Impact de la consommation abusive d'alcool sur le psychisme et sa portée sociale dans la vie des jeunes àągés de 15 à 34 ans du quartier Palar IIpar Fabien WADOUKA Institut de formation en santé du Sahel de Mokolo (IFOSSA/Mokolo) - Infirmier principal 2022 |
8- Intérêts de l'étude· Intérêt politique Les programmes de développement multisectoriels, les projets d'émergence, associant le secteur privé, les associations professionnelles, la société civile, le secteur informel, la crédibilité des dirigeants et les responsables communautaires sur la scène politique, ... sont menacés, et la qualité des jeunes à reprendre le flambeau dans la gestion des affaires du pays et la construction d'un Cameroun politiquement sein, n'inspire pas confiance si les conditions alcooliques du pays restent inchangées. · Intérêt social Il faut garantir une forme et une politique de sécurité sociale sure et saine. Un citoyen pourrait sortir et faire sa marche ou son jogging sans craindre de se faire percuter par une moto, une voiture, ... conduite par une personne ivre. · Intérêt économique Réduire la dépense dans l'importation des boissons alcoolisées, réduire l'exploitation non vitale des produits intérieurs brutes (PIB) dans la fabrication locale des boissons artisanales alcoolisées. · Intérêt familial Les membres de la famille devraient se sentir en sécurité chez eux. Les jeunes doivent faire des bons parents de demain (éducateurs, attentionnés... en accordant aux parents la latitude d'offrir à leurs enfants des meilleurs conditions d'éducation et d'épanouissement), des bons époux, des bons voisins... · Intérêt clinique Les dommages psychiques liés à la consommation abusive d'alcool qu'ils soient aigus ou à long termes, allant des troubles aigus de personnalité et de l'humeur jusqu'à la dépendance, ont des répercussions sociales et sanitaire souvent très graves. La prévention de ces situations soulève un intérêt capital dans la préservation de la santé mentale et sociale de cette communauté. · Pronostics Sans aide, les victimes d'effets nocifs d'alcool à long ou à courts deviennent sujets à l'addiction et perdent les chances d'avoir une vie normale, ou se font du mal ou eux-mêmes ou à leur entourage, et sont susceptibles de tentatives de suicides. Chapitre deuxième : déroulement des conceptsLe Petit Larousse illustré (2017) définit l'impact comme un « effet produit par quelque chose ». C'est également le fait pour un corps, ou un projectile de venir frapper ou heurter un autre, et laissant des traces (conséquences) à l'endroit du choc. L'impact de la consommation abusive d'alcool dans notre étude, désigne alors les conséquences, les effets produits par l'abus d'alcool. Nous étudierons l'abus à long et à court terme. a) Histoire, origines de l'alcool L'alcool est tout composé organique oxygéné de formule ROH, où R est un groupement organique. C'est également toute boissons contenant de l'alcool (Le Petit Larousse illustré, 2017). Par ailleurs, l'alcool (éthylique) est un liquide incolore, C2H5OH, qui bout à 78°C et se solidifie à -112°C, obtenu par la distillation des jus sucrés fermentés (raisin, etc.) ou des matières amylacées (grains, fécules, etc.) transformées en glucose. Mais bien avant ces termes utilisés par Larousse pour définir l'alcool, le Dictionnaire Encyclopédique Quillet (1979) a défini l'alcool comme étant un « liquide incolore, mobile, de saveur brûlante, produit par la distillation de certains corps (vin, bois, grains, fruits, betterave, etc.), appelé autrefois esprit-de-vin, et maintenant alcool éthique. Dans beaucoup de pays, la principale source d'alcool est la fermentation alcoolique. Elle se fait en trois étapes (Voir annexe 1) : Ø L'obtention du moût sucré fermentescible : par hydrolyse des polyosides (saccharose du jus de la canne à sucre, de la betterave ; amidon de la pomme de terre et des céréales ; cellulose du coton et du bois), par actions des acides forts ou par un processus enzymatique ; Ø La fermentation du moût sucré, obtenue par l'ensemencement des moûts avec une levure sélectionnée, afin d'éviter les autres fermentations (butyrique, lactique, etc.) ; Ø La distillation du moût alcoolique, qui permet de séparer l'alcool éthylique de ses homologues supérieurs. Dans certains pays, on prépare aussi l'alcool éthylique industriellement par hydratation de l'éthylène provenant des gaz de cokeries ou des craquages des pétroles. L'alcool dit bon goût sert à préparer les boissons alcooliques. L'alcool industriel sert soit de solvant (industrie des vernis, des matières plastiques, etc.), soit d'intermédiaire dans la fabrication des nombreux produits chimiques (acide acétique, oxyde d'éthyle, chloroforme, etc.). En médecine, l'alcool est employé pour l'usage externe comme antiseptique ; l'alcool à 90°GL(Gay-Lussac) est un antiseptique très puissant. On le retrouve aussi à 70, 75 et 95°GL. D'autres parts l'alcool est une substance psychoactive qui a une propension connue à produire une dépendance chez l'homme et chez l'animal (OMS, 2007). Dès lors, les cellules du cerveau vont aussi fonctionner différemment. Mais pour d'autres comme le professeur Henri Joyeux (2021), l'alcool à dose modérée n'a que des qualités. ü Définition Le Petit Larousse illustré (2017) définit l'alcoolisme comme étant « un abus de boisson alcoolique, ou une maladie liée à un abus chronique des boissons alcooliques, avec dépendance à l'alcool » ; dans les années 1950, Pierre Fouquet décrit le malade alcoolique comme « celui qui a perdu la liberté de s'abstenir de boire ». Cette perte de contrôle s'accompagne généralement d'une dépendance physique caractérisée par un syndrome de sevrage à l'arrêt de la consommation (pharmacodépendance), une dépendance psychique, ainsi qu'une tolérance (nécessité d'augmenter les doses pour obtenir le même effet). L'usage sans dommage (appelé usage simple) précède l'usage à risque et l'usage nocif (sans dépendance), puis enfin la dépendance. L'alcool est une substance psychoactive à l'origine de cette dépendance mais elle est également une substance toxique induisant des effets néfastes sur la santé. L'alcoolo-dépendance est à l'origine de dommages physiques, psychiques et sociaux. Le médecin suédois Magnus Huss a été l'un des premiers en 1849 à situer l'alcoolisme dans le champ des maladies et à l'extraire de sa connotation de « vice ». Il l'introduit sous le terme « alcoolisme chronique ». Mais avec une consommation abusive continuelle, à terme, certaines cellules du cerveau vont aussi disparaître, c'est ce qu'on appelle la "perte de tissu cérébral". Elle s'observe clairement à partir d'une consommation journalière de 6 verres d'alcool et est due à la toxicité de l'alcool qui vient détruire les cellules cérébrales ou compromet les messages envoyés, et dont le résultat sur le comportement et les signes physiques sont variables en fonction de la zone et de l'influx nerveux compromis. D'où les classifications possibles de l'alcoolisme : CLASSIFICATIONS DE L'ALCOOLISME Classification de Jellinek (Jellinek cité dans Joy Moser 1914, p. 12) : ü Alcoolisme alpha : usage « indiscipliné » d'alcool visant à soulager une douleur « physique » ou « psychique » ; il correspond à une dépendance continuelle purement psychologique, mais l'abstention n'est pas très difficile, encore que certains faits sociaux puissent devenir apparents. ü Alcoolisme beta : atteinte physique due à la consommation d'alcool, en l'absence d'une dépendance physique ou psychique. ü Alcoolisme gamma : besoin obsédant d'alcool, perdre la maîtrise de soi et symptômes de sevrage (le « verre du matin », « les tremblements du matin »), il y a passage d'une dépendance psychologique à une dépendance physique et des modifications marquées du comportement. ü Alcoolisme delta : dépendance avec incapacité de s'abstenir de boire, plutôt que perte de la maîtrise de soi après avoir bu. ü Alcoolisme epsilon : alcoolisme périodique ou soulerie occasionnelle. A partir de 1978, l'alcoolisme est reconnu comme une maladie par l' Organisation mondiale de la santé ( CIM-10). L'OMS classe l'alcoolisme en deux types : la forme aiguë (l'alcoolisme aigu) et l'alcoolisme chronique correspondant à une consommation excessive régulière. 4. Consommation modérée et abusive d'alcool Les termes consommation modérée ou alcoolique découle des classifications de l'alcoolisme énumérées ci-haut. a) Consommation modérée (standard) d'alcool · Définition du verre standard D'après Educ'alcool (2019, p. 3) et Rethink your drink (2016), un verre standard correspond à : - Une bouteille de bière 340 ml (12 onces) à 5% - Un verre de vin de 120 ml (5 onces) - Un verre de spiritueux (whisky, vodka, pastis, rhum, liqueur, etc.) NB : un verre standard UIA = 10g d'alcool pur = 1 unité de verre ou d'alcool. La consommation modérée d'alcool est donc l'usage non problématique et non à risque d'alcool. b) Consommation abusive d'alcool ou à risque La consommation abusive ou à risque de l'alcool se définie par un dépassement des seuils de consommation décrits par unité de « verre standard consommé » rapportée à une échelle de temps exprimée soit en jour, soit en semaine : § Pour une femme : > 2 verres standard / jour, soit > 14 verres standard / semaine ; § Pour un homme : > 3 verres standard / jour, soit > 21 verres standard / semaine ; § Et > 4 verres standards par occasion (soirée, fête, repas). § Et au moins un jour par semaine sans alcool. En effet, après avoir indiqué : Une consommation d'alcool est dite « à risque » ou « dangereuse » pour la santé lorsqu'elle correspond à un niveau et/ou un mode de consommation susceptible d'induire des pathologies si ces habitudes persistent. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini le niveau moyen de consommation à risque comme étant de 20 à 40 g d'alcool par jour pour les femmes et de 40 à 60g par jour pour les hommes ». Une définition plus stricte en France de la consommation à risque d'alcool est adoptée (MINSS) : « En France, une consommation est considérée comme à risque pour la santé si elle dépasse 20g d'alcool par jour pour les femmes et 30 g par jour pour les hommes ». Plus récemment, l'HAS (2014) a proposé une liste des situations particulières majorant le risque de dommages qui reprend les cas précédemment énoncés et les complètent en précisant que :
Le dictionnaire médical avec atlas anatomique (2009) définit le psychisme comme étant l'ensemble des traits psychologiques caractéristiques d'un individu. Non loin de là, Arnaud Desjardins (1999) avait défini le psychisme comme un monde de conceptions, d'idées, d'émotions, de goûts et de références au passé. Le psychisme représente donc une partie de nous, liée à notre corps et qui dirige nos pensées, nos états mentaux, nos pulsions, et certaines de nos actions. Elle constitue la plus grande partie de notre identité psychologique. Au plan juridique, une société est une fiction légale conférant la personnalité juridique à une entité économique formée de plusieurs personnes qui mettent en commun des biens, des droits, des capitaux ou des services en vue d'un objet que leurs conventions déterminent. Dès lors, la portée sociale est l'impact qu'une action peut avoir sur la vie des personnes ou sur leurs biens. La portée sociale d'une consommation d'alcool serait donc l'ensembles des influences et effets qu'un individu pose de bien ou de mal en société. Dans cette étude, nous épousons la pensée du philosophe Michel Henry citépar Jean-François Lavigne dansCahiers philosophiques 2011/3 n°126 à la page 71, selon quoi, il désigne la vie d'un point de vue observable et expérimentable, comme ce qui possède l'intellection et le pouvoir « Vivre veut dire s'éprouver soi-même, dont se trouve au contraire dépourvu du toutce qui relève de la matière et plus généralement du «monde». ». Pour lui, la vie est particulièrement ce qui ressort de l'ordinaire de notre quotidien, ce que l'expérimente, ce que l'on sent et ressent. La vie revient à tester ses limites, expérimenter ses forces et ses aptitudes. Il convient pour ce qui existe de monter au monde son existence, la présence incontestable du moi. C'est pour cela qu'il ajoute dans Qu'est-ce que cela que nous appelons la vie ?« Dans le monde toute existence est aliénée, brisée, indifférente, opaque, contingente, absurde. ». C'est pourquoi le philosophe allemand Arthur Schopenhauer (1778-1860) a écrit « la vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui. » dans Le monde comme volonté et comme représentation (1966) traduit par Burdeau en 2008. Quant à lui, la vie a tout son sens, lorsqu'il est rempli ou bien parce qu'elle est remplie de d'incertitudes, de douleur, de pertes, d'effort de la part des hommes pour obtenir ce qui hélas leur est souvent très pénible ; survient alors l'ennui lorsqu'ils décident de se reposer. Au Cameroun, on est jeune entre 15 et 34 ans (BUCREP, 2011). La jeunesse constitue une phase de la vie intermédiaire entre l'enfance et l'adulte. En effet, 15 ans correspondent à l'âge de l'adolescence, de la puberté (plus précoce chez la fille). Tandis que l'OMS définit le jeune comme toute tranche d'âge qui part de 10 à 24 ans. II- Généralités sur le système nerveux Le système nerveux est ensemble organisé des neurones présidents aux fonctions de la vie de relation et aux fonctions végétatives (système nerveux végétatif : ensemble des structures nerveuses qui assurent le fonctionnement des organes). C'est également l'ensemble des nerfs, ganglions et centres nerveux qui assurent la coordination et la commande des fonctions vitales, de l'appareil locomoteur, réception des messages sensoriels et les fonctions psychiques et intellectuelles. La distinction entre système nerveux et système hormonal est quelquefois difficile, notamment à cause des neuro-hormones : ce sont des molécules produites par des neurones sous le contrôle d'impulsions nerveuses mais déversées dans le sang. Beaucoup de neuro-hormones sont produites dans l'hypothalamus et déversées dans le sang dans la neurohypophyse (Exemple : ocytocine, vasopressine...) ; et certaines de leurs fonctions semblent être similaires. a) Figure 1 : cellule nerveuse ou neurone. Les neurones La cellule nerveuse ou neurone est l'unité fondamentale, morphologique et fonctionnelle du système nerveux. Selon leur fonction on classe les neurones en trois catégories : - Les neurones moteurs (ou efférentes) conduisent les influx nerveux vers les muscles et les glandes. - Les neurones sensitifs (ou afférentes) transmettent les messages provenant des récepteurs sensoriels vers le système nerveux. - Les neurones d'associations (o interneurones) joignent deux autres neurones et représente 90% de tous les neurones du corps humain. Selon leur structure on a : - Les neurones multipolaires : les plus nombreux e possédant des multiples dendrites et un axone. Ce sont essentiellement des neurones moteurs et de interneurones ; - Les neurones bipolaires : sont dotées de deux prolongements ; - Les neurones unipolaires : sont toujours des neurones sensitifs et ont prolongement unique qui se divise en branches. b) Transmission des messages (influx) nerveux Au bout des axones, il y a de petites protubérances appelées terminaux synaptiques. Entre eux s'étend un espace infime que l'on appelle synapse. La synapse est l'endroit précis où le signal passe d'une cellule à l'autre. Pour acheminer ce signal à travers l'espace étroit de la synapse, le terminal synaptique d'un neurone va le plus souvent utiliser une substance qu'il stockait jusqu'alors dans de petites vésicules, et la libérer dans l'espace qui le sépare des dendrites du neurone voisin. Cette substance s'appelle un neurotransmetteur. Le neurotransmetteur n'est rien d'autre qu'un messager chimique. Il attend dans ses vésicules qu'une impulsion électrique, après avoir parcouru l'axone, le propulse de l'autre côté de l'espace synaptique. Il traverse alors la petite distance qui le sépare de la paroi d'une dendrite. Là, il est capté par des logements spéciaux ménagés sur la surface de la dendrite, qu'on appelle récepteurs. L'arrivée du neurotransmetteur dans les récepteurs déclenche une série de réactions biochimiques qui donne naissance à un signal électrique (François, 2008). Ainsi se propagent les signaux qui permettent la vie. c) Les sous-ensembles du système nerveux Le système nerveux est divisé en système nerveux cérébro-spinal ou système de la vie de relation et système nerveux végétatif. Ø Le système nerveux cérébro-spinal ou système de la vie de relation. La vie de relation est l'ensemble des actes qui nous mettent en rapport avec le monde extérieur. Le système nerveux cérébro-spinal présidera donc à nos relations avec le monde extérieur et nous permettra de : penser, agir, entendre, voir, sentir, etc. on l'appelle aussi système volontaire, car il agit sous l'influence de notre volonté. Ø Système nerveux cérébro-spinal Système-nerveux Périphérique Périphérique Système-nerveux Central Nerfs Périphériques Centre nerveux + voies d'associations Rachidiens Crâniens Encéphale Moelle épinière Figure 2 : sous-ensemble du système nerveux cérébro-spinal. Le système nerveux végétatif qui dirige notre vie végétative. On appelle vie végétative l'ensemble des phénomènes nécessaire à l'entretien de la vie. C'est donc le système végétatif qui maintiendra constant notre milieu intérieur, qui assurera le fonctionnement de nos glandes, de nos viscères, etc. le système nerveux végétatif est involontaire : il est en effet soustrait à l'influence de notre volonté, aussi est-il appelé également système nerveux autonome. 2. Le système (ou circuit) de récompense Le circuit de la récompense est un ensemble de zones dans le cerveau qui sont impliquées dans des sensations agréables suite à des actions ou des interactions de notre environnement (Naassila, sd.). Ce circuit de la récompense a d'abord été défini à l'aide de certaines expériences chez le rat (Pessiglione, 2014). On applique alors ces théories à l'humain en utilisant une coupe sagittale de cerveau humain, qui va de l'avant à gauche àl'arrière à droite. On voit ici un cerveau comme si on l'avait coupé en deux en passant par le nez. Quand ces conduites sont activées, ils procurent des sensations de plaisir (la récompense) par la voie dopaminergique dite méso-corticolimbique : des neurones à dopamine - dits dopaminergiques - situés dans l'aire tegmentale ventrale (dans le tronc cérébral) se projettent dans le noyau accumbens, où est libérée de la dopamine - le neuromédiateur du plaisir. Cette libération de dopamine dans le noyau accumbens (et plus précisément dans le striatum ventral) est commune à tous les agents et à toutes les circonstances suscitant un sentiment de plaisir. En agissant directement sur le système de récompense du cerveau, l'alcool produirait un puissant signal de récompense qu'aucun autre signal de récompense naturelle (sexe, nourriture) n'égalerait (Nassila, sd). Figure 3 : Les aires impliquées dans le système de la récompense Les principales aires impliquées dans le système de la récompense sont : l'aire tegmentale ventrale et le noyau accumbens, relié au septum, à l'amygdale cérébrale, à l'hypothalamus, à l'hippocampe et au cortex préfrontal. Les neurones qui libèrent de la dopamine et dont les corps cellulaires sont dans l'aire tegmentale ventrale se projettent dans le noyau accumbens, l'amygdale cérébrale et le cortex préfrontal (a, les flèches vertes). Normalement, ces neurones dopaminergiques sont activés par des signaux agréables. Ils émettent un signal aboutissant à la libération de dopamine dans la synapse qui le relie au neurone suivant. Cette libé- ration de dopamine est contrôlée par des neurones inhibiteurs GABAergiques (b). En présence d'alcool, les neurones dopaminergiques sont suractivés, de sorte qu'ils libèrent davantage de dopamine. Un autre phénomène renforce cette production : l'alcool favorise la libération de substances opioïdes endogènes (des molécules analogues aux opiacés) qui ont des récepteurs sur les neurones GABAergiques. Quand ils se fixent, ils activent ces neurones qui cessent d'exercer leur action inhibitrice sur les neurones dopaminergiques (c). 1- L'action de l'alcool sur le système nerveux central · L'alcool est une substance anesthésiante qui agit donc comme narcotique sur les cellules du cerveau, ce qui a pour effet un ralentissement de la communication entre les neurones. De plus, les cellules du cerveau vont aussi fonctionner différemment. A terme, certaines cellules du cerveau vont aussi disparaître, c'est ce qu'on appelle la « perte de tissu cérébral ». De ce fait, le volume du cerveau rétrécit quand on consomme de l'alcool avec excès pendant des années. Le volume du cerveau peut ainsi diminuer de 10 à 15 % chez les très gros buveurs après 10 à 15 ans. · L'alcool agit considérablement sur le cortex frontal (partie frontale du cerveau). Or, celui-ci commande la maîtrise de soi et le comportement en société, ainsi que les actions ciblées, le raisonnement et la résolution de problèmes. Les dommages causés au cortex frontal entraînent donc une baisse des capacités intellectuelles. Par ailleurs, une moins bonne maîtrise de soi accentue les risques de réactions impulsives et réduit l'action de freins naturels (par ex. pour stopper l'envie de boire). Et les souvenirs ne passent plus non plus de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme, à cause, entre autres, de l'action de l'alcool sur l'hippocampe. Ce sont les black-out. Le fonctionnement de la mémoire subit souvent de plein fouet les effets d'une consommation de longue durée. · L'action de l'alcool sur le cervelet (petit cerveau, situé à l'arrière du crâne) entraîne des troubles au niveau de la motricité, de la coordination et de l'équilibre. C'est déjà notable chez quelqu'un qui a bu beaucoup une seule fois. Une consommation excessive d'alcool de longue durée peut causer des dommages permanents au cerveau. · La moelle qui se trouve dans le tronc cérébral commande un certain nombre de fonctions autonomes comme la respiration et les pulsations cardiaques. La personne peut tomber dans le coma, voire décéder, si cette partie du cerveau est anesthésiée sous l'effet de l'alcool. Ce risque concerne surtout les binge drinkers qui consomment de grandes quantités d'alcool en un temps record. · L'hypophyse est une glande située au centre de la tête, sous le cerveau. L'hypophyse commande certaines hormones dont l'hormone de croissance. En agissant sur cette glande, l'alcool peut entraîner des anomalies de croissance chez les jeunes qui en consomment trop. · Le cerveau se développe jusqu'à ce qu'on ait atteint l'âge de 23 ans environ. Il est particulièrement sensible aux substances toxiques jusqu'à cet âge. C'est pourquoi le fait de boire trop jeune peut causer des dommages irréversibles qui réduisent les capacités mentales, la mémoire et la maîtrise de soi. En effet, l'abus chronique peut conduire à de graves lésions cérébrales pouvant aller jusqu'au déclin de certaines facultés mentales. En sont responsables, l'effet de l'alcool, de même qu'une malnutrition, fréquente parmi les personnes qui souffrent de dépendance sévère à l'alcool. Quand une personne consomme de l'alcool, celui-ci commence immédiatement à passer dans le sang. Une petite partie passe directement par la muqueuse buccale et par l'oesophage. Un quart environ de l'alcool passe dans le sang après assimilation par l'estomac et le restant par les intestins, principalement l'intestin grêle (addiction suisse, 2011. p. 2). L'assimilation de l'alcool par le corps est plus ou moins rapide. Les facteurs suivants accélèrent le passage de l'alcool dans le sang : 3- Mécanisme de l'intoxication alcoolique L'alcool a des effets directs sur la "fluidité" de la membrane neuronale : en cas de prise aiguë, la membrane devient "hyper fluide" - en cas de prise chronique, la membrane devient "hyper rigide" (rôle du cholestérol). L'alcool se lie à de nombreux récepteurs du système nerveux central comme les récepteurs glutamatergiques NMDA, les récepteurs GABAA, les récepteurs sérotoninergiques et nicotiniques. Il joue un rôle dans l'augmentation de la libération de la dopamine dans le système méso cortico limbique. Ø La prise aiguë d'alcool entraine une diminution de la transmission glutamatergique (récepteurs NMDA au glutamate - acide aminé excitateur) et une potentialisation de la réponse GABAergique (récepteurs GABAA). Les effets sont dépresseurs du système nerveux central - ce qui explique les pertes d'équilibre (par effets de l'alcool sur les neurones du cervelet) et la survenue d'un possible "coma" éthylique. La prise aiguë d'alcool facilite l'endormissement et augmente la quantité de sommeil lent profond mais retarde l'apparition du sommeil paradoxal, qui est alors très fragmenté par les éveils ou le stade 1 de sommeil lent léger, la fragmentation étant très importante en fin de nuit. La consommation d'alcool favorise, entre autres, la survenue de ronflements et d'apnées dans le sommeil. Ø La prise chronique d'alcool entraîne une "hypersensibilité" des récepteurs glutamatergiques (récepteurs NMDA au glutamate, acide aminé excitateur - effet neurotoxique) et une "désensibilisation" des récepteurs GABAergiques (récepteurs GABAA). Les effets sont alors préférentiellement excitateurs et neurotoxiques - ce qui explique les effets délétères sur le comportement (tremblements, crises d'épilepsie, délirium tremens) qui peuvent être observés lors d'un sevrage brutal. Dans l'alcoolisme chronique, le sommeil est profondément désorganisé ; il est fragmenté par de nombreux éveils et ne contient plus de stade 4 de sommeil lent profond ; le sommeil paradoxal reste très instable. |
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