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Croissance économique et pauvreté dans les pays de l’UEMOA.


par Soudjay MAOULIDA
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 méthodes statistiques et économétriques 2016
  

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2.2 Aspects empiriques de la relation entre repartions de revenu et inégalités sur la réduction de la pauvreté.

D'après le Rapport sur le développement dans le monde de 2000-2001 de la Banque mondiale, les dimensions de la pauvreté sont multiples et doivent bénéficier d'une attention égale. Dans ce Rapport, la Banque mondiale rappelle néanmoins que la croissance économique globale est indispensable au développement des opportunités matérielles des pauvres. Elle affirme, à ce sujet, que « les mesures favorables aux marchés (market-friendly policies), telles que l'ouverture au commerce international, une inflation faible et un secteur public de taille modérée et des règles de droit bien établies, profitent, en moyenne, autant aux pauvres qu'aux non-pauvres » (Banque mondiale, 2001).

Le Rapport de 2000-2001 attire son attention aux canaux par lesquels la croissance économique peut être bénéficiée aux pauvres. Elle soutient que « pour un taux de croissance donné, l'ampleur de la réduction de la pauvreté dépend des variations dans la répartition du revenu accompagnant la croissance et des inégalités initiales, au plan des revenus, des actifs et de l'accès aux opportunités qui permettent aux pauvres de bénéficier des fruits de la croissance » Les auteurs de ce rapport affirment selon une réflexion consacrés aux inégalités que l'élasticité de la réduction de la pauvreté par rapport à la croissance (qui mesure l'ampleur de la diminution de la pauvreté induite par un montant donné de croissance économique) est évidemment supérieure si l'inégalité est faible ou si elle baisse : une faible inégalité est favorable à la réduction de la pauvreté parce que, pour tout accroissement donné du revenu national, un volume plus grand de ressources réelles sera disponible pour les groupes à revenus faibles; la baisse de l'inégalité est également un élément favorable dans la mesure où la part dans le revenu des pauvres s'accroît, (Banque mondiale, 2001).

Une idée assez répandue parmi les économistes, et aussi au-delà de la sphère des économistes, voudrait que pour un pays en développement, les inégalités de revenus s'accroissent à mesure que le pays se développe pour atteindre un seuil maximum à partir duquel tout développement

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ultérieur s'accompagne d'une réduction des inégalités. On aura reconnu là, l'hypothèse initialement émise par Kuznets. Si cette hypothèse était vérifiée cela signifierait que le lien entre croissance et réduction de la pauvreté serait plus faible que celui prédit par l'élasticité théorique du taux de pauvreté à la croissance.

L'hypothèse de Kuznets a fait l'objet d'un grand nombre d'études empiriques et, à ce jour, le consensus parmi les économistes est qu'il n'y a rien d'automatique dans le fait que développement et inégalités de revenus croissent de pair dans les premières phases du développement économique. Ainsi par exemple, au Bangladesh, en Egypte et à Taiwan, la croissance se serait accompagnée d'une réduction des inégalités alors qu'au Chili, en Chine et en Pologne, la croissance se serait accompagnée d'un accroissement des inégalités (Rodrik, 2000). En exploitant un échantillon de 234 enquêtes de niveau de vie des ménages des pays en développement et en transition, Ravallion (2001) montre que lorsque le revenu ou la consommation moyenne augmente, il y a à peu près une chance sur deux que les inégalités augmentent et une chance sur deux qu'elles diminuent.

L'impact de la croissance économique sur le niveau de pauvreté dépendra, d'une part, de son effet sur le revenu moyen et, d'autre part, de son effet sur l'inégalité. Des mesures de la sensibilité de la pauvreté par rapport à la croissance et à l'inégalité permettent alors de voir si un accroissement moyen de la consommation ou du revenu tend à réduire la pauvreté tandis qu'à l'inverse, une augmentation de l'inégalité tend à l'accroître.

Le cas de la Côte d'Ivoire entre 1985 et 1988 est, sur ces questions, riche d'enseignement. I1 montre que l'augmentation de la pauvreté est essentiellement le résultat de la baisse du PIB par tête, la réduction des inégalités ayant plutôt eu pour effet de contribuer à la réduction de la pauvreté, et surtout de l'extrême pauvreté.

Ainsi, s'il n'y avait pas eu de croissance négative, la pauvreté aurait quand même baissé de 20%, et l'extrême pauvreté de 40%, par le seul fait de la réduction des inégalités. De même, à Madagascar de 1962 à 1980, l'augmentation de la pauvreté rurale est essentiellement due à l'augmentation des inégalités dans la distribution des revenus ruraux, alors que la croissance de la pauvreté urbaine résulte de performances médiocres en termes de croissance (Guénard et al., 2001).

