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La guerre en Syrie et le jeu de pouvoir de la Russie.


par Pape Ousmane THIAW
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 en sciences politiques 2018
  

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SECTION 2 : UNE INFLUENCE RUSSE DÉTERMINANTE DANS LA RECHERCHE D'UNE SOLUTION A LA CRISE

Le 02 aout 2012, Koffi Annan, ancien Secrétaire général de l'ONU et envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue Arabe dans la crise syrienne, présentait sa démission, n'étant pas parvenu à mettre en oeuvre le plan de paix qu'il avait proposé en Mars. Après 5 mois d'efforts, il avait décidé de jeter l'éponge en invoquant les « divisions au sein de la communauté internationale » qui ont « compliqué ses devoirs ». En 2017, les divisions sur le dossier Syrie sont toujours aussi nombreuses et une issue à cette guerre ne saurait être trouvée tout en ignorant l'influence de certains acteurs dans la région.

En ce qui concerne la Russie, son intervention dans la crise syrienne est une forme d'affirmation de sa légitimité et une véritable continuité dans sa politique étrangère (Paragraphe 1). Dès lors, on se dirige vers une réelle acceptation de la responsabilité occidentale dans l'instabilité au Proche et Moyen-Orient (Paragraphe 2). Ce qui n'était pas le cas jusque-là.

Paragraphe 1 : Une relative continuité dans la politique étrangère de la Russie

Refus de toute ingérence dans les affaires intérieures d'un État, quête de puissance et crainte de la propagation de l'islamisme politique, voici les 3 principes qui guident l'action de la Russie sur la scène internationale. Dans le conflit syrien, ces 3 principes font que la Russie est un acteur incontournable dans la recherche d'une solution au conflit. Cependant, force est de constater que le principe de non-ingérence a été délaissée au profit d'une intervention militaire qui est loin d'être neutre.

Mais avant tout, il faut souligner le fait que la Russie cherche en particulier la parité avec les États-Unis. En effet, une bonne partie de l'élite de la Russie reste particulièrement anti-américain. À travers la crainte de l'érosion progressive de son statut de puissance au Proche et Moyen-Orient, la Russie s'appuie particulièrement sur la carte syrienne. Son intervention en Syrie est alors une manière de tenir tête à l'administration américaine et surtout à prendre leur revanche par rapport au conflit libyen. Ils estiment que le printemps arabe est un « complot » ourdi par les dynasties sunnites du golf avec l'accord du département d'État américain. Si l'on sait que les élections russes en 2012 ont été particulièrement difficiles, il était quasi-impensable d'adopter une position qui pourrait légitimer le changement de régime en Syrie.

Rappelons aussi que le fait de contenir tout militantisme islamique a toujours été l'un des principaux motifs d'intervention de la Russie au Moyen-Orient. Pour la plupart des élites russes, dont la grande majorité est issue des services de sécurité, le terrorisme d'origine islamique est une résultante de la guerre contre les Moudjahidines durant les années 80. Sur le dossier syrien, les Russes sont convaincus qu'un changement de régime servira de terreau fertile à l'extrémisme religieux et le sentiment anti russe va davantage se propager dans la région60(*). D'ailleurs, sur ce point, on peut noter que la Russie tente de trouver un certain équilibre entre sa politique intérieure et sa politique étrangère. Les évènements au Moyen-Orient ont, en effet, des répercussions certaines en Russie, car sa partie islamique fait partie intégrante du monde musulman.

Les autres motifs mis en avant dans l'intervention russe en Syrie restent assez surestimés, notamment le partenariat de défense entre la Russie et la Syrie. Cependant, on se rend compte que les armes les plus sophistiquées n'ont jamais été livrées au régime syrien de peur de menacer directement l'occident et surtout Israël.

Si l'on sait que cette position de la Russie par rapport à la guerre en Syrie répond parfaitement, ou presque, aux grandes lignes de sa politique étrangère, l'objectif des dirigeants russes reste le fait de rendre inacceptable, voire dangereux, le changement de régime en Syrie aux yeux de l'occident. Jusque-là, bien que les capacités russes à orchestrer une réelle transition politique ne convainquent pas tous les acteurs, elle apparait toutefois comme étant la seule alternative au conflit. Depuis 2011, le Président Poutine prône la transposition de la « solution yéménite »au conflit syrien61(*).

À travers cette solution, les Russes veulent éviter une dé-baassification du régime et surtout préserver l'unité d'une armée qui le garant de l'intégrité territoriale du pays. En ce sens, la Russie prône un dialogue avec les généraux qui n'ont pas été directement impliqués dans le conflit.

Enfin, l'objectif russe est de faire en sorte que l'Iran soit aussi reconnu comme une puissance dans la région. Ce qui fait renaitre l'hypothèse selon laquelle l'axe Moscou-Téhéran-Damas était en train de se dessiner.

À travers cette partie, on peut dire que la Russie est en position de force sur le conflit syrien. Seulement 2 ans après le début de son intervention sur le terrain, le président Poutine est parvenu à imposer, plus ou moins, sa volonté aux Occidentaux et à leurs alliés. La prochaine étape est toute tracée et va consister à faire accepter aux occidentaux leur responsabilité dans la situation politique au Proche et Moyen-Orient.

* 60NOCETTI Julien, « Russie : quelle lecture de la crise syrienne ? », Diplomatie, 2015.

* 61Il s'agit d'une solution consistant à imposer une transition concertée entre les différentes parties sans que l'on aboutisse à un effondrement des institutions étatiques tout en offrant une porte de sortie à la famille du chef de l'État.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault