Section 2 : la question
de départ
Au tout début d'une recherche, on est
intéressé par un sujet, mais on ne sait pas par où
commencer. Le premier pas est de prendre quelques heures pour formuler une
question de départ, qui nous orientera. C'est une question provisoire.
Peu importe qu'elle paraisse banale, ou trop simple. Mais elle doit
refléter ce que vous avez envie d'étudier, vraiment ; et
elle doit avoir les qualités suivantes :
· Clarté ; évitez les
formulations très vagues.
· Simplicité ; employez
des mots précis mais simples, d'usage courant dans la mesure du
possible. N'utilisez pas de concepts compliqués à ce stade.
· Ouverture ; il doit s'agir
d'une vraie question, dont vous vous rendez compte que vous ne
connaissez pas la réponse. Certaines questions sont juste le
prélude à des démonstrations ; par exemple :
« les patrons exploitent-ils les travailleurs ? ». Or
la question de départ doit ouvrir votre esprit ; elle doit
être exempte de volonté démonstrative, de
préjugés, de pré-notions. Évitez aussi les
questions moralisatrices, dont les réponses peuvent varier selon les
échelles de valeurs de chacun : « telle politique
est-elle juste ? » (à moins que vous souhaitiez
étudier la notion de justice selon tel ou tel groupe social, et donc
contextualiser précisément ce terme).
La question doit être assez large pour laisser toutes
les pistes de réponses possibles.
Un exemple vaut mieux que mille discours : voici une
bonne question de départ, que nous rappellent Van Campenhoudt et
Quivy.
La meilleure manière d'entamer un travail de recherche
consiste à s'efforcer d'énoncer le projet sous la forme d'une
question de départ. Par cette question, le chercheur tente d'exprimer le
plus exactement possible ce qu'il cherche à savoir, à
élucider, à mieux comprendre. La question de départ
servira de premier fil conducteur à la recherche. Pour remplir
correctement sa fonction, la question de départ doit avoir un certain
nombre de qualités de clarté, de faisabilité et de
pertinence.(QUIVY et CAMPENHOUDT, 1995)
Ainsi, lors de la construction de l'objet, nous avons retenu
la question centrale qui est : « Quels sont les enjeux
autourdel'occupation par les particuliers des aires
protégées urbaines de Lubumbashi? »
Section 3 :
l'état de la question
Toute bonne revue de littérature nous envoie donc
explorer trois univers : celui de la réalité, celui des
théories et des concepts connus et enfin, celui des méthodes
déjà employées pour associer les deux premiers. Avec les
technologies actuelles de recherche bibliothécaire dans les
répertoires électroniques, la recherche par sujets et par
mots-clés permet de raffiner la question de départ et de
préciser la question de recherche, à la condition de travailler
systématiquement et de continuellement faire progresser « nos
dessins ».(NOEL, 2011)
La première raison pour entreprendre une revue de
littérature est d'accélérer notre démarche et de ne
pas réinventer la roue. Il est très rare de pouvoir explorer une
question totalement nouvelle et le minimum de rigueur exige d'un chercheur
qu'il connaisse les textes fondateurs du domaine de sa recherche. Il est peu
probable qu'il n'existe pas de livres ou d'articles permettant d'établir
au moins un cadre de référence pour étudier
systématiquement la question qui nous intéresse. Une bonne revue
de littérature doit donc procéder à la fois à un
survol, mais aussi à une évaluation critique des ouvrages
déjà consacrés à notre sujet. Pour que cet
exercicesoit utile, il ne doit pas se contenter de présenter
linéairement les documents consultés, mais il doit en fait
ressortir les contributions importantes.
« Il n'est pas de description qui soit vierge de
théorie. Que vous vous efforciez de reconstituer des scènes
historiques, d'enquêter sur le terrain auprès d'une tribu sauvage
ou d'une communauté civilisée, d'analyser des statistiques,
d'opérer des déductions à partir d'un monument
archéologique ou d'une découverte préhistorique - chaque
énoncé et chaque raisonnement doivent passer par les mots,
c'est-à-dire par les concepts. Chaque concept à son tour est le
fruit d'une théorie, qui décide que certains faits sont
pertinents et d'autres accessoires, que certains facteurs orientent le cours
des événements, et que d'autres sont des intermèdes
fortuits... » (MALINOWSKI, 1944)
Dans les recherches menées, nous avons trouvés
des études et des textes de loi en rapport avec la gestion des aires
protégées. Dans cet examen de la littérature existante,
nous avons évité la gloutonnerie livresque qui est
considérée par QUIVY, R. & VAN CAMPENHOUDT, L. (2006), comme
le fait de lire de nombreux articles ou livres sans sélection
préalable et sans vraiment savoir ce qu'on cherche. Ils
considèrent cela comme un écueil à éviter et qui
conduit le plus souvent au découragement.
Les généralités sur les
aires protégées
1. AIRES PROTEGEES AU QUEBEC : CONTEXTE, CONSTATS ET
ENJEUX POUR L'AVENIR(Québec: Ministère de l'environnement,
1999)
Le texte vise d'abord à établir ce qu'est une
« aire protégée » et à en souligner
l'importance. Il expose également les principaux problèmes
auxquels se heurte le développement de tout espace protégé
au Québec. Ce sont à ces problèmes que la Stratégie
québécoise sur les aires protégées devra trouver
des solutions.
Enfin, ce document précise quels défis la
société québécoise devra collectivement relever
pour favoriser un développement plus important et significatif des aires
protégées, de manière à mieux protéger la
diversité biologique.
Ainsi, l'auteur nous aide à maitriser les objectifs de
la gestion des aires protégées qui sont de :
Ø préserver des biotopes, des
écosystèmes et des espèces dans les conditions les plus
naturelles ou les moins modifiées qui soient ;
Ø maintenir des ressources génétiques
dans un état dynamique et évolutif;
Ø maintenir des processus écologiques
établis ;
Ø sauvegarder des éléments structurels du
paysage ou des formations rocheuses ;
Ø conserver des milieux naturels exemplaires à
des fins d'étude scientifique, de surveillance continue de
l'environnement et d'éducation y compris des aires de
référence, en excluant tout accès qui puisse être
évité ;
Ø réduire au minimum les perturbations, en
planifiant et en menant avec circonspection les activités
autorisées, de recherches et autres ;
Ø limiter l'accès au public.
2. AIRES PROTEGEES : ESPACES DURABLES ?
(AUBERTIN, 2008)
Catherine AUBERTIN et Estienne RODARY ont axé leur
exposé sur quelques questions transversales à savoir :
- les enjeux biologiques de la conservation et notamment
l'utilisation des nouveaux outils tels les réseaux écologiques,
les corridors, l'organisation à l'échelle régionale
d'infrastructures écologiques, etc. ;
- l'intégration des activités humaines dans la
conservation, en particulier les dynamiques de participation et de prise en
compte des savoirs locaux ;
- les convergences et les tensions qui s'affirment entre les
exigences du développement durable et la définition des objets et
objectifs de la conservation.
3. AIRES PROTEGEES : AVANTAGES SANS FRONTIERES :
(PHILLIPS, 2000)
Adrian Phillips et Kenton Miller exposent les avantages que
les aires protégées procurent à la société
et leurs services qui ne cessent de prendre de la valeur. Au-delà de
tout, ils soulignent toutefois que leur aptitude à fournir ces avantages
est entravée par des menaces qui apparaissent à toutes les
échelles et à un rythme sans précédent
4. PROGRAMME DE TRAVAIL SUR LES AIRES
PROTEGEES:(Secrétariat de la Convention sur la diversité
biologique, 2004)
L'auteur insiste sur le fait que les aires
protégées constituent un élément vital des
stratégies de conservation aux niveaux national et mondial. Leur
importance est largement reconnue à l'échelon international.
Les aires protégées ont des valeurs qui sont
essentielles au bien-être humain et qu'elles offrent toute une
série de biens et de services tels que la diversité biologique et
la conservation des écosystèmes qui peuvent dispenser les
services tels que le tourisme; les activités récréatives;
les moyens de subsistance des communautés locales et qu'elles
contribuent à l'atténuation de la pauvreté et au
développement durable.
Les aires protégées en
RDC
1. LES AIRES PROTEGEES EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE(MISSER, 2013)
L'article de François Misser «Les aires
protégées en République Démocratique du Congo :
menaces et défis» dans ce fascicule décrit bien
l'état inquiétant de ces sites extraordinairesrepris sur la liste
des sites du Patrimoine mondial en péril par l'UNESCO.L'Union
européenne apporte une aide précieuse aux autorités
congolaises pour consolider les acquiset redynamiser ces aires
protégées. Malgré tout certaines espèces
disparaissent (c'est le cas durhinocéros blanc de la Garamba) ou sont
fortement menaçées (c'est le cas de l'hippopotame auVirunga). Des
sites sont envahis par des populations locales à la recherche de terres
à cultiver. Desmenaces sérieuses d'exploitation du pétrole
persistent au Parc national des Virunga, le plus ancienparc africain (il date
de 1925).
On ne peut qu'espérer que la situation
s'améliorera peu à peu grâce au courage des équipes
localesde gardes et au support des autorités responsables et des
bailleurs de fonds, dont l'Union Européenneet les coopérations
des Etats membres (RFA, Espagne, Belgique ...).
Dès à présent, le Réseau des aires
protégées en Afrique centrale (RAPAC), qui réunit 8 pays
membressoit 82 aires protégées, a mis en place un Plan
stratégique en vue de redresser cette situation difficile,et grâce
à l'appui de l'Union Européenne, développe sa
stratégie sur le terrain via le programmeECOFAC V.
Une des mesures proposées est l'amélioration de
la formation des cadres des aires protégées quidoivent faire face
à des situations extrêmement complexes. Dans ce cadre, le RAPAC a
demandéà l'Ecole régionale post-universitaire
d'aménagement et de gestion intégrés des forêts et
territoirestropicaux (ERAIFT) d'enquêter sur la situation des aires
protégées d'Afrique centrale et d'identifier lesbesoins en
formation de leurs cadres. L'article de François Misser s'inscrit bien
dans cette démarcheet montre très clairement que les cadres des
aires protégées congolaises doivent faire face à
dessituations complexes nécessitant une approche systémique.
La formation classique basée sur la seuleapproche
biologique est manifestement inadéquate et devrait être
complétée par une approchemultisectorielle mieux adaptée
à la gestion d'aires protégées de grande étendue et
devant faire faceà des problèmes à la fois multiples et
complexes. Ce nouveau type de formation devrait permettrede mieux gérer
les conflits Populations / Aires protégées, d'améliorer la
gouvernance et de participeraux réformes institutionnelles.
Il s'est penché sur les conflits fonciers et
immobiliers en milieu urbain. Il en a relevé les causes,
épinglant notamment la dualité des terres et le conflit
d'autorité, l'interférence des autorités
politico-administratives et les actes maladroits posés par le
Conservateur des titres immobiliers. Il a mis en lumière le rôle
déterminant que joue le fonctionnaire dans le système foncier de
notre Pays, ainsi que l'environnement humain, professionnel et psychologique
dans lequel il évolue, à l'occasion de l'accomplissement de sa
mission.
Le souci de protéger la nature de certaines actions
humaines jugées trop destructrices et sa matérialisation en aires
protégées sont des constructions liées à un cadre
historique et social spécifique.
En exploitant les différents textes, les
différents auteurs nous ont aidés à bien maitriser le
bien-fondé de l'existence des aires protégées et leur
implication dans le développement durable, et par rapport à la
RDC, la sonnette d'alarme est tirée sur l'Etat dans lequel se retrouve
la plupart de nos aires protégées quoi que certains textes
légaux sur la protection et la conservation de l'environnement existent.
Ainsi, connaissant la classification des aires
protégées, et la particularité des aires
protégées urbaines, nous tenterons, au niveau de la ville de
Lubumbashi, deconnaitre les enjeux autour del'occupation des espaces dans les
aires protégées urbaines par la spoliation et de l'octroi
auxquels recourent les acteurs.
|