WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Croissance économique et pauvreté dans les pays de l’UEMOA.


par Soudjay MAOULIDA
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 méthodes statistiques et économétriques 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre II : REVUE DE LA LITTÉRATURE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETÉ

Au lendemain de la dépression des années trente et de la guerre mondiale, la théorie de la croissance comme l'essentiel de la macroéconomie, fut naitre dans le débat économique. Ce sont les instruments de type keynésien (taux d'intérêt réels négatifs, crédits sélectifs, banques de développement etc.) qui sont privilégiés pour organiser la croissance. Les effets de cette croissance contribuent à priori dans le développement. Cette main d'oeuvre employée permet à la population active d'assurer un minimum de survie. De ce fait, la problématique de la croissance et de la pauvreté, de la redistribution des richesses et des inégalités dans les pays Africains est au coeur des débats économiques et fait l'objet de plusieurs travaux empiriques.

Partant du modèle néoclassique de Solow (1956) qui fut le point du départ de la théorie de la croissance, des théories contemporaines de la croissance jusqu'aux théories de la croissance endogène développées ces dernières années, nous allons au long de ce chapitre mettre en évidence la relation croissance économique et pauvreté. La première section s'intéresse à l'analyse théorique de la croissance économique et son apport pour la réduction de la pauvreté et la deuxième à l'analyse les aspects empiriques entre croissance économiques et pauvreté.

Section 1 : Analyse théorique du lien entre croissance économique et pauvreté

L'étude de la littérature soulève des controverses importantes entre les économistes et entre les politiques publiques de développement. Dans cette section, la première partie va détailler les fondements théoriques, et la deuxième effectuera un survol sur les récentes théories de la croissance et son lien avec la pauvreté et la distribution des revenus.

1.1 Fondements théoriques

La croissance a suscité beaucoup de débat dans la littérature économique, les économistes de développement mettaient en avant le principe d'accumulation du capital humain dans la production de la croissance.

Dans la période des années cinquante, la croissance économique était décomposée en trois facteurs : la croissance de l'offre de travail, la croissance du capital et la croissance des facteurs de productivité. L'analyse de la croissance est devenue clair qu'à partir du modèle de Solow. En effet, le modèle néoclassique développé par Solow (1956) fournit le point du départ de la

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

théorie de la croissance. Selon sa théorie, trois facteurs déterminent la production : le capital, le travail et la technologie. Cette théorie est basée sur certaines hypothèses telles que l'efficience des marchés et la rationalité des comportements de ses différents intervenants.

La structure du modèle néoclassique repose sur le fait que les firmes ne veulent plus acquérir de capital en raison de la baisse des rendements marginaux qui s'explique par le fait qu'il n'y a plus de facteur travail pour une unité supplémentaire du capital. Bien que ce modèle soit plus clair sur les évolutions des déterminants de la croissance, il souffre de plusieurs limites. Une des critiques qui fut adressée concerne l'intérêt accordé au progrès technologique. En effet, la théorie néoclassique considère le progrès technologique comme une variable exogène. Cette limite va être résolue, par la suite, par la théorie de croissance endogène. Comme son nom l'indique, cette théorie considère le progrès technologique comme une variable endogène. Elle met l'accent sur trois déterminants principaux de la croissance : la recherche et le développement, le capital humain, et l'innovation.

Durant les années cinquante et soixante marquée par l'influence accrue des écris des économistes de développement, la Banque mondiale pensait que la meilleure façon d'aider les pauvres, c'était de stimuler la croissance économique. Elle avait donc foi dans les retombées positives sur les pauvres d'une croissance rapide tirée par les investissements lourds en capital physique et dans les infrastructures économiques. Cette foi à la croissance prenait son origine dans l'hypothèse selon laquelle ses avantages finiraient par être largement distribués en masses sous la forme d'emplois ou d'autres opportunités économiques, (Ehrhart, 2006).

Le lien entre croissance et pauvreté a été soutenu depuis les classiques et les économistes modernes. Adam Smith était formel au sujet de l'importance de la croissance dans la réduction de la pauvreté. « Elle est en phase de progression lorsque la société est en phase de constitution de la richesse plutôt qu'au stade d'aboutissement, et lorsque les conditions des pauvres qui travaillent, c'est-à-dire la majorité de la population, semblent être les plus heureuses et les plus confortables. Ces conditions sont difficiles quand la relation croissance/pauvre est à l'état stationnaire, et misérables à l'état déclin » (Smith, 1937).

Plus récemment, Lewis (1955), dans son enquête magistrale sur la croissance, a abordé de façon exhaustive plusieurs aspects de la croissance, y compris sa relation avec la pauvreté. Son annexe, intitulée « La croissance est-elle souhaitable ? » anticipe tout ce que les critiques contemporains ont dit sur la croissance, et va même au-delà ! Mais bien entendu, Smith et Lewis

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 21

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 22

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

avaient écrit bien avant la réapparition récente des régressions sur différents pays, et avant que Wolfensohn, le président de la Banque mondiale, et son Grand Vizir de l'économie de l'époque, Joseph Stiglitz, n'aient été considérés comme partisans de ceux qui mettaient en doute l'existence, le sens et la force de ladite relation (Wolfensohn et al., 1999)

En effet, particulièrement, les modèles de développement « classiques » de Lewis (1954) et de Fei et Ranis (1961) suggéraient que la croissance du secteur industriel, si elle était soutenue, conduirait effectivement à une propagation de ses bénéfices à travers, tout d'abord, un effet de diffusion verticale vers le bas (vertical trickle-down effect) des riches vers les pauvres dans le secteur moderne puis via un effet de diffusion horizontale (horizontal spread effect) de l'enclave industrielle en expansion vers le secteur traditionnel3. C'est par cet effet redistributif, (via les dépenses publiques ou privées) que les pauvres pouvaient en profiter à leur tour.

Cette croyance en l'économie des retombées implique donc que, même si la pauvreté diminue substantiellement dans un contexte de croissance rapide, il n'en demeure pas moins que, conformément aux enseignements des modèles d'une économie duale de Lewis (1954) et de Fei et Ranis (1961) et à la célèbre conjecture de Kuznets (1955), les inégalités de revenu commencent par augmenter puis décroît au fur et à mesure que l'économie se développe, les bénéfices de la croissance allant inévitablement, au cours des premières étapes du développement, davantage aux riches qu'aux pauvres avant de se diffuser automatiquement par la suite plus largement au sein des couches sociales les plus défavorisées de la population.

Du fait que, la réduction de la pauvreté devait arriver non seulement graduelle mais aussi dans un ordre hiérarchique bien précis, elle concernerait d'abord les capitalistes et les travailleurs urbains puis les paysans, (Ehrhart, 2006). La répartition des revenus est donc considérée étant indispensable à la réalisation d'une croissance profitable aux pauvres. Il devait donc il y avoir un compromis clair entre répartition et croissance.

Dans une telle configuration, les bénéfices que les pauvres tirent de la croissance ne peuvent être qu'indirects et amoindris. C'est dans cette perspective que les économistes de développement ont proposé la croissance pro-pauvre comme solution à ces résultats insatisfaisants, en termes de réduction de la pauvreté. Elle peut être définie comme un processus qui permet aux pauvres de participer activement à la croissance économique et d'en être ainsi les premiers bénéficiaires. On parlera alors de croissance inclusive.

3 Pour une présentation des différentes versions du trickle-down effect, voir notamment Arndt (1983).

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

En effet, une croissance économique forte peut induire des résultats mitigés en matière de réduction de la pauvreté dans un contexte de forte inégalité de revenu (Addison et Cornia, 2001). Cette évidence intéressante remet d'emblée en cause la théorie Kaldorienne (Kaldor 1956), selon laquelle une forte inégalité est utile pour la croissance économique, car les plus riches ont une plus forte propension à épargner que les pauvres; ce qui est essentielle pour l'investissement en capital physique et donc pour la réduction de la pauvreté.

Ainsi, des fortes inégalités affectent négativement la croissance du produit par tête (Benabou, 1996 ; Perotti, 1996). Pour réduire la pauvreté, la croissance doit s'accompagner de la mise en place de politiques de réduction des inégalités présentes et futures (Bourguignon, 2003; Cling et al, 2002). La redistribution des revenus et des richesses jouent alors un rôle crucial dans la relation croissance-pauvreté. Cela dit, l'impact de la croissance économique sur la pauvreté dépend de la manière dont la croissance agit sur les inégalités.

Selon la théorie économique, un niveau élevé de croissance est essentiel pour réduire la pauvreté (Dollar et Kraay, 2001, 2002 ; Ravallion, 2004). Mais en Afrique, les élasticités de la croissance-pauvreté différenciées souvent faibles, ont nourri et relancé le débat économique sur le sujet. Le nombre persistant de pauvres dans le monde notamment dans les pays en développement et ayant parfois de forte croissance remet au coeur des débats l'efficacité de cette croissance à réduire la pauvreté (Epaulard, 2003).

Dans la mesure où d'autres auteurs pensent que la croissance économique ne contribue pas directement à la réduction de la pauvreté dans l'Afrique, la littérature ressente met en évidence la problématique de la croissance pro-pauvre. Elle a montré le rôle ou l'importance de la redistribution des fruits de la croissance pour lutter efficacement contre la pauvreté.

Depuis les travaux pionniers de Kuznets (1955), mettant en évidence la relation en forme de « U inversée » postulant que les inégalités générées par la croissance économique tendent à augmenter dans les premières phases du développement du fait des changements dans la structure économique et à baisser par la suite, plusieurs travaux empiriques ont montré que cette relation n'est pas souvent vérifiée.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle