3-2-5- Les teneurs d'azote, de phosphore et la
granulométrie du sol
Les moyennes des teneurs en azote sont plus fortes dans les
forêts adultes que dans les forêts secondaires. Elles sont de
0,62#177;0,54 % dans la forêt inondée à Guibourtia et de
0,36#177;0,15 % dans la forêt inondable à Lophira et faibles dans
la forêt secondaire à Musanga. Cette augmentation du taux d'azote
dans ces types de forêts est due certainement par la présence des
espèces forestières appartenant à la famille des
Légumineuses ou Fabaceae. L'analyse floristique de cette même
étude révèle que, l'espèce Guibourtia demeusei
(Fabaceae-Caesalpinioideae) est la plus dominante et abondante dans la
forêt à Guibourtia. Dans la forêt inondable, on observe
l'abondance de l'espèce Dialium pachyphyllum
(Fabaceae-Caesalpinioideae). En revanche, dans les sols forestiers
naturels, la teneur en azote est plus élevée. La composition
chimique de l'azote organique du sol dépend fortement des sources
d'origine, du type de sol et des pratiques agricoles. Simon (2014) stipule que,
certains arbres ne se limitent pas qu'aux symbioses mycorhiziennes. Leurs
racines forment des renflements, appelés nodosités, qui peuvent
mesurer quelques millimètres à plusieurs centimètres. Ces
nodosités sont peuplées de bactéries qui fixent l'azote
atmosphérique en une forme organique assimilable par l'arbre.
Le taux de phosphore le plus élevé est obtenu
dans la FAL (0,06#177;0,04 %) et la FAG (0,04#177;0,01 %) et moins faible dans
les forêts secondaires. Cette différence est due certainement par
les activités anthropiques de ces forêts. Harrison (1987) montre
que le phosphore varie selon les sols et leur type d'utilisation. La mise en
culture des sols et l'apport de fertilisants augmentent les pertes en phosphore
quand les conditions hydrologiques sont favorables (Haygarth et Jarvis, 1999).
La proportion du phosphore dans le sol varie au cours de la
pédogenèse. Elle est très faible lorsque la roche
mère commence à s'altérer, puis au fur et à mesure
que le sol se développe elle prend de plus en plus de l'importance pour
atteindre un maximum et diminuer enfin dans les sols très fortement
altérés (Syers et Curtin, 1989). Sur des échelles de temps
plus courtes, le phosphore diminue lorsqu'un sol est mis en culture sans apport
d'engrais phosphaté, mais il augmente lorsque le sol reçoit des
quantités importantes de matières organiques sur de longue
périodes et quand le sol cultivé retourne sous forme de prairie
ou de jachère (Condron et al., 1990 ; Dalal, 1977). Williams et
Anderson (1968) montrent que la concentration en phosphore augmente lorsque la
matière organique s'accumule dans les sols et diminue lorsque les sols
sont mis en culture. Une bonne teneur en phosphore favorise la division
racinaire (Simon, 2014). Cependant, une carence en phosphore favorise une
diminution de la photosynthèse (Rausch et Bucher, 2002).
45
Les teneurs en carbone sont plus élevées dans
les forêts adultes que dans les forêts secondaires. Pour Batjes
(1996), une grande variation des teneurs en carbone organique relativement aux
types de sol. La teneur du sol en carbone dépend des principaux facteurs
à long terme de la formation du sol, mais elle peut être fortement
modifiée, dégradée ou améliorée par les
changements d'utilisation du sol et la gestion du sol (FAO, 2002).
L'analyse des résultats de cette étude montre
que les teneurs moyennes en argile sont plus élevées dans la FAC
(0,91#177;0,39 %) et de la FAL (0,67#177;0,52 %) et moins élevées
dans la FAG (0,37#177;0,40 %). Les teneurs moyennes en limon les plus
élev ées sont obtenues dans la FSMu (4,14#177;3,82 %) et moins
élevées dans la FAG et dans la FSMa. Par contre, les teneurs en
sable sont plus élevées dans la FSMa (8,80#177;0,86 %) et
à FSMu (8,08#177;2,41 %). Les études de Volkoff et al.
(1999) ; Banville (2009) ont permis de constater que les stocks de carbone les
plus bas correspondent toujours aux classes texturales les plus sableuses. Ce
qui correspond bien avec nos résultats du carbone du sol dont les stocks
les plus bas sont obtenus dans les forêts secondaires. L'analyse de ces
teneurs en azote, en phosphore et en carbone montre bien la différence
entre les forêts adultes et les forêts secondaires.
|