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La viabilité financière des institutions de microfinance (IMF) au Bénin.


par Cakpo Michael O. DADJO
Université d'Abomey-Calavi (UAC) ; Ecole Nationale d'Economie Appliquée et de Management - Diplôme d'administrateur des banques 2004
  

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4.2.1.2 La gestion de la marge bénéficiaire.

Généralement les IMF s'alignent sur les taux d'intérêt pratiqués par les grandes institutions de la place19 (2% mensuel par exemple), sans tenir compte de leur propre structure de coût, ce qui ne leur permet pas de dégager un différentiel suffisant «presque toujours supérieur à 15% même dans une organisation efficace» (DOLIGEZ et GENTIL, 2000).

Pour fixer leur taux d'intérêt (R), les IMF devraient tenir compte de cinq variables (ROSENBERG, 1997)20. Il s'agit des frais généraux (FG), des créances irrécouvrables (CI), du coût des ressources (CR), du taux de capitalisation souhaité (K) et du produit des placements (PP). A défaut de pouvoir le faire évoluer à la hausse, la nécessité reste de s'aligner sur la concurrence car « le taux d'intérêt est un paramètre que l'on ne peut manipuler au risque de perdre sa clientèle ou de compromettre la viabilité de l'institution » (BCEAO, 2001). Il faut alors chercher à réduire les agrégats qui influencent à la baisse le différentiel, à savoir : le coût des ressources, les frais généraux et le coût des créances irrécupérables.

La législation sur l'usure, en fixant actuellement à 27% le TEG21 à ne pas dépasser, constitue une limite pour les IMF : elle réduit leur marge de manoeuvre pour l'atteinte de la viabilité financière22. Or, le contenu de l'intérêt en microfinance n'est pas le même que celui des banques commerciales. Le taux d'intérêt facturé par les IMF n'est pas seulement la rémunération due par l'emprunteur au prêteur en contrepartie de la mise à disposition d'un capital pendant une durée déterminée (Planet Finance, 2004),

19 PADME, PAPME et FECECAM.

20 Le taux d'intérêt effectif annualisé (R) est fonction de 5 éléments exprimés chacun en pourcentage du portefeuille de prêts suivant la formule : R= (FG + CI+ CR + K - PP) / (1-CI)

21 TEG : Taux Effectif Global (l'usure dans l'UMOA est définie par l'art. 1er de la loi-cadre modificative du 27 mars 1997).

22 Toutefois dans la pratique le taux d'usure au Bénin actuellement est de 29,10% en application du décret cadre de 1992 confirmé par l'arrêté n° 1910 du 12 décembre 1992 du ministre béninois des finances, le parlement n'ayant pas encore inclus dans le droit positif béninois, les dispositions de la loi-cadre modificative de 1997

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il inclut aussi le prix d'autres services non financiers offerts par les IMF à leur clientèle. Il s'agit de :

? la mise du fonds de crédit à la disposition du client pour une période donnée ; ? la formation à la gestion et à la tenue de document comptable ;

? le suivi-conseil de l'activité génératrice de revenus exercée par le client ;

? la collecte de remboursements par des agents opérationnels chez le client (BCEAO, 2001).

Savoir astucieusement combiner de façon optimale les autres éléments de prix du service au taux d'intérêt nominal pour accroître les produits tirés de l'exploitation est donc un objectif important à poursuivre.

Certaines institutions, montrent un taux de rendement des actifs très faible ou négatif (33% des institutions étudiées)23. Or, un bon niveau de rendement des actifs est indispensable pour profiter pleinement du levier financier lorsque l'IMF recourt au marché financier. Le taux de rendement des actifs est en effet un facteur d'attraction pour les investisseurs. Ces institutions qui présentent actuellement un faible rendement de leurs actifs doivent donc faire un effort sur les prochaines années pour renverser cette tendance.

Une analyse plus approfondie fait ressortir que l'observation d'un faible taux de rendement des actifs correspond à une faiblesse du résultat de l'exploitation. L'augmentation du taux de rendement des actifs nécessite donc une amélioration des résultats de l'exploitation. Pour ce faire, les institutions doivent augmenter les produits par rapport aux charges afin d'obtenir une meilleure marge bénéficiaire. Ceci nécessite un accroissement du montant moyen de prêts au détriment du nombre de prêts tout en maintenant l'expansion de la clientèle ; la gestion d'un grand nombre de petits prêts coûtant plus cher que celle d'un seul prêt de grand montant (NTEZIYAREMYE et al. , 1996).

Or, la faiblesse des fonds de crédit oblige les institutions à distribuer des produits de tailles plus petites en vue de la division des risques, et de la réduction du risque porté sur un seul client24 et, afin d'essayer d'atteindre le plus grand nombre possible de

23 Convergence 2000, FECECAM, et ID.

24 Ratio prudentiel de « limitation des risques pris sur un seul membre » qui ne doit pas excéder 10% des dépôts ; article 53 du décret d'application de la loi portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit (BCEAO 1998).

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clients ; ce dernier objectif étant en général celui des bailleurs desquels elles dépendent pour la mise à disposition du fonds de crédit indispensable à leur activité.

En outre, les charges et les risques sont très élevés pour la gestion d'un grand nombre d'opérations de faible montant très dispersées géographiquement. La gestion de telles opérations demande plus de professionnalisme de la part d'un personnel de base qui, en général, est formé sur le tas et ne bénéficie pas ou peu de formations spécifiques au domaine. Les institutions font alors recours à une assistance technique étrangère pour la mise en place de procédures et d'outils visant à atteindre des niveaux de performances techniques et financières élevés.

Les IMF concernées devront s'investir dans le dialogue avec les bailleurs en vue d'obtenir l'autorisation d'effectuer des positionnements sur des segments plus productifs du marché.

Après cette première observation des performances financières voyons à présent si l'évolution notée au sein des IMF étudiées est liée aux paramètres suivants :

· l'âge de l'IMF ;

· la nature de l'IMF (crédit direct, épargne-crédit, tontine, etc.) ;

· la taille du portefeuille de l'IMF.

En prenant l'aspect essentiel de la pérennité que nous apprécions principalement avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle, nous retrouvons au sein des institutions étudiées, trois (3) groupes distincts en nous basant sur la norme d'un minimum de 130% préconisée par la BCEAO, à savoir :

· le groupe des « bons » c'est-à-dire celui des institutions respectant la norme BCEAO ;

· le groupe des « proches du minimum requis », comprenant les institutions présentant une autonomie comprise entre 100% et 130% ;

· et enfin, le groupe des « insuffisants » qui rassemble les institutions qui n'atteignent pas les 100% pour le ratio d'autosuffisance opérationnelle.

Les douze (12) institutions de l'échantillon étudié se répartissent dans les groupes précédemment énumérés comme le montre le tableau 10.

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Tableau 10: Répartition des IMF en 3 catégories suivant leur ratio d'autonomie

Catégories

 

Institutions

 
 
 
 

Pourcentage

(( Bons »

PADME, PAPME, CPEC, Vital Finance

33%

(( Proches du minimum requis »

AssEF, CBDIBA, Caisse CODES, FINADEV, MDB

42%

(( Insuffisants »

Convergence 2000, FECECAM, ID

25%

TOTAL

-

100%

Parmi les « Bons » (33% de l'échantillon) nous retrouvons la plupart des grandes institutions faisant le crédit direct, mais aussi une petite institution d'épargne-crédit. Et, au sein des structures présentant une autonomie opérationnelle "insuffisante" on retrouve la plus grande des institutions étudiées, la FECECAM (épargne-crédit) aux côtés de petites institutions telles que Convergence 2000 et ID.

Ceci permet de conclure que la grande taille du portefeuille ne suffit pas pour que l'IMF soit autonome, l'âge non plus ; puisqu'il a été constaté que les IMF les plus âgées ne sont pas systématiquement celles qui sont autonomes (cas de la FECECAM).

Les hypothèses suivant lesquelles il existerait une relation positive entre l'âge des IMF ou entre la taille de leur portefeuille et leur degré d'autonomie sont donc à relativiser.

Quant à la nature de l'institution, nous notons qu'à l'exception du CPEC, seules les institutions de crédit direct sont autonomes (25% de l'échantillon). Ainsi, la FECECAM qui est la plus âgée et qui a la plus grande taille de portefeuille n'est pas encore autonome, cette particularité tient du fait qu'elle est une institution d'épargne-crédit.

Les institutions d'épargne-crédit et de tontine, de par leur objectif institutionnel de collecte préalable de l'épargne et de couverture géographique ont des coûts par franc de crédit plus importants, ce qui constitue un frein à leur autonomie.

Il ressort donc de cette analyse que l'âge et la taille du portefeuille ne sont pas déterminants pour l'autonomie.

En outre, d'après l'échantillon étudié, c'est la nature de l'IMF qui influence le plus son autonomie.

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