale est trop grave et il n'est plus alors possible de guérir les troubles de la mémoire (Aide alcool, 2021, 18 août).

4. Troubles psychotiques particuliers

a) Le délire paranoïaque

Ces délires, organisés et très bien systématisés, sont vécus en pleine lucidité. Ils sont essentiellement fondés sur des interprétations, le paranoïaque donnant une signification précise à chaque événement. Ces interprétations semblent souvent vraisemblables et convaincantes, permettant à un processus délirant (délire à deux). Le délire paranoïaque le plus fréquent chez les alcooliques est le délire de jalousie (Clinicum, 2007). Le sujet est convaincu qu'il est trompé par son conjoint :

Ø Il cherche des Indices, des preuves dans les moindres faits de la vie courante ;

Ø Il surveille son conjoint et interprète tous ses gestes dans le sens de son délire ;

Ø Il devient ainsi persécuteur du conjoint et parfois également du rival.

b) La schizophrénie alcoolique aiguë

La schizophrénie est caractérisée par la psychose (perte du contact avec la réalité), des hallucinations (fausses perceptions), des idées délirantes (fausses convictions), un comportement et une parole désorganisés, une affectivité lisse (gamme des émotions réduite), des déficiences cognitives (détérioration du raisonnement et de la capacité à résoudre des problèmes) et un dysfonctionnement social et professionnel (Tamminga, 2018, octobre). Par banalisation du sens propre, est parfois utilisé pour caricaturer toute situation où un individu se ressent ou est perçu comme inhabituellement incohérent, comme une sorte de double personnalité temporaire ; dans la schizophrénie alcoolique, les actes paraissant étrangement discordants ou en déphasage avec les paroles ou l'environnement. D'où le terme banalisation du sens propre de la schizophrénie.

c) Syndromes dépressifs

La dépression témoigne d'une perturbation de l'humeur, ou thymie, qui devient triste et douloureuse. Elle se traduit notamment par une douleur morale, une inhibition psychomotrice et une anxiété (Clinicum, 2007). Environ 90 % des adultes aux États-Unis ont fait, à un moment quelconque de leur vie, l'expérience de l'alcool et un nombre substantiel (60 % des hommes et 30 % des femmes) ont eu au moins un événement négatif dans leur vie du fait de l'alcool (p. ex., conduite après avoir consommé trop d'alcool, absence à l'école ou au travail du fait d'une « gueule de bois ») (DSM-IV). Les principaux symptômes de la dépression sont le découragement, la tristesse et la perte de l'élan vital ou désintérêt. Les symptômes de dépression sont fré-quents chez les alcooliques, notamment avant le sevrage. Un alcoologue américain, M. A. Schuckit a montré que 80 % des alcooliques présentent ces symptômes de la dépression. Un tiers des patients présentent l'ensemble des critères de la dépression majeure (tristesse, désintérêt, ralentissement, troubles du sommeil, de l'appétit) (Lejoyeux et Embouazza, 2013).

5. Conduite suicidaire

Les états dépressifs associés aux conduites alcooliques comportent un risque de suicide particulièrement élevé. Une étude menée à San Diego à partir de 283 cas de suicide avait retrouvé 58 % d'alcooliques et de toxicomanes. L'alcoolisme était dans plus d'un tiers des cas le diagnostic principal établi de manière rétrospective. Les patients alcooliques et déprimés sont donc exposés à un risque majeur de tentative de suicide et aussi de mort par suicide. Leurs gestes suicidaires, quand ils surviennent, sont souvent impulsifs. Ils surprennent le patient comme son entourage.

6. Dépendance alcoolique

La dépendance à l'alcool, appelée "alcoolo-dépendance" ou "alcoolisme", s'installe souvent de manière insidieuse. À plus ou moins long terme, l'alcool prend le dessus et la personne devient dépendante (https://sante.journaldesfemmes.fr/quotidien/2564630-alcoolisme-dependance-alcool-definition-symptomes-sevrage/). Tout d'abord, elle s'habitue à l'alcool et développe une tolérance en buvant des quantités de plus en plus importantes pour ressentir les effets qu'elle recherche. Il vient ensuite un moment où elle ne boit plus pour ce que lui procure l'alcool mais parce que cela devient une nécessité. Elle cherche à éviter le manque, qui se manifeste notamment par des sueurs, des tremblements, et des vertiges.

Une fois la dépendance installée, elle se traduit par une envie irrépressible de boire (le craving) et le manque, qui, faute d'une nouvelle prise d'alcool, peut induire un syndrome de sevrage : anxiété, tremblements, sueurs, agitation, tachycardie, fièvre et, dans les cas les plus graves une crise d'épilepsie et un delirium tremens qui peuvent être mortels. Certains signes permettent de reconnaître une dépendance :

Ø La consommation d'alcool est de plus en plus fréquente.

Ø Les quantités d'alcool bues sont de plus en plus importantes.

Ø Il apparaît des conséquences négatives (conflits, difficultés à assurer vos journées...) qui deviennent de plus en plus nombreuses.

Ø L'arrêt de la consommation devient de plus en plus difficile.

Ø L'envie de boire est plus forte et apparaît plus souvent.

Ø Il existe des signes de manque à l'arrêt : tremblements, sueurs...

Ø Une consommation d'alcool peut également devenir problématique si elle modifie le comportement et les relations avec les proches.

Les sujets qui ont une Dépendance alcoolique peuvent continuer à consommer de l'alcool malgré ses effets néfastes, souvent pour éviter ou pour atténuer les conséquences du sevrage parce que le Sevrage alcoolique peut être déplaisant et entraîner des manifestations intenses. Certains symptômes de sevrage (p. ex., des troubles du sommeil) peuvent persister à une intensité moindre pendant plusieurs mois. Une minorité substantielle de sujets qui ont une Dépendance alcoolique n'éprouvent jamais un Sevrage alcoolique qui ait une signification clinique, et seulement 5 % (environ) des sujets ayant une Dépendance alcoolique présentent des complications graves du sevrage (p. ex., delirium, convulsions de type grand mal) (DSM-IV). Une fois qu'un mode d'utilisation compulsive se développe, les sujets ayant une Dépendance peuvent passer des périodes de temps substantielles à obtenir et à consommer des boissons alcoolisées. Ces sujets continuent souvent leur prise d'alcool malgré ses effets néfastes, sur le plan psychologique ou physique (p. ex., dépression, trous de mémoire, maladie hépatique, ou autres complications).

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus