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La guerre en Syrie et le jeu de pouvoir de la Russie.


par Pape Ousmane THIAW
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 en sciences politiques 2018
  

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Paragraphe 2 : l'ambition de la Russie à partir de ce statut politique et militaire

Depuis le début du siècle, on note que la Russie a entamé un véritable processus de retour sur la scène internationale. Sa particularité, c'est sans doute l'agressivité de sa politique militaire et surtout son adossement à une diplomatie qui s'accompagne le plus souvent par des actions militaires. Autant dire qu'après la chute de l'URSS, l'ours russe a hiberné pendant une quinzaine d'années et son retour sur la scène internationale est assez agressif43(*).

Dans le domaine militaire, l'idée de la Russie, c'est de disposer, tout comme le souhaitait l'URSS d'une « profondeur stratégique ». Cependant, cette ambition était malmenée par l'hégémonie des États-Unis et de l'OTAN, notamment après le déploiement d'un bouclier antimissile en Pologne. Au fil des années, la Russie a su que son économie ne pouvait rivaliser, sur plusieurs points, avec celle des États-Unis. C'est pour cela qu'elle entend miser dans le domaine politique et militaire pour retrouver sa puissance. D'ailleurs, c'est seulement dans ces domaines qu'elle dispose vraiment d'atouts dont elle peut se prévaloir, notamment le fameux droit de véto, une des plus puissantes armes politique et diplomatique au monde.

Aujourd'hui, les différentes actions de la Russie laissent croire que le pays est en train de renouer avec les pratiques de la guerre froide. Par exemple, Vladimir Poutine n'hésite plus à envoyer ses bombardiers survoler le Grand Nord de la Russie et certains d'entre eux s'approchent souvent de l'espace aérien des pays scandinaves et même des États-Unis. À plusieurs reprises, des avions de l'OTAN ont dû décoller en urgence pour dissuader des actions. De plus, le président russe réalise régulièrement des manoeuvres militaires conjointes avec la Chine et les deux pays annoncent même qu'ils envisagent d'avoir une présence permanente en méditerranée.

Désormais, la Russie n'hésite plus à revendiquer sa quête de puissance et intervient sous le voile de « légitime défense », allusion exprès faite au concept de « guerre préventive » si chère aux États-Unis. Par exemple, pour la guerre en Géorgie, le président Poutine a avoué à la télévision nationale « qu'il y eût un plan, ce n'est pas un secret 44(*)». La même technique été employée en Crimée, et, comme en Géorgie, les milices interviennent avec de la logistique russe, notamment les fameux véhicules sans immatriculation.

Depuis quelques années, la Russie s'est aussi lancée dans une vaste opération de modernisation de son arsenal militaire avec plus de 40 missiles intercontinentaux supplémentaires et surtout capables de déjouer les systèmes de défense les plus sophistiqués. Vladimir Poutine a aussi annoncé, lors d'un discours en 2015, avoir mis en place un système anti radar capable de détecter des cibles à une très longue distance. Il s'était aussi félicité du sous-marin lanceur d'ogives nucléaires acquis durant la même année.

Dans le domaine de la politique internationale, la Russie entend faire valoir ses prétentions et surtout obtenir un traitement d'égal à égal dans ses rapports avec l'occident. En effet, lors du forum économique mondial de Davos, Igor Chouvalov, le vice-premier ministre russe avait commenté le conflit en Ukraine en ces termes « l'occident doit apprendre à traiter d'égal à égal avec la Russie, sans quoi il sera impossible de régler la crise en Ukraine et surtout prévenir de nouveaux conflits similaires ». Dans le champpolitique international, la Russie a pour objectif de montrer que la fin de l'URSS ne veut pas forcément dire la fin de la Russie. D'ailleurs, c'est dans ce sillage que s'inscrit l'utilisation abusive de son droit de véto au niveau du Conseil de Sécurité des Nations Unies. En effet, entre 2007 et 2012, parmi les 7 résolutions votées au Conseil de Sécurité, la Russie a opposé son véto à 6 reprises. Elle fut souvent accompagnée dans cet élan contestataire par la Chine, son allié naturel. Depuis 2012, le véto russe a aussi été utilisé 2 fois afin d'empêcher des sanctions contre le président Bachar Al Assad.

À la lumière de ces développements, on s'aperçoit que la Russie a une ambition claire sur la scène internationale : se faire reconnaitre plus qu'elle ne l'a été jusque-là. Pour cela, elle n'hésite pas à utiliser sa puissance diplomatique et sa force militaire que d'aucuns jugent comme étant agressive. Une nouvelle « Guerre froide » est sans doute en cours.

* 43Bertrand Badie trouve compréhensible ce souci russe vis-à-vis de l'Otan : « On comprend que les dirigeants russes sont prêts à tout pour empêcher la complète « otanisation » de sa périphérie ». Nouveaux mondes : carnets d'après-guerre froide ; p.257.

* 44Voir : http://www.lefigaro.fr/international/2012/08/10/01003-20120810ARTFIG00541-poutine-reconnait-avoir-planifie-laguerre-en-georgie.php

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984