La guerre en Syrie et le jeu de pouvoir de la Russie.par Pape Ousmane THIAW Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 en sciences politiques 2018 |
SECTION2 : LA RELATIVE IMPUISSANCE DES PUISSANCES EUROPEENESLa guerre en Syrie est devenue, au fil des années, un véritable défi pour l'Europe. Entre attentats terroristes revendiqués par Daech et vagues de migrants, il faut dire que les pays européens sont loin d'être tranquilles. Au contraire, les grandes puissances européennes, notamment la France, l'Angleterre et l'Allemagne, montrent de réelles lacunes aussi bien dans la gestion des migrants que celle des attentats. Autant dire que la guerre en Syrie a des conséquences directes sur la stabilité en Europe. Dès lors, de plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer une meilleure « gestion » de la crise syrienne. Aujourd'hui, l'un des défis majeurs de l'Europe, ventre mou de l'Occident « décadente », c'est de faire face à la déferlante terroriste qui a déjà fait plusieurs dizaines de morts rien qu'en France entre 2015 et 2017. À travers l'analyse du malaise des puissances européennes face à la situation en Syrie, nous allons évoquer le fait que l'Union européenne reste divisée sur l'intervention en Syrie (Paragraphe1) puis analyser la position de la France face au conflit syrien (Paragraphe 2). Paragraphe 1 : l'Union européenne reste divisée sur l'intervention en SyrieLes pays européens rencontrent de grandes difficultés à faire face aux conséquences de la guerre en Syrie. Le fait est qu'ils ne pensaient pas qu'une guerre, d'apparence si lointaine, pourrait avoir des conséquences aussi immédiates dans le quotidien des Européens. L'Union européenne reste surtout divisée par rapport à la question sur l'avenir de Bachar Al Assad ou encore sur l'attitude à avoir par rapport à la Turquie, un acteur clé aussi bien dans le conflit qu'au niveau de la gestion des migrants. Cependant, malgré le fait que les responsables européens aient clairement identifié le problème, les différentes réunions et conférences qui se sont tenues restent assez vagues sur le sujet. À part la France qui estime que le maintien de Bachar Al Assad au pouvoir entrainera la poursuite de la guerre, les autres pays peinent à s'exprimer clairement sur le sujet35(*). Mais on peut dire que l'idée selon laquelle les négociations devraient inclure des personnalités proches du régime qui n'ont pas vraiment participé aux massacres fait son chemin. En effet, chez les dirigeants européens dont, Angela Merkel et François Hollande, l'idée est de chercher à ne pas créer un vide, à l'image de ce qui s'est déjà produit en Irak et en Libye. Ils aimeraient alors jouer les facilitateurs aussi bien au niveau des deux camps qu'au niveau des Nations Unies. En ce qui concerne l'intervention russe, les Européens ne sont pas du tout d'accord sur la tournure qu'elle prend36(*). Au sein des réunions, certaines positions divergent largement par rapport aux frappes russes sur le territoire. Certains pays ne parviennent même pas à s'entendre sur des évidences factuelles. Par exemple, si l'Italie estime que la Russie pourrait être un « facilitateur » dans la transition politique, l'Allemagne, quant à elle, estime que cette intervention complique un peu plus les choses. Pour la France, elle demande ouvertement à la Russie de « participer » à l'effort collectif de paix. Il est clair, en tout cas, que les récents développements de la guerre en Syrie ont une incidence non négligeable sur l'avenir de l'Union européenne, surtout sur la question des migrants où les désaccords sont assez profonds. La récente crise des migrants a amené certains pays d'Europe à montrer des signes d'agacement et d'impuissance face aux vagues de migrants. Même l'Allemagne, qui a pu accueillir jusqu'à 1 million de migrants commence à montrer des signes de réticence. À cela s'ajoute la montée des extrémismes dans différents pays qui n'arrange pas les choses. Enfin, la position à adopter face à la Turquie est un souci de premier ordre, car, on le sait tous, ce pays court depuis plusieurs années derrière son adhésion à l'Union européenne. Pour plusieurs pays membres de la zone euro, la coopération avec Ankara est indispensable pour endiguer les vagues de migrants. Par rapport à l'intervention militaire turque sur le terrain, il faut dire que les Européens ne s'y intéressent pas vraiment, car ils considèrent la répression des Kurdes comme une vieille histoire qui refait surface, tout simplement. À la lumière de ces développements, on peut dire que le conflit syrien dépasse largement les attentes européennes. Entre explosion des flux de migrants et vagues d'attentats, l'Europe souffre des conséquences immédiates de cette crise et tarde à proposer des solutions efficaces et durables. En ce moment, seule la France semble avoir compris les tenants de cette crise. * 35 DUCOURTIEUX Cécile et STROOBANTS Jean Pierre, « l'Union européenne reste divisée sur l'intervention russe en Syrie » Le Monde, 2015, p.6. * 36 Ibid.2015 |
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