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Croissance économique et pauvreté dans les pays de l’UEMOA.


par Soudjay MAOULIDA
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 méthodes statistiques et économétriques 2016
  

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Section 2 : Evidences empiriques de la relation entre croissance économique et pauvreté

L'analyse de cette littérature a permis la mise en évidence de controverses importantes entre les économistes. Si certains montrent que, l'accroissement de la croissance a effet positif quel que soit sa nature sur la réduction de la pauvreté d'autres montrent que cet effet est positif s'il s'accompagne d'une réduction des inégalités de revenus plus ou moins constante. Dans cette section nous allons exposer dans la première partie les aspects théoriques de l'effet positif de la croissance économique et la pauvreté. La deuxième consiste à mettre l'accent sur les approches théoriques des interactions entre croissance, inégalité et pauvreté. Dans cette partie l'analyse de la pauvreté sera faite d'une part sur l' « effet distributif » et d'autre part sur l' « effet croissance ».

2.1 Aspects empirique de la relation entre croissance économique et réduction de la pauvreté.

Dans la littérature portant la question de croissance et pauvreté, nombreux des travaux empiriques ont été mené ces dernières années. Cependant, l'expérience du développement montre que la croissance est une condition nécessaire mais pas suffisante pour réduire significativement la pauvreté. La théorie de l'économie des retombées a connu ses limites quand nombreux de pays en développement arrivant à garder une croissance accélérée pendant plusieurs années pourtant le taux de la pauvreté ne se réduit pas proportionnellement avec le taux de la croissance.

Le Rapport de 1990 de la Banque mondiale sur la pauvreté conclut que la stratégie la plus efficace pour faire reculer la pauvreté à long terme comprend entre autre, la création d'activités rémunératrices pour les pauvres grâce à un modèle de croissance encourageant l'utilisation efficace de la main d'oeuvre et l'amélioration des conditions de vie actuelles des pauvres et de leur aptitude à saisir les chances qui leur sont données grâce à l'accès aux services sociaux.

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

D'ailleurs, l'expérience des pays d'Asie de l'Est (en particulier l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande) qui ont réussi à réduire sensiblement la pauvreté à long terme ont misé sur une croissance à forte intensité de travail avec, au premier plan, l'agriculture. Cette stratégie a permis d'accroitre les revenus des pauvres (Ehrhart, 2006).

Dans ces pays, la croissance orientée vers l'emploi a suscité une demande de facteurs de production détenus par les pauvres et, dans le même temps, l'amélioration du niveau de compétence et la qualité de la main d'oeuvre ont permis aux pauvres de saisir les opportunités créées par la croissance économique. Suivant ce processus, les pauvres ont participé à la croissance par leur forte intensité de travail qui est un des facteurs de la production. C'est ainsi que, les interventions des pouvoirs publics doivent être de nature à stimuler le développement rural et à faciliter la création d'emplois dans les zones urbaines.

Les responsables politiques Indiens viennent d'approuver ce phénomène à travers les travaux de Srinivasan et Bardhan (1974), lors du projet d''éradication de la pauvreté des masses en quinze ans (de 1961 à 1976). Dans ce travail, il a été prouvé que pour éradiquer la pauvreté uniquement des individus pouvant bénéficier du processus de création de revenus de l'économie, il faut compter sur un rythme annuel moyen de croissance supérieure à 7 %.

Srinivasan montre que la relation négative entre la croissance et la pauvreté (toutes les deux des variables exogènes) repose sur l'hypothèse qu'une croissance plus rapide est le resultat de facteurs de rentabilité des actifs détenus par les pauvres. Par exemple, si l'avantage comparatif de l'économie concernant les biens et services réside dans la production pour laquelle les actifs des pauvres sont intensivement utilisés, une modification exogène de la politique commerciale qui encourage la production de tels bien et services réduira la pauvreté et augmentera le taux de croissance, du moins à court terme, tant qu'une partie des gains d'efficacité est investie dans l'accumulation de capital humain et physique.

Par ailleurs, des études menées au cours des années 1990 sur quelques pays africains montrent qu'en période de croissance, la pauvreté a baissé : au Ghana entre 1988 et 1992, au Nigeria entre 1985 et 1992, en Tanzanie entre 1983 et 1991. Symétriquement, une augmentation de la pauvreté a pu être constatée durant des phases de décroissance du PIB par tête comme en Côte d'Ivoire entre 1985 et 1992, au Bénin entre 1986 et 1996, au Cameroun de 1987 à 1994, à Madagascar de 1960 à 1995. Par contre, aucune situation de diminution de la pauvreté en période de récession n'a pu être constatée en Afrique. On observe cependant des augmentations

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de la pauvreté en période de faible croissance (Côte d'Ivoire, 1993-95, Tanzanie, 1993-95, Ouganda, 1989-95) mais aussi, plus rarement, en période de forte croissance (Soudan, 199196). I1 semble donc qu'il existe bien une relation entre la croissance et la diminution de la pauvreté, mais on ne peut pas affirmer qu'elle est systématique, (Guénard et al., 2001).

En outre, Deaton et Drèze (2002) ont fait une réflexion ces dernières décennies sur l'évolution récente de l'inégalité et de la pauvreté en Inde. Dans leur récent article sur la «pauvreté et l'inégalité en Inde», les données d'enquête fournies par trois cessions quinquennales de questionnaires (respectivement conduites au cours des périodes 1987-1988, 1993-1994, et 1999-2000) sur la consommation des ménages pour un panier de biens durables et non durables ont été utilisé pour évaluer le nombre d'individus qui vivent sous le seuil de pauvreté, divisé par la population totale, pour obtenir ce que l'on appelle le head-count ratio.

Le premier résultat principal rapporté par ces deux auteurs, est celui selon lequel, même lorsque l'on prend en compte les modifications des questionnaires d'une cession à l'autre (méthodologie officielle), ou les changements dans les indices de prix au cours du temps (méthodologie ajustée), la pauvreté a baissé de manière substantielle au cours des vingt dernières années, à la fois dans les zones rurales et urbaines. En Inde la réduction a connu une baisse importante durant ces dernières années avec une croissance soutenue.

Autre étude portant sur la croissance et la réduction de la pauvreté a été faite en Egypte de 1990 à 2004, relève que l'évolution des variables d'intérêt (le taux de croissance, le niveau de pauvreté et le degré d'inégalité) n'a pas été uniforme sur la même période. L'auteur de cette étude, distingue deux périodes, une (1990-1995) selon laquelle le rythme de la croissance a été comparativement le plus faible (hausse de 1,44%) mais elle a été suivit d'un important progrès en matière de réduction de la pauvreté monétaire, (avec des diminutions de l'ampleur, de la profondeur et de la sévérité de la pauvreté respectivement égales à 11,25%, à 10,82% et à 8,46%). Cette situation peut s'expliquer par la réduction importante de l'inégalité dans la répartition des dépenses (-1,20%), (Ehrhart, 2008).

Et une seconde période, dont la croissance ayant un rythme d'accélération (+3,21%) a conduit à une réduction substantielle du pourcentage de pauvres dans (-7,34%) et de l'intensité de la pauvreté (-1,84%). Mais cette situation s'est traduite par un accroissement notable de la sévérité de la pauvreté (+4,85%), c'est-à-dire de l'indicateur de la pauvreté qui accorde le poids le plus important au bien-être des plus pauvres. Cette dégradation résulte de l'accentuation de

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l'inégalité totale mesurée par l'indice de Gini (+2,12%). La croissance a eu donc un effet sur la réduction de la pauvreté mais d'autre part, une augmentation des inégalités a été observée, (Ehrhart, 2008),

D'autres études empiriques ont analysé l'évolution de la pauvreté dans ce même pays (El-Laithy, Lokshin et Banerji, 2003 ; World Bank and Ministry of Planning, Government of the Arab Republic of Egypt, 2002) soit sur la période 1990/91et 2004/05. Les auteurs montrent que la pauvreté diminue sensiblement durant les années 90, quel que soit l'indicateur de pauvreté considéré. Ils attribuent cette baisse importante de la pauvreté à une forte reprise/accélération de la croissance du PIB en 1994/95, qui s'est poursuivie jusqu'à la fin de la décennie, (Kheir-El-Din et al., 2006).

Cependant les auteurs soulignent que la répartition des dépenses n'a pas été uniforme. En effet, l'indice de Gini a diminué très nettement (passant de 44,6% à 34,5%) durant la première moitié des années 90 en raison de la hausse des revenus agricoles qui est survenue à la suite des efforts de stabilisation et de libéralisation entrepris par l'économie égyptienne. En revanche, on assiste à une légère remontée de l'inégalité des dépenses durant la seconde moitié de la décennie. Celle-ci s'explique par l'aggravation de l'inégalité dans la répartition des dépenses dans les gouvernorats métropolitains et en particulier dans ceux situés en Haute-Egypte (World Bank and Ministry of Planning, Government of the Arab Republic of Egypt, 2002).

De ce fait, il est clair qu'à travers un mécanisme d'accélération de la croissance, des progrès important en matière de réduction de la pauvreté seront observés mais ce phénomène doit s'accompagner d'une réduction des inégalités de distribution des revenus. Cependant la croissance impact significativement la pauvreté une fois que les inégalités sont maitrisés.

Par ailleurs, deux enquêtes effectuées sur 99 ménages des pays en développement et en transition, concernant la consommation ou le revenu moyen et du taux de pauvreté (moins de 2$ par jour), dans 47 cas, le taux de croissance annuel moyen de la consommation ou du revenu par tête est positif, dans 42 cas il est négatif. Les résultats de cette étude nous dit qu'en moyenne une augmentation (resp. baisse) de 1% du revenu par tête se traduit par une baisse (resp. une hausse) de 1,4% du taux de pauvreté (ie, l'élasticité du taux de pauvreté à l'activité économique serait de -1,4). En moyenne, un pays qui connaîtrait une croissance de 5% verrait son taux de pauvreté baisser d'environ 9%, passant par exemple de 70% à 64,6% (Épaulard, 2002).

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D'autres estimations économétriques sur les mêmes données montrent que l'on peut raisonnablement conclure que l'élasticité moyenne du taux de pauvreté serait de l'ordre de -1,1 seulement et serait identique à la hausse et à la baisse : une contraction de l'activité de 1% n'augmente pas la pauvreté davantage que ne la réduit une augmentation de l'activité de 1%, (Epaulard, 2003).

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon