Au regard des bénéfices aussi bien
matériels que non matériels qui en découlent, les IMF
répondent depuis plusieurs décennies à un besoin permanent
des populations exclues des systèmes bancaires formels. Elles sont
devenues des partenaires indispensables au développement social et
économique et doivent s'adapter en permanence aux besoins des
populations.
Ces besoins de services financiers étant structurels
et permanents, ils ne peuvent être réglés par des
interventions temporaires ou des projets qui sont de nature limitée. Or
la plupart des IMF ont été créées à
l'initiative de projets de développement avec l'appui des bailleurs de
fonds. Les IMF doivent alors survivre au retrait de l'opérateur. L'enjeu
repose donc pour les institutions sur leur capacité à inscrire
leur action dans la durée.
Une institution qui adopte des pratiques performantes
destinées à asseoir sa viabilité financière a plus
d'impact sur les pauvres que les institutions dont la santé
financière est moins solide. Ceci est bien documenté par une
étude menée par HULME et MOSLEY en 1996 sur 13 institutions de
microfinance. Les raisons avancées par les chercheurs pour expliquer
cette meilleure efficacité auprès des cibles sont :
? le taux d'intérêt élevé, la
collecte stricte et régulière d'échéances qui
dissuadent les emprunteurs dont les projets sont peu rentables ;
? la collecte d'épargne obligatoire qui agit comme
processus de sélection des emprunteurs ;
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La viabilité financière des IMF au
Bénin
? une bonne diffusion de services de proximité qui
allège les coûts de transaction pour les emprunteurs et augmente
la rentabilité des projets financés.
En somme, une institution s'inscrit d'autant mieux dans son
environnement et sert davantage les populations démunies qu'elle est
pérenne.
Les institutions pérennes sont celles qui ont acquis
leur autonomie sur les plans, organisationnel, technique, financier,
institutionnel et social.
La gestion professionnalisée est l'apanage d'un nombre
très faible d'institutions bénéficiant d'appuis financiers
et techniques importants. Bon nombre de structures semblent encore
émerger sous l'influence de considérations tenant davantage du
mimétisme que du souci de construire des organisations qui inscrivent
leurs actions dans la logique de durabilité.
Préoccupation majeure des bailleurs de fonds et autres
opérateurs, la maîtrise des coûts est un impératif
pour les institutions lorsqu'elles visent l'atteinte d'une autonomie
financière et organisationnelle. Pour la quasi totalité des IMF
cet objectif est difficile à réaliser surtout à court et
moyen termes. Bon nombre d'organisations ont préféré pour
un plus grand impact sur les populations cibles une couverture
géographique assez étendue sans mesurer les surcoûts
liés à cette expansion spatiale.
La clientèle vise surtout l'obtention de produits et
services financiers adaptés à ses besoins, d'où
l'utilité d'entretenir de bonnes relations avec les autres interventions
de développement de la zone. Ceci, en vue de parvenir à
l'intégration de l'institution dans son cadre social afin de faciliter
la collaboration entre représentants et bénéficiaires.