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Ces résultats montrent simplement que pour réduire la pauvreté au niveau global, il faut, parallèlement à une relance de la croissance, mettre en place des politiques géographiquement différenciées capables de réduire les disparités sectorielles.

Une étude effectuée sur plusieurs capitales africaines montre que les niveaux de pauvreté sont plus sensibles à la variation des inégalités de revenu qu'à la variation des revenus. Ainsi, pour l'ensemble formé d'Abidjan, Bamako, Conakry, Ouagadougou et Yaoundé, toute augmentation de 1% du coefficient de Gini se traduit par une augmentation de la pauvreté comprise entre 2 et 7% alors que l'accroissement du revenu moyen n'entraîne qu'une augmentation de 0,5 à 1,3% de la pauvreté. A Yaoundé, un accroissement du revenu moyen de 1% n'induit une réduction du ratio de pauvreté que de 0,75 %.

Un autre aspect lié au niveau initial de développement peut aussi expliquer le lien de la croissance avec la réduction de la pauvreté. Par exemple, les pays d'Afrique et les pays d'Amérique latine ont une élasticité du taux de pauvreté à la croissance de l'ordre de -1. Pour les pays d'Afrique, elle est le résultat d'un faible niveau de développement et d'une distribution des revenus assez égalitaire alors que pour les pays d'Amérique latine, davantage développés, elle est le résultat des fortes inégalités des revenus.

Epaulard (2003) présente d'autres tests économétriques qui montrent que lorsque l'on distingue les épisodes de croissance et ceux de contraction de l'activité, on obtient que pour les épisodes de croissance, le taux de pauvreté est réduit en moyenne comme le prévoit l'élasticité théorique, alors que pour les épisodes de contraction de l'activité et de crise, le taux de pauvreté augmente moins que ce que prédit l'élasticité théorique.

Conformément à la littérature empirique (Bourguignon, 2003 ; Fosu, 2010 et Epaulard, 2009), on déduit que l'élasticité croissance du revenu à la pauvreté (en valeur absolue) décroit avec le niveau initial des inégalités, ainsi qu'avec la part du seuil standard de pauvreté dans la moyenne des revenus. Cela dit, pour les régions ou les pays présentant un niveau initial faible d'inégalités et un niveau élevé de revenu moyen par rapport à la pauvreté, la réponse de la réduction de la pauvreté à la croissance du revenu par tête est plus forte. A contrario, les pays ayant un niveau faible de revenu par tête et une forte inégalité présenteront une faible élasticité (en valeur absolue) croissance-pauvreté.

Cette deuxième partie nous a permis de mettre en évidence le lien existant entre la croissance et la réduction de la pauvreté. Selon des études faites, il a été constaté que ce lien existe mais il

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n'est toujours pas automatique. Pour arriver à réduire la pauvreté, il est nécessaire d'accélérer la croissance mais cette condition n'est pas suffisante, d'autre facteurs sont à prendre en compte notamment les politiques économiques mettant l'accent sur le bien-être de la population surtout les citoyens sensiblement touchés par la pauvreté.

Cependant dans un pays ou une zone où la réduction de la pauvreté est devenue un objectif phare en soi afin d'atteindre un développement très soutenu, celle-ci peut être réalisée par la stimulation de la croissance économique et/ou une atténuation des inégalités des revenus et des actifs. La relation entre croissance et pauvreté tient compte alors de la vision des économistes de développement qui stipulent que les fruits de la croissance se diffusent automatiquement à l'ensemble des segments de la société, conformément à la célèbre hypothèse du « trickle down

».

D'autre part, d'autres travaux montrent que la réduction de la pauvreté est fonction du taux de croissance et de la variation de la distribution du revenu. De ce fait la croissance dite pro pauvre consiste à offrir des opportunités permettant d'améliorer la situation économique des personnes pauvres.

Cependant pour que la croissance soit bénéfique aux pauvres, il faut que ces derniers participent massivement à l'accroissement de la richesse nationale. Il est donc important que les politiques économiques s'orientent sur le secteur agricole car ce secteur emploi un effectif important des personnes vivant dans le milieu rural qui est le milieu le plus touché par ce phénomène. D'un autre côté, cette croissance peut agir sur les inégalités. Une croissance accompagnée d'une forte disparité des revenus ne contribue pas significativement à la réduction de la pauvreté. Par conséquent, pour que la croissance agisse significativement à la pauvreté il faut une maitrise des inégalités donc une politique de réduction des disparités des revenus.

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