Section 2 :
Considérations éthiques et difficultés
rencontrées
Toute recherche sérieuse repose sur des questions
d'ordre éthique et moral : la recherche vaut- elle la peine d'être
menée? Lesdifférents acteurs impliqués comprennent- ils la
portée de l'étude dans laquelle ils s'engagent ? Leur vie
privée est-elle respectée ? Les répondants ont-ils un
droit de regard sur mes rapports d'étude ? À quoi sert l'anonymat
si les personnes et leurs collègues peuvent facilement se reconnaitre
dans mon étude ? Si tel est le cas, est ce que cela peut leur porter
tort et les blesser ? Que dois-je faire si j'observe un comportement
néfaste lors de mes études de cas? (MILES, 2003)
Le respect des principes éthiques dans
l'élaboration de ce travail était notre cheval de bataille, ainsi
que celui de certains principes en lien avec les personnes
enquêtées, leur emploi, leur dignité, leur
réputation ainsi que celle de leur service, etc.les informations
jugées « sensibles » ont joui de la non divulgation des
personnes concernées.
L'incorporation des considérations éthiques
s'avère très capitale, malgré qu'elle ne fait pas partie
de la démarche méthodologique. La prise en compte du sujet ou
acteur de la recherche est très nécessaire dans toute recherche
en sciences sociales.
Nous avons, pour obtenir le consentement de nos
enquêtés, fourni des garanties que les données mises
à notre disposition ne seraient pas à la base d'une accusation
quelconque qui serait une cause de malaise de quelque forme que ce soit
à leur endroit. Nous sommes sans ignorer qu'un consentement faible
conduit généralement à des données plus pauvres :
les répondants essaieront de se protéger dans une relation de
défiance où le consentement n'aura été
accordé que par les supérieurs (MILES, 2003)
Nous avons usé de l'anonymat par rapport à la
sensibilité des informations qui étaient mises à notre
disposition, qui pouvaient parfois constituer des accusations directes sur des
agents qui pouvaient encourir même des sanctions si les faits
étaient portés à la connaissance des autorités
compétentes. Nous avons tenu à rendre ce travail neutre, pour ne
pas porter préjudice à qui que ce soit, sans pour autant
dénaturer les proposrecueillis.
A propos, MILES, Matthew B. et HUBERMAN, A. Michael estiment
que le préjudice porté aux participants peut se décliner
de bien des manières : perte de l'estime de soi ou fait d'être
« mal vu » des autres , menaces portées aux
intérêts des personnes, à leur position, à leur
avancement dans l'organisation, à la perte du financement d'un
programme, voire poursuites ou arrestation. Si les gens se sentent trahis par
vous lorsqu'ils lisent votre rapport, il leur devient presque impossible de
l'accepter comme interprétation raisonnable de ce qui est arrivé.
En effet, c'est une attitude défensive naturelle au regard de « la
vérité qui blesse » et un sentiment de colère d'avoir
été trompés. (MILES, 2003).
L'anonymat des personnes n'a pas suffi, mais il s'est
également posé un problème relatif au service public dans
lequel le recueil des données s'est effectué. Une question s'est
posée s'il fallait nécessairement citer le service public en
question ou s'il fallait tout simplement se contenter de mentionner que
l'enquête a été effectuée dans un service public de
l'Etat tout simplement. A ce sujet, il nous a été demandé
de préserver l'image du service et d'éviter que les lecteurs de
ce mémoire ne s'imaginent les noms des acteurs à partir du lieu
d'enquête identifié et bien connu ; et des fonctions
occupées.
Cette idée semble être soutenue par MILES,
Matthew B. et HUBERMAN, A. Michael, qui affirment que le problème
fondamental d'une identification lorsque le cas est un site complexe doit
être pensé avant et en cours de préparation du rapport
d'étude. Les acteurs locaux peuvent presque toujours dire qui est
l'acteur décrit (ou le présumer). Au reste, sur le plan
méthodologique, nous avons tenu à faire le terrain pour
éviter que les données présentées ne soient que de
la pure imagination ou du pur mensonge provenant des enquêtés
fictifs.
MILES, Matthew B. et HUBERMAN, A. Michael recommandent ce qui
suit : « L'implication pratique est la suivante : si vous n'avez pas
respecté des tests de qualité éthique pour votre
recherche, vous vous situez sur un terrain intellectuel instable. Il ne s'agit
pas seulement de « plaire » à un parterre de collègues
critiques ; le problème est d'éviter de se leurrer soi -
même. Si tel est le cas, nous pouvons nous attacher à être
honnête envers nos lecteurs sur la façon dont nous avons conduit
l'étude et sur ce qui nous inquiète au regard de sa
qualité.».
Quant aux obstacles rencontrés dans la récolte
des données, ils nous ont davantage permis de bien comprendre la nature
et la sensibilité des informations dont nous avions besoin. La
résistance quelques fois manifestée et les balbutiements des
personnes enquêtées étaient parfois porteurs de
signification et de sens pour nous, vu aussi le nombre des contentieux existant
dans ce domaine. Comme le souligne BERTAUX, comprendre les obstacles
rencontrés au cours du travail de terrain, c'est avoir une connaissance
de ce que représente le terrain lui - même.(BERTAUX, 2010)
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