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Alternative à  la résistance aux pyréthrinoàŻdes au Burkina Faso: évaluation des activités insecticides et répulsives-irritantes d'huiles essentielles de plantes locales seules et en combinaison sur les populations de anopheles gambiae et de aedes aegypti (diptera: culicidae)


par Mahamoudou BALBONE
Université Joseph Ki-Zerbo - Doctorat 2022
  

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INTRODUCTION GENERALE

Thèse de Doctorat unique - 2 -

Introduction générale

Les maladies à transmission vectorielle sont des maladies infectieuses causées par des parasites, des virus ou des bactéries qui sont transmis par des vecteurs (OMS, 2020). Ces maladies à transmission vectorielle sont la dengue, la fièvre jaune, l'encéphalite japonaise, la leishmaniose, la maladie de Chagas, l'onchocercose, le paludisme, la schistosomiase et la trypanosomiase humaine africaine. Elles sont responsables de plus de 17% des maladies infectieuses et provoquent plus d'un million de décès par an dans le monde (OMS, 2021a).

Parmi les maladies à transmission vectorielle, le paludisme et la dengue sont les plus répandues. Au cours de la dernière décennie, l'incidence mondiale et la mortalité dues au paludisme ont considérablement diminué. En revanche, l'incidence mondiale de la dengue est en pleine croissance (OMS, 2020). Ces deux grandes maladies à transmission vectorielle ont approximativement les mêmes symptômes à telle enseigne que certains ont nommé la dengue « palu-dengue ».

Le paludisme est une maladie potentiellement mortelle causée par des parasites transmis aux hommes par des piqûres de moustiques femelles, du genre Anopheles, infectés. Parmi les nombreuses espèces de Anopheles, seulement une vingtaine assurent la transmission du paludisme dans le monde (Pagès, Orlandi-Pradines et Corbel, 2007). En 2019, le nombre de cas de paludisme dans le monde a été estimé à 229 millions et le nombre estimé de décès imputables à cette maladie à transmission vectorielle s'élevait à 409.000 (OMS, 2020). Et de surcroit, ce sont les enfants âgés de moins de cinq ans et les femmes enceintes qui constituent le groupe le plus vulnérable touché par cette maladie. En effet, 67 % des décès dus au paludisme dans le monde concernent les enfants âgés de moins de cinq ans (OMS, 2021a). Selon le Bulletin épidémiologique, le Burkina Faso a enregistré en 2021, plus de 12 millions de cas dans les établissements sanitaires avec 605.504 cas de paludisme grave et 4.355 décès (Ministère de la Santé du Burkina Faso, 2022).

Quant à la dengue, elle est une infection virale transmise à l'être humain par la piqûre de moustiques femelles, du genre Aedes, infectés. Les principaux vecteurs de cette maladie sont les moustiques de l'espèce Aedes aegypti et dans une moindre mesure Aedes albopictus (OMS, 2022a). Selon Bhatt et al. (2013), on compterait dans le monde 390 millions de cas de dengue par an, dont 96 millions présentent des manifestations cliniques (quelle que soit la gravité de la maladie). Une autre étude sur la prévalence de la dengue avait estimé que 3,9 milliards de

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personnes dans 128 pays étaient exposées à l'infection par les virus de la dengue (Brady et al., 2012). Le nombre de cas de dengue notifiés dans le monde a atteint son maximum en 2019 et toutes les Régions de l'OMS ont été touchées (OMS, 2021a).

Au Burkina Faso, une augmentation de l'incidence hebdomadaire de cas de dengue a été constatée à partir de la 31ème semaine de l'année 2017 (Ministère de la Santé du Burkina Faso, 2017).

La lutte contre les maladies à transmission vectorielle humaine repose principalement sur l'utilisation des Moustiquaires Imprégnées d'insecticide à Longue Durée d'Action (MILDA) et dans une moindre mesure sur la Pulvérisation Intra Domiciliaire (PID) d'insecticides à effet rémanent pour réduire le contact homme-vecteur et/ou diminuer la population vectrice (OMS, 2021b). Par ailleurs, les insecticides anciennement utilisés en santé publique pour l'imprégnation des moustiquaires sont de la famille des pyréthrinoïdes (Zaim, Aitio et Nakashima, 2000). En effet, ils présentent des propriétés physico-chimiques nécessaires pour protéger à la fois l'utilisateur de la moustiquaire et avoir un impact au niveau communautaire (Henry et al., 2005 ; Fegan et al., 2007). Les pyréthrinoïdes à faible dose sont inoffensifs pour l'homme, agissent très rapidement sur les moustiques (effet Knock down) et présentent un effet excito-répulsif (Zaim, Aitio et Nakashima, 2000). Cet effet excito-répulsif empêche le moustique de rester suffisamment longtemps au même endroit sur la moustiquaire pour pouvoir piquer en cas de contact entre le dormeur et la moustiquaire pendant son sommeil. Malheureusement, l'émergence de la résistance aux pyréthrinoïdes chez les vecteurs du paludisme constitue une menace à l'encontre des stratégies de lutte utilisées par les Programmes Nationaux de Lutte contre le Paludisme (Ranson et Lissenden, 2016). En effet, des études antérieures avaient rapporté la résistance des vecteurs du paludisme aux insecticides chimiques (Chandre et al., 1999; Diabate et al., 2002; Namountougou et al., 2019). Aussi, plusieurs études ont signalé une résistance aux insecticides chez les vecteurs de la dengue dans le monde entier, notamment en Inde (Bharati & Saha, 2018), au Brésil (de Araújo et al., 2019), en Malaisie (Ishak et al., 2017), au Laos (Marcombe et al., 2019), au Myanmar (Kawada et al., 2014), en Afrique (Kamgang et al., 2011; Kawada et al., 2016), et particulièrement au Burkina Faso (Badolo et al., 2019; Sombié et al., 2019; Namountougou et al., 2020, Toé et al., 2022).

Face à l'émergence de la résistance aux insecticides chimiques qui a réduit l'efficacité des outils actuels de lutte antivectorielle, les recherches sont dirigées de plus en plus sur d'autres

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formes de luttes qui peuvent être des alternatives efficaces contre les moustiques vecteurs de maladie (Vani, Cheng et Chuah, 2009; Ileke et al., 2015). En effet, plusieurs stratégies alternatives et/ou complémentaires sont envisagées afin de contourner les mécanismes de résistance. Parmi ces moyens complémentaires, nous avons les insecticides biologiques notamment les extraits naturels de plantes.

Les extraits naturels de plantes offrent l'avantage de provoquer très peu de résistance contrairement aux insecticides synthétiques, car leur efficacité provient d'une synergie d'action entre les différents composés organiques qu'ils contiennent (Pavela, 2014 ; Deletre et al., 2015). Les huiles essentielles (HE) étant biodégradables et peu toxiques pour les mammifères, elles font partie des produits d'origine naturelle les plus employés dans la lutte antivectorielle (LAV) (Deletre et al., 2013). En effet, elles possèdent des propriétés insecticides et répulsives (Deletre et al., 2016; Pohlit et al., 2011).

Au Burkina Faso où les vecteurs du paludisme ont une activité surtout nocturne, les hommes reçoivent un nombre important de piqûres, environ 15% des piqûres des moustiques du genre Anopheles intervenant entre 18 et 20 heures (Badolo et al., 2004). Le moustique de l'espèce Ae. aegypti se nourrit le jour ; il pique principalement tôt le matin, ainsi que le soir avant le coucher du soleil (Trpis et al., 1973). Cette situation nécessite l'usage de moyens complémentaires comme les répulsifs pour prévenir les piqûres de moustiques avant de se retrouver sous la moustiquaire.

En effet, des évaluations quantitatives récentes indiquent que la lutte contre les larves peut entraîner des réductions plus importantes que prévues de la transmission des agents pathogènes dans certaines circonstances (Smith et al., 2013; Ouédraogo et al., 2018). Par conséquent, cibler les moustiques vecteurs au stade larvaire demeure une des meilleures alternatives, car les larves sont relativement confinées dans des sites de reproduction souvent accessibles ; elles sont donc plus vulnérables par rapport aux moustiques adultes (Tomé et al., 2014).

Toutefois, au Burkina Faso, les études menées sur l'activité insecticide des extraits végétaux vis-à-vis des moustiques est en plein essor avec des travaux déjà menés par Bassolé et al. (2003), Gnankiné et Bassolé (2017), Yameogo et al. (2021) et récemment Wangrawa et al.(2022a; 2022b). Mais ces études n'ont pas concerné les populations de moustiques de la partie occidentale du pays. Aussi, ces études ne se sont pas intéressées aux effets combinés et répulsifs des HE sur les populations de moustiques.

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Les travaux de notre thèse s'inscrivent dans un contexte de recherche de nouvelles stratégies de lutte antivectorielle et ont été initiés dans le but d'acquérir de meilleures connaissances sur les effets insecticides et répulsifs irritants de contact des huiles essentielles (HE) et des combinaisons d'HE sur des vecteurs du paludisme et de la dengue.

Nos travaux ont pour objectif principal d'examiner l'efficacité entomologique des HE de cinq (5) plantes locales, Cymbopogon citratus, Cymbopogon nardus, Eucalyptus camaldulensis, Lyppia multiflora, Ocimum americanum, et des combinaisons des HE de deux plantes, Cymbopogon nardus et Ocimum americanum en vue d'une meilleure gestion de la résistance de An. gambiae s.l., responsable de la transmission du parasite du paludisme et de Ae. aegypti, vecteur du virus de la dengue au Burkina Faso.

De façon spécifique, nous avons d'abord évalué l'efficacité larvicide et adulticide des HE de ces plantes sur des populations de moustiques de An. gambiae collectées au niveau de la Vallée du Kou (VK) et de Ae. aegypti collectées à Bobo-Dioulasso.

Ensuite, nous avons examiné le renforcement de l'efficacité insecticide de différentes combinaisons des HE de deux (2) des plantes sur les adultes des mêmes populations de moustiques de An. gambiae et de Ae. aegypti.

Enfin, nous avons évalué l'effet répulsif irritant de contact des HE de ces cinq (5) plantes locales sur les adultes des mêmes populations de moustiques de An. gambiae et de Ae. aegypti. Les hypothèses de recherche suivantes ont été émises :

· Les HE des plantes de C. citratus, C. nardus, E. camaldulensis, L. multiflora et de O. americanum ont des propriétés larvicides ;

· Ces HE sont des adulticides efficaces contre les moustiques vecteurs de la dengue et du paludisme ;

· Ces HE sont des répulsifs de contact contre les vecteurs de la dengue et du paludisme ;

· Les combinaisons de deux HE améliorent l'efficacité de ces HE.

Le présent document est structuré en trois parties et est basé sur les différentes publications relatives aux travaux de recherche liés à notre thèse.

o La première partie intitulée « Revue bibliographique » présente les connaissances sur la classification et la bio-écologie des vecteurs de la dengue et du paludisme. Nous y évoquons également les mécanismes de résistance des vecteurs de ces deux maladies à transmission

vectorielles aux insecticides chimiques et les stratégies de LAV utilisées ou en développement. Enfin, nous évoquons les informations sur les répulsifs et les HE.

o La deuxième partie nommée « Méthodologie générale » présente le matériel et les méthodes utilisées aux laboratoires et sur le terrain depuis la collecte larvaire jusqu'aux différents tests réalisés.

o La troisième partie intitulée « Résultats et Discussion » subdivisée en trois chapitres présente les résultats des différents travaux effectués dans le cadre de cette thèse. Chaque chapitre est structuré en introduction, méthodologie spécifique utilisée, résultats, discussion et conclusion partielle. Ces trois (3) chapitres sont articulés autour des articles publiés ou en cours de préparation.

Nous terminons par une Discussion générale, une Conclusion générale et des Perspectives à nos travaux.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore