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La guerre en Syrie et le jeu de pouvoir de la Russie.


par Pape Ousmane THIAW
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 en sciences politiques 2018
  

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Paragraphe 2 : Vers une acceptation de la responsabilité occidentale dans l'instabilité au Proche et Moyen-Orient

Avec son retour au-devant de la scène internationale, un des premiers objectifs de la Russie est de se placer comme étant le réparateur des multiples « erreurs » des puissances occidentales. Avant le début de son intervention en Syrie, le discours du président Vladimir Poutine à ce sujet a été très clair : « les occidentaux avaient une responsabilité écrasante dans l'instabilité actuelle au Proche et Moyen-Orient et ne semblent pas vouloir en tirer toutes les leçons en témoigne leur obstination à réclamer le départ de Bachar Al Assad... ». Il estime surtout que ce l'on peut appeler « exportation des révolutions démocratiques » se poursuivait.

La position de la Russie sur le dossier du Proche et du Moyen-Orient est alors toute claire : pour qu'on puisse arrêter le désastre qui sévit dans la région, il faut que les Occidentaux acceptent leur part de responsabilité dans cette situation. L'histoire lui donne raison, car, selon les propos de Poutine « l'intervention extérieure agressive a entrainé, au lieu de réformes, la destruction pure et simple des institutions étatiques et du mode de vie lui-même dans les pays concernés (Irak, Libye, Syrie, etc.)62(*)». Pendant son discours à la tribune des Nations Unies, Poutine a tenu préciser les origines de l'État islamique qui, selonlui, aurait été choyé dans un premier temps par les occidentaux, car il représentait un instrument de lutte contreles régimes laïques indésirables.

Toutefois, le président russe propose, à travers ce discours, la constitution d'une large coalition antiterroriste internationale de même que l'élaboration d'une stratégie globale visant à stabiliser le pays et rétablir l'équilibre socioéconomique. Au nom de l'intérêt commun, les dirigeants russes entendent aussi pousser les Occidentaux à arrondir les angles vis-à-vis de la Russie. Enfin, le Vladimir Poutine mentionne la question des migrants syriens à laquelle il faudrait une coopération multilatérale afin de trouver une solution.

À travers cette démarche du président russe, le pays espère pouvoir collaborer véritablement avec les puissances occidentales et surtout installer un climat de confiance. Le Kremlin espère aussi obtenir un assouplissement des sanctions imposées à la Russie63(*). D'ailleurs, il faut noter que, dans plusieurs pays occidentaux, ces sanctions commencent à lasser. En ce sens, plusieurs dirigeants occidentaux se sont rendus en Russie depuis 2015 (François Hollande, Angela Merkel, Emmanuel Macron, Ségolène Royal, des parlementaires français, etc.) afin d'établir des relations diplomatiques durables avec le pays. Le chef du gouvernement italien, Matéo Renzi, après plusieurs visites en Russie, déclarait : « bâtir l'Europe sans la Russie serait une erreur ».

Au regard de ces multiples gestes des dirigeants européens, on peut dire que les Occidentaux sont en train d'adopter une position différente par rapport à la Russie. Le Kremlin entend naturellement surfer sur cette vague positive afin de faire valoir les bienfaits de son intervention dans le conflit en Syrie, surtout dans un contexte où l'opinion publique internationale considère l'État islamique comme le premier ennemi à abattre. Dès lors, l'hypothèse selon laquelle la Russie est intervenue en Syrie pour faire oublier la situation en Ukraine semble être justifiée.

Un nouveau vent souffle alors dans la guerre en Syrie et l'hypothèse la plus plausible reste le fait qu'il faudrait que la Syrie et les États-Unis s'entendent sur le sort de Bachar Al Assad avant d'envisager toute solution politique à la guerre en Syrie64(*). Mais avec l'évolution du conflit, on est encore loin de cette hypothèse, car la nouvelle administration de Donald Trump reste plus que jamais imprévisible.

Cependant, la Russie a réussi à obtenir ce qu'elle voulait : faire progresser son influence au Moyen et Proche-Orient tout en desserrant les sanctions des puissances occidentales qui sont une résultante de la situation politique en Ukraine. Pour cela, elle a dû sacrifier un principe auquel elle s'est largement appuyée pendant plusieurs années pour justifier sa non-intervention dans plusieurs théâtres de conflit : le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres États. Autant dire, alors, que toute guerre est une continuation de la politique par d'autres moyens.

* 62 Extrait du discours de Vladimir Poutine lors du 70e anniversaire de l'Organisation des Nations Unies le 29 septembre 2015, soit 1 jour avant le début de l'intervention militaire russe en Syrie.

* 63 Voir le rapport 2016 de l'observatoire Franco-russe dirigée par Arnaud Dubien.

* 64 Voir l'article d'Alon Ben-Meir dans le Huffingtonpost du 7 février 2014.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault