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Organisation du transport dans la ville de Bouake.


par Bi Kalou Didier KALOU
Université Alassane Ouattara - Master Géographie Humaine  2013
  

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3-2 LES MINI-CARS « GBAKAS », AUTRES ANCIENS MOYENS DE TRANSPORT COLLECTIF A BOUAKE

Les minicars dénommés « gbakas » sont des véhicules le plus souvent usagés d'une capacité de charge de 18 places, 22 places et de 32 places assurant le transport urbain de passagers. Dans les cas de Bouaké, les gbakas ont presque tous 18 places assises. L'utilisation des « gbakas » dans le transport urbain de la ville de Bouaké est relativement récente par rapport aux taxis collectifs. L'initiative des gbakas, copiée sur le modèle Abidjanais, a été pour compenser les effets de la crise des taxis qui n'arrivait plus à répondre aux besoins sans cesse grandissants des populations. La première ligne de gbakas initiée à la demande de la mairie remonte à 1979. Il s'agissait de la ligne Dar-es-Salam?Marché et facturée à l'époque à 50 F CFA le trajet. Cette ligne visait à relier un quartier rejeté, car les taxis urbains, les seuls moyens de transports collectifs de la ville à cette époque s'y rendaient rarement et y pratiquaient des tarifs jugés hors de la portée des habitants de ce quartier, peuplé majoritairement d'une population de classe sociale modeste.

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Très vite, les « gbakas » connaissent un succès remarquable, à cause du développement spatial et démographique de la ville. C'est dans cette dynamique de succès que sont créées successivement plusieurs autres lignes, notamment: les lignes d'Ahougnassou, de Broukro et même des quartiers considérés comme bien structurés qui sont entre autre ; Air-France (cette ligne va très vite disparaître) etc.

Ainsi, les gbakas jouent un rôle discret et efficace dans la topologie sociale de la ville. Ils favorisent et maximisent l'interaction sociale, consolident les traditionnels circuits de transport et participent à l'animation de la vie de la cité. Les « gbakas » deviennent alors des canaux incontournables dans la circulation des hommes, des biens, des informations et des flux financiers à toutes les échelles de l'espace urbain de Bouaké.

La symbiose hommes/espace qui s'est accompagnée d'un état d'esprit dont l'expression marque un enracinement culturel des populations, peut être portée au crédit des « gbakas », considérés comme un moyen de transport de masse. Grâce aux liaisons de masse qu'ils effectuent dans le périmètre urbain, mais aussi les liaisons entre la ville et les villages périphériques.

3-2-1 Organisation spatio-fonctionnelle des gbakas de Bouaké

Dans son évolution, les gbakas vont adopter une organisation et un fonctionnement propre à eux. Ce faisant, ils veulent être plus proches des populations, surtout des couches économiquement faibles. Mais aussi desservir des quartiers périphériques marginalisés par les taxis collectifs pour raison d'éloignement et de voirie presque impraticable. Ils apportent ainsi une contribution significative au façonnement du paysage urbain de Bouaké. Le processus d'urbanisation accélérée des quartiers villageois intégrés dans la ville entraine la création ex nihilo de quartiers périphériques dont leur ravitaillement au quotidien à montrer la capacité d'adaptation des gbakas. C'est à eux que l'on doit l'intégration rapide de ces nouveaux quartiers dans la vie économique et sociale de la ville (ravitaillement des marchés, offre de logement, demande de produits et services urbains, échanges communautaire. . .).

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3-2-1-1 La gestion des gares et lignes de gbakas

La configuration du réseau des « gbakas » va connaître des changements au fil du temps. Des 13 lignes qu'il était constitué, ce réseau ne compte aujourd'hui que 9 lignes de « gbakas » qui structurent l'espace urbain de Bouaké. En effet, certaines lignes ont été supprimées (trois), d'autres fusionnées à d'autres lignes (deux). La ligne de Kouassi-Blékro (Idessa), a été intégrée à celle de Belleville et celle d'Odienné-Krouani, à la ligne quartier zone. La suppression des trois autres lignes (N'Gattakro, Air-France et Piscine) remonterait dans les années 1998. Toutes ces suppressions et fusion seraient liée à plusieurs raisons, notamment; la non rentabilité des lignes. Ainsi, avec l'arrêt momentané de leur activité (2002 à 2007), les gbakas ont repris avec 8 anciennes lignes. Mais depuis la fin de 2013, on note l'ouverture d'une nouvelle ligne, celle d'Assekro (Tableau13).

Tableau n°13 : Répartition des gbakas par ligne

Gares

Lignes

Nombre de gbakas

Nombre de places assises

Grande gare

Ahougnassou- N'dakro

45

810

Beaufort

15

270

Broukro

15

270

Gonfreville

30

540

Tiérêkro

25

450

Zone- Odienné krouani

20

360

Gare immeuble Dougouba

Dar es Salam

55

990

Gare Etat civil

Belleville-Oliénou

35

630

Gare immeuble Harmattan

Assekro

02

36

 

Total

242

4356

Source: Nos enquêtes personnelles, 2014

Au niveau des gares, contrairement aux taxis-ville, les gbakas ont des lignes et gares fixes, nous en dénombrons quatre (Carte 5). La gestion de ces gares paraît uniforme, bien que chaque gare à sa propre réalité quotidienne. Ainsi, quel que soit la gare, le chef et son adjoint s'occupent de la coordination des activités. Ils reçoivent et gèrent les sommes (tickets de chargement vendus à 100 F CFA par voyage) que les chefs de lignes collectent auprès des chauffeurs. Ces sommes sont destinées aux règlements des différents problèmes socioprofessionnels auxquels seront confrontés tous les agents (les responsables syndicaux et les chauffeurs). Quant aux chefs de lignes, ils sont repartis selon les différentes lignes. Chaque

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chef de ligne veille au bon fonctionnement de l'activité sur sa ligne. C'est-à-dire qu'il vend les tickets de stationnement et gère les différents départs.

À partir de ces gares, les distances parcourues par les « gbakas » s'inscrivent dans une fourchette de 11 km (zone industrielle ouest) à 4 km (Beaufort) et le temps moyen des courses est de 20 à 30 minutes pour une distance moyenne de 7 km environ (ALOKO, 2001). Aussi, les rues, mal ou pas entretenues des quartiers périphériques, entraine des problèmes d'accessibilité de ces quartiers, habités souvent par des couches sociales défavorisées de la ville de Bouaké.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams