D. METHODES ET TECHNIQUES
CORTEN affirme : « la méthodologie est une
subdivision de la logique, ayant pour objet l'étude a posteriori des
méthodes et plus spécialement, d'ordinaire, celle des
méthodes scientifiques ».18 Et dès lors, «
des principes scientifiques bien établis, basés sur une recherche
rigoureuse, sont normalement une condition nécessaire pour une action
sociale intelligente, mais ils ne sont pas suffisants en eux-mêmes. Cela
signifie que le seul fait de détenir le savoir nécessaire ne
garantit pas que nous ayons la capacité ou la volonté en fonction
de ce savoir. Par contre, sans lui nous serons obligés de continuer
à nous servir des méthodes du type essais et erreurs qui
ont longtemps fait la preuve de leur inefficacité...
».19 Et donc l'importance de recourir à des
méthodes et techniques appropriées en vue de la rédaction
du présent travail s'impose de facto.
« En droit, la méthode revêt plusieurs
aspects. L'objectif du juriste étant de démontrer une solution
juridique, la méthode qu'il utilise doit être entendue comme
« la manière dont les juristes organisent leur raisonnement pour
parvenir à ce résultat ». Mais il faut également
entendre, outre la méthode au sens noble du terme, les
différentes techniques permettant de travailler efficacement. C'est
ainsi que Cohendet estime qu'une méthode de travail en droit public
n'existe pas, qu'il existe des méthodes multiples, variant selon la
personnalité et les conceptions de chaque juriste et selon le type
d'exercice. »20
« Chaque discipline a ses impératifs
méthodologiques. Les méthodes de recherche sont liées
à la discipline dans laquelle l'étude a lieu et à la
catégorie des chercheurs concernés par la démarche : les
juristes, les politologues, les sociologues, les historiens.... Utilisent les
méthodes liées à leur domaine. Les chercheurs en sciences
sociales utilisent traditionnellement dans des recherches similaires à
la nôtre deux principales méthodes d'approche : les
méthodes juridiques, s'ils sont juristes, les méthodes empiriques
pour les politologues, sociologues, anthropologues, psychologues et autres
historiens ».21
18CORTEN O., Méthodologie du droit
international public, édition de l'Université de Bruxelles,
Bruxelles, 2009, P.12.
19 BLALOCK H., Introduction à la recherche
sociale, Duculot, Gembloux, 1973, p.21.
20 KAMUKUNY MUKINAY, Droit constitutionnel congolais,
cours polycopié à l'usage des étudiants de deuxième
graduat, U.KA., 2014-2015, inédit.
21KAMUKUNY MUKINAY, Op. cit., p.6.
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La référence aux textes juridiques étant
le réflexe de tout juriste avisé, notre méthode, du moins
la principale sera normative et cela en accordant une place de choix, aux
Conventions de Genève et aux Protocoles additionnels, à la
Constitution, à la loi lato sensu ainsi que toutes les règles
juridiques qui organisent le domaine du DIH.
Selon que l'on se sert du langage dans lequel est
exprimé le texte, du contexte de sa création, de l'objectif
poursuivi par son auteur, de la fonction que doit objectivement remplir le
texte ou de l'ensemble des dispositions d'un texte, l'interprétation
peut être sémiotique ou exégétique,
téléologique ou contextuelle, génétique,
[...].22
Nous recourons aussi à l'analyse historique ou
génétique, entendu comme recours à l'histoire en vue de
comprendre les origines du DIH et ainsi en expliquer les faits
générateurs. L'exégèse ou la sémiologie nous
aide à faire une interprétation littérale de la
règle de droit, des dispositions des textes juridiques.
Par analyse contextuelle ou téléologique, nous
nous plaçons dans le contexte de l'élaboration, l'adoption, de la
fin d'une disposition légale en vue d'en saisir la portée.
« Toute recherche ou application de caractère
scientifique en science sociales comme dans les sciences en
général, doit comporter l'utilisation des procédés
opératoires rigoureux, bien définis, transmissibles, susceptibles
d'être appliqués à nouveau dans les mêmes conditions
adaptées au genre des problèmes et de phénomènes en
cause »23.
Parlant des techniques utilisées dans notre travail,
nous avons fait recours à la technique d'interview qui consiste à
faire une enquête avec questionnement à l'appui auprès des
victimes et témoins des atrocités pendant les conflits
armés en vue de recueillir des informations sur terrain.
La technique documentaire restant donc le fait de recourir
à la documentation, nous l'avons utilisée essentiellement dans le
présent travail.
22 COHENDET M.A., Droit public. Méthodes de
travail, 3ème édition, Montchrestien, Paris, 1998, p. 13.
23GRAWITZ, Méthodes de sciences sociales,
septième édition, Dalloz, Paris, 1986, P.361.
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