1ERE PARTIE : GENERALITES
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La viabilité financière des IMF au
Bénin Chapitre 1
CH 1 LA SITUATION ACTUELLE DU SECTEUR MICROFINANCIER
BENINOIS
En Afrique de l'Ouest, sous l'impulsion des autorités
monétaires, le secteur de la microfinance dans l'espace UEMOA a
été très tôt réglementé notamment par
la loi 95-03 dite « loi PARMEC » et a connu depuis un essor
important.
Le nombre d'institutions régulièrement
enregistrées est passé de 107 en 1993 à 500 en 2002, soit
environ 3000 points de service touchant près de 5 millions de personnes
en Afrique subsaharienne (CEFEB, 2004). L'offre de crédit ainsi que la
collecte de l'épargne ont également connu une croissance
exponentielle pendant cette période.
Le Bénin qui n'a pas échappé à
cette dynamique dispose d'un des secteurs microfinanciers les plus
développés de la sous région. Il abrite d'ailleurs la plus
grande institution de microfinance de l'Afrique de l'Ouest : la FECECAM
(AGNIKPE, 1998). Avec plus d'un millier de points de service, la microfinance
constitue l'une des plus importantes sources de financement des
activités génératrices de revenus et des petites et
moyennes entreprises.
Dans ce premier chapitre, nous nous attacherons à
donner un aperçu général de la situation du secteur
microfinancier béninois à travers une présentation globale
portant sur la clientèle et l'offre de service du secteur. Nous
étudierons ensuite dans le détail les types de structures de
microfinance et leur répartition géographique et sectorielle.
1.1 PRESENTATION GLOBALE DU SECTEUR
Le secteur de la microfinance est caractérisé
par une forte dynamique et un poids socio-économique important. Les
activités de microfinance ont en effet connu une croissance sans
précédent ces dernières années avec :
? un accroissement du nombre de clients actifs passant de
300.000 en 1998 à 1.049.331 en 2003 (BCEAO, 2003);
? une masse monétaire de près de 10 milliards
d'épargne collectée, soit 10% des dépôts bancaires
en 1998 contre 37 milliards en 2003 (BCEAO, 2003);
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La viabilité financière des IMF au
Bénin
? un encours de crédit à l'économie de
plus de 66,3 milliards pour 395,5 milliards au plan national soit 16,8% en 2003
alors que cette proportion était de 15% en 1998 (CMF, 2004);
? un nombre de guichets passant de 570 en 2001 à 1.239
en 2003 soit 97,1% du nombre de points de services du système financier
national (BCEAO, 2004 et CMF, 2004).
Cet accroissement se manifeste à travers l'effectif de
la clientèle et l'importance de l'offre de service, ce qui assure au
secteur un volume d'activité considérable dans l'économie
nationale.
1.1.1 La clientèle.
L'activité économique de la microfinance
s'organise autour de la demande de services des populations à la base
qui constituent 60% des agents économiques du pays (AGNIKPE, 1998). Ces
agents économiques sont des opérateurs qui proviennent à
la fois du monde rural et du monde urbain. Ceux du milieu rural sont
constitués par les petits paysans, les commerçants ruraux, les
exploitants agricoles et les transformateurs de produits agricoles. Les autres
agents sont constitués des opérateurs urbains ou péri
-urbains. La grande majorité des demandes de microcrédits
provient des populations pauvres notamment celles des zones
péri-urbaines. Elles sont pour l'essentiel des pauvres
économiquement actifs mais frappés par la pauvreté
monétaire et développant leurs activités à travers
des micro-entreprises dont le fonds de commerce varie entre 10.000 FCFA et
5.000.000 FCFA. Cette demande se manifeste donc essentiellement en terme de
financement de micro-entreprises.
Selon une étude du PNUD, 57% de la population
béninoise était frappée par la pauvreté en 1995,
soit 2,6 millions d'habitants (PNUD, 1997). En gardant les mêmes
proportions, ce nombre est estimé actuellement à 3,7 millions sur
une population de 6,5 millions d'habitants en 2004. Suivant la même
étude, l'incidence de la pauvreté extrême est plus grande
en ville (30%) qu'en milieu rural (16%).
La répartition des unités économiques
informelles en milieu urbain par branche d'activités selon le sexe de
l'entrepreneur révèle que les femmes sont plus concentrées
dans le commerce et les services avec respectivement 84,3% et 52,9% contre
15,7% et 47,1% pour les hommes. Les femmes étant plus touchées
par le phénomène de la pauvreté que les hommes, elles sont
majoritaires dans le portefeuille
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La viabilité financière des IMF au
Bénin
d'activité des IMF de par leur nombre et la nature des
activités qu'elles exercent (BIT, 1992).
Si l'on considère que 30% de la population urbaine
(1.867.780, base 1995) reste frappée par la pauvreté, c'est au
moins 560.000 micro-entreprises qui sont demandeuses potentielles de
microcrédits. On peut alors estimer la demande potentielle à 392
milliards de FCFA en 2002 pour des prêts moyens de 700.000 FCFA.
Dans l'hypothèse la plus favorable, si l'on
considère les micro-entrepreneurs comme la frange de la population
frappée par la pauvreté monétaire soit 34% de la
population totale, ce sont au minimum 2.210.000 personnes qui sont
confrontées à l'inaccessibilité aux ressources
financières en vue de développer leurs activités
économiques. Pour un prêt moyen de 50.000 FCFA par personne la
demande potentielle peut être évaluée à 110
milliards de FCFA.
Si l'on doit y ajouter les demandes d'investissements
nécessaires à la valorisation des filières du secteur
rural, qui représenteraient au moins 5 fois le volume des
microcrédits individuels soit 550 milliards de FCFA, la demande
potentielle globale pourrait atteindre 1.000 milliards de F CFA en 2003 7.
Tableau 1: Evolution de la clientèle des SFD au
Bénin de 1999 à 2003
Type de structures de SFD
|
Nombre de membres
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Mutuelles et coopératives
|
308.382
|
325.474
|
354.285
|
417.543
|
449.820
|
dont : FECECAM
|
290.424
|
300.847
|
320.362
|
386.139
|
415.256
|
Crédits directs
|
17.321
|
27.510
|
49.566
|
86.921
|
113.928
|
dont :
- PAPME - PADME
|
1.115
13.765
|
1.808
19.642
|
5.905
28.796
|
10.841
25.886
|
15.590
40.121
|
Projets et ONG à volet crédit
|
Nd
|
Nd
|
2.719
|
1.836
|
2.949
|
Total
|
325.703
|
352.984
|
406.570
|
506.300
|
566.697
|
Taux de croissance
|
|
8,38%
|
15,18%
|
24,53%
|
11,93%
|
Source: Statistiques CMF/MFE (Légende : Nd :
non disponible)
7 Estimations actualisées sur la base des données
de populations de 2003 et suivant la méthode utilisée par
Agnikpé, 1998
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La viabilité financière des IMF au
Bénin
Le volume de la clientèle des SFD a connu une
évolution notable de près de 75% sur les cinq dernières
années avec un taux moyen de croissance annuelle de 15%.
On remarque une prépondérance des structures
mutualistes et coopératives même si leur poids relatif tend
à diminuer au fil des ans : elles détenaient 94,7% du
portefeuille en 1999 contre 79,4% en 2004. Les institutions de crédit
direct très modestes en 1999 ont connu quant à elles une forte
croissance en voyant le volume de leur clientèle se multiplier par 6,6
en 5 ans.
|