CONCLUSION
Le conflit syrien est une suite logique du vent
révolutionnaire qui a semé le trouble dans plusieurs pays du
monde arabe. C'est une guerre qui est une résultante de plusieurs
frustrations politiques et sociales que les Syriens ont vécue depuis
plusieurs dizaines d'années. À cela s'ajoute des enjeux
régionaux et internationaux, notamment le besoin de changement de
régime en Syrie, longtemps voulu et envisagé par les voisins pays
tels que l'Arabie Saoudite de même que les puissances occidentales. Si le
conflit a acquis une dimension régionale, puis internationale en
seulement quelques mois, c'est sans doute parce que les différents
protagonistes ont été soutenus par des camps divers et aux
intérêts parfois incompatibles sur le terrain. Dès lors, la
Syrie est devenue le terrain de jeu favori des groupes terroristes, des
puissances cherchant à avoir le contrôle de la zone et des Russes
qui cherchent à contrer l'influence occidentale dans le Moyen-Orient.
A partir de 2015, la guerre en Syrie a pris une nouvelle
tournure avec l'entrée en matière de la Russie. En tant que
puissance militaire dominante, juste après les Etats-Unis, son
intervention a été de nature à changer profondément
la donne sur le terrain. Un moment mises en difficultés par les rebelles
syriens et les combattants de Daesh, les forces du régime syrien sont
parvenus à reconquérir plusieurs territoires perdus. De plus,
avec l'ambigüité de la position occidentale les forces loyalistes
au Régime de Damas ont remporté de précieuses victoires
aux alentours d'Alep et de Damas avec le soutien de la force aérienne
Russe.
Evoqué dans l'introduction, la perspective d'un
affrontement global en Syrie semble improbable bien que des spécialistes
comme Bertrand Badie ait pu le penser en un moment donné. Cependant,
rien est figé dans le temps et le développement de
l'idéologie d'Alexandre Douguine au sein de l'élite
intellectuelle russe pourrait nous réserver quelques surprises à
l'avenir. Pour le moment, la Russie s'est invitée aussi bien à la
table des négociations que dans la bataille militaire avec, cette
fois-ci, un réel succès devant l'opinion internationale.
D'ailleurs, celle-ci joue un rôle important dans la guerre en Syrie.
Aujourd'hui, on peut dire que le conflit syrien est celui
où les enjeux sont les plus importants dans le monde. Pour le camp
occidental et ses alliés, l'objectif est de faire avancer leur agenda
géopolitique dans la zone et ceci passe forcément par le
renversement, du moins le départ du régime baasiste. D'abord
réticents à intervenir dans le conflit, des pays comme la France
et les États-Unis ont finalement décidé de se ranger du
côté du « peuple » syrien en bombardant les
positions de l'armée du régime afin de permettre aux rebelles
d'avancer sur le terrain. Cependant, leur position est largement
critiquée par l'opinion internationale qui estime qu'il n'existe pas
vraiment de distinction entre factions rebelles et terroristes. Par
conséquent, en soutenant les rebelles contre les forces du
régime, c'est un peu comme s'ils faisaient de même pour les
groupes terroristes. Ce qui pose un débat d'éthique, de logique
et de responsabilité de la part de puissances qui prétendent
lutter contre le terrorisme. Pire, elles sont les premières victimes
d'attaques terroristes qui se revendiquent de l'État islamique,
opérant principalement en Syrie et en Irak.
Pour l'intervention de la Russie dans le conflit syrien est
tout sauf une démarche irréfléchie. Il s'agit d'une
« politique par d'autres moyens » de la part d'un pays
cherchant à retrouver son statut de puissance mondiale. En effet, le
pays se réclame comme étant l'héritier de l'ancienne
puissance soviétique, mais dans les faits, on devine aisément
qu'il n'a pas la même puissance militaire et financière que
l'URSS. Cependant, le président Poutine, sans doute nostalgique des
années de la guerre froide durant lesquelles il était agent des
services de renseignement russes, entend redonner à son pays toute sa
grandeur y compris au Proche-Orient, sa zone géographique
immédiate. La capitale de la Syrie, Damas, se trouve à moins de 4
h de vol de Moscou et la Russie entend étendre son influence
politico-militaire dans une zone où les américains et les forces
de l'OTAN n'ont que trop duré. De plus, le régime baasiste est un
allié historique de la Russie avec laquelle elle a longtemps
partagé la même vision du monde et les mêmes
intérêts géostratégiques. Aujourd'hui, c'est comme
si un pays ami vole au secours d'un autre qui s'enlise dans un conflit interne
aux relents internationaux. Mais analyser ainsi l'intervention russe en Syrie
serait très simpliste dans un environnement international où tout
angélisme politique est à exclure a priori. Les
intérêts russes dans ce conflit sont politiques, puis
économiques et enfin géostratégiques. Pour
résumer la situation, on peut dire que la Russie ne peut tout simplement
pas laisser une zone si proche être totalement détruite et
dominée par des puissances étrangères. Ce qui serait une
menace à la fois pour sa sécurité et pour son prestige
politico-diplomatique.
Dès lors, depuis l'automne 2015, la Russie est
officiellement engagée dans le conflit syrien. Environ 3 ans plus tard,
le conflit a évolué en faveur du régime de Bachar Al
Assad. De plus, l'opinion semble être lassée par un conflit qui ne
passionne plus vraiment les médias, sauf en cas d'attaques
particulièrement sanglantes et dévastatrices. Quoi qu'il en soit,
le camp occidental est désormais obligé de composer avec les
forces russes sur le terrain, chacun ayant des objectifs assez ambigus.
Jusqu'à présent, ils ne parviennent pas à s'accorder
à la définition du mot « terroriste » sur le
terrain. Si les uns prennent seulement en compte Daesh, épargnant la
plupart des autres forces rebelles, les autres n'hésitent pas à
homogénéiser leurs frappes aériennes.
Le conflit syrien, bien qu'étant dans une parfaite
impasse, devrait connaitre son épilogue si seulement l'un des camps,
notamment occidental, accepte une solution multilatérale. La
résolution du conflit syrien aura alors la Russie comme acteur majeur.
Après tout, c'est tout ce que Poutine cherchait en intervenant dans le
conflit.
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