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Alternative à  la résistance aux pyréthrinoàŻdes au Burkina Faso: évaluation des activités insecticides et répulsives-irritantes d'huiles essentielles de plantes locales seules et en combinaison sur les populations de anopheles gambiae et de aedes aegypti (diptera: culicidae)


par Mahamoudou BALBONE
Université Joseph Ki-Zerbo - Doctorat 2022
  

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PARTIE 1 : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

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Thèse de Doctorat unique - 8 -

1- 1. Vecteurs du paludisme et de la dengue

1- 1.1. Classification

Les moustiques constituent l'une des plus importantes familles de vecteurs d'agents pathogènes appartenant à la classe des insectes. (Duvallet, Fontenille et Robert, 2017). Parmi ces vecteurs nous avons les Anopheles, vecteurs de Plasmodiums sp, parasites responsables du paludisme et les Aedes, vecteurs de Flavivirus (DENV), virus de la dengue. Ces vecteurs sont des arthropodes appartenant au :

o Règne : Animalia

o Sous-règne : Metazoa

o Phylum : Arthropoda (= pattes et appendices articulés)

o Classe : Insecta (= corps segmenté en trois parties)

o Ordre : Diptera (= une paire d'ailes)

o Sous-ordre : Nematocera (= avec antennes rondes et longues)

o Famille : Culicidae (= moustique)

- Sous-famille : Anophelinae (Anophèles) - Sous-famille : Culicinae (Aedes)

- Genre : Anopheles, Aedes.

Le genre Anopheles, vecteur du paludisme, comporte plus de 400 espèces mais seulement une trentaine assure, avec une efficacité importante, la transmission des Plasmodium humains dans le monde (Sinka et al., 2010; Sinka et al., 2012; OMS, 2020). En Afrique subsaharienne, les vecteurs du paludisme appartiennent majoritairement au complexe Anopheles gambiae s.l. (Figure 1A) (9 espèces dont trois vecteurs principaux : An. coluzzii, An. gambiae et An. arabiensis), groupe An. funestus (neuf espèces dont deux vectrices : An. funestus s.s. et An. rivulorum) et An. nili (quatre espèces dont trois vecteurs principaux : An. nili s.s., An. carnevalei et An. ovengensis) ( Carnevale et Robert, 2009; Sinka et al., 2012; Soma et al., 2020). Certaines espèces de Anopheles jouent également un rôle en santé animale en assurant la transmission de Plasmodium de mammifères, notamment de rongeurs, et de filaires animales (Carnevale et Robert, 2009). D'autres sont impliquées dans la transmission de virus animaux tels que ceux de la myxomatose et de la fièvre de la Vallée du Rift (ANSES, 2020).

Le genre Aedes, vecteur des arboviroses, regroupe actuellement 263 espèces en 21 sous-genres (Harbach, 2007). Le sous-genre Stegomyia héberge de nombreuses espèces vectrices d'arboviroses humaines dont Aedes aegypti (Figure 1B) vecteur de la dengue et dans une moindre mesure, Aedes albopictus (OMS, 2020b). Aedes aegypti est aussi vecteur de l'infection à Zika, du chikungunya et de la fièvre jaune (OMS, 2022).

A B

A : Anopheles gambiae. Foto: James Gathany, Scientific Photographer, Center for Disease

Control, U.S. Department of Health & Human Services . www.cdc.gov www.vectorbase.org

Figure 1: Images de moustiques A et B

B : Aedes aegypti. Tis.re/[Projet] TIS 2B - Technique de l'Insecte Stérile (c) IRD - Nil Rahola

1- 1.2. Cycle de développement des moustiques

Les moustiques sont des insectes à métamorphose complète ou holométaboles. Leur cycle de développement (Figures 2 et 3), comme chez tous les insectes diptères, est un cycle biphasique qui se déroule en quatre stades (l'oeuf, la larve, la nymphe et l'adulte). Le temps de développement de chaque stade dépend de la température de l'eau et d'autres facteurs.

1- 1.2.1. Phase pré-imaginale

La phase pré-imaginale qui se déroule en milieu aquatique regroupe le stade oeuf, le stade larvaire et le stade nymphal.

o Les oeufs

Les femelles des moustiques (Anophèles et Aedes) ne s'accouplent qu'une seule fois au cours de leur vie et peuvent continue à pondre pendant toute leur vie. La plupart des femelles

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pondent 1 à 3 fois, mais certaines peuvent pondre jusqu'à 5 à 7 fois (OMS, 2014). Pour la maturation des oeufs, les femelles prennent un repas de sang. Les oeufs des moustiques mesurent environ 1 millimètre de long. Blanchâtres au moment de la ponte, ils s'assombrissent dans les heures qui suivent.

Les oeufs des moustiques comprennent 3 membranes : la membrane interne qui entoure le vitellus et l'embryon ; la membrane intermédiaire ou endochorion et la troisième membrane ou exochorion.

En fonction des espèces de moustiques, nous avons une variété bien déterminée de gîtes aquatiques pour la ponte :

· Chez les Anopheles, les oeufs sont pondus isolément à la surface de l'eau 100 à 150 oeufs et sont munis de flotteurs latéraux qui les rendent insubmersibles. Les anophèles pondent dans les petites quantités d'eau, dans des empreintes de pas, des flaques d'eau de pluie ou collections plus grandes comme des rivières, canaux, marécages, lacs, rizières, etc.

· Chez les Aedes, les oeufs sont pondus isolement sur des supports humides à proximité immédiate de la surface de l'eau, ou à même le sol sec. Ces oeufs doivent attendre d'être submergés pour éclore. L'éclosion se produit au bout de 36 à 48 heures après la ponte, dès que l'embryon est entièrement développé. Ce délai est allongé lorsque la température diminue (Carnevale et Robert, 2009). Les Aedes pondent préférentiellement dans les pneus usagés, les fûts récupérateurs d'eau, les pots de fleurs, les bouteilles ou les tasses jetés, etc.

o Les larves

Les larves de moustiques ressemblent à des vers et sont dépourvues de pattes et d'ailes. Le corps de la larve comporte 3 parties : la tête, le thorax et l'abdomen avec une croissance discontinue en quatre stades dits L1, L2, L3 et L4 morphologiquement comparables séparés par trois (3) mues. Le premier stade correspond à la larve nouvellement éclos ou sorti de l'oeuf. Après un jour ou deux, elle mue, abandonnant son enveloppe et devient ainsi le second stade, suivi par le troisième stade et le quatrième stade, à des intervalles d'environ deux jours chacun.

Les larves des moustiques sont le plus souvent détritivores mais certaines sont prédatrices ou même cannibales. Elles se nourrissent généralement par filtration, soit à la surface, soit au fond de l'eau et se déplacent par saccades.

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Chez les Anophelinae, les larves respirent directement l'air extérieur par des stigmates dorsaux, ce qui leur impose une position de repos parallèle à la surface de l'eau donnant l'impression qu'elles flottent (Figure 4) tandis que celles des Culicinae respirent par un siphon situé à l'extrémité de l'abdomen et sont donc obliques par rapport à la surface de l'eau au repos (Figure 4).

Le développement larvaire a une durée variable dépendant de la température, de l'humidité et des nutriments retrouvés dans le milieu de vie (Carnevale et Robert, 2009).

o Les nymphes

La nymphe ou pupe est le stade pendant lequel une transformation majeure se produit : le passage de la vie aquatique à la vie aérienne de l'adulte.

Les nymphes ont la forme d'une virgule et restent généralement à la surface de l'eau (Figure 1) mais plongent lorsqu'elles sont dérangées, en déployant et reployant l'abdomen terminé par deux palettes natatoires. Elles ne peuvent pas se nourrir mais respirent à l'aide de deux trompettes situées sur le céphalothorax et non au bout de l'abdomen comme chez la larve. La durée de vie de la nymphe est courte, 1 à 2 jours généralement chez Anopheles. Chez Aedes, ce stade peut aller jusqu'à 3 jours. A la fin de ce stade, la nymphe subit des changements morphologiques aboutissant à la formation de l'adulte. En effet, au moment de l'émergence de l'adulte, en général la nuit, l'enveloppe de la nymphe se fend longitudinalement, le moustique adulte se gonfle d'air et s'extrait de l'exuvie à la surface de l'eau puis s'y repose temporairement jusqu'à ce qu'il soit capable de s'envoler (OMS, 2014).

1- 1.2.2. La phase imaginale

La phase imaginale qui est aérienne concerne le stade adulte ailé ou imago. Le moustique adulte se gonfle d'air et s'extrait de l'exuvie (mue) à la surface de l'eau. Les moustiques adultes volent après avoir émergé puis s'accouplent. Les premiers jours de la vie imaginale sont caractérisés par le durcissement de la cuticule, la prise de repas sucré et la maturation des organes de reproduction sexuels. Une période de 24 heures est nécessaire à la femelle pour que ses pièces buccales soient assez rigides pour pouvoir percer l'épiderme des hôtes vertébrés et prendre un repas de sang. Tous les adultes des moustiques s'alimentent de nectars ou du jus sucrés des fleurs

afin de couvrir leurs besoins énergétiques. Les mâles deviennent fertiles après 3 jours de vie imaginale et contrairement aux femelles, ils peuvent s'accoupler plus d'une fois.

Plusieurs caractéristiques permettent de distinguer les moustiques adultes du genre Anopheles à ceux du genre Aedes.

· Les moustiques du genre Anopheles n'ont pas d'écailles sur leur abdomen.

Les palpes sont aussi longs que la trompe chez la femelle ou renflés à leur extrémité chez le mâle. Les Anophèles se développent dans des eaux calmes, douces, rarement dans des gîtes de petites dimensions. Les femelles piquent généralement à partir du crépuscule. Au repos, l'adulte des Anophelinae a son abdomen maintenu à un certain angle par rapport à la surface sur laquelle il se pose et forme une ligne droite avec la trompe. Au repos, les Anophèles adoptent généralement une position oblique par rapport au support, les différenciant facilement des autres Culicinae qui se positionnent parallèlement au support (Figure 4).

· Les moustiques du genre Aedes ont des écailles sur l'abdomen et des soies insérées en arrière des spiracles antérieurs. Les femelles ont des palpes plus courts que la trompe et des crèques apparents à l'extrémité de l'abdomen. Les plus dangereux, Aedes aegypti et Aedes albopictus, se développent dans des gîtes créés par l'homme (récipients de stockage d'eau abandonnés autour des maisons et les pneus au rebut) (OMS, 2014).

Le cycle gonotrophique se caractérise premièrement par la recherche de l'hôte pour le repas sanguin, suivi de l'ingestion et la digestion du sang accompagnées de la maturation des follicules ovariens. Pendant cette phase, le moustique est moins actif. La femelle gravide achève ce cycle par la recherche d'un site d'oviposition.

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Figure 2: Cycle biologique de l'anophèle (Carnevale et al., 2009)

Figure 3: Cycle de développement des moustiques ( http://www.institutpasteur.nc/les-moustiques-et-la-dengue/)

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Figure 4: Comparaison des Anophelinae et Culicinae (OMS 2013)

1- 1.3. Répartition géographique mondiale des moustiques Aedes aegypti et Anopheles gambiae

Historiquement, les moustiques se sont toujours déplacés au gré des migrations humaines, de leurs habitats d'origine en Afrique et en Asie au reste du monde. Au cours des prochaines années, le changement climatique leur permettra de se déplacer encore davantage, y compris dans des zones qu'ils n'avaient pas encore colonisées.

o Cas de Aedes aegypti

Le commerce des pneus usagés, qui constituent l'un des principaux gîtes larvaires artificiels, a joué un rôle important. Ajoutons que Ae. aegypti est essentiellement urbain. Son caractère anthropophile (qui aime les lieux habités par l'homme) explique qu'une fois installer dans une zone, il est pratiquement impossible de s'en débarrasser.

La carte montrant la distribution mondiale prédite pour Ae. aegypti est présentée dans la Figure 5. Ae. aegypti est principalement présente dans les régions tropicales et subtropicales, avec des concentrations dans le nord du Brésil et dans le sud-est de l'Asie, y compris toute l'Inde, mais

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avec relativement peu de zones propices en Europe (uniquement en Espagne et en Grèce) et en Amérique du Nord tempérée (Kraemer et al., 2015).

Figure 5: Répartition géographique mondiale de Aedes aegypti (Kraemer et al., 2015).

o Cas de Anopheles gambiae

La Figure 6 représente la carte montrant la distribution mondiale pour An. gambiae. Dans les conditions climatiques actuelles, les zones potentiellement favorables à An. gambiae sont principalement situées près de l'équateur, comprenant le centre et le nord de l'Amérique du Sud, une fraction des zones proches de l'équateur en Amérique du Nord, le centre et le sud de l'Afrique, certaines régions tropicales du sud de l'Asie et de petites zones en Océanie (Li et al., 2021). Les zones hautement et moyennement appropriées étaient principalement distribuées en Afrique centrale et australe (y compris la Gambie, le Ghana, le Nigeria, l'Afrique centrale, le Soudan, Madagascar, le Mozambique); en Asie du Sud et du Sud-Est (y compris la côte sud-ouest de l'Inde, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam); dans les parties les plus occidentales, les plus orientales et les plus septentrionales de l'Amérique du Sud (Est du Brésil, Équateur, Venezuela) ; et sur la côte Nord de l'Australie (Li et al., 2021). Les zones faiblement adaptées étaient principalement distribuées le long de la côte sud-ouest de l'Amérique du Nord (y compris le Mexique et le Nicaragua), le centre de l'Amérique du Sud (y compris le Brésil), le Sud de

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l'Afrique (y compris l'Angola, la Zambie, le Zimbabwe et l'Afrique du Sud), le Centre de l'Inde et le Laos en Asie, et la côte Ouest et Nord de l'Australie (Li et al., 2021).

Figure 6: Distributions potentielles de Anopheles gambiae dans les conditions climatiques actuelles (Li et al., 2021).

1- 1.4. Écologie et comportement des moustiques

La biologie des adultes des moustiques est caractérisée par deux principales phases qui sont l'alimentation et la reproduction. Le cycle de reproduction étant conditionné par le repas sanguin chez les femelles, entraine leur dispersion à la recherche successive de l'hôte vertébré, du site de repos et du gîte de ponte. L'ensemble de ces comportements définit ce qu'on appelle le « cycle gonotrophique » qui ne concerne que la femelle, hématophage (se nourrissant de sang) car le mâle se nourrit exclusivement de jus sucré et n'est pas hématophage. En effet, le repas sanguin sert pour la maturation des oeufs chez les femelles pares.

L'accouplement (2 à 3 jours après l'émergence, avant ou après le premier repas de sang) est souvent précédé d'un essaimage de mâles observables au-dessus de plusieurs marqueurs

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physiques (Sawadogo et al., 2013). L'accouplement peut se dérouler entièrement pendant le vol ou débuter pendant le vol et s'achever lorsque le couple est au sol. Il aboutit au stockage du sperme dans la spermathèque de la femelle. Les femelles sont attirées dans les essaims par des stimuli optique, olfactif (phéromone) et auditif tandis que les mâles sont attirés par la fréquence de vibration des ailes de la femelle (Carnevale et Robert 2009).

Une légère différence de comportement trophique s'observe chez les deux types de moustiques. L'espèce Ae. aegypti, étroitement liée à l'homme à cause de la nature anthropisée de ses gîtes, présente une anthropophilie relativement exclusive. Quant au vecteur du paludisme, An. gambiae, il est très fortement anthropophile et endophages, mais l'abondance locale du bétail ou la mise en place de méthodes de lutte contribue à moduler ce comportement (Boussès et Granouillac, 2011). Les deux espèces de moustiques peuvent piquer aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur des habitations. Ae. aegypti pique principalement pendant la journée et An. gambiae pique généralement la nuit, du crépuscule à l'aube. Après son repas sanguin, les femelles de Ae. aegypti comme celle de An. gambiae peuvent se reposer aussi bien à l'intérieur (endophilie) qu'à l'extérieur (exophilie) des habitations. En milieu urbain, l'endophilie semble plus prononcée.

Les gîtes de ponte de An. gambiae sont très variés et constitués généralement de petites collections d'eau temporaires dépendant des pluies, peu profondes et ensoleillées dans lesquelles la végétation est absente : empreintes de pas, de sabots ou de roue, trous d'emprunt de terre, marécages partiellement drainés, flaques résiduelles à la décrue des cours d'eau, etc. An. gambiae disparait pendant la saison sèche, dans les zones de savane et réapparait en grand nombre dès les premières pluies (Boussès et Granouillac, 2011; Lehmann et al., 2014).

Les gîtes de ponte de Ae aegypti sont des réservoirs artificiels crées par l'Homme : vases, soucoupes des fleurs, récipients de stockage des eaux de pluies, bidons, gouttières, gobelets en plastique usagés, bouchons de bouteilles. Ces gîtes sont apprécies des Aedes, car ils contiennent généralement de l'eau stagnante et claire (peu polluée) (Carnevale et Robert, 2009). C'est pourquoi ils se déplacent peu, et restent souvent à proximitéì des habitations, dans lesquelles ils rentrent pour piquer ou se reposer (Carnevale et Robert, 2009). La capacité à piquer à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des habitations, et aussi la nature essentiellement diurne de l'activité de piqûre de Ae. aegypti constituent d'ailleurs une véritable difficultéì à surmonter pour la mise en place de stratégies efficaces de lutte contre le vecteur de la dengue.

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1- 1.5. Les conséquences du repas sanguine des femelles de Aedes et de Anopheles

Le moustique femelle lors de son repas de sang, pique une personne, il lui injecte sa salive et aspire son sang.

Si cette personne auparavant était infecté par le virus de la dengue ou le plasmodium agent causal du paludisme, le moustique femelle aspire le sang contenant des virus de la dengue (DENV) ou des plasmodiums, selon qu'il soit de l'espèce Ae. aegypti ou An. gambiae. L'agent causal va se multiplier dans l'organisme du moustique puis s'accumuler dans ses glandes salivaires. Lors d'un repas de sang, ce moustique infectieux pique une personne (saine) et lui injecte sa salive contenant l'agent causal de la dengue ou du paludisme.

La continuité de ce cycle entretient l'expansion des maladies dont les vecteurs sont des moustiques.

1- 2. Méthodes de luttes antivectorielle actuelles

La lutte antivectorielle est une composante importante de la prévention des maladies à transmission vectorielle.

Les stratégies de lutte anti vectorielle (LAV) ont trois (3) objectifs : la diminution du contact homme - vecteur, la lutte contre les moustiques adultes et la lutte contre les larves (OMS, 2014). Les deux derniers objectifs visent la diminution de la densité des vecteurs et la durée de vie des vecteurs adultes.

1- 2.1. La diminution du contact homme-vecteur

L'objectif majeur de ces outils de lutte est d'empêcher les vecteurs d'entrer en contact direct avec l'Homme (Duvallet, Fontenille et Robert, 2017). Cette barrière direct Homme-vecteur peut se faire par l'installation des barrières physiques. En effet, elles permettent la protection de l'individu contre les piqûres de moustiques. Parmi ces outils, nous avons : les vêtements, les tentes, les bâches, les moustiquaires, les rideaux, les grillages pour la protection des ouvertures des maisons et les répulsifs. La plupart de ces outils sont des barrières physiques direct Homme-vecteur. L'efficacité des barrières physiques a été renforcée par leur imprégnation aux insecticides pyréthrinoïdes qui procurent en plus un effet répulsif et létal (Darriet, 1998).

La moustiquaire imprégnée à longue durée d'action (MILDA) et la moustiquaire imprégnée d'insecticide (MII) agissent i) en protégeant la personne qui dort en dessous (niveau

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individuel : protection personnelle) et ii) en étendant leur effet à l'ensemble d'une zone (niveau communautaire : effet de masse). La protection personnelle opère en évitant le contact entre le moustique et la personne qui se trouve sous la moustiquaire. Le succès des moustiquaires imprégnées d'insecticides (MII) fut observé dans les années 1980 avec l'utilisation d'insecticides de la famille des pyréthrinoïdes. L'efficacité résiduelle de la deltaméthrine et de la perméthrine a été évaluée par des bio essais en utilisant la souche Aedes aegypti à Bobo-Dioulasso ( Hervy et Sales, 1980). Dans la MII, l'insecticide à effet rémanent constitue une barrière chimique qui renforce la barrière physique.

Un répulsif est une substance chimique naturelle très volatile capable de repousser tout animal nuisible pour l'homme. Les essences de certaines plantes sont utilisées pour chasser les moustiques (Paluch, Bartholomay et Coats, 2010 ; Rehman, Ali et Khan, 2014 ; Deletre et al., 2013 ; Semmler et al, 2014). Des répulsifs chimiques ont été développées pour renforcer le pouvoir de répulsion des substances naturelles (Semmler et al., 2014). Ces répulsifs chimiques sont des molécules dérivées des principes actifs de plantes, telle que la pyréthrine, ou des molécules provenant des composés chimiques simples, tel que le DEET (N1, N-diéthyl-m-toluamide), IR35-35 (N-acétyl-N-butyl-ß-alaninate d'éthyle), KBR3023 (Carboxylate de Sec-butyl 2-(2-hydroxyéthyl) pipéridine-1/Icaridine).

o La pyréthrine, de la famille chimique des pyréthrinoïdes, est efficace contre les piqûres de vecteurs de maladies (Banks et al., 2014 ; Schreck et McGovern, 1989). Certes, les pyréthrinoïdes sont des insecticides, ils peuvent être répulsifs-irritants à de faibles concentrations. (ANSES, 2013).

o Le N,N-diéthyl-3-méthyl-benzamide (DEET) est un répulsif efficace à large spectre, utilisé comme actif principal ou unique dans de nombreuses formulations commerciales disponibles pour protéger les humains contre les piqûres d'arthropodes (Rutledge et al., 1989 ; Fradin et Day, 2002; Katz, Miller et Hebert, 2008).

o L'icaridine, appelée aussi picaridine ou KBR3023, est une substance chimique peu nocive conçue en 1996 par les laboratoires allemands Bayer (Paluch et al., 2010) pour pallier les effets secondaires du DEET (Lundwall et al., 2005). Il est aussi efficace que le DEET contre les moustiques Ae. aegypti, Ae. albopictus et An. gambiae (Costantini et al, 2004 ; Licciardi et al., 2006). Il est l'un des répulsifs les plus utilisés dans le monde

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et est recommandéì par l'OMS en LAV, notamment dans les zones où le paludisme est endémique (Costantini, Badolo et Ilboudo-Sanogo, 2004).

o Insect Repellent 3535 (IR3535) ou éthyl butyl acétyl aminopropionate est plus efficace que le DEET sur certains vecteurs de maladies tels que les tiques (Boulanger et Lipsker, 2015) et les moustiques An. gambiae et An. funestus (Licciardi et al.. 2006). Cependant, il est moins efficace sur Ae. aegypti que le DEET (Fradin et Day 2002).

1- 2.2. La diminution de la densité vectorielle

Afin de réduire la densité du vecteur, la lutte antivectorielle doit perturber le cycle de développement des moustiques ceci soit en agissant directement sur les oeufs et les larves soit en visant les adultes ou indirectement en se concentrant sur leur milieu naturel et le rendant défavorable. Ils se présentent sous les trois formes de lutte : physique, chimique et biologique

1- 2.2.1. La Lutte biologique

La lutte biologique est définie comme l'utilisation de prédateurs, parasites ou pathogènes dans le biotope des larves ou des adultes de moustiques. Le lâcher de mâles stériles relève également de ce type de lutte lorsque le génome de ces moustiques n'est pas modifié (figure 7).

Les poissons larvivores comme le Gambusia et les insectes aquatiques entomophages (se nourrissent d'insectes) ou de certains microorganismes (bactérie, prédateurs, virus...) sont des prédateurs de larves de moustiques. En effet, Gambusia affinis, un poisson culiciphage, est très vorace (Bendali, Djebbar et Soltani, 2001) et a permis d'obtenir de bons résultats dans la lutte contre les larves de moustique du genre Culex (Lacey, 1990). Aussi, des espèces de poissons, telles que Poecilia reticulata et Aplocheilus blochi sont utilisées contre les larves d'anophèle (Duvallet, Fontenille et Robert, 2017). Également, des larves de Toxorhynchite, un Culicidae, sont des prédatrices de larves de Aedes (Rodhain et Perez, 1985). Cette prédation s'observe également chez les batraciens qui utilisent les larves de Culicidae comme source de protéines.

Des organismes entomopathogènes tels que certains virus, bactéries, champignons et helminthes peuvent être utilisés dans la lutte contre les moustiques. En effet, les bactéries Bacillus sphaericus sont utilisées contre les larves de Culex et Bacillus thurengiensis israeliensis H14 contre les larves d'anophèles (Darriet, 1998; Osborn et al., 2007 ;Boyce et al., 2013). Aussi, Eliminate Dengue utilise des bactéries naturelles appelées Wolbachia, endosymbiontes

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bactériens, pour réduire la capacité des moustiques à transmettre aux hommes des virus nocifs tels que ceux de la dengue, chikungunya et Zika. L'utilisation de la bactérie Wolbachia pourrait aider à réduire non seulement la population de Ae. aegypti, sa capacité à transmettre les virus ainsi que la capacité de prise de sang des femelles âgées (Aliota et al., 2016).

Les champignons entomopathogènes, des pathogènes fongiques, peuvent être utilisés comme mosquitocides ou malariacides à travers leurs spores qui infectent les moustiques (Bilgo et al., 2017 ; Lowett et al., 2019) . Ces études ont montré que les actions des spores du champignon du genre Metarhizium entraînaient une réduction du comportement d'alimentation sanguine, rendant ainsi les Anopheles incapables de transmettre le paludisme dans les 5 jours suivant l'infection.

Figure 7 : Méthodes biologiques de contrôle des moustiques (Benelli, Jeffries et Walker, 2016)

1- 2.2.2. Lutte physique

La lutte physique, ou mécanique, permet l'éradication pérenne d'un gîte larvaire, en aménageant l'environnement (assèchement des marais, drainage...) (Duvallet, Fontenille et

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Robert, 2017). Ces actions permettent en outre, de réduire la productivité des gîtes en adultes ou d'éliminer complètement ces gîtes. Cette méthode de lutte présente un réel intérêt, lorsqu'il s'agit de moustiques dont le mode de vie est domiciliaire ou péri-domiciliaire. Il s'agit d'éliminer tous les récipients naturels ou anthropiques pouvant contenir de l'eau stagnante, soit en éliminant ces gîtes potentiels ou en les vidant de leur eau, soit en les couvrant afin d'empêcher les femelles d'y pondre (Duvallet, Fontenille et Robert, 2017).

L'OMS et ses groupes d'experts ont élaboré des guides pratiques (guidelines) pour faciliter la prise en considération du volet « santé publique » inéluctablement lié à toute modification de l'environnement. Ces modifications sont envisagées en fonction de l'échelle spatiale : concernant de grandes surfaces, pour les travaux de type barrages, routes, zones d'agriculture irriguée, déforestation ; ou bien, au contraire, portant sur des micro-chantiers comme les trous d'emprunt de terre pour faire des briques pour construire les maisons, par exemple. Tout cela relève de l'hygiène générale du milieu ainsi que d'éducation sanitaire (Duvallet, Fontenille et Robert, 2017).

1- 2.2.3. La lutte chimique

La lutte chimique repose sur l'utilisation de produits chimiques (insecticides de synthèse) à effet toxique ou répulsif sur les insectes cibles. Ces insecticides chimiques utilisés à la fois contre des adultes et des larves de moustiques ont connu une forte utilisation dans la deuxième moitié du siècle dernier, suite à la seconde guerre mondiale. Tous ces insecticides sont utilisés dans plusieurs méthodes de lutte antivectorielles : dans les matériaux imprégnés d'insecticides (moustiquaires et rideaux imprégnés d'insecticides à longue durée d'action, etc.), les pulvérisations extra et intra domiciliaires, dans les serpentins, les crèmes répulsives, les aérosols et le plus souvent dans les gîtes larvaires.

Les principaux insecticides de synthèse utilisés en LAV appartiennent à quatre familles chimiques selon leur mode d'action lié à la neurotoxicité de certaines molécules, à l'impact sur la respiration cellulaire, à la formation de la cuticule ou à la perturbation de la mue. Ces familles sont : les organochlorés (OC), les organophosphorés (OP), les carbamates (CX) et les pyréthrinoïdes (PY). Ainsi :

o Les organochlorés (OC) sont des insecticides de contact, neurotoxiques provenant de l'industrie du chlore. Ils sont considérés comme la plus ancienne famille d'insecticides.

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Cependant, leur emploi est en très nette régression. Outre leur rémanence excessive, leur usage a été freiné suite à l'apparition des phénomènes de résistance apparus chez certains moustiques (Carnevale et Robert, 2009). Cette famille regroupe le DDT et ses analogues, le lindane (hexachloro-cyclohexane ou HCH) et les cyclodiènes (dieldrine, endosulfan, chlordecone etc). Le DDT agit à la fois sur le système nerveux central et périphérique de l'insecte par contact et ingestion (Carnevale et Robert, 2009) en modifiant les caractéristiques pharmacologiques et électrophysiologiques des protéines des canaux sodium voltage-dépendant (CNaVdp) entraînant ainsi une perturbation des courants calcium/magnésium (Ca2+/Mg2+) et sodium/potassium (Na+/K+) le long de l'axone. A cet effet, il exerce sur les insectes un effet KD comme les pyréthrinoïdes.

o Les organophosphorés (OP) sont des dérivés de l'acide phosphorique. Ce sont des

insecticides neurotoxiques agissant au niveau du système nerveux central sur l'acétylcholinestérase (AChE), enzyme responsable de la dégradation de l'acétylcholine en acide acétique et en choline ( Rübsamen et al., 1976). La forme oxydée de ces molécules se fixe sur cette enzyme entraînant une accumulation d'acétylcholine dans la jonction synaptique. Lorsque sa concentration devient trop forte, les récepteurs de l'acétylcholine se bloquent en position ouverte, empêchant la transmission de l'influx nerveux. Ce qui conduit à la paralysie, puis à la mort de l'insecte (Carnevale et Robert, 2009). A la différence des organochlorés, ils présentent une toxicité aigüe élevée, mais une faible rémanence. Ils pénètrent facilement dans l'organisme des insectes à cause de leur liposolubilité élevée. Parmi ces molécules, nous pouvons citer : le dichlorvos, le malathion, le fénitrothion, le parathion, le chlorpyriphos-méthyl, le diazinon, le pirimiphos-méthyl, le téméphos, le fenthion, etc.

o Les carbamates (CX) dérivés de l'acide carbamique, sont des insecticides de contact agissant sur le système nerveux central en inhibant l'acétylcholinestérase (comme les organophosphorés). Cependant, contrairement aux organophosphorés, les carbamates agissent directement sans oxydation préalable. Ils ont généralement une faible rémanence. Ils sont moins utilisés en santé publique à cause de leur coût de production et leur toxicité souvent plus élevée vis-à-vis des mammifères. Les carbamates sont entre autres, le carbaryl, le propoxur, le bendiocarbe, le carbofuran, etc.

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o Les pyréthrinoïdes sont des dérivés synthétiques des pyréthrines, insecticides naturels extraits des fleurs d'une espèce de chrysantème, Chrysanthemum cinerariaefolium (Namountougou et al., 2013). Dotés d'une toxicité considérable, mais moins aiguës que le DDT, les pyréthrinoïdes tuent presque instantanément les insectes par effet de choc neurotoxique, ce qui permet de les utiliser à des doses très réduites. Comme les organochlorés, les pyréthrinoïdes tuent l'insecte en bloquant le fonctionnement des canaux sodium indispensables à la transmission de l'influx nerveux (Chapman, 1969). Réputés peu toxiques pour les mammifères, on leur attribue le coefficient de sécurité le plus élevé parmi les insecticides chimiques. Très biodégradables, donc peu persistants, ils sont cependant très toxiques pour certains organismes aquatiques (poissons) ainsi que pour les insectes auxiliaires de l'agriculture dont les abeilles qui assurent la pollinisation. Les pyréthrinoïdes sont des candidats de choix en santé publique pour l'imprégnation des MILDA à cause de leur photo-stabilité, leur toxicité sélective et leur innocuité pour les vertébrés à sang chaud (Zaim, Aitio et Nakashima, 2000). Les pyréthrinoïdes sont en autres, la bifenthrine, la bioresméthrine, la deltaméthrine, l'etofenprox, la cyperméthrine, la cyfluthrine, la lambda-cyhalothrine, la perméthrine, etc.

Certains insecticides chimiques sont des Régulateurs de Croissance d'Insectes (RCI). Ils sont caractérisés par un mode d'action perturbant la mue ( Casida et Quistad, 1998).

1- 2.3. La réduction de la durée de vie des vecteurs adultes

La réduction de la longévité des vecteurs adultes peut être obtenue surtout par les luttes génétique et chimique.

1- 2.3.1. La lutte chimique

La généralisation des aspersions intra domiciliaires d'insecticides à effet rémanent et les pulvérisations spatiales à l'intérieur mais surtout à l'extérieur des maisons peuvent influencer la durée de vie des vecteurs adultes.

Cet objectif de LAV peut être atteint surtout avec l'utilisation des Régulateurs de Croissance d'Insectes (RCI). Ces RCI peuvent être :

· les juvénoïdes (méthoprène et pyriproxyfène) qui sont des analogues de l'hormone juvénile inhibant la nymphose, donc provoquant la mort des moustiques avant ou pendant

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la nymphose. Le pyriproxyfène est utilisé dans l'imprégnation des MILDA et dans les peintures insecticides (Mosqueira et al., 2010; Bayili et al., 2015).

· les benzoylurées (diflubenzuron) qui inhibent la sclérification du tégument de la larve après une mue larvaire ou nymphale. Elles peuvent aussi provoquer la mort des moustiques à tous les stades du développement pré-imaginal.

Les RCI sont recommandés par l'OMS pour des traitements larvaires (WHOPES, 2016). Cependant, leur application sur le terrain pose d'énormes problèmes opérationnels du fait de leur durée de vie très courte (2-7 jours) et de la mortalité des moustiques qui est lente rendant difficile la vérification de leur efficacité ( Bouyer, Gentile et Chandre, 2017; Robert, Ayala et Simard, 2017).

1- 2.3.2. Lutte génétique

La lutte génétique ou encore lutte autocide affecte les insectes au sein de leur patrimoine génétique. Son but est d'éliminer une espèce ou de modifier le génome de l'espèce en introduisant un gène étranger pour la rendre réfractaire au pathogène (Alphey, 2014). Il s'agit principalement de :

· La technique de l'insecte stérile qui consiste à rendre stérile des insectes mâles puis les relâcher en grand nombre dans une zone d'intervention afin qu'ils puissent entrer en compétition avec la population locale (Nolan et al., 2011; Boyer et al., 2012). Après l'accouplement avec un mâle stérile, les femelles sauvages pondent des oeufs non viables entrainant ainsi une diminution du nombre d'individus à chaque génération et à long terme, la disparition de l'espèce vectrice ciblée. Compte tenu du fait que les mâles ne piquent pas, cette technique ne risque pas d'accroître l'expansion des épidémies.

Elle a permis de contrôler la population de Glossina palpalis gambiensis dans le sud-ouest du Burkina Faso (Cuisance et al., 1978). Malheureusement, elle reste inefficace contre les Culicidae, car les mâles stériles sont moins compétitifs que les mâles sauvages (Maïga et al., 2014).

· L'incompatibilité cytoplasmique consistant à utiliser des mâles hybrides nés de la multiplications de souches dont les origines sont géographiquement éloignées. Le lâcher de ces mâles hybrides dans des populations indigènes aboutit à des croisements qui donnent des oeufs stériles.

·

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Moustiques réfractaires au Plasmodium par l'intégration de gènes responsables de la résistance à l'infection chez des mâles afin qu'ils soient transmis aux femelles lors de la copulation. L'expression de ces gènes dans le génome des femelles leur confère la capacité de réfractivité au Plasmodium (Rodhain et Perez, 1985).

· Les technologies « Gene Drive » basées sur des systèmes d'hérédité biaisés qui

accélèrent la transmission d'un caractère génétique ciblé d'un parent à sa descendance à travers la reproduction sexuée (Flannery et al., 2016 ; Sinkins et Gould, 2006). Cette technologie permet d'augmenter la probabilité de transmission d'un gène désiré, sans tenir compte de la valeur sélective. Elle peut être utilisée dans la LAV, contre les ravageurs agricoles et les espèces envahissantes (Flannery et al., 2016).

· L'intégration de la bactérie symbionte intracellulaire Wolbachia dans le vecteur et sa transmission de génération en génération via les oocytes infectés de la femelle dans le but de raccourcir sa durée de vie et empêcher ainsi les parasites d'avoir un développement complet (Hoffmann et al., 2011).

De nos jours, certaines méthodes de lutte génétique ont été expérimentées avec succès sur le terrain en Malaisie, en Polynésie française, au Brésil et en Australie (Alphey, 2014).

1- 3. Mécanismes de résistance des moustiques aux insecticides

La résistance est une adaptation génétique aux modifications de l'environnement. Elle a été définie par l'OMS comme étant la capacité d'une population à tolérer des doses de substances toxiques qui seraient létales pour la majorité des individus d'une population normale de la même espèce (OMS, 2012).

Trois termes sont employés pour décrire les patrons de résistance des insectes aux insecticides: résistance croisée, résistance multiple et résistance multiplicative (Nikou, Ranson et Hemingway, 2003). Quand un gène/une mutation est responsable de la résistance à plusieurs familles d'insecticides, on parle de résistance croisée. Un tel phénomène s'observe généralement entre des molécules ayant le même site d'action. Par exemple, les organophosphorés et les carbamates ont des cibles et des modes d'actions relativement similaires et la résistance à une famille entraîne souvent une résistance à l'autre. La résistance multiple est la résistance conférée par plusieurs mécanismes de résistances chez un insecte. Enfin, la résistance multiplicative désigne le fait que le niveau de résistance conféré par plusieurs mécanismes de résistances aux

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insecticides chez un insecte sera plus élevé que la somme des niveaux de résistance conférée par ces mêmes mécanismes isolés (Hardstone, Leichter et Scott, 2009). Autrement dit, les mécanismes de résistances peuvent agir en synergie.

Différents mécanismes de résistance ont été sélectionnés par l'utilisation massive d'insecticide aussi bien pour la LAV que pour les traitements agricoles (Chandre et al., 1999; Dabiré et al., 2012a; Gnankine et al., 2013).

Les insectes peuvent utiliser deux types de mécanismes pour résister aux insecticides. Ces mécanismes peuvent être dus à un changement de comportement, ou une modification physiologique (métabolique et cuticulaire) ou une modification de la cible (Figure 8).

Figure 8: Mécanismes de résistance des vecteurs aux insecticides (in Carnevale et Robert, 2009)

1- 3.1. Résistances liées à la modification physiologique 1- 3.1.1. Mécanismes de résistance métabolique

Elle se traduit par une augmentation du métabolisme des insecticides grâce à des enzymes dites de détoxification présente dans l'ensemble du règne animal et végétal. L'augmentation du

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métabolisme des insecticides peut être due soit à une augmentation de la production d'une ou de plusieurs enzymes de détoxication existantes, soit à un meilleur métabolisme de l'insecticide suite à une mutation d'une ou de plusieurs enzymes. Ces enzymes dégradent les insecticides en molécules non toxiques ou moins toxiques. La surproduction d'enzymes peut être due à une modification d'un gène régulateur contrôlant le degré d'expression de l'enzyme (Mouchès et al., 1987) ou à une augmentation du nombre de copies du gène qui code pour ces enzymes (Hemingway et al., 2004). Ce phénomène se traduit par une diminution de la quantité d'insecticide atteignant la cible et donc à une augmentation de la tolérance de l'insecte.

La détoxification fait intervenir trois groupes d'enzymes à savoir les estérases, les oxydases et les Glutathion-S transférases (GST) (Enayati, Ranson et Hemingway, 2005) qui permettent à l'insecte soit :

· de dégrader l'insecticide en métabolite moins toxique;

· d'augmenter la solubilité des molécules d'insecticide dans l'eau pour accroitre leur excrétion ;

· d'augmenter la résistance liée à l'activité catalytique et ou d'augmenter la quantité d'enzymes intervenant dans la dégradation des insecticides (Enayati, Ranson et Hemingway, 2005).

Les enzymes intervenant dans les mécanismes de résistance métabolique peuvent être classées en trois familles : les estérases, les Glutathion-S transférases (GST) et les oxydases.

o Les estérases attaquent les liaisons carboxyester et phosphotriester des organophosphorés, des carbamates et des pyréthrinoïdes rendant l'insecte résistant à ces insecticides.

o Les Glutathion-S transférases (GST) est la famille d'enzymes qui catalyse la liaison du glutathion avec des composés dotés d'un centre électrophile réactif. Il en résulte la formation de produits hydrosolubles moins réactifs moins toxiques et faciles à éliminer.

o Les oxydases sont impliquées dans la résistance à plusieurs groupes d'insecticides. Il s'agit de phénomènes métaboliques relativement mal connus pour ce qui concerne leur implication dans la résistance aux insecticides.

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1- 3.1.2. La résistance cuticulaire

Elle désigne toute modification chimique de la cuticule de l'insecte entraînant une réduction de la pénétration de l'insecticide dans son organisme aboutissant à une meilleure protection des individus (Plapp, 1984).

1- 3.2. La résistance liée à la modification de la cible

C'est un mécanisme très efficace conférant une résistance croisée à tous les insecticides agissant sur la même cible. La résistance liée à la modification d'une cible s'explique par la substitution d'un ou de plusieurs acide (s) aminé (s) dans la séquence de la protéine cible suite à une mutation non synonyme (Ffrench-Constant, Daborn et Le Goff, 2004). Cela aboutit à l'altération de la molécule d'origine (d'où la diminution de l'affinité de la cible pour les insecticides concernés) permettant aux insectes de supporter une longue exposition aux insecticides sans être tués.

1- 3.2.1. Les mutations kdr/le canal sodium

Plusieurs mutations ont été recensées à ce jour dont les plus importantes sont celles du canal sodium voltage dépendante (CNaVdp) où l'on note une substitution de la leucine au niveau du codon 1014 dans le domaine II du 6ème segment (IIS6), par la serine (L1014S) ou la phénylalanine (L1014F) (Martinez-Torres et al., 1998 ; Ranson et al., 2000).

En Afrique de l'Ouest, la mutation L1014F est fréquemment retrouvée dans les populations de An. gambiae s.l. (Martinez-Torres et al., 1998), alors que la mutation L1014S est plus fréquente chez les populations d'Afrique de l'Est (Ranson et al., 2000). Cependant, chez la souche résistante (knock down resistant « kdr »), une mutation ponctuelle entraine une diminution de l'affinité de l'insecticide aux CNaVdp, conférant ainsi la résistance aux pyréthrinoïdes et au DDT.

Actuellement la mutation L1014F est quasiment fixée dans la majorité des zones endémiques au Burkina Faso (Namountougou et al., 2019).

1- 3.2.2. La mutation Ace-1/l'acétylcholinestérase (AChE)

Cette mutation du gène codant l'acétylcholinestérase résulterait d'un remplacement de la glycine par la serine au niveau du segment 119 (mutation G119S) de l'enzyme, entraînant ainsi

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une diminution de l'affinité de l'AChE vis-à-vis de l'insecticide (organophosphoré et carbamate) (Weill et al., 2003, 2004). Cette résistance a été mise en évidence à des fréquences plus élevées chez An. gambiae et An. coluzzii dans le Sud-ouest du Burkina Faso (Dabiré et al., 2009).

1- 3.3. Résistance comportementale

Il s'agit d'un changement de comportement de la part des insectes permettant d'éviter tout effet létal ou contact avec des endroits et surfaces traités avec des insecticides (Bogh et al., 1998; Ranson et al., 2011). Ce changement de comportement en réponse à l'exposition aux insecticides peut conduire à une meilleure survie des insectes. Ces mécanismes, moins étudiés, interviennent souvent en synergie avec les mécanismes précédents. Cependant, ce type de mécanisme de résistance reste relativement difficile à étudier et peu d'études sont disponibles.

1- 4. Stratégies de gestion de la résistance aux insecticides

Le développement de la résistance dans les populations d'insectes est un phénomène évolutif basé sur les mécanismes adaptatifs de la sélection naturelle. Ce n'est pas l'utilisation d'insecticides qui crée la résistance, mais la résistance apparait par mutation spontanée ou par migration au niveau des descendants. Si la pression insecticide est maintenue sur plusieurs générations, alors la fréquence des individus porteurs d'allèles de résistance augmente progressivement à chaque génération (CNEV, 2014). Ce processus de sélection est sous la dépendance de facteurs tels que la biologie de l'insecte, les facteurs liés aux gènes de résistance (CNEV, 2014). Par exemple, les insectes qui ont un temps de développement court, de nombreuses générations par an et une forte prolificité (stratégie R, exemple des moustiques) deviennent plus rapidement résistants que les insectes au développement long, avec un nombre limité de générations et de descendants (stratégie K, exemple des glossines).

Le plan mondial de gestion de la résistance aux insecticides des vecteurs du paludisme (GPIRM) comprend cinq activités décrites en cinq « piliers » visant à contrôler la résistance aux insecticides afin de garantir l'efficacité continue des outils de LAV (OMS, 2012). Ce plan repose sur les cinq piliers suivants :

o Planifier et appliquer des stratégies de gestion de la résistance aux insecticides dans les pays endémiques;

o Veiller au suivi entomologique en temps utile, à la surveillance de la résistance et à une

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gestion efficace des données;

o Élaborer des outils novateurs de lutte antivectorielle ;

o Combler les lacunes de connaissances au niveau des mécanismes de résistance aux insecticides et de l'impact des stratégies actuelles de gestion de la résistance.

o Veiller à mettre en place des mécanismes (plaidoyer, ressources humaines et financières) créant des conditions favorables.

De nos jours, plusieurs outils sont proposés afin de maintenir l'efficacité de la LAV malgré la menace de résistances (OMS, 2012).

1- 4.1. Peintures insecticides

Ce sont de nouvelles formulations de peintures dans lesquelles différents insecticides microencapsulés sont incorporés dans des résines, puis sont libérés progressivement à la surface des supports peints. Les insectes volants ou rampants se contaminent par un simple contact avec la surface du revêtement. Puis, de la partie contaminée de l'insecte, la matière active de l'insecticide va remonter jusqu'à son système nerveux. Il s'en suit alors un effet Knock down et l'insecte tombe sur le sol sans tacher le support peint.

Les peintures insecticides s'adaptent à toutes sortes de supports minéraux, poreux ou absorbant.

En fonction des conditions ambiantes, les peintures insecticides peuvent rester actives sur les supports peints, pendant plusieurs années. Malgré cela, elles ne sont pas nocives ou toxiques pour les humains ou les animaux domestiques et n'émettent pas de vapeurs odorantes.

Inesfly ®5A IGR est un exemple de peinture de vinyle avec une base aqueuse contenant deux organophosphorés, le chlorpyriphos (1,5%) et le diazinon (1,5%) et un régulateur de croissance d'insectes (RCI), le pyriproxyfène (0,063%) incorporés dans du carbonate de calcium (CaCO3) et des microcapsules de résine. Des études antérieures ont démontré que le chlorpyrifos induit une excito-toxicité due au glutamate, que le diazinon provoque la mort neuronale apoptotique et que pyriproxyfène agit sur la fertilité des femelles de moustiques, sur les larves et les nymphes des insectes (Aldridge, 1950; Dhadialla, Carlson et Le, 1998; Mbare, Lindsay et Fillinger, 2014 ; Bayili et al., 2015).

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1- 4.2. L'ivermectine comme outil de lutte antivectorielle

L'ivermectine (IVM) est un dérivé des avermectines, isolé à partir de la fermentation de bouillons de Streptomyces avermitilis. Il est utilisé en santé animale contre les nématodes (vers ronds) et les arthropodes (insectes et tiques) (Campbell et al., 1983; Benz, Roncalli et Gross, 1989). En santé humaine, il est très utilisé pour le traitement des maladies tropicales négligées telles que l'onchocercose, la filariose lymphatique et les strongyloidoses (Suputtamongkol et al., 2011).

Au début de la pandémie, l'intérêt de l'ivermectine pour traiter le COVID-19 a été évalué avec quelques études qui ont semblé être prometteuses (Caly et al., 2020; Kory et al., 2021) mais qui n'ont pas connu le consensus scientifique.

Autrefois, utilisée pour lutter contre les maladies parasitaires négligées, l'ivermectine suscite un intérêt grandissant pour les chercheurs qui l'envisagent comme un outil alternatif de lutte contre les vecteurs du paludisme (Chippaux, Boussinesq et Prod'hon, 1995; Chaccour et al., 2013; Pooda et al., 2015). Plusieurs études ont montré les propriétés insecticides de l'ivermectine sur différentes espèces d'anophèles (Jones et al., 1992; Rohrer et al., 1994; Foley, Bryan et Lawrence, 2000; Chaccour, Lines et Whitty, 2010; Pooda et al., 2015; Sampaio et al., 2016). Aussi, d'autres études ont montré une diminution de la survie et de la fécondité chez des populations d'anophèles gorgées sur des sujets humains ou animaux ayant pris des doses thérapeutiques d'ivermectine (Sylla et al., 2010 ; Kobylinski et al., 2011, 2014; Chaccour et al., 2013; Slater et al. 2020). En effet, les distributions de masse d'ivermectine peuvent constituer un outil très efficace dans la LAV, si ces distributions sont répétées fréquemment avec une couverture large (Slater et al., 2014, 2020).

1- 4.3. Les stratégies des pièges à appât sucré et des « tubes d'avant-toit »

La stratégie des pièges à appât sucré sur l'approche « attirer et tuer » (ou « attractive toxic sugar bait » (ATSB) en anglais). Elle consiste en l'utilisation des pièges contenant à la fois du jus sucré qui attire les moustiques et des substances toxiques comme les insecticides pour les tuer (Müller et al., 2010 ; Marshall et al., 2013 ; Traore et al., 2020) . Les études effectuées ont montré des résultats encourageants. En effet, une étude menée au Mali à grande échelle a montré que cette stratégie entrainait une réduction considérable de la densité d'agressivité des moustiques (Traore et al., 2020).

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La stratégie « tubes d'avant-toit » ou (« Eavetubes » en anglais) consiste à fermer les ouvertures des avant-toits des habitations à l'aide de revêtement électrostatique afin d'empêcher les moustiques d'entrer dans les maisons (Knols et al., 2016 ; Sternberg et al., 2016; Snetselaar et al., 2017 ; Barreaux et al., 2019).

1- 4.4. Huiles essentielles comme bio-insecticides alternatifs

Les extraits de plantes sont aussi utilisés comme outils dans la lutte anti vectorielle. En effet, ces extraits de plantes aqueux ou sous forme d'huiles essentielles (HE) contiennent des substances toxiques pouvant agir efficacement sur les moustiques.

Ce sont des sources de molécules naturelles présentant un grand potentiel d'application contre les insectes et d'autres parasites des plantes et du monde animal (Guarrera, 1999).

Les HE sont classées usuellement selon la nature chimique des composés actifs majeurs. On retient neuf principales classes (Georges, 1979) :

· huiles essentielles riches en carbures terpéniques et sesquiterpéniques (HE de citron) ;

· huiles essentielles riches en alcools (HE de coriandre) ;

· huiles essentielles mélanges d' esters et d'alcools (HE de lavande, HE de menthe...) ;

· huiles essentielles riches en aldéhydes HE de citronnelle ;

· huiles essentielles riches en cétones (HE de camphrier ) ;

· huiles essentielles riches en phénols (HE de girofle) ;

· huiles essentielles riches en éthers (HE d' Eucalyptus) ;

· huiles essentielles riches en peroxydes (HE de Eucalyptus globulus (Eucalyptol)) ;

· huiles essentielles sulfurées (HE d'ail).

La plupart des HE sont constituées dans leur grande majorité d'un mélange assez complexe de monoterpènes, de sesquiterpènes, d'alcools, d'esters, d'aldéhydes, d'oxydes, etc.

Les HE sont des mélanges naturels complexes de métabolites secondaires volatils, isolées par hydrodistillation ou par expression mécanique (Kalemba et Kunicka, 2003). Elles sont obtenues par hydrodistillation, expression à froid à partir de feuilles, de graines, de bourgeons, de fleurs de brindilles, d'écorces, de bois, de racines, de tiges ou de fruits (Burt, 2004), mais également à partir de gommes qui s'écoulent du tronc des arbres.

Les plantes ayant des propriétés insecticides sont réparties dans une cinquantaine de familles incluant les Lamiaceae, les Asteraceae, les Rutaceae, les Lauraceae, les Magnoliaceae et

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les Verbenaceae (Bruneton, 1993). On dénombre plus de 1200 plantes répertoriées comme possédant des effets répulsifs (Curtis et al., 1987). Différentes parties des plantes sont utilisées pour les extractions des différents composés : les feuilles, les fleurs, les écorces et les tiges.

Les HE contiennent surtout des terpénoïdes oxygénés et hydrocarbonés. Ces composés peuvent être extraits et utilisés comme insecticides ou répulsifs contre les insectes. Les HE peuvent tuer les insectes à tous les stades de développement (Dell`Agli et al., 2012). Plusieurs études ont démontré les effets ovicides, larvicides et adulticides des HE vis-à- vis des moustiques (Bassolé et al., 2003; Sengottayan, 2007; Tchoumbougnang et al., 2009; Dua, Pandey et Dash 2010.; Wangrawa et al., 2015; Yameogo et al., 2021; Balboné et al., 2022a, 2022b).

Les larves de Aedes aegypti et de Culex pipiens sont tuées à de faibles doses par les HE de Citrus bergamia, Cuminum myrrha, Pimenta racemosa, Psidium rotundatum et Melaleuca leucadendron qui entrainent 100% de mortalité à 25 ppm (Lee, 2006). Les HE exercent également une activité Knock down et adulticide sur différentes espèces de moustiques (Dua, Pandey, and Dash 2010). Les HE sont toxiques vis-à-vis des larves et des adultes de An. gambiae, Ae. aegypti, Cx. quinquefasciatus, An. culicifacies, An. fluvialitis et An. stephensi (Dua, Pandey, and Dash 2010.; Oparaocha, Iwu et Ahanaku, 2010; Kweka et al., 2011).

Les méthodes d'extraction des HE peuvent être entre autres, la méthode par hydrodistillation avec le Clevenger, la méthode par hydrodistillation avec le Soxhlet et la méthode d'extraction par hydro-diffusion avec l'alambic.

o Principe de la méthode par hydrodistillation avec le Clevenger

L'eau et les échantillons de la plante à extraire sont dans un ballon qui est place dans un dispositif de chauffage. La vapeur monte dans le tube à dégagement jusqu'à un condensateur, et le condensat retombe dans une petite burette. L'huile flotte sur l'eau, qui est pour sa part progressivement renvoyée dans le ballon chauffé par un conduit en diagonale. Ce processus peut durer deux heures et le volume d'huile recueilli peut être mesuré directement dans la burette.

o Principe de la méthode par hydrodistillation avec le Soxhlet

L'échantillon broyé (broyat) de la plante à extraire est entassé dans une cartouche qui est déposée dans le Soxhlet avec 1L de solvant pour chaque extraction. Soixante-quinze (75) centilitres de solvant sont versés directement sur le broyat et les 25cl restants versés dans le ballon dans lequel sont déposés au préalable quelques grains de pierres ponces. Le tout est porté à

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ébullition dans le thermostat. L'ensemble est donc prêt pour l'extraction à l'aide de l'éther de pétrole 60-80 à ébullition qui dissout graduellement l'huile végétale. Le solvant contenant l'huile végétale retourne dans le ballon par déversements successifs causés par un effet de siphon dans le coude latéral. La matière grasse s'accumule dans le ballon jusqu'à ce que l'extraction soit complète. Une fois l'extraction terminée, l'éther de pétrole est évaporé, généralement sur un évaporateur rotatif.

o Principe de la méthode d'extraction par hydro-diffusion avec l'alambic

Ce dispositif est composé d'une cuve dans laquelle on place les plantes à distiller. Les plantes sont dissociées de l'eau dans la même cuve. La cuve est chauffée et recouverte par un chapiteau qui est prolongé par un col de cygne, celui-ci est raccordé à un serpentin de refroidissement. Pour cela, celui-ci est plongé dans une cuve d'eau froide. Le serpentin débouche sur l'essencier, muni de deux robinets. Celui du bas permet de recueillir l'hydrolat ou eau florale et celui du haut l'huile essentielle.

A B C

Figure 9: Appareils d'extraction des huiles essentielles (A = Appareil de Clevenger ; B = Alambic ; C = Dispositif par le Soxhlet)

1.5. Importance des HE

Les extraits de plantes jouent un rôle dans l'écologie de la plante, notamment dans les interactions plantes-plantes et les interactions plantes insectes. C'est ainsi que la plupart des HE, produits du métabolisme secondaire, ont des propriétés allopathiques ou pesticides.

Les HE sont utilisées dans différentes formulations, comme les médicaments traditionnels pour des soins de santé primaire et dans la parfumerie (Heath, 1981; OMS, 2002).

Cette ruée vers la médecine par les plantes peut s'expliquer par le fait que les plantes sont accessibles et abondantes, surtout dans les pays en voie de développement (OMS, 2002; Muthu et al., 2006) . De plus, les effets secondaires causés par les plantes sont minimes voire absents, au contraire des médicaments semi-synthétiques ou synthétiques (Iwu, Duncan et Okunji, 1999). Plusieurs études ont montré les propriétés antibactériennes et antifongiques des HE (Bassolé et al., 2005; Burt, 2004 ; Samba et al., 2020 ; Sawadogo et al., 2022).

Les HE présentent également un intérêt scientifique en plus de celui économique et agro-alimentaire, résidant dans le fait qu'elles procurent souvent de nouvelles molécules, qui servent de modèles pour la synthèse industrielle d'analogues structuraux.

